Bruit mystérieux

Je commence à vous soumettre une série de petites histoires écrite il y a un bout de temps mais que, pour une raison ou une autre, je n’ai jamais montré dans son entièreté. Voici le tout premier texte. Dites-moi ce que vous en pensez, si vous aimez, si vous trouvez ça pas terrible ou écrit maladroitement… j’en ai 10 autres à vous proposer :-)

Et je tiens à remercier ma Cigalette, enfin ma maman pour les illustrations !

Tic-tic.

Le printemps a commencé avec ce bruit. Il fait déjà chaud pour la saison. Cinq degrés au-dessus de la moyenne saisonnière. C’est ce que dit le météorologue de la télévision.

Isabelle s’est levée de mauvaise humeur ce matin. Ce tic-tic l’a tirée de son sommeil. Les yeux encore mi-clos, elle va voir d’où provient ce petit bruit. Mais elle ne voit rien. Elle se recouche alors, en peignoir.

Tic-tic.

Ça recommence. Cette fois, elle sait avec plus de précision d’où ça vient. Elle se dirige d’un pas certain vers la fenêtre et tire d’un coup sec ses tentures. Eblouie par la lumière du jour, elle se surprend elle-même. Isabelle met ses mains devant ses yeux sensibles.  Elle referme tout aussi vite les tissus épais. Elle ne pense qu’à retrouver le calme de ses rêves mais cette fois, elle est complètement réveillée.

La journée s’annonce mal.

Enervée, elle ne voit pas la queue toute poilue de son Minou et marche dessus sans aucune délicatesse. Un miaulement horrible déchire les tympans d’Isabelle et lui fend son cœur. Elle s’agenouille et tente d’appeler son petit chat pour s’excuser et lui faire le plein de câlins. En vain, il se cache en dessous du lit et ne bouge plus.

Il y a de ses jours où tout va mal.

Après s’être un peu brûlée le corps avec une douche trop chaude, Isabelle n’a pas pu boire son chocolat du matin. Elle a oublié d’en racheter.

Sa journée à son travail n’est pas des plus glorieuse. Elle se fait réprimander par sa chef à cause de son humeur exécrable et se fait carrément enguirlander par une collègue. Mais dix-sept heures sonnent. La fin d’une journée médiocre s’annonce enfin.

Après avoir fait rapidement les courses dans le petit supermarché au coin de sa rue, Isabelle rentre chez elle, non mécontente de retrouver son chat et le calme de sa petite maison. Elle enrage encore sur cette caissière trop lente quand le tic-tic la surprend une nouvelle fois !

Trop fatiguée et excédée, elle ne va pas voir à la fenêtre ce que c’est. Le visage dans les mains, elle pleure. Elle se laisse aller. Personne n’est là pour la regarder se vider de ses larmes. Personne pour la réconforter. Personne pour l’écouter. Personne pour la serrer dans ses bras.

Elle se sent seule, mal-aimée et complètement vidée d’énergie.

Dans sa petite maison qu’elle a héritée d’une tante, elle ne doit pas aller bien loin pour se faire couler un bon bain. Isabelle n’a pas faim. Avant d’aller se coucher, elle va se détendre un peu. Elle vérifie à deux reprises la température de l’eau avant d’y déposer le pied, la jambe puis son corps tout entier. Le parfum lavande de la mousse envahit la pièce. Une chanson revient dans sa tête et la rend nostalgique.  Sa grand-mère lui manque, elle est décédée il y a deux semaines et elle se rend compte, trop tard, qu’elle comptait beaucoup pour elle.

Tic-tic.

Cette fois-ci, impossible à Isabelle d’aller voir ce que c’est que ce bruit. Elle plie les jambes et met sa tête, jusqu’aux oreilles, dans l’eau tiède. Elle n’entend plus rien, elle ne pense à plus rien.

Une demi-heure plus tard, elle sort du bain, complètement relaxée. Elle réussit à oublier cette mauvaise journée et est décidée à passer une bonne soirée, dans son lit, à lire son livre préféré.

Des boules d’ouates dans les oreilles, plus aucune sonorité ne vient titiller sa curiosité. Plus aucune chanson ne vient perturber ses sentiments du moment. Son esprit est tranquille.

Confortablement installée dans son petit lit douillet et chaud, elle commence la lecture de son troisième chapitre quand une petite ombre se détache des tentures mal fermées. Même si la jeune femme ne regarde pas dans cette direction, ses yeux peuvent voir cette chose bouger dans les airs, à proximité de sa fenêtre. Elle change de position et tourne le dos à cette ombre volante.

Elle finit par s’endormir assez rapidement, le livre encore dans les mains.

Le lendemain matin, toujours réfugiée dans ses boules d’ouates, Isabelle n’entend rien du petit bruit. Pas même la sonnerie de son réveil ne l’a éveillée! Elle est presque en retard. Elle doit se dépêcher. Rapidement, elle se douche, s’habille en toute hâte et avale son chocolat d’une traite. De bonne humeur et à l’heure, Isabelle passe une bonne journée et c’est le sourire aux lèvres qu’elle rentre chez elle après une journée de travail.

