Depuis septembre, je suis l’heureuse animatrice d’un atelier d’écriture pas comme les autres.
Deux à trois fois par mois, sur une durée de deux heures environ, j’anime un atelier de « bien-être par les mots » à une demi-douzaine de résidents présentant principalement des troubles psychotiques.
7 personnes, trois hommes et quatre femmes, âgés de 25 à 50 ans, sont présents tout au long des ateliers. Quand l’un ou l’autre n’est pas là, l’institut où ils résident invite d’autres participants à découvrir l’atelier.
Si j’anime durant deux heures, il y a une préparation derrière ces ateliers qui me demande souvent le double du temps. Au début, je ne savais pas à quoi « m’attendre », mais très vite, je me suis adaptée à leur durée d’attention limitée, à leurs capacités parfois étonnantes, à leur désirs, à leur envie d’apprendre, de dire, de faire.
4/7 adorent les dictées ! J’en suis positivement étonnée.
3/7 ont une imagination extraordinaire, riche, décalée, fabuleuse, poétique. J’en suis admirative.
2/7 me gratifient de louanges, m’appelle « Dame Sourire ». J’en suis gênée mais avec le sourire (rires)
L’un est passionné par le Japon, l’autre par l’éducation. L’une est tout le temps aussi souriante et enthousiaste que moi. Une autre adore plus parler qu’écrire. Un autre encore est un jongleur de mots génial. Certains aiment lire de grands auteurs, lire et écrire de la poésie, des chansons.
Quand certains sont fatigués, ont bobo ici ou là, ont froid ou sont tristes, je me sens encore un peu démunie ne sachant pas « ce que je peux faire » pour qu’ils aillent mieux et pour que l’atelier leur donne de l’énergie, de la chaleur, du peps. Heureusement, il y a toujours une éducatrice ou un éducateur qui est là pour m’aider.
Un mot, une attention et hop ! ça repart.
Au dernier atelier, vendredi passé, il y avait davantage de nouveaux participants que de ceux que je connais déjà. Et si au départ, tous avaient du mal à sortir de leur sieste, à être présents « ici et maintenant », la deuxième partie de l’atelier a été très divertissante, avec de véritables échanges, oraux, des rires, du plaisir pour tout le monde. La raison : un abécédaire de mots belges, bruxellois, wallon.



- Quels mots connais-tu ?
- Peux-tu dire ce qu’ils signifient ?
- Il y a pas mal de nourriture, d’aliments dans cette liste. Peux-tu les identifier ?
- Que veux dire ….
Je prépare toujours trois ou quatre activités. Généralement, on ne sait en faire que deux. Mais parfois, certains n’accrochent pas à une chose, alors ils peuvent faire une autre activité. Par exemple, pendant que la dictée se fait chez certains, d’autres remplissent un poème à trous, écrivent à partir d’image(s) ou d’une phrase d’un « cadavre exquis ».
Quand ils écrivent, ils peuvent lire à haute voix ce qu’ils ont écrit. Sans obligation. Si je donne un exemple, c’est beaucoup plus facile pour eux de suivre. Parfois, un texte apparaît, une phrase ou deux, ou trois, et même si cela ne correspond pas à 100% au sujet, au démarreur, le but, est qu’ils écrivent quelque chose qui leur plait.
Le but est de sortir un petit recueil vers le mois de mai ou de juin.
Je peux déjà dire qu’il sera magnifique :-)





