Rituel du matin

5h30, un matin ordinaire… ou presque.
Le jour dort encore à moitié, et moi, j’ouvre doucement mon cahier d’écriture pendant que mon thé infuse. Un thé vert au citron, comme souvent. Dans son bain à 80°, il se repose avec un bâton de cannelle et une fine tranche de citron (chut…la cuillère, c’est pour le sirop d’agave, j’essaie de dire adieu au sucre. Difficile, oui, mais j’essaie. Je le remplace pour le moment pour espérer, un jour, m’en passer).

Et puis, pendant que le parfum chaud du thé s’installe dans la pièce, j’ai pensé à vous.
Oui, vous.
Celles et ceux qui me lisent, me suivent, m’encouragent.
J’ai eu envie, pour une fois, de partager un petit bout de moi, un éclat de ces instants du matin, ceux où je suis encore un peu floue, encore un peu rêve.

Ce que je ne vous montre jamais ou presque.

J’ai zappé le cerveau qui s’active à 4h05 (oui, ça pique, insomnie quand tu nous tiens..).
J’ai sauté le passage aux toilettes et la distribution de nourriture à ma petite troupe féline affamée (priorité à mes quatre chats).
Mais je vous montre ce moment-là : le tout début de l’écriture, quand j’ai noté la date du jour et que j’ai lancé, sans réfléchir :
« Pour moi, écrire, c’est… »

Un exercice que j’ai déjà fait, mais qui revient souvent quand je n’ai pas envie de penser.
Quand je veux juste laisser les mots couler, sans retenue.

Et pendant que j’essayais de capturer tout ça en photo, pas facile d’écrire et de photographier en même temps, soit dit en passant, je me suis dit :
Et si je vous montrais ce moment-là ?

Ce n’est pas grand-chose.
Juste un rituel, une tranche de vie. Mais c’est aussi une porte entrouverte sur mon univers.

Alors dites-moi…
Est-ce que ça vous parle ?
Est-ce que vous aimez découvrir ces petits fragments du quotidien, là où tout commence ?


Pour moi, écrire, c’est …

Comme un souffle,

Comme une respiration.

Pour moi, écrire, c’est …

Me poser, mettre de la distance

Entre moi et le monde,

Rêver à d’autres possibles,

D’autres ailleurs.

Pour moi, écrire, c’est …

VIVRE

Vivre, même quand l’encre de mes pensées est noire; chaque mot, comme une absence.

Vivre, même quand je n’ai plus d’ancre à jeter; ça tangue tellement autour de moi.

Vivre, même quand la couleur s’estompe,

Quand elle est rouge de violence ou d’amour,

Quand elle est verte de colère ou de liberté,

Quand elle est bleue de tristesse ou de rêves.

Écrire, c’est rester debout quand tout vacille.

L’art de lire à voix haute : transformer son histoire

Lire à voix haute mon propre livre : une émotion inattendue, un retour à la source

Je ne m’attendais pas à ça.

Quand j’ai commencé à lire mon livre jeunesse à voix haute à cette dame malvoyante et à son compagnon, je pensais simplement partager une histoire. Ce que je n’avais pas anticipé, c’est que cette lecture réveillerait en moi quelque chose de beaucoup plus profond.

Mon histoire, je l’ai commencée en 2016. Je l’ai portée longtemps, par fragments, avec mes enfants comme toile de fond, mon compagnon comme source d’inspiration, et même mon chat Vicky (aujourd’hui disparue) comme muse silencieuse. C’est un récit tissé de vie réelle et de fantaisie, de souvenirs et d’imagination. Et pourtant, au fil des années, certains détails s’étaient estompés. J’avais oublié des scènes, des dialogues, des rebondissements… jusqu’à ce que ma propre voix me les restitue, comme s’ils étaient neufs, comme si je les découvrais moi-même.

Lire à voix haute, c’est redonner chair à une histoire. C’est une rencontre sensorielle et vivante avec le texte. Et quand ce texte est le tien, c’est un miroir tendu à ton passé, à tes émotions, à la personne que tu étais quand tu l’as écrit, et à celle que tu es aujourd’hui, qui le redécouvre.