Tic-tic.

« Est-ce que ce bruit s’arrête quelques fois ? » Se demande Isabelle au fond d’elle-même. A cet instant, elle est bien déterminée à trouver la source de ce bruit qui lui tape sur le système nerveux. Tout en se dirigeant vers la même fenêtre que deux jours plus tôt, elle happe un petit paquet de terreau qui traîne sur l’étagère.

Minou pense que c’est  pour lui. Il se frotte aux mollets d’Isabelle. Il a déjà tout oublié de l’incident de la veille et revient auprès de sa maîtresse tout en ronronnant. Quelques caresses plus tard à Minou, elle ouvre la fenêtre de sa chambre et dispose méticuleusement un lit de terre sur l’appuie de fenêtre et sur le sol. Elle vaporise l’ensemble pour que le tout forme une masse compacte et solide.

– Si quelqu’un passe par-là, il va obligatoirement laisser des traces dans ce terreau humide, dit-elle tout haut.

Bien que cette idée ne semble pas mauvaise, Isabelle a quand même peur du résultat. Et si c’est quelqu’un qui l’épie ? Et si elle découvre des traces de pas ou d’une main ? Elle sourit quand même un peu, elle se croit presque dans un tournage de film policier. Elle a beaucoup d’imagination.

Pour l’aider dans sa psychose, l’ombre volante revient, elle aussi, le soir, avant le coucher du soleil.

Le lendemain matin, le bruit la réveille à nouveau. Elle s’y attendait un peu. Elle patiente quelques instants avant d’ouvrir doucement les rideaux. Elle ne voit toujours rien. Pas même une trace dans la terre !

Au bout d’une semaine, Isabelle n’entend même plus ces bruits. Ses oreilles s’y sont habituées. Son cerveau s’est accoutumé. C’est devenu un bruit familier. Elle a arrêté de se faire des films et même l’ombre ne la perturbe plus.

Mais quinze jours plus tard, ce bruit triple en volume et en durée. Ça devient agaçant et énervant. Impossible pour Isabelle de ne plus y prêter attention.

Elle ne voit toujours rien et elle est sûre que cela ne peut pas provenir de la conduite d’eau un peu trop vieille ou des tuyaux du chauffage car c’est régulier et surtout c’est précis comme une horloge. Chaque matin, c’est à la même heure et chaque soir aussi. Et puis cette ombre, elle appartient quand même à quelqu’un ou à quelque chose, pense tout haut la jeune femme, comme pour s’en convaincre.

Isabelle ressort alors sa vieille caméra. Cet appareil est sans doute vieux mais fonctionne encore. Tout est fin prêt pour enregistrer le coupable de ce bruit et donner un visage à  cette ombre. Elle change l’heure de son réveil pour être là avant que tout cela ne commence.

Dissimulée dans un tissu sombre, la caméra passe totalement inaperçue vue du dehors.

Sans voir quoi que ce soit, Isabelle appuie sur le bouton enregistreur dès que les premiers bruits se font entendre. Au bout de quelques rapides secondes, elle manque de tomber à la renverse tant les bruits deviennent forts et proches.

Par précaution, elle s’est un peu éloignée de la caméra. Elle a pris son coussin entre les bras. La caméra continue d’enregistrer.

Minou, qui est tout près d’elle, entend aussi ce bruit. Sa queue bouge vigoureusement. Il ne quitte pas les yeux de la fenêtre. Un miaulement timide sort de sa gueule fermée. Il est à l’affût. Lui seul connaît l’identité de ces intrus. Ces pépiements, il les reconnaîtrait entre milles. Soudain, le chat ne tient plus en place. D’un bond il saute derrière le rideau, sur l’appuie de fenêtre, et met ses pattes avant contre la vitre. Sa queue chasse toujours aussi sèchement, les mouches invisibles.

Le bruit a disparu. Minou a gagné ! Isabelle est rassurée.

Toujours réfugiée dans son lit, Isabelle rembobine la cassette vidéo. Une main cache ses yeux. Comme quand elle était toute petite, elle ne laisse passer qu’un trait de lumière entre deux doigts, juste assez pour voir un petit bout de ce qu’elle n’ose pas trop regarder.

Puis, après un court laps de temps, un autre bruit, plus étouffé, sort de la bouche de la jeune femme.

La terrible chose qui lui fait si peur et qui intrigue autant Minou n’est rien d’autre qu’une famille de petites mésanges qui vient picorer le mastique de la fenêtre ! Elle enlève la main de sa bouche et rigole plus franchement !


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Auteur : ecrimagine

La lecture, l'écriture, la photographie et l'observation de la nature, sont pour moi de bonnes sources d'apaisement, de relaxation, d'imagination, d'évasion, de partage, de découverte,...

4 réflexions sur « Bruit mystérieux »

  1. coucou maman,
    oui en effet. Désolée de ne pas les avoir utilisés plus tôt.
    Ici il neige chez nous, cela fond par terre mais ça tient bien sur les voitures garées… et sur le toit des garages.
    A demain! bises bisous

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