Retour aux sources : L’Université Européenne d’Écriture

Il y a des lieux qui semblent faits pour accueillir nos silences.
Depuis quelque temps, le mien s’appelle mon bureau. Une pièce à part, un refuge, un entre-deux où la lumière peine à entrer, mais où mes pensées, elles, s’éclairent peu à peu.
Peut-être parce qu’ici, à l’abri du monde et sous le regard bienveillant de mes chats, je peux enfin écouter ce qui remonte de loin : les souvenirs, les élans d’autrefois, les envies de demain.
Ce texte est né là, dans cet entrelacs de passé et de présent, entre nostalgie et envie de recommencer à écrire.

Mon bureau, mon antre

Depuis un peu plus d’un mois, j’ai mon propre bureau. Une vraie pièce, entière, rien que pour moi.
Elle est presque comme je le veux, encore quelques détails à fignoler, peut-être un petit coup de pinceau si j’ai le courage, mais déjà, j’en suis très contente.

La pièce n’est pas très lumineuse, car c’est une cave aménagée. Avant nous, les précédents locataires, quelqu’un y dormait. Elle est un peu froide et humide, en contrebas du jardin.
J’ai une belle vue, un peu cachée par la terrasse qui prolonge la maison et assombrit le ciel. En contrebas, les buissons et les arbres remplissent la pente, comme une petite jungle.

Mais j’aime cet endroit. Il est calme, à l’écart du monde, un peu coupé du reste de la maison. Et surtout, j’y ai toujours un, deux ou trois chats pour me tenir compagnie.
J’ai même aménagé pour eux plusieurs coins pour dormir… au point qu’on pourrait se demander si c’est vraiment mon bureau ou le leur ! (rires)

Une nostalgie qui remonte du sous-sol

Depuis plusieurs semaines, je me sens nostalgique, peut-être mélancolique.
Je traverse une période émotionnelle un peu difficile, la faute à des souvenirs oubliés qui ont refait surface, comme des bulles venues du fond d’un verre de champagne. Ils m’ont déstabilisée, fragilisée.

Et voilà qu’aujourd’hui, en ce dimanche gris et pluvieux, au milieu de mon rangement, je tombe sur une farde bleue, fine, en plastique.
Sur la languette, une inscription :

“U.E.E. 2010-2011.”

L’Université Européenne d’Écriture.
Une session de plusieurs mois (un an ? je ne sais plus) sur l’écriture pour enfants, chaque samedi.

Souvenirs d’université… pas tout à fait comme les autres

De cette période, je garde peu de souvenirs précis. Je me rappelle pourtant la candidature, le CV à envoyer : tout le monde ne pouvait pas y entrer.
Moi qui n’ai pas terminé mes humanités, le mot université me faisait un peu peur.

J’aimais beaucoup le groupe, mais certains cours ou professeurs n’étaient pas du niveau que j’avais espéré.
Peut-être est-ce pour ça que cette période reste floue dans ma mémoire.
Mais, comme toujours, chaque expérience laisse une trace.

C’est là-bas, pourtant, que “Neige de Feu” est né.
Depuis sa mise en lecture libre sur Atramenta (juin 2012), ce texte est mon deuxième plus lu, avec 915 lectures et plus de 600 téléchargements !
Il vient juste après La coccinelle qui cherchait l’automne, publiée en novembre 2011, qui culmine à 1 235 lectures. (une comptine que j’ai volontairement écrit pour être imprimée au format kamishibaï, avec mes propres photos, et qui est passé en première position !)

C’est aussi le premier texte que j’ai soumis à la critique d’une IA (avril 2025).
J’en ai même parlé sur mon blog :
👉 Neige de Feu – Une histoire fantastique

Le feu de l’imaginaire… et la lenteur du présent

Ces derniers temps, j’ai besoin de revisiter mes anciens écrits, pour retrouver ce plaisir-là : celui de l’imaginaire, de la création spontanée, de l’élan.
Parce qu’aujourd’hui, ce feu s’est un peu éteint.

