Deuxième atelier de bibliothérapie avec Eloïse « Le mot qui délivre« .
J’ai hésité avant d’y aller.
À pas lents, malgré mon humeur maussade et la douleur dans mon pied, j’ai choisi le chemin à pied.
Le soleil brillait, doux contraste avec mon intérieur assombri.
Et juste avant d’arriver à la bibliothèque, il est apparu.
Furtif, vif, presque irréel.
Un moro-sphinx.
Un papillon-colibri, suspendu dans l’air, butinant en vol comme s’il défiait les lois du temps.
Il n’est resté qu’un instant, mais cet instant suffisait.
Un signe.
Un souffle.
Un murmure discret pour me dire :
Continue. Avance. Tu es au bon endroit.
Ce soir, un jeu d’écriture ! Que j’aime ça ! Pour moi ! L’encre qui coule dans mes stylos-plume est le sang qui coule dans mes veines.
Ce soir, la consigne était simple : choisir trois cartes sur les tables et écrire un texte en commençant par « elle » ou « lui ».
Un exercice qui s’apparente à l’écriture automatique, et qui, forcément, vient toujours parler de nous directement.
C’était la deuxième fois que je participais à un atelier avec cette animatrice. (clic ici pour lire mon premier billet du mois de mai 2025)
Et pour la deuxième fois, les signes étaient là. Je les ai suivis, malgré la fragilité du moment.
Il doit y avoir une connexion entre elle et moi. Je ne sais pas laquelle. Je ne la cherche pas. Je n’essaie pas de la comprendre. Je sais seulement qu’elle est là. Et c’est suffisant.
Je vis cet instant.
La falaise
Elle était perdue.
Perdue dans le temps.
Perdue dans les lieux.
Perdue dans la vie.
Perdue.
Un mot qui s’impose, qui s’incruste.
Perdue.
Un mot qui dure. Qui perdure.
Père dur.
Ou plutôt : pairs’dur.
C’est parfois dur de se (re)trouver parmi ses pairs.
Elle errait dans les chemins, dans les sentiers multiples.
Trop nombreux. Trop d’embranchements. Trop de possibles.
Trop de choix. Trop.
Elle était perdue.
Elle se sentait perdue.
Désorientée.
Comme au bord du gouffre.
Au bord de la falaise.
Au bord d’une frontière.
Frontière. Barrière. Fracture.
C’est dur.
Et ça perdure.
En déséquilibre.
Instable.
Entre deux mondes.
Entre deux vies.
Entre deux morts.
La vie, la mort.
À la vie, à la mort.
Entre lumière et obscurité.
Entre jour et nuit.
Paradis, enfer.
Pas radin, enfant de fer.
Goût de métal dans la bouche.
Goût de sang.
Trop de sang versé.
Les liens du sang, brisés.
Viré. Vitré. Vissé.
L’enfant de fer.
L’enfant de verre.
L’enfant à faire.
À refaire.
À reconstruire.
À soigner.
À panser.
À aimer.
Au bord de la falaise.
Un choix.
Une vérité.
Une douleur.
Un secret.
Un mensonge.
Un abandon… Non !
Pas un abandon.
Une protection.
Une libération.
Une acceptation.
Au bord de la falaise, le vent.
Violent.
Tout tangue autour de moi.
Le vent balaie tout : les idées, les envies, les plaies à vif.
Comme ce vent iodé, à la mer.
Il fouettait mon visage, m’apportait un grain de sable dans la bouche, dans les yeux.
Salé. Brûlant.
À vif.
À vif, mais en vie.
À vif, mais à vivre.
Au bord de la falaise.
Le vent.
Et le vent.
Et le vide.
Et l’absence.
L’absence.
Le sens.
Le vide.
Le sens du vide.
Le sens de l’absence.
Une absence pour avancer.
Une réalité.
Une dualité.
Une vérité.
Une vérité faite de signes.
De silences.
De « si ».
De « lent ».
De « lance ».
Le lent silence d’une absence.
Un signe.
Un cygne.
Blanc. Lumière.
Noir. Obscurité.
En noir et blanc.
Ou blanc et noir.
Yin et Yang.
Bien et mal.
Juste une question de signes.
Juste une question d’équilibre.
Équilibré et… rythme.
Rythme comme les vagues qui vont et viennent.
Aller-retour. Comme le vent. Comme la marche.
À contre-courant, tout bascule dans ma tête.
Comme une tempête imprévisible.
Mais avec cet air iodé, ce souffle du vent,
ces grains de sable pressés,
je lâche tout.
Je lâche prise.
Tout est balayé.
Sur les sentiers, et en haut de la falaise,
les oiseaux sont mes guides.
Les cygnes, mes premiers maîtres.
Hérons, goélands, mouettes, grèbes…
tous sont là.
Toujours près de moi, jamais bien loin.
Pour me guider sur mon chemin.
Sur mes sentiers.
Ils sont mes signes.
Bienvenue à mes saisons intérieures.

