Une nuit de mensonge

Je suis là et ailleurs.
Assise sur une chaise. En cercle. Avec d’autres personnes. En connaitre certaines. Ne pas me sentir à l’aise, mais ne rien dire. Effet de déjà vu. Mal dans ma peau, je me raccroche à ses visages familiers. Pour ne pas pleurer. Pour ne pas m’inquiéter.
Être là et ailleurs.
Parler dans un atelier. S’exprimer. Par de faux semblants. Ne pas tout dire. Ne pas blesser. Se souvenir d’un passé. Se rappeler d’avoir aimé cet instant. Le passé est dépassé. Le présent compte-t’il vraiment davantage ?
Un cadeau. Un poison ? Manipuler pour mieux éviter ?
Être ici et ailleurs.
Voir l’être aimé quitter le cercle. Discrètement. Un trou. Une chaise vide. Ni vu ni connu. Le cercle n’est plus parfait, il est laid. Délai passé. Se sentir dépassée.
Sortir à mon tour. Pour le suivre. L’entendre vomir. Porter la main à ma bouche. Calmer mon estomac. Le remettre à l’endroit.
Ici.
Ailleurs.
S’inquiéter pour l’être aimé. Mais ne pas le montrer. Cacher. Dissimuler. Simuler.
Mentir et souffrir. Courir et haïr pour ne pas mourir. Aimer et vivre.
Changer. Partir. Fuir. Déménager.
Encore ? Rien que d’y penser, avoir la nausée. Répétition d’un moment. Aucune excitation à cet instant. En être malade. À s’en rendre malade. Lui non plus ne veut pas rester là. Remettre ses tripes pour s’en remettre au destin. Changer de vie, changer de main. Pour de meilleurs lendemains. Pour un avenir incertain.
Être ici et ailleurs.
Dans mon lit, dans un rêve.
Faire mes bagages, vivre intensément, courir, nager, respire sous l’eau. Tout est faux. Mensonges et manipulations de mon cerveau. N’y voir que du feu. Boire la tasse. S’épuiser. Se lasser. Souffler et soupirer.
Des petits bouts de vérité. Tout est mélangé.
Me sentir perdue tout en reconnaissant des bribes d’une vie passée. Me sens dépassée. Fatiguée.
Ici.
Ailleurs.
Me réveiller. Et respirer. Enfin. Rêve et illusion. Avoir du mal à émerger.  À revenir dans la réalité.  Dans ma réalité. Ouvrir les yeux. Les frotter. Bâiller. Et surtout, respirer. Atterrir dans cette nouvelle vie, ce nouveau jour naissant, dans la nuit. M’asseoir sur le bord du lit et hésiter. Me sentir déconnectée. Être ici vraiment mais encore ailleurs. Dans les nuages. Dans un brouillard.
Soupirer. Expirer. Se forcer à sortir de lit. À sortir d’ici. Crever le rêve, l’espoir, le désespoir. Y croire.
Se détendre. Lever la tête. Grande inspiration et sourire à l’aube encore endormie.
M’activer pour chasser des images qui collent encore à mes rétines ensommeillées, signe d’une nuit agitée. De quelques secondes d’hésitation, le temps d’un rêve, le temps d’un mensonge, d’une manipulation. Manifestation de mon inconscience chamboulée. Résoudre ses cogitations de la journée sur l’oreiller de la nuit. Une idée. Une envie. Un désir inasouvi.
Être ici et maintenant.
Me lever gentiment. Calmement. Doucement. Et oublier les rêves, les mensonges et les manipulations de mes réflexions qui n’ont pas abouti dans cette étrange vie de la nuit.

La nuit.
L’ennui.
La vie.
Inouïe.



Un texte sur un rêve, sur les traces d’un rêve. Des images éphémères aux couleurs oubliées. Des émotions et des sentiments encore présents. Dérangeants. Réveil lent, pénible et difficile.

Après mon texte « Deux petits chats-d’orage« , comme une envie de continuer à m’exprimer, à libérer les mots qui viennent à moi quand je ne les y attends pas.