J’ai toujours mille idées à la seconde, mes idées “pop-corn”, comme je les appelle. Elles surgissent dans tous les sens : sur ma vie, mon travail, mes projets, ma maison, mes loisirs… Mais quand elles sont trop nombreuses, je me perds à les trier, à leur donner une priorité. Alors je stagne. Et cet état de lenteur, je le déteste.

Je suis impatiente et hyperactive, je le sais, j’essaie de me soigner… mais c’est difficile. Et dans ce contexte dépressif, imaginez l’intérieur de ma tête : un volcan en ébullition. Je m’en veux d’aller si lentement, de ne pas trouver l’élan, de renoncer à peine une idée née.

Retour à l’UEE : écrire en musique

Bref, je digresse, comme souvent.
Je suis partie d’un souvenir pour en raconter un autre, puis pour tenter de revenir au présent. Alors, si vous avez du mal à me suivre, soyez les bienvenus dans ma petite tête : j’ai moi-même du mal à me suivre par moments…

Mais revenons à l’Université Européenne d’Écriture. C’est là que j’ai découvert l’écriture en musique. Quelle expérience ! Entendre une même mélodie et, à partir d’elle, voir naître tant d’univers différents selon chacun.

C’est aussi là que j’ai commencé à écrire sur le thème de la peur, avec ma première nouvelle : Derrière la porte.
J’ai retrouvé deux versions imprimées que je vais relire… et je vous les partagerai bientôt. (si je n’oublie pas, si j’en ai encore envie…)

Les suites inattendues

Après l’UEE, je suis restée un temps en contact avec Laurence, une participante.
Elle avait créé des ateliers d’écriture mêlés à la cuisine.
Lors d’un de ses ateliers, j’ai écrit un texte érotique, mon premier et mon seul ! intitulé Melon et Cerise.
Vous pouvez aussi le lire sur Atramenta.

Et aujourd’hui…

Voilà, c’était un moment “souvenir”, un peu décousu.
Un moment de partage d’histoires, d’allers-retours entre passé et présent, entre lumière et brouillard.
Je crois que mon bureau de cave, avec sa pénombre et ses chats endormis, est le lieu parfait pour ce genre d’exploration.

Peut-être qu’en retrouvant ces traces, une farde bleue, une vieille université, quelques textes oubliés, je retrouve aussi des morceaux de moi.

À bientôt, pour de nouvelles aventures dans les limbes et labyrinthes de mes souvenirs.


J’ai volontairement laissé l’image de présentation générée par l’IA, car, pour une fois, elle a représenté quatre chats dans leur entièreté ! J’ai pourtant décrit avec détails mon bureau, mais finalement, l’image n’est pas mal, en dehors des incohérences (amusez-vous à les trouver)

Qu’est-ce que vous faites en ce moment ?

Dimanche 9 février 2025. Il est 9h05 quand je commence à écrire cet article.

Je suis chez moi. Au salon. Dans ma partie cocoon que je me suis installée il y a quelques semaines, quelques mois, en septembre ou octobre dernier. Une grande bibliothèque Ikea sépare la pièce de vie en deux. Je suis assise dans mon nouveau fauteuil acheté d’occasion dans une brocante. Les jambes tendues reposent sur la chaise de bureau achetée au même endroit que le fauteuil. Sur mes jambes un grand châle en laine que mon amoureux m’a offert lors de notre dernier séjour à la mer où j’avais froid (novembre). Sur le châle, mon chat. Minos, mon « petit dernier », mon gros bébé qui me suit comme un petit chien. Un super pot de colle d’amour félin.

Je fais face à la fenêtre. Mon fils s’est réveillé et est venu nous dire bonjour. Il a ouvert les tentures à ma demande. Le salon donne côté rue. Devant la fenêtre, un arbre aux branches nues de l’hiver. Il fait clair, il fait nuageux. Vers 7h30, j’ai fermé les fenêtres du salon et j’ai mis un peu de chauffage. 17 degrés Celcius, c’est frisquet quand on ne bouge pas. Mais Minos le chat est une véritable bouillotte. Surtout avec le châle en laine sur les jambes, sous lui.