Ce moment de lecture m’a bouleversée. Parce que j’ai vu mon histoire toucher. J’ai vu des sourires, de l’inquiétude, de l’attente. J’ai senti l’attention palpable, les silences qui disent plus que les mots. Et moi, j’étais à la fois autrice et conteuse, spectatrice et actrice, guidée par ma propre plume comme si je ne la connaissais pas.

Je croyais écrire pour des enfants de 8 ans (l’âge de mon petit héros, et celui de mon fils à l’époque), mais aujourd’hui, je me rends compte que mon livre parle aussi aux cœurs plus âgés, plus sensibles, plus expérimentés. Ce n’est pas une erreur, c’est une révélation. Mon histoire a grandi avec moi.

Demain, je termine la lecture. Et j’ai hâte, non pas parce que c’est la fin, mais parce que j’ai envie de connaître cette fin, de la vivre avec eux, avec mes auditeurs devenus compagnons d’aventure. Je suis émue, honorée, émerveillée. Car pour la première fois, peut-être, je prends pleinement la mesure de ce que signifie écrire : créer quelque chose qui continue de vivre en dehors de soi, qui nous revient transformé, amplifié, éclairé par les autres.

Lire à voix haute mon propre livre, c’est lui avoir redonné vie. Mais c’est aussi m’être redonné, à moi, en tant qu’autrice, la joie pure d’émerveiller, d’émouvoir, de transmettre. Et cette joie est infinie.

Mon roman jeunesse : Le puits aux secrets
et son marque-pages

Clic sur cette image pour commander le livre sur la plateforme Atramenta
(pour la France)

ou envoyez-moi un message, commentaire, mail pour mes amis belges

Un bruit dans la nuit

3h48. Boum badaboum !

Réveillée,
Déboussolée,
Mais pas paniquée.
Le vacarme venait de l’escalier.
Pas de mots chuchotés,
Ni de voix étouffées,
Pas plus que d’objets fouillés ou balancés,
Quelque chose a dû tomber.

3h48. Boum badaboum !
Je me suis levée,
Les yeux encore fatigués,
A moitié fermés
Et je suis allée vérifier
L’origine du bruit à identifier.
Pas bien loin à aller,
Héra, le chat, m’a montré
De son regard, un endroit bien fixé,
Un cadre photo gisait à mes pieds
Couché sur le palier, encore tout entier.

3h48. Boum badaboum.
Quelle mauvaise heure pour me réveiller.
J’aurais bien du mal à me recoucher.
Mon cerveau bouillonnant s’est activé
Les pensées et les questions se sont bousculées,
Les scénarios, les doutes, les idées
Ne m’ont plus quittées :
Projet à, encore, changer, à modifier, à peaufiner ?
Projet à abandonner ?
Nouveau métier à étudier ?
Projection de vie à jeter, à oublier ?

4h25. Héra commence à s’agiter.
4h25, les autres chats, dehors, doivent s’impatienter.
4h25, j’arrête de ruminer.
Enfin, je vais m’activer,
Le temps de donner à manger
A mes quatre chats soi-disant affamés.
Le temps pour mes cogitations de s’envoler
Le temps pour le sommeil, à nouveau me gagner.

Minos se rendort à mes côtés,
Il veille sur mes élucubrations troublées.
De ses ronrons feutrés
Il a su m’apaiser
Et mes cellules grises survoltées
Ont enfin arrêté
De me tenir, malgré moi, éveillée
Le temps d’une heure écoulée.

Nature et Sérénité : une promenade fluviale

Balade du matin 28/08/2025

Je longe la berge, le pas tranquille.
D’abord, une silhouette brune qui glisse sur l’eau, une canne colvert, solitaire.
Rien d’un castor, juste la vie ordinaire du rivage.

Puis, soudain, un éclat turquoise, vif comme une flèche :
le martin-pêcheur fend l’air et disparaît déjà,
me laissant ce battement de cœur surpris.

Un peu plus loin, au milieu des pigeons ternes,
une présence claire attire mon regard :
la mouette rieuse, éclat pâle au-dessus des reflets sombres.

