Voyager en train, toute une histoire

Mes voyages en train ne se ressemblent pas. Il n’y a pas un jour qui soit exactement pareil à un autre ! Quand je suis fatiguée mais que je ne veux pas dormir par peur de louper mon arrêt, ou quand je viens de finir un livre et que je ne veux pas en lire un autre juste après pour garder encore quelques heures, un jour ou deux, l’histoire dans ma tête, dans ma peau, je me mets à observer les gens.

Un jeu d’écriture existe où il faut décrire un moment ou une personne sans rien inventer, dire simplement les choses telles qu’on les voit. Un exercice pas si facile qu’il n’y paraît car on met toujours des suppositions, on croit ceci ou cela.

La coïncidence a voulu que le même jour je me suis exercé à ce petit jeu. A l’aller je venais de finir un livre, au retour, j’étais fatiguée. (à lire ultérieurement sur ce blog)

Dans la même semaine, trois jours plus tard, alors que j’ouvrais un nouveau livre, il y a eu quelques échanges de mots entre 2 hommes, juste devant moi. La plupart du temps, pour me couper du monde qui grouille tout autour de moi, pour me plonger complètement dans un livre (et dans ma petite bulle), je mets de la musique dans mes oreilles. Il suffit qu’il y ai trop de monde (l’heure de pointe débute à 7h !) et que je ne trouve pas une place que j’aime bien, pour que des gestes, une sensation électrique, une tension, perturbe mon attention. Avant même d’enlever mes écouteurs pour entendre la raison de leur différent, je savais qu’ils n’étaient pas contents et que « ça » râlait sec.

J’emprunte tous les jours le train, et je pourrais presque vous raconter une anecdote quotidienne.

Un jour, je me surprends à trouver mignon deux hommes qui se draguent, car faire la cour, séduire, toucher la corde sensible, attirer l’attention de l’autre, que l’on soit de sexes opposés ou du même sexe, c’est la même « procédure » ;-)

Un autre jour, ma voisine est une institutrice primaire qui corrige des exercices (ou une interrogation), et je suis étonnée de découvrir autant d’écritures différentes chez des élèves d’une même classe, de même âge.

Un autre jour encore, sur le chemin du retour, des voyageurs se retrouvent. Ils se connaissent, car ils « réservent » les places sur les sièges de 4. Ils rigolent, ils parlent fort, ils échangent des souvenirs de voyage. J’aime entendre des commentaires d’habitués comme : « Oh, on est à l’arrêt, j’espère que ça sera rapide, pas comme la dernière fois où on est resté coincés plus d’une heure. » Le tout dit dans la bonne humeur, avec un sourire ou un rire qui appelle un autre souvenir à partager.

Parfois, moins drôle, c’est autre chose qui me perturbe, pas besoin d’enlever mes écouteurs ou de lever les yeux pour sentir le vomis d’une personne malade qui n’est pas arrivée à temps à la toilette. J’ai un odorat très sensible, beurk…

Il y a aussi les enfants, les bébés, qui crient et qui courent dans le wagon…

Mais il y a aussi des gens, comme moi, qui s’enferment dans leur bulle. Un jour, au retour, je m’installe sur un fauteuil côté fenêtre où il y a 2 places. Je roule à l’envers, mais cela ne me dérange pas dans le train, je n’ai pas le mal de transport (ouf). Au moment où je mets mon sac à dos à côté, que je lève la planche pour mettre mon petit et vieux pc portable et que je choisi ma musique, mon champ visuel périphérique capte une similitude : de l’autre côté du couloir, à la même rangée que moi aussi installée côté fenêtre, une jeune femme. Mon double : la trentaine, cheveux châtain mi-longs rangés dans une couette, jeans bleu, basket, chemise à carreaux, sac à dos, et pc sur tablette ! Physiquement, elle ne me ressemblait pas, mais on avait le même style vestimentaire, la même façon de ranger nos cheveux, la même idée pour passer le temps dans ce voyage en train. Une autre habituée… qui tapait aussi à l’aveugle sur son clavier ! ça fait bizarre quand même, presque effet miroir :-)

D’habitude, le matin, il y a 3 catégories de voyageurs dans mon wagon : les dormeurs (la moitié), les lecteurs et les travailleurs sur pc. C’est très calme, je ne dois parfois même pas mettre mes écouteurs sur mes oreilles.
Le soir, enfin au retour, l’après-midi car je finis tôt, c’est différent : quelques dormeurs, des profs, des étudiants, des lecteurs, des voyageurs occasionnels, c’est moins calme.

Je me dis parfois qu’il y a peut-être des gens avec lesquels je vais finir par lier connaissance… mais tout ce bruit, tous ces gens, tout ce monde, tout ce brouhaha, tous ces empressements,… je ne suis pas sûre de m’y habituer un jour !

Au début, je me mettais en « arrière », j’attendais que tout ce monde pressé rentre dans les wagons… mais alors, je n’avais pas toujours une place assise ! J’ai compris que les places sont précieuse, ceux qui gagnent sont ceux qui visent juste… faut que le train arrive pour voir toutes ces fourmis se presser sur le bord du quai, calculer l’endroit approximatif où les portes du wagons s’ouvriront… le matin, c’est horrible comme sensation. Il n’est pas 8 heures que tu dois déjà te battre pour avoir une place assise dans ton train.

Voilà, je voulais partager avec vous ces quelques mots :-)