9h15, deux petites mésanges bleues se posent dans l’arbre. Je les regarde. Je les admire. De si minuscules boules de plumes qui survivent dehors à des températures nocturnes vraiment basses. Le gros câble électrique derrière l’arbre bouge légèrement. Je ne vois pas ce qui peut le faire bouger. La Tourterelle turque qui vient de se poser ne les touche pas, elle est perchée sur le poteau en béton qui fixe les câbles. J’aime les oiseaux. La vue de la tourterelle me fait penser à sa visite de l’été dernier. Elle ou une autre avait construit son nid dans cet arbre. Elle et son compagnon, ou un autre couple, avaient eu deux petits. Le nid sommaire était installé en bout de branches. Le nid sommaire me semblait bien petit. Un nid à cet endroit me semblait bien risqué avec la famille de Pies bavardes qui nichait là autrefois et le passage fréquent d’un Épervier… Les deux œufs ont éclos. Les deux petits sont nés. Les deux petits ont grandi. Puis, après dix ou onze jours, les deux petits ont été dévorés par l’épervier. Je pense qu’ils étaient déjà morts avant. Des mouches tournaient autour d’eux. Les parents avaient déserté le nid, sans le quitter du regard puisqu’ils étaient posés sur le câble derrière cet arbre.

Le câble en question bouge encore et un Pigeon ramier arrive en vol, se pose sur le câble. Un autre le suit. Ils jouent à se suivre. L’un décolle, l’autre le suit. Des vas et viens à trois reprises. Ça sent le printemps. Ça sent la fin de l’hiver.

Les pigeons partis, les petites mésanges volent à leur tour. Trois, quatre. Quatre Mésanges bleues. Puis deux Charbonnières. Enfin, le gang des Moineaux domestiques arrive à son tour. Ils sont tous dans l’arbre. Les plus petits. Les plus grands, les plus gros sont partis de leur perchoir. Tout ce petit monde va et vient. 

Mon compagnon est réveillé. Ma fille est réveillée. La maison se réveille complètement. Minos quitte mes jambes, lesquelles dorment à leur tour. Contentes d’être libérées, elles fourmillent de plaisir. À leur tour, mes jambes ont la bougeotte. Elles s’activent, se détendent, se plient et déplient.

La tourterelle n’est plus là. Les pigeons sont partis. Les mésanges jouent ailleurs. Les moineaux sont chez les voisins. Minos s’est recouché, collé au chauffage. Quant à moi, je vais aussi m’activer.

Il est 9h40, et je vous souhaite un bon dimanche.

Un peu d’ornitho : A comme ardéidés

Un nom un peu savant qui regroupe plusieurs espèces d’oiseaux : Hérons et Aigrettes que vous devez sans doute connaître et que vous avez sûrement déjà aperçu, vu, observé. Les ardéidés sont de taille moyenne à grande. Ce qui les caractérise : 3x « long » :
Un long cou (en vol et au repos, il est « replié », comme un « S »)
Un long bec (on dit qu’il a un bec en forme de poignard, long et robuste)
De longues pattes (qui sont tendues quand il vole).
Leur cou replié en « S », quand ces grands échassiers volent, permet de les différencier des cigognes et grues qui volent avec le cou tendu.
Dans cette famille, il y a aussi les Butors, Blongios, Bihoreaux et Crabiers, qui sont un peu moins connus.
Certains peuvent vivre une dizaine d’années. Certains sont hélas en net déclin chez nous et ailleurs.

Je vais parler brièvement des quelques échassiers que j’ai déjà pu observer, que je connais un peu. Mes observations se sont faites en Belgique et dans le Sud de la France.

Le Héron cendré est un échassier familier, redouté et mal aimé des pêcheurs car excellent chasseur de poissons. J’en vois parfois un qui se perche sur les toits des maisons de mes voisins. J’en croise souvent lors de mes balades le long d’un cours d’eau.


Son cousin, le Héron pourpré, j’ai eu la chance de l’observer brièvement lors d’un séjour en Camargue, début des années 2000. Ses couleurs chaudes sont magnifiques. Je me souviens qu’arrivée là-bas, j’ai « prié » pour en voir au moins un. Et c’est alors que je n’étais pas du tout préparée à le rencontrer qu’il a croisé mon chemin et qu’il s’est envolé devant mes yeux ! Évidement, c’est toujours durant ces moments que l’appareil photo n’est pas prêt !