Le gris me fait penser à mon ami, je cherche le héron.
Mon regard s’accroche à une masse couleur de pierre, figée sous le pont.
C’est lui, le maître de la patience,
fondu dans l’ombre comme un fragment de roche vivante.

Autour de moi, le grondement des machines et des moteurs
enveloppe le fleuve d’un manteau sonore pesant.
Alors je m’arrête.
Je respire le temps présent un peu trop pollué
Sous ce ciel gris bleuté, uniforme comme une toile lavée,
et j’attends, immobile comme une statue.

Le héron s’est envolé,
il déploie ses ailes longues, ardoisées,
et s’élève lentement.
Sa place vide appelle aussitôt une autre visiteuse :
la mouette revient, légère, se poser sans un cri, à sa place.

Le vent se lève,
il froisse l’air,
les nuages s’épaississent, lourds comme du plomb clair.
Une odeur de pluie flotte un instant.
Je crois bien que nous allons être trempés…

Mon regard porte au loin : un mouvement sur l’eau attire mon attention.
Un oiseau plonge, sombre éclat furtif.
Trop loin pour l’identifier.
Je retiens mon souffle, espérant qu’il remonte près de moi.
Mais il s’éloigne,
et je reste dans l’incertitude : grèbe au cou roux ? cormoran au plumage lustré ?
Le doute m’accompagne et je ne pourrai trancher, il restera non identifié.

Devant moi, sous la surface, de petites têtes argentées percent l’onde,
redescendent aussitôt,
laissant derrière elles des cercles,
de fins dessins mouvants, offerts à mon regard curieux et amusé.

Des cris au-dessus de moi.
Je relève les yeux :
neuf bernaches du Canada traversent le ciel,
plumes sombres et poitrines claires,
leur formation résonne comme une phrase en plein vol.
Elles parties, une bergeronnette jaune, rapide,
tranche l’air d’un éclat vif dans l’autre sens,
avant de disparaître aussi vite qu’elle est venue.

Je poursuis le chemin.
Le rivage se peuple :
mouettes éclatantes par-ci, par-là,
cormorans noir de jais au loin, certains se sèchent ailes ouvertes,
canards aux teintes sombres et mates,
poules d’eau au bec rouge et jaune,
une bergeronnette grise sur le bord d’une pierre, éclair délicat de noir et blanc,
puis, encore un autre héron, plus en retrait, m’offre son dos,
et arrive en cancanant tout un cortège de bernaches.
Parmi elles, deux oies différentes,
plus claires, plus menues,
pattes d’orange vif qui tranchent dans le groupe.

Soudain, un cri aigu fend le silence.
Deux appels secs, presque métalliques.
Je scrute, je cherche…
et les voici : deux chevaliers guignettes,
de la taille de « nos » merles bien connus,
brun clair avec une ligne blanche sur les ailes, filant au ras de l’eau.
Leur vol est bref, saccadé,
mais mon cœur s’emballe :
c’est eux que j’attendais, eux que j’espérais.

Alors je souris,
et je laisse cette matinée m’imprégner tout entière :
ses bruits, ses couleurs, ses présences.
Et quand je rentre, je réalise :
pas une seule goutte de pluie n’est venue délaver
mes souvenirs gais.

Face à la gare d’Angleur, le long du Ravel 5


Ce matin, les oiseaux m’ont rappelé que les fissures du ciel laissent toujours passer la lumière. C’est ce chemin que je propose : marcher, observer, écrire, et laisser émerger sa propre clarté.

Une plume après l’autre, une marche après l’autre… écrivez votre chemin → clic pour retrouver mes activités et ateliers de reliance.

Symphonie de Vie : Criquet et Humain en Harmonie

Le criquet et la pomme

Depuis longtemps, je ressens que la nature nous parle. Pas seulement par le chant des oiseaux ou le souffle du vent dans les arbres, mais aussi à travers ces rencontres infimes avec le « petit peuple ailé » : une mésange qui s’approche, un papillon qui se pose, un criquet qui bondit à nos pieds. Ces instants, quand on prend le temps de les vivre, deviennent comme des clins d’œil du vivant. Ils nous invitent à ralentir, à écouter autrement, à recevoir des signes que l’on n’attendait pas.

Ce jour-là, c’est un criquet qui m’a offert une leçon inattendue. Un geste minuscule, presque anodin, mais qui a ouvert pour moi un espace de confiance, de poésie et de symboles.​ Ce n’est pas un comportement habituel pour un criquet de grimper volontairement sur un doigt humain, encore moins d’y rester plusieurs minutes et de manger un morceau de pomme.

Les criquets sont des insectes craintifs qui fuient instinctivement les mouvements brusques, et ils ne sont généralement pas attirés par l’humain. Cependant, quelques facteurs peuvent expliquer ce comportement :

  1. Mon approche calme et attentive : Les animaux perçoivent l’énergie, les intentions, et mon attitude non menaçante a pu rassurer le criquet.
  2. La curiosité ou la faim : Certains insectes peuvent être attirés par des odeurs sucrées ou des substances humides (comme ma pomme).
  3. Une anomalie ou une exception :  Tous les comportements animaux ont des exceptions. Ce criquet pouvait être moins peureux que les autres, ou désorienté.  

Signification personnelle ?
Une forme de communication inter espèces, ou un petit clin d’œil de la vie, de la nature ou de mon propre inconscient.

Ce type d’événement a parfois un rôle symbolique : Le criquet est associé dans certaines cultures à l’intuition, la chance ou la guidance intérieure. Le fait qu’il réponde à mon invitation, grimpe calmement et partage un moment de nourriture peut être vu comme une résonance intérieure profonde : ouverture, respect, harmonie avec le vivant.

Ce n’est pas rare que certaines personnes aient une connexion naturelle avec les animaux, y compris les plus petits. On appelle cela parfois une sensibilité animiste, une forme d’attention respectueuse à l’ensemble du vivant.​​


criquet des patures.jpg

​Le poème

Un pas léger sur la clairière,
Le soleil jouait dans les herbes hautes.
Sous mes pieds, des éclats d’ailes et de silence,
Les criquets fuyaient comme le vent.

Je m’accroupis, le cœur ouvert,
Et dans un souffle presque enfantin,
Je tendis un doigt, juste un,
Vers l’un d’eux, sans croire qu’il viendrait.

« Tu veux grimper ? » ai-je soufflé,
Offrant ma main comme un rocher tranquille.
Il ne sauta pas. Il grimpa.
Lentement, doucement. Comme s’il comprenait.

Une pomme dans l’autre main,
Et un morceau tendu, presque par jeu.
Mais il mangea.
Le criquet mangea le bout de la pomme !

Et dans ce moment suspendu,
Ni peur, ni bruit, ni pourquoi.
Juste une présence, deux vies qui se croisent
Avec un fruit sur le bout d’un doigt.

Cinq minutes d’étrangeté douce,
Où plus rien ne comptait que la confiance.
Un criquet et moi,
À hauteur d’âme.


La fable

Il était une fois, dans une clairière où le silence murmurait aux herbes, une femme qui marchait doucement. Elle ne cherchait rien, sinon à écouter le monde, avec ce cœur rare que les arbres reconnaissent.

Sous ses pas, les criquets bondissaient en cadence, comme s’ils saluaient son passage ou bien se méfiaient, comme tous les êtres minuscules qui ont tant de raisons d’avoir peur.

Mais elle, elle s’arrêta.
Et au lieu de marcher plus loin, elle s’abaissa.
Elle plia les genoux, plia son souffle,
et tendit la main comme une branche tend sa feuille.

— « Viens, si tu veux. »
dit-elle simplement, à un criquet des pâtures.

Le criquet, d’abord immobile,
Sauta… non. Il grimpa.
Pas un bond de fuite, mais un pas vers l’inconnu.
Un choix. Un miracle d’insecte.

Et la main devint promontoire.
Et le doigt, refuge.

Dans l’autre main, une pomme croquée.
Petit bout offert aussi, sans attendre, sans dominer.
Un morceau de fruit partagé,
entre deux formes de vie que tout semblait séparer.

Le criquet mangea.
Et le monde, l’espace d’un souffle,
s’ouvrit comme un livre ancien :
celui que l’on écrit avec le vivant, et pas seulement sur lui.

Alors la femme comprit ou se rappela.
Qu’elle n’était pas venue là par hasard.
Qu’elle portait en elle une ancienne langue,
celle que parlent les cailloux, les brindilles et les ailes.
Et peut-être, ce jour-là, la nature lui rendit un nom oublié.
Celui de Passeur, ou d’Écouteuse, ou de Poète des silences.
Une de ces âmes qui savent que chaque criquet a son mot à dire.

Moralité ?
Ce ne sont pas toujours les grandes créatures qui portent les plus grands messages.
Parfois, un simple criquet peut te rappeler que tu es au bon endroit.
Là où l’on parle aux êtres, et où les êtres… répondent.

Papillonner avec le vivant vibrant

Atelier Kintsugi – Valérie Bornet & Marlène Bragard à Vent de Terre – 17/08/2025

Un collage.
Que des images 
Quasi aucun mot
Car j’en voulais pas trop 
De l’eau, toujours de l’eau,
Et des oiseaux.
De la verdure 
De la nature.

Un oiseau à la place d’une tête 
Comme si j’avais tout le temps le nez en l’air
Une montagne à placer
Un magnifique paysage à admirer.

Une fille qui s’endort dans un arbre 
Une main qui pend
Des doigts qui frôlent l’eau, une caresse,
Et puis, tout en haut, à droite 
Une volée de papillons épars 
Qui survolent un cœur orangé qui bat des lignes
C’est une pierre colorée de cornaline

Du papier déchiré 
Des images à coller
Une première pour moi
Sans doute pas la dernière fois
Pour raconter un moment
Pour me présenter brièvement.

Papillonner avec le vivant vibrant
C’est le titre, tout simplement.

Après une méditation
Dans laquelle j’ai plongé sans hésitation
Un morceau d’argile en main
Une musique, un refrain
Mes doigts ont façonné 
Avec peu de pression exercée 
Un hibou avec ses aigrettes
Ou alors un chat assez chouette. 

Présenter l’objet né à ma complice du jour
Et le sentir vivre dans un mouvement,
Sans détour ni fioriture
Sans ambiguïté ni fêlure,
Tout en lenteur et en douceur, 
Une ombre recroquevillée 
Qui s’ouvre au chant de la nuit
Et déploie ses ailes de lumière 
Vers de meilleurs lendemains félins.

Maître hibou, à l’instant, devient à l’ombre de la lune, un chat bien sage.
Maître hibou est à l’écoute du monde de la nuit.

Émotions, partages, complicités.
Bienveillance, écoute, sourires.

Une pause de midi
Rien qu’avec moi-même, ici
À chuchoter aux insectes
À siffler avec les oiseaux,
À photographier, identifier, admirer.

Sympétrum strié – mâle

Vlà une demoiselle rouge qui se pose à ma demande, puis des criquets des prairies qui sautent de partout. Un saut, un frisson, et la danse de la nature s’impose.

Ici, une minuscule araignée sauteuse s’invite devant mes pieds. Stop, je m’arrête. Je l’observe. Je n’arrive pas à faire une photo nette… tandis qu’un pic-vert, farceur invisible, se moque de moi à distance. Lui seul sait que jamais il ne se laissera saisir dans l’œil de mon appareil.

Ce midi, j’ai bavardé avec ces minuscules compagnons : vibrants, bondissants, sautillants, moqueurs ou timides, tous m’ont offert un bout de leur vie.

À deux, quatre, six ou huit pattes, ils sont mes amis, ci, dans ce coin d’herbe et de lumière, à Vent de Terre.

Le geai a crié, peu discret, je l’ai vu filer vers le Carmel tandis que les pies, bavardes invétérées, jacassaient entre elles.
Et moi, pendant ce temps-là, silencieuse, j’écrivais.

Une mésange, cachée dans le prunier, sifflotait pour personne ou peut-être pour moi seule, j’ai choisi d’y croire.

Au loin, la valse des papillons blancs, désordonnée, brouillonne, joyeuse, tel un bal léger qui effleure le temps.

Mais oui, j’ai fui le frelon, le taon insistant, ne cherchant pas à faire plus ample connaissance avec ceux-ci. Et puis, soudain, quelques pas plus loin, un autre criquet. Couleurs éclatantes, un peu plus grand que les autres, il m’a regardé. Oui, j’en suis sûre, nos regards se sont croisés et… compris. Ce criquet m’a offert son instant, un moment pur, une intimité simple, scellée dans le souffle de l’été.

Criquet des pâtures

L’après-midi, un contenant sans fond
Que j’ai choisi sans façon
Parce qu’il manquait la base
Pour représenter le trou, une absence

Et puis une fissure à faire éclater 
Pour une jolie porte puisse s’inventer
La lumière vient de l’intérieur 
Les couleurs rayonnent dans la noirceur

Une base à reconstruire,
Pour sublimer un avenir à venir.
C’est le chant de cette journée,
Un arc-en-ciel de mots partagés,
Qui clôture ce bel atelier,
D’art-thérapie à façonner.

Une vérité à savourer,
Un chemin à inventer,
Une belle énergie à absorber,
Pour mieux encore la redéployer.

Conclusion de mon « pot fêlé »

Vie fragmentée,
Enfant éclatée,
Adulte éclatante.

La lumière jaillit de l’intérieur,
Elle traverse mes fissures,
Elle me rend entière.

Partir sur une nouvelle base,
Une base encore à venir,
Faite de présence et d’avenir.

L’ombre, doucement,
Déploie ses ailes vers la clarté.
Je me tiens au cœur de cette lumière,
Rayonnante de mille et une couleurs.

L’ombre en moi
Peut enfin s’envoler,
Se transformer,
Se déposer dans la douceur du jour.

Je papillonne avec le vivant vibrant,
Mon cœur bat au rythme
De la lumière pétillante.

Mon pot fêlé s’est ouvert d’une porte,
Et cette ouverture, je l’ai comblée
De morceaux de verre colorés.
Au centre, un éclat singulier :
Un cœur jaune pâle, posé là,
Comme un signe,
Comme une promesse.

C’est l’arc-en-ciel de cette journée,
Un cadeau façonné de mes mains,
Un éclat de vérité retrouvé,
Un chemin de lumière à continuer.

Cinq petits mots bienveillants offerts par chacune des cinq femmes qui étaient à mes côtés lors de cette sublime journée :

« Joie et amour. Sérénité »

« Lumière »

« Voir la vie en couleurs et créer »

« Papillonne. Papillonne. »

« Bienveillance et créativité »

Continuer à lire … « Papillonner avec le vivant vibrant »

Regarder avant de juger… même un frelon

On est hypersensible ou on ne l’est pas

Histoire de vie, de mort et de survivance d’un frelon européen

Dialogue entre moi et moi-même

— J’aime les animaux. Tous les animaux. Surtout les oiseaux. Mais les insectes aussi.
— Même les bestioles à huit pattes ?
— Oui. Enfin… avant, j’en avais la phobie. Avant que ma curiosité envers tout ce qui vit ne grimpe la plus haute des hautes montagnes de la curiosité. Avant que la photo ne devienne une passion. Avant, quand j’étais plus jeune. Et surtout, plus ignorante.

— Et donc, les insectes ?
— Je ne les connais pas tous, mais je ne peux m’empêcher de les photographier dès qu’une antenne, une mandibule ou une patte fine passe à portée. J’ai mes petits chouchous : les colorés, les étranges, des minuscules aux plus imposants. Et, à force d’observer, je commence à reconnaître pas mal d’espèces. Je ne suis pas entomologiste, mais disons… entomologiste débutante.
— Même les guêpes et les frelons ?!
— Les syrphes, oui ! Ces mouches déguisées en guêpes, inoffensives, viennent parfois se poser sur moi comme sur un perchoir vivant. Les bourdons fatigués ? Je les transporte jusqu’à une fleur ou leur offre une goutte d’eau. Les abeilles, j’aide de loin, avec un bâton ou un mouchoir, pour éviter leur piqûre. Les guêpes, elles, me donnent des frissons instantanés (merci le souvenir d’une piqûre à la descente d’une balançoire). Mais je leur réserve quand même des morceaux de pomme, au bout de la terrasse : elles restent alors scotchées dessus, loin de ma table.

— Et les frelons ?
— Ma peur est proportionnelle à leur taille : terreur absolue ! Mais ma curiosité m’a poussée à apprendre à les reconnaître. Ici, en Belgique, deux espèces : le frelon européen, notre grand indigène, et le frelon asiatique, importé accidentellement, qui menace nos abeilles (car il en est friand).

Repère express pour les différencier :

  • Asiatique : corps sombre, anneaux jaunes fins, pattes jaunes.
  • Européen : plus grand, corps rayé jaune et noir, pattes brun-rouge, tête et thorax orangés.

— Tu les confonds parfois ?
— Non… enfin… c’est ce que je croyais. Je croyais qu’il suffit de « regarder » et pas seulement de « voir », pour identifier. C’est un peu plus complexe que ça. Parce qu’on nous montre toujours les différences « classiques », celles des individus parfaits, comme dans les manuels. Mais la nature est joueuse : tailles variables, couleurs plus ou moins marquées, individus malades ou atypiques… Et parfois, même avec un œil entraîné, on peut hésiter.

Ce soir-là

J’habite dans un quartier où vivent aussi des apiculteurs. L’an passé, des ruches entières ont été décimées par les frelons asiatiques. On nous encourage donc à signaler tout nid, qui peut se trouver haut dans un arbre… ou carrément sous terre. Et à notifier leur présence, surtout s’ils sont en nombre.

Je racontais récemment une rencontre avec une vingtaine d’asiatiques lors d’une balade. Le midi, pile au moment où je parle d’eux, un de ces géants ailés se pose sur « l’assiette des guêpes » sur notre terrasse. Mon amoureux réagit immédiatement : capture avec notre attrape-insecte et… noyade. Deux minutes de lutte. J’ai fui pour ne pas voir.

Trois jours plus tard, rebelote. Cette fois, seule, je prends sur moi : capture, immersion… mais une bulle d’air retarde la fin de l’insecte. Dix minutes. Je secoue, j’ajoute un filet d’eau. Enfin, il s’immobilise.

Le lendemain, trois autres visiteurs, à quelques minutes d’intervalle. Ils attaquent « mes guêpes ». Deux asiatiques capturés et immergés, un troisième… étrange. Plus petit, plus orangé. Pas le profil type d’un asiatique… mais pas non plus celui, bien marqué, d’un européen adulte. Et dans l’urgence, sans mon amoureux, je tranche : capture, immersion, fin rapide.

Le doute

En voyant les victimes alignées, flottant dans le bocal, ma fille me lance :
— Le plus petit bouge encore ! Et puis il n’a pas la tête d’un frelon asiatique… peut-être une reine guêpe ?
Ce doute me transperce. Je connais les critères de reconnaissance, je les ai utilisés… mais et si je m’étais fiée à une image trop « standard » ? Et si cet individu faisait partie de ces exceptions qui brouillent les lignes ?

Opération sauvetage

Sans réfléchir, je la fais extraire de l’eau. On la dépose sur une assiette garnie de fruits, protégée d’une cloche à filet. Pattes tremblantes, antennes frémissantes, elle titube, tombe de l’assiette, se retrouve sur le dos, les ailes trempées, collées à la table. Je lui tends une baguette chinoise : elle s’y agrippe, je la redépose. Peu à peu, elle se redresse. Elle s’applique à se nettoyer et à se sécher. Observer ce comportement est fascinant sur une bête de cette taille.

Ma fille me rappelle que j’ai Obsidentify sur mon téléphone (elle l’appelle « Pokédex » en référence aux Pokemon bien connus). Clic. Photo. Une seule, car la bestiole recouvre ses forces. Résultat : frelon européen ! Un petit gabarit, mais la morphologie ne trompe pas : pattes brun-rouge, tête orangée, abdomen plus jaune que noir.

Erreur confirmée… mais aussi réparée. J’avais agi trop vite, j’ai appris.

Je soulève la cloche : envol net, droit vers la cime des arbres.

Mon esprit romanesque imagine déjà son retour le lendemain, escorté d’une escadrille vengeresse.
Mon esprit naturaliste, lui, lui souhaite bon vent… et longue vie, loin des pommes des guêpes… et de ma vue !

Elle a hérité de poils blancs de l’un de nos chats… on voit bien la couleur de ses pattes : rouge foncé à brun, son abdomen est bien comme celui d’une guêpe, jaune et noir. La photo de celle-ci ne rend pas bien compte de sa taille, mais elle se rapprochait davantage d’une grosse guêpe que de son cousin frelon asiatique (en restant plus petit que ceux-ci. Alors que, dans la plupart des cas, « notre » frelon européen est plus grand que l’espèce asiatique).

🐝 Fiche naturaliste

Frelon européen & frelon asiatique

1. Identification rapide

CritèreFrelon européen (Vespa crabro)Frelon asiatique (Vespa velutina)
OrigineIndigène (Europe)Introduit accidentellement d’Asie
Taille25 à 35 mm (jusqu’à 38 mm pour les reines)20 à 30 mm (reines max 32 mm)
Couleur du corpsJaune vif + noir, thorax et tête orangésCorps brun/noir, segments abdominaux foncés avec bande jaune unique
PattesBrun-rouge ou brun foncéJaunes à l’extrémité
TêteLarge, orangéePlus petite, noire avec face orangée
AilesBrun clairBrun fumé
NidSouvent dans des cavités (troncs, murs, greniers)Sphérique, souvent haut dans les arbres ou sous abri

2. Points communs

  • Les deux piquent si on s’approche trop du nid.
  • Pas d’agressivité envers l’homme en vol isolé.
  • Se nourrissent d’insectes (y compris guêpes et abeilles) et de fruits mûrs.
  • Actifs de mai à novembre environ.

3. Les pièges de l’identification

🔍 Variabilité naturelle

  • Certains européens peuvent paraître plus sombres, surtout les jeunes ou les individus mal nourris.
  • Les tailles se chevauchent : un petit européen peut sembler asiatique, et inversement.
  • Les couleurs peuvent être atténuées par l’âge, la mue ou l’état de santé.

Conditions d’observation

  • Ombre, lumière rasante ou contre-jour peuvent fausser la perception des couleurs.
  • L’agitation ou la peur peuvent pousser à juger trop vite.

💡 Astuce :
Toujours observer plusieurs critères (pattes + abdomen + taille + tête) plutôt qu’un seul.

4. Rôle écologique

  • Frelon européen : prédateur d’insectes variés, régule certaines populations nuisibles.
  • Frelon asiatique : prédateur opportuniste, mais sa préférence pour les abeilles domestiques le rend problématique pour l’apiculture et la pollinisation.

5. Que faire en cas de rencontre ?

  • Isolé : observer, photographier, ne pas déranger, sauf s’il représente une menace directe (rare si le nid n’est pas à moins de 5 mètres)
  • Plusieurs individus en chasse ou en vol stationnaire près d’un rucher : noter la direction, prévenir un apiculteur ou les autorités locales.
  • Nid : ne pas intervenir soi-même, contacter un service de destruction agréé.
  • À ne surtout pas faire : écraser un frelon asiatique, sauf si vous voulez tout à coup être envahi par tous ses copains. En effet, quand il est blessé ou mort par écrasement, le frelon asiatique libère une phéromone « danger ! danger ! » qui attire tous les autres frelons à la ronde. Le capturer, sans le blesser et le noyer reste la meilleure solution pour ne pas être envahi et risquer des piqûres de défenses.

💬 Note personnelle de l’observatrice :

Même avec de bonnes connaissances, j’ai découvert que la nature aime brouiller les pistes. Un “profil type” ne reflète jamais toute la diversité d’une espèce : il existe toujours des subtilités, des exceptions, des erreurs de la nature… et parfois même des individus malades qui déjouent nos certitudes.
Mon erreur avec un petit frelon européen m’a rappelé à quel point l’observation patiente et le doute sont précieux avant d’agir.
Désormais, si un frelon est seul et ne représente aucune menace, je le laisserai poursuivre sa route. En revanche, face à un rassemblement suspect ou à un nid de frelons asiatiques, je prendrai une photo et contacterai les spécialistes.
J’ai choisi de garder mes gestes pour protéger… et non pour détruire inutilement.

📌 Ressources utiles :