La vengeance des escargots

Voici mon histoire écrite à l’occasion de mon cours de rédaction créative. Thème : le mythe. Je n’ai pas encore envoyé cette version à mon professeur : Mahalia De Smedt… mais vous qu’en pensez-vous ? :-)

La vengeance des escargots

Mythe, Liège, 1468, « Les 600 Franchimontois, une si gentille légende » :  600 personnes dans un courage désespéré tentent de faire front à l’armée bourguignonne; mais hélas, tous meurent. Il paraît que la Cité Ardente brûla durant 7 semaines.

A la Renaissance, il existe un mythe peu connu dans la Cité Ardente : 600 escargots se sont rebellés et ont envahi le plus grand restaurant de l’époque : « Le Grand Bourgogne ».

Au XVe siècle, les escargots n’étaient pas encore un mets apprécié. Il a fallu attendre que Gutenberg veuille festoyer sa découverte de l’imprimerie pour qu’ils arrivent dans les assiettes. En effet, ce célèbre inventeur a frappé si tardivement à la porte de l’auberge que l’hôte n’avait plus rien à lui servir. Heureusement, le cuisinier de l’auberge était plein de ressources. Sans perdre une minute, il fouilla dans ses maigres provisions, pensant déjà à cuisiner les restes réservés aux poules, lorsqu’il découvrit trois gros escargots qui se baladaient sur le mur extérieur. Sans perdre une seconde, il les décolla de la surface rugueuse du mur, les plongea dans de l’eau bouillante pour les laver et les cuire, puis les prépara avec de l’ail et du persil pour dissimuler le goût, qu’il supposa à juste titre infecte, et servi son client de prestige, avec dans une assiette, les trois escargots entourés de légumes reposant sur un lit de feuilles de salade.

Le plat goûta tant à Gutenberg qu’il en redemanda le lendemain. C’est ainsi qu’on chassa ces pauvres mollusques ; une chasse facile et un mets rapide à préparer.

Les années passèrent ainsi, rythmées par des préparations culinaires toutes plus innovantes les unes que les autres.

Un jour, alors que les escargots se cachaient et n’osaient sortir la tête de leur coquille, pas même par jour de pluie incessante, une étrange créature mi-homme, mi-animal, arriva de nulle part. Il était grand comme un homme, avait une tête en colimaçon, des yeux qui lui sortaient des orbites et une coquille orange en lieu et place de son dos. Dépourvu de bras, il avait des membres inférieurs qui ne faisaient qu’un et il se déplaçait en rampant grâce à la dernière partie de son pied. De fait, le membre unique aux reflets bleu-gris était articulé et musclé ; cela permettait à la créature d’avancer assez rapidement sur n’importe quelle surface à la manière des escargots, car c’était à ça qu’elle ressemblait : à un escargot ; un escargot géant !

  • Mes amis, mes enfants, mes frères, mes sœurs ! Rebellez-vous ! Vous ne pouvez plus vous laissez marcher sur les pieds, sur le pied. Vous êtes des Colimaçons, pas des stupides limaces sans cervelles. Vous l’avez sans doute oublié, mais vous avez en vous une arme redoutable !

La créature parlait d’une voix forte, sûre, mais amicale. Personne ne l’avait remarquée jusqu’ici puisqu’elle pouvait se fondre dans les feuilles mortes de l’automne tombées à terre, recouvrant le sol d’un tapis multicolore, rouge, orange, or. Au fur et à mesure qu’elle parlait, la bête immense se montrait, déployant toute sa grandeur en s’étirant au maximum. C’est ainsi, devant une vingtaine d’escargots, tantôt ahuris, tantôt surpris, tantôt apeurés ou piqués de curiosité, que Helix Matrix, le grand Helix, demi-dieu pour de vrai, fit son apparition.

En quelques mots bien baveux, il expliqua à son assemblée que tous ceux présents ici et en âge d’être parents portaient en eux un dard puissant et efficace. En effet, chaque être, adulte, doté d’une coquille à spirale pouvait décocher une flèche, ou selon son rang, frapper son adversaire avec une sorte d’épée.

  • Je sais que vous ne voyez pas très bien, mes amis, c’est une grosse tare chez notre espèce ; mais pour vaincre l’homme, il n’est point nécessaire de bien voir. Venez, rapprochez-vous de moi, je vais vous faire part de ma stratégie secrète pour inciter les bipèdes à vous laisser tranquilles.

Aucun humain n’était présent à cette assemblée ; aussi n’existait-t-il aucun rapport de ce qui s’était dit ce soir-là.

Toujours est-il que gonflés à bloc par les propos du grand Helix Matrix, des centaines et des centaines d’escargots s’étaient réunis dans la nuit pour porter un coup historique à l’auberge « Le Grand Bourgogne ».

Dans cet établissement, personne n’avait entendu quoi que ce soit, pas même les chiens qui dormaient dans la grange d’à côté. Les faits s’étaient déroulés dans le plus grand silence, le plus lentement possible.

Au petit matin, l’aubergiste, sa femme, leurs trois enfants, le cuisinier, son chien et les quelques personnes qui se reposaient dans les chambres à l’étage s’étaient réveillés avec d’horribles démangeaisons. Tout le monde se grattait avec frénésie et certains affirmaient même avoir retiré des minuscules aiguilles, pareilles à des flèches, plantées dans leur chair ! Après avoir craint une épidémie foudroyante et très contagieuse, le tenancier avait essayé de calmer tout le monde et demandé à son frère, qui était moitié sorcier, moitié fou, d’essayer de les sortir de cette situation gratouillante. Le frère avait osé entrer dans l’établissement, mais il n’avait pas pu se résoudre à examiner, à toucher qui que ce soit. Personne n’avait pu trouver le moindre indice pouvant les mettre sur la piste du ou des coupable(s). Tout ce qu’ils avaient relevé, c’étaient des traces humides, brillantes et légèrement collantes, partout. Aucune pièce n’avait été épargnée. Des marques longues et larges comme un doigt zébraient les sols, les murs et les plafonds !

Sur les corps martyrisés, chaque partie laissée nue, en dehors des draps, étaient porteuse de rayures rougeâtres, avec de temps à autre, une goutte de sang qui suintait d’une blessure récente.

Aucune empreinte particulière ne trahissait l’identité des criminels. Seules de minuscules aiguilles en calcaire avaient été abandonnées sur les lieux, tantôt plantées dans les bras ou dans le cou des victimes, tantôt jonchant le sol.

Il a fallu attendre de longues semaines pour que cette terrible affaire se résolve. Le cadet des propriétaires, qui adorait ramper partout, trouva le cadavre d’un escargot dans sa chambre. Ce dernier était logé, coincé, dans une fissure du plancher. L’escargot avait été tué avec une sorte d’épée minuscule. Le gamin, qui était fasciné par ces animaux, en avait toujours voulu au cuisinier d’avoir eu cette idée de les préparer pour les manger. Sans ne rien dire à personne, il avait récupéré délicatement le mollusque et était allé dans le jardin pour l’enterrer. A peine avait-il creusé un trou sommaire avec ses petits doigts qu’un autre escargot, vivant celui-là, était venu jusqu’à lui pour lui reprendre le cadavre.

Plus tard, l’enfant aurait raconté à sa sœur qui refusait elle aussi de manger ces animaux, que l’animal vivant avait sorti de son corps une sorte de dard. Le garçonnet donna d’étranges détails sur cet aiguillon de sorte que sa sœur ne put émettre le moindre doute quant à la véracité de cette histoire abracadabrante. Le gamin, qui ne devait pas avoir plus de 3 ans, mima aussi le fait que le mollusque l’avait même menacé avec sa flèche ! Il n’avait donc pas pu enterrer la dépouille, mais avait été obligé de la placer sur la coque de l’autre. Le petit frère aurait ainsi convaincu l’escargot menaçant qu’il n’était pas un ennemi pour eux. Gaston, c’était le nom du petit garçon, avait pu suivre l’étrange couple, le mort agglutiné sur la coquille du vivant, jusque dans leur repaire tenu secret jusqu’ici.

Des jours plus tard, la sœur avait tout raconté à leur mère. Gaston s’était confié. Estelle aussi. Elle n’avait rien omis, ni la cachette des escargots, ni le dard d’amour dont certains étaient affublés, ni même le fait que les escargots sont vraiment des êtres doux, gentils, mais un peu myopes.

Une semaine passa. Et la maman des enfants parla à son tour… à son mari. Elle aussi dressa un portrait des plus tendres des petites bestioles gluantes.

Et ainsi de suite… l’histoire des escargots vengeurs fit le tour du village. Quand les faits arrivèrent aux oreilles du médecin, celui-ci fut pris d’un rire incontrôlable. En effet, il était le seul à avoir compris que les victimes de l’assaut des escargots avaient succombé à un charme irrésistible. De fait, les premières personnes à avoir défendu la cause des gastéropodes étaient les mêmes qui s’étaient réveillées avec une bien étrange aiguille fichée dans leur peau : Gaston, Estelle, leur maman, leur papa, une cliente qui dormait juste à côté des chambres des enfants, …

Pour ne pas que la honte leur colle à tous les pores, et pour sauver ces adorables escargots des mets culinaires, le curé du village avait trouvé une bonne raison pour ne plus les chasser : désormais, les mollusques seraient considérés comme impurs ; car en rampant partout, ils absorbent une série de détritus et de crasses dégueulasses qui passent dans leur chair et qui ne partent pas à la cuisson.

C’est ainsi que ces animaux connurent un répit et c’est aussi à partir de cette histoire qu’un certain Cupidon naquit avec ses flèches d’amour. Il a été précisé que durant 7 semaines, l’amour brûla dans les cœurs de tous ceux atteints par un dard gastéropodien.

Mot de la faim : ne consomme pas d’escargot ou ton cœur sera pris d’assaut !

mythe escargot


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Auteur : ecrimagine

La lecture, l'écriture, la photographie et l'observation de la nature, sont pour moi de bonnes sources d'apaisement, de relaxation, d'imagination, d'évasion, de partage, de découverte,...

6 réflexions sur « La vengeance des escargots »

  1. Merci pour ce compliment. Cela me touche beaucoup venant d’une pro de l’écriture ;-) Oh ! J’aimerais bien travailler dans une imprimerie, je suis très curieuse du fonctionnement de l’impression d’un livre ou d’un magazine. Peut-être dans une autre vie ou à l’occasion d’un stage, qui sait ?

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  2. On est toutes les mêmes hihi (Béa, toi et moi), on adore les escargots, mais pas dans notre assiette ! Merci beaucoup pour ta lecture et ton avis sur cette histoire. Bisous

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  3. Vraiment, merci du fond du cœur ! A ce point là ? (rires) Cela m’encourage à l’envoyer à ma prof :-) Prochain thème/devoir d’écriture : le conte, ça me connais haha Bonne après-midi Béa, et à bientôt. Bisous

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