L’Aigrette garzette et la Grande Aigrette sont aussi assez communes. La petite est parfois confondue avec le Héron garde-bœuf, mais une fois qu’on a vu les deux, on ne peut plus se tromper :-)

Voici quelques dessins et coloriages. Les beaux coloriages, sont d’une application que j’ai sur mon téléphone. Les dessins plus « maladroits » sont de mes doigts, de ma plume d’amateur. J’ai donc dessiné un héron cendré qui pêche et un héron garde-bœuf qui se trouve sur le dos d’un hippopotame. Ce dernier est bien plus petit que les autres hérons.

Dans les « B », je n’en ai vu qu’un seul. J’aimerais vous parler un peu plus du Butor. De son nom complet Butor étoilé ! Cet ardéidé, je l’ai d’abord entendu avant de le voir. C’était aussi début des années 2000, à Virelles Nature (aujourd’hui nommé Aquascope de Virelles). Je me souviens « comme si c’était hier », avec un étudiant en agronomie, nous avions reçu l’autorisation de naviguer sur l’étang en barque. Une première pour moi. C’était la nuit. Une nuit de septembre. La lune éclairait la rosière et cette lumière naturelle nous suffisait pour nous orienter. On entend un chouette hulotte. J’en entends souvent, mais ne les vois guère. Je souris. Cette petite sortie nocturne promet de belles rencontres auditives et je l’espère visuelles. L’étudiant me dit qu’on a des chances d’observer le butor. Ouah ! Je ne l’ai jamais vu ni même entendu celui-là. Je sais à quoi il ressemble grâce à mon guide d’identification, mais mes connaissances sur lui s’arrêtent là. On est discrets. Calmes. C’est à peine si on chuchote. Nos oreilles sont grandes ouvertes. Des pipistrelles volent au-dessus de nous. La chouette hulule. Mes yeux ont du mal à s’habituer à l’obscurité et en réalité je ne distingue pas grand chose au-delà le bout de la barque ! Mais je n’ose rien dire. Soudain, un « gnou » retentit. Pas la bête mais le bruit ressemblant, phonétiquement à un étonnant et vibrant « gnou ». La voyelle grave s’étire brièvement et s’étale à de nombreux mètres à la ronde. (Ce son, par temps dégagé peut s’entendre à près de 5 km !).

– C’est lui, me dit-il. Le butor. Il n’est pas bien loin. Vraiment tout près. Dans la roselière. Tu vois quelque chose ?

Comment répondre que je n’y vois goutte ?

Je ne réponds rien et sens les battements de mon cœur cogner dans mon corps, toute surprise encore par le son extraordinaire que je viens d’entendre. Je sais le butor ressemblant au héron, donc silhouette plutôt élancée. Comment un son pareil peut-il sortir de ce cou allongé, de ce corps si fin, si fragile j’ai envie de dire ?

Plus de 20 ans plus tard, ce souvenir auditif, ce souvenir de ma première rencontre avec cet oiseau est toujours très présent et précis dans ma mémoire ! J’ai voulu lui rendre hommage par la création de ma première forme en terre, lors d’un atelier d’art-thérapie avec Valérie Bornet.

Dès que j’aurai un peu de temps, je vous mettrai des photos et des illustrations, souvent des peintures, de ces différents oiseaux. D’auteurs connus ou moins connus, mais qui ont su arrêter le temps par leur talent.

Un texte à partir d’un titre de conte

Quand je vous disais que je jouais le jeu chez moi en préambule du challenge « contes virtuels », ce n’étaient pas des paroles en l’air 😉

En 15 minutes, j’ai dressé ma petite liste de titres de contes dont je me souvenais facilement. À côté de chacun d’eux, j’ai mis trois, quatre ou cinq mots.

La voici.

Si je devais choisir mon préféré, ce serait Le vilain petit canard.

Je voulais vous écrire que mon préféré était Le loup et les 7 chevreaux, mais je me rends compte avec horreur que je ne l’ai pas noté 😱 Souvenez-vous, j’ai d’ailleurs écrit « Montrer pattes blanches« , une petite histoire qui mélange conte et expression

Et en y repensant, j’en ai oublié bien d’autres ! Mais ceux-ci ont été les premiers à resurgir de ma mémoire.

Je vous propose de prendre le mot « préféré » de 3 titres de contes que vous avez noté et d’ecrire un petit texte dessus. Pour vous aider à démarrer, vous pouvez faire une phrase avec ces mots et commencer à partir de celle-ci.

Je joue à ce petit jeu, considérez cela comme un échauffement, un entraînement, demain matin.

Amusez-vous bien.

Souvenir Virelles, suite et fin

(début du souvenir de septembre 2001) clic

Sébastien me donne alors quelques conseils pour l’observation ici à l’étang de Virelles. Souvent, il y a des petits limicoles dans la vase, aux abords de l’étang. Je dirige donc mes jumelles dans cette direction, mais je ne vois rien. Le guide me disait alors que je pouvais voir dans sa longe-vue, qui elle, était dirigée tout au bout de l’étang en face de nous. Et là, je vis pour la première fois une bécassine des marais, non deux. Et puis tout compte fait, quand mon regard avait commencé à s’habituer au mimétisme de cet oiseau, je n’en voyais pas moins de cinq. Avec leur long bec et leur plumage composé de différents tons de brun, elles se confondaient très facilement dans les roseaux. Je trouvais que leur bec était un peu mal proportionné par rapport à leur tête. Mais cette longueur leur permettait de fouiller la vase et les marais peu profonds tout en continuant à respirer. Hautes sur leurs pattes, elles sont plutôt bien corpulentes. Les bécassines sont des limicoles, ou petits échassiers. On les appelle ainsi car justement elles sont hautes sur pattes et ont un grand bec pour pouvoir se déplacer et se nourrir aisément dans l’eau. Ensuite, écoutant mon émerveillement sur cette espèce, Sébastien dirigeait sa longue-vue vers la vasière se situant à notre gauche. Il me décrivait alors le râle d’eau, je cherchais alors dans mon guide d’identification. C’était un rallidé plutôt commun et se distinguant des autres membres de cette famille par son long et fin bec rouge. En effet, on ne pouvait pas le rater cet ustensile de cuisine. Et puis il avait plutôt une tête et haut de poitrine assez unique, de couleur bleu-gris. On peut le rencontrer le plus souvent dans la vase à la recherche de nourriture végétale aquatique. Dans cette immense roselière, il avait de quoi chercher. Et juste quand il me parlait de cette oiseau, un cri d’un cochon qu’on égorge (ce sont les mots qu’il a utilisé pour décrire ce cri) déchira l’atmosphère si calme.

-« voilà justement son cri, tiens. Quand on parle du loup… »

Et j’ai pu l’entre-apercevoir très brièvement. Je regardais alors à ce moment-là dans la longue-vue, puis Sébastien muni de ses jumelles voyait au même endroit un jeune râle. Il regardait alors dans sa longue-vue et confirmait, je regardais à mon tour et m’émerveillais de voir comment le guide avait l’observation et l’identification de ces espèces si aisées.

Soudain, un autre oiseau apparu dans mon champ de vision de la lunette.

-« ah j’en ai un autre, mais il est légèrement différent. Il est plus petit, plus clair. Son bec aussi est plus petit et il a un derrière tout jaune ».

         « quoi, attends, un derrière couleur jaune paille ? »

         « oui oui, pourquoi ? »

         « il est bien plus petit que celui que je t’ai montré ? »

Je n’ai même pas eu le temps de répondre que Sébastien tout excité me montra dans son guide un oiseau. Il regardait alors à son tour dans la lunette :

         « c’est pas vrai, pas possible, c’est bien elle, une marouette, une marouette ponctuée ».

         « une quoi ? » demandais-je un peu déboussolée.

         « regarde à nouveau, tu vois elle a un peu des points blanc un peu partout sur son corps, même sur ses ailes. C’est pour cela qu’elle porte son nom de ‘ponctuée’. Observe bien le dessin, compare maintenant avec un jeune de râle d’eau.

En effet, c’était bien une marouette ponctuée. Mais qu’avait-elle de si spéciale cette marouette ?

