Écriture à 4 mains (les disparus de la 58) – 1

Tous les mois, je joue avec Tisser les mots. La proposition 58 (clic) était un peu particulière puisqu’il fallait écrire un texte avec un incipit et une fin qui permettrait, le mois suivant, qu’un(e) autre participant(e) reprenne le texte et poursuive l’histoire.

En lisant les histoires des 10 premiers participants, je me suis rendu compte que dans toutes ces histoires, il y a un point commun : leur personnage disparaît, volontairement ou non ! Il ne m’a pas fallu plus longtemps pour me lancer un défi de fou : écrire une suite « commune » à ces 10 personnages. J’avoue, qu’au départ, je voulais faire une histoire du genre « Lost » pour ceux qui connaissent cette série. Mais, pour moi, trop de personnages, trop de choses à imbriquer, à mettre en place pour que cela garde un fil conducteur unique, le résultat n’est donc pas là.

J’ai quand même poursuivi (sans donner une fin) chacun des 10 textes en utilisant une contrainte différente prise un peu au hasard dans le livre d’Eva Kavian : Lire et faire écrire – tome 1.

Je vous propose donc de lire ces 10 textes, à raison d’un par jour :-)

TITRE de ces suites : Les disparus de la 58

Texte 1 : c’est Dominique C. qui l’a écrit (clic pour lire son histoire)

Contrainte page 53 + dernières pages avec les listes, du livre d’Eva Kavian, tome 1. Choix au hasard, yeux fermés :-)

Choix du personnage : mon personnage s’appelle Thierry, il est un taximan qui cherche le grand amour.
Deux objets :
un diabolo et un divan
Un lieu :
sous le pont du milieu
Une situation :
Thierry (mon personnage) comprend que plus rien ne sera comme avant

Thierry est là, sous le pont du milieu, debout à chercher du regard parmi tous ces gens qu’il voit, la fille qu’il a rencontrée au mariage. Depuis le temps qu’il attendait une rencontre singulière, cette rencontre ! Il s’imaginait déjà terminer ses vieux jours dans le taxi qu’il conduit depuis seulement depuis 6 mois. Il n’a pas encore 25 ans qu’il rêve encore à un grand amour qu’il croit inaccessible. Et puis voilà qu’hier, à ce mariage discret, il y avait cette fille, cette invitée, même pas demoiselle d’honneur. Dès qu’il l’a vue s’installer dans son taxi, sur ses sièges en cuir, lisser sa jupe, poser doucement son petit sac sur ses cuisses, il a flashé. Il venait de faire connaissance avec un certain Coup de Foudre, Amour, deuxième de nom. Il ne lui a pas fait payer la course, il lui a juste dit que demain, il serait son chauffeur particulier pour une île paradisiaque. Elle a souri, elle ne s’est pas moquée, puis sans dire mot, elle s’est tournée et elle est partie rejoindre une autre invitée qui l’attendait. Il lui a semblé lire dans ses yeux une réponse positive.

Ce sont ces dernières images qu’il se remémore en boucle depuis hier après-midi. Le soir même, il téléphonait à sa meilleure amie, son amie d’enfance, son amie de toujours pour lui raconter son rêve éveillé. Et le lendemain, elle l’accompagnait boire un dernier verre avant son départ. Il en était ainsi, il l’avait décidé sur un coup de tête.

Il connaissait une île où il serait le seul taximan, il l’avait tant de fois rêvée que si on le lui demandait, il se sentait capable de la dessiner les yeux fermés. Le seul véhicule sur place serait cette carriole rutilante tirée par deux chevaux blancs. Il voit encore ce divan en tissu clair qu’il avait fait placer en lieu des sièges inconfortables d’origine.

Thierry ne sait pas comment il est arrivé ici, et il s’en fout un peu même si ce n’est pas vraiment l’île dont il rêvait… a peine a-t-elle un bout de sable chaud, et encore, un sable gris et moche… Mais ici, sous le pont, il remarque des traces de sabots. Les empreintes sont larges et profondes, mais ces détails n’ont pas l’air de le perturber. Il pense être au bon endroit. A sa gauche, une silhouette de taille moyenne attire son attention. Elle a une taille fine, mais pas trop, et a les cheveux châtains qui lui arrivent à peine aux épaules. Il croit la reconnaître et pense à courir pour la retrouver, comme dans les films, mais quand la distance qui les sépare se réduit, il réalise que ce n’est pas elle, que celle-ci ressemble davantage à cette bonne femme qu’il a pris en course il y a quelques jours et qui lui a laissé un souvenir inimaginable : une trace de sang sur son beau fauteuil en cuir. Il a déjà pris de tout dans son taxi : des accidentés de la vie domestique, il repense à cet homme qui s’est brisé l’épaule en jouant avec la trottinette de sa fille, des mômes malades, il a toujours un stock de sachet pour ces occasions, un petit vieil incontinent qui n’avait plus de langes mais qui avait prévu un essuie de bain, mais ici, une fuite de règle, il n’avait pas encore eu ! Le pire dans cette histoire, c’est qu’elle n’était pas gênée de s’expliquer, elle préférait avoir laissé une trace sur ce fauteuil, dans sa voiture, plutôt que sur sa nouvelle robe.

Thierry secoue sa tête comme pour chasser ce dernier souvenir. Du regard, il scrute encore les environs tout en cherchant dans sa poche son téléphone portable. Il ne le trouve pas ! De toute façon, il n’a même pas pensé à prendre son numéro de téléphone et ici, il n’est pas sûr que le réseau couvre l’île. Il ne sait pas quelle direction prendre quand son pied heurte un bâton à moitié enfoncé dans la terre. Le jeune homme s’abaisse et examine l’objet qui n’est pas une simple branche. Il tire sur le bâton lisse, couvert d’une peinture bleue et au bout de celui-ci se trouve une ficelle. Il tire alors sur la ficelle et comme il rencontre une résistance, il reprend le bâton pour avoir plus de prise. Ce qu’il y a au bout de la ficelle est enterré. Thierry se demande s’il doit salir ses mains pour découvrir qu’au bout, il n’y a sans doute rien, ou un autre bâton similaire. L’objet pourrait ressembler à un diabolo… mais pourquoi diable l’aurait-on enterré ? Et ici ? Et qui ?

Thierry relève la tête et comprend qu’à partir de maintenant, plus rien ne sera comme avant…


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Auteur : ecrimagine

La lecture, l'écriture, la photographie et l'observation de la nature, sont pour moi de bonnes sources d'apaisement, de relaxation, d'imagination, d'évasion, de partage, de découverte,...

4 réflexions sur « Écriture à 4 mains (les disparus de la 58) – 1 »

  1. oui, mais j’ai un peu bâclé l’affaire… trop long pour moi hihi, je me mets moi même des contraintes et pour ne pas abandonner mon objectif, je fais rapidos, parfois ce n’est pas génial, mais pour le moment, pas envie de m’y remettre hihi
    bisous

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  2. Merci Martine. Si j’étais sévère avec moi même je dirais quand même « peux mieux faire » :-) mais j’ai surtout été étonnée qu’il y ai, au début, autant de cas de disparitions, alors que ce n’était pas la « contrainte » :-)
    Bonne journée, à bientôt, Cécile

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  3. bravo , belle idée . Je n’ aurais pas osé . Le résulta est étonnant
    amitiés
    martine

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  4. Bonjour bonne idée d’écrire ainsi une histoire à plusieurs, le résultat devrait être surprenant, merci bisous et bonne journée

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