Petit délire d’un soir, lors d’une balade à pied dans un chemin mal éclairé.

Elle est morte devant moi
Elle est morte là, juste devant moi.
Juste devant moi, je l’ai entendue tomber.
Je l’ai entendue tomber, frapper le sol. Ne plus bouger. Ne plus bruisser. Ne plus vivre. A-t-elle souffert de sa chute ou bien était-elle déjà morte avant de cogner si durement le sol ? Je ne le saurai jamais. Je peux supposer des tas de choses. Je préfère croire qu’elle a rendu son dernier souffle dans le murmure du vent, doucement, sans mal, sans maladie, sans mal à dire.
Je l’ai entendue frapper le sol dans un bruit bien distinct et pourtant pas sonnant, mais trébuchant, raclant, grattant le chemin de ma destination.
C’est la nuit. Il fait noir d’encre.
La saison fait son automne. La nuit tombe tôt comme cette chose qui est morte là devant moi.
Il fait nuit, noire d’encre, dans ce petit chemin peu fréquenté par les voitures. Et sur ce chemin, des lampadaires. Certains sont inconscients, d’autres seulement endormis ou malades. Rares sont ceux qui sont vaillants, vigilants et éclairants.
Et pourtant, dans ce sombre chemin, je l’ai vue tomber, choir à deux pas de mes chaussures. Pour dire la vérité vraie, je ne l’ai pas vue réellement tomber des airs, du ciel ou d’un arbre. Je l’ai seulement entendue.
Tchac. Son bref, court, droit, sec. Et puis plus rien. Pas un souffle, pas un murmure de vent pour la déposer sur le bas-côté. J’ai dû l’enjamber pour ne pas l’écraser, pour ne pas la piétiner, pour ne pas la briser, la déchirer, la craquer. Pourtant elle est déjà morte. Morte mais entière. Morte mais pas enterrée. Tombée sur le sol, jetée distraitement. Abandonnée à son triste sort. À sa solitude, à son indifférence obscure dans cette nuit débutante d’automne de fin octobre.
Visage de couleur indéterminée. Il fait nuit, il fait noir d’encre, tout est sombre, tout est contour flou, mal déterminé. Forme recroquevillée de la taille d’une main d’humain adulte. La taille de ma main. Sans odeur ni couleur, sans cri et sans vie. Elle est insignifiante, invisible. Je ne l’ai même pas touchée ni palpée, mais je l’ai devinée sèche, rigide et fragile au bruit qu’elle a fait quand son corps pourtant aussi léger qu’une plume, en moins doux, a fait lorsqu’il a rencontré le bitume devant mes pieds.
C’est ce bruit, cet instant précis, ce moment figé qui m’a donné envie de vous partager la tranche infime de cette vie de feuille morte d’automne…
Une feuille, quelques centimètres de nature qui raconte tout un cycle, qui conte mieux que personne une saison.

Photos PIXABAY
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Magnifique !
Ce n’est pas un délire, c’est une page d’écrivain, de poète.
Merci pour le partage.
Bisous et douce journée.
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Ce que j’ai vu et entendu ne peut faire joli conte
A m’épier n’était pas mort devant moi
Mais s’en était fallu de peu
N’avait pas en vide mourir
An mille-neuf-cent
Quatre-vingt-dix
S’était cru immortel
Alors comment raconter
Une erreur peu éthique
Qui rata son coup mortel
Pour l’enfer sortir
Les pieds devant ?
Et manger les pissenlits
Par la racine ?
N’avait pas en vide mourir
S’en est sorti vivant
Parti de rien
Retrouva trente sur trente
Ô Folstein le max !
D’un mal si mal reconnu
Qu’il était inconnu
Jusqu’à lui jusqu’alors
Qui maintenant porte un nom
Plutôt poétique
De Non Dissociation
De la Vitamine B12 de ses
Protéines Porteuses
Le syndrome s’appelle
NDB12PP il s’épèle
Depuis deux mille trois déjà !
Mais qui sait qui c’est
Qui l’a trouvé ?
Qui a payé ?
Les pots cassés ?
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Oh j’adore un merveilleux récit sur la mort d’une feuille en automne, superbe!! bisous
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Qu’il est beau ton récit racontant la chute d’une feuille morte.
J’ai bien aimé…
Bises Cécile
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*Inspire*, *Expire*… que dire de plus…
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