-« elle n’a été vue qu’une seule fois, il y a 5 ans et entendu il y a 2 ans , elle est plutôt rare ici »

Pour moi tous les oiseaux que je venais de voir étaient des spécimens bien particuliers à eux-seuls car jamais je ne les avais vu auparavant. Mais me dire que je venais de découvrir un oiseau rare, me réjouissait de plus belle. C’était ça mon cadeau d’anniversaire.

Et pendant que j’observais encore et encore cet oiseau, Sébastien téléphonait à un autre guide pour lui parler de la découverte exceptionnelle. Quelques instants plus tard, Anne, la dame qui était à la réception, et deux autres personnes arrivaient. Chacune à son tour regardait la petite bestiole patauger dans la vase.

Et tout le monde rigolait car c’était moi qui avais pu la voir en premier lieu, une petite jeune fille qui ne connaissait pas grand-chose aux oiseaux qui faisait cette découverte, incroyable, on disait que j’en avais de la chance, une chance de débutant. Et cette fois-ci je croyais au mot « chance ».

J’ai retrouvé la photo… oui oui la petite chose en plein milieu, c’est elle, c’est la Marouette ponctuée 😍

Et j’ai retrouvé mon carnet de notes d’observation. Dates exactes : 03 au 07 septembre 2001.

Souvenir de Virelles, septembre 2001

Voici un souvenir que je n’oublierai sans doute jamais, ma première visite à Virelles nature.
Petit retour en arrière…

C’était il y a 15 ans, en septembre 2001… oui, cette année-là, le fameux mois, le fameux jour où… Quelques semaines avant cette terrible nouvelle, j’avais décidé de m’offrir mes premières vraies vacances après mon premier CDI ! J’avais décidé, pour mon anniversaire (le 10 sept), de passer une semaine de congé, en Belgique, à la découverte d’un endroit magnifique, en pleine nature : Virelles (région de Chimay). J’allais avoir, là-bas, mes 21 ans et mon intérêt pour l’ornithologie ne faisait que commencer.

Je n’ai jamais eu le sens de l’orientation, mais cela ne me faisait pas peur. « Armée » d’un sac à dos hyper rempli, de mes jumelles, de mon appareil photo, d’un trépied, de mon guide ornitho et d’un plan où j’avais écrit toutes les rues par lesquelles je devais passer pour me rendre, à pied, de la gare de Mariembourg jusqu’à ma destination, j’avançai gaiement sans me soucier le moins du monde du temps que j’allais passer dehors, à marcher sous un ciel nuageux et une météo capricieuse.

Sur la carte, c’était simple : gare, tourner une ou deux fois, puis c’était quasiment tout droit !

Je n’avais pas la notion de distance parcourue… j’ai donc marché un peu plus de 3 heures pour avaler doucement quelques 16 km ! Si le poids de mon sac à dos m’embêtait quelque peu, tout au long de mon parcours, j’étais encouragée par l’observation tantôt de fauvettes à tête noire, tantôt d’un martin-pêcheur ! Le temps passait doucement, mais sûrement.

J’arrivais un peu tard à l’hostellerie où j’avais réservé ma chambre… mais je reçus un accueil fort chaleureux et j’eus droit à des tartines et à un thé pour me réchauffer :-) J’avais choisi ma chambre tout près du (l’immense) Lac de Virelles (il faut préciser que c’est un étang et non un lac, d’une superficie de 125 hectares).

Comme j’étais arrivée tard, il ne m’était pas possible de voir l’étang, les grilles ouvraient à 10h et fermaient à 18h ! Je reportai donc ma visite au lendemain matin, à la première heure.

Le lendemain, j’étais là bien avant l’ouverture de la grille, car 10h pour moi, c’est tard (je me levais et encore aujourd’hui, à 5 ou 6h). En attendant l’ouverture, j’allais découvrir les alentours.

10 heures arrivait et j’entrais enfin par la « grande porte ».

À l’accueil, une dame très gentille m’informa que je pouvais emprunter une longue-vue. Je pensais naïvement que mes jumelles suffiraient… mais ils ne m’étaient pas d’un grand secours pour identifier une tache blanche, en bord d’étang, loin devant. J’étais descendue du mirador pour emprunter une longue-vue à l’accueil.

Ici, je recopie un passage que j’avais écrit en 2004-2005, au moment où j’écrivais tout ce que je voyais côté ornitho :

La dame (Anne) me demande alors si j’ai un peu de temps car un guide qui travaillait là pouvait venir et me montrer comment on observe à la longue-vue. Bien sûr j’avais tout mon temps, j’avais une semaine ! Quelques minutes plus tard, Sébastien arrivait avec sa longue-vue. Les présentations faites, nous allions dans la cabane. En deux temps trois mouvements, sa longue-vue était montée et prête pour l’observation.

Tranche de vie d’un navetteur

La semaine passée dans le train… un navetteur pas comme les autres. Ils sont tous différents, nous sommes tous différents… parfois l’un ou l’autre attire mon attention, comme ce jeudi matin passé…

J’écris tout de go, j’écris comme ça se passe, sans notion de justesse, mais plutôt dans le détail des retranscriptions…

Homme d’une 70aine d’années je dirais… marche avec difficultés, s’aidant d’une béquille… ne semble pas très propre sur lui avec un pantalon noir, aux multiples poches, jauni par endroits, chiffonné de partout, comme son visage.

Casquette noire vissée sur sa tête, barbe et moustache blanche et jaunie par un cigarillos (éteint, je fais gaffe à ce qu’il n’allume pas) collé à ses lèvres. Lunettes avec des verres assez épais. Parle d’une voix forte… ouvre sa canette de bière à 7 heures du matin… précise qu’il va bouffer dès qu’il arrive à Ostende… que hier il a voulu engloutir des moules mais pas moyen d’en trouver…

Il lit le journal et passe la moitié à son voisin d’en face qui le lui demande…

A 7h30, juste avant le 1er arrêt, des relents de bière mélangés à la cigarette arrivent jusqu’à moi, juste un siège et un couloir me séparent de ce parfum écœurant.

Il a fini son journal, alors il sort son petit carnet de mots fléchés ou mots croisés… il se frotte le genou droit, il doit avoir mal…

Ses ongles sont longs, légèrement courbés vers l’intérieur, prolongeant le bout des doigts, jaunes et noirs… Le bic dans sa main droite est tenu par 2 doigts, presque avec le poing fermé, serré… des doigts remplis d’arthrose tordus par la douleur de la vie.

Je « l’aurai » jusqu’au bout… logique car il descend plus loin que moi… Avant que son voisin navetteur ne se lève pour se préparer à descendre au prochain arrêt, il l’informe que lui aussi travaillait avant. Il était dans les ascenseurs, son dernier boulot était à Bruxelles et quand il a terminé, le dernier jour, son chef l’a raccompagné jusque chez lui en voiture. Oui, il l’a raccompagné jusqu’en voiture (il répète… il devait apprécier son patron)

Il montre sa béquille et précise qu’il l’a payée 100 euros, c’est parce qu’il s’est tordu le genou. Au début, il louait 1,50 euro par jour, il valait mieux l’acheter vu qu’il l’utilise tous les jours.

Oui, il se promène beaucoup maintenant, il aime ça.

Grosse veste au motif quadrillage. Un petit sac brun en bandoulière sur son épaule… genre cuire ou simili cuir, foulard aux motifs taches de léopard enroulé autour de son cou.

Quand personne ne lui répond, il fait silence… mais l’odeur est toujours là… m’incommode… l’inconvénient des transports en commun, on ne peut pas « fuir » si on veut garder sa place lolll

Il n’est pas méchant, juste un peu seul et un peu sourd pour parler si fort… Il me fait beaucoup penser à mon beau père qui est décédé : surtout quand ce navetteur a lâché pour une raison que j’ignore (je n’ai pas tout entendu) : « je vais lui péter la gueule » ! ça c’était tout à fait le style de mon beau-père (le second mari de ma maman), qui, quand il avait un peu trop bu accompagnait le geste à la parole même s’il ne tenait plus trop sur ses quilles et était sujet de railleries de la part des jeunes « frappes » du quartier.