Le livre des Ôjû, Nahoko Uehashi

Tome 2 du livre « La charmeuse de bêtes », traduit par Yukari Maeda et Patrick Honnoré. Editions Milan jeunesse.

Dans ce 2eme et dernier livre, Erin grandit et devient professeur stagiaire dans son école vétérinaire. Mais cela ne la met pas à l’abri des conflits qui règnent entre le royaume de l’Arhan et celui de la Reine Yojé. Que du contraire, car pour protéger Lilan, « son » Ôjû, elle va se mettre en danger…

Jusqu’où Erin sera-t-elle prête à aller pour sauver ces fauves royaux ?

Et pour son peuple, pour sauvegarder l’âme de sa mère, qu’est-elle prête à sacrifier ?

Osera-t-elle défier les ordre de la Reine Yojé ?

Cette histoire, ces deux livres, sont pour moi de magnifiques (très longs) contes que je suis même prête à relire, tellement je les ai aimés !

Ce qui m’a le plus fait vibrer, ce sont là vie de ces deux animaux mythiques : les tôdas et les ôjûs. Même si les uns sont dépeints comme de bêtes monstrueuses et impures et les autre comme des créatures majestueuses et royales, suivre leurs évolutions, découvrir leurs vies, leur éducation, leur élevage, sauvetage, soins et surtout les liens possibles ou craints avec l’homme, c’est tout ça que j’ai aimé lire !

La fin est trop brusque et pas assez détaillée pour moi. Je vais donc écrire « ma » fin 😁

Et cela me donne également envie d’écrire un conte avec ces 2 animaux, un conte plus court, que je raconterai et adapterai à ma voix, à mes émotions, aux images que je souhaite transmettre.

Sassi, le serpent sans dent

Il était une fois dans une forêt, un drôle de serpent. Sassi, c’est son nom, est triste depuis qu’il a perdu ses dents de lait.

Sa maman lui a toujours dit de cacher les dents qui tombent, sous son oreiller. Ainsi la petite souris passe, prend la dent et laisse derrière elle un merveilleux cadeau. Mais Sassi adore jouer…aussi à chaque fois que passe une souris, il joue avec elle et l’effraye à jamais ! Si bien qu’à la fin, toutes ses dents de lait sont tombées et qu’aucune souris n’a survécu au passage de l’oreiller. Toutes sont en effet mortes de peur !

Pour le punir de son comportement espiègle, Sassi n’a pas vu repousser la moindre nouvelle dent d’adulte dans sa belle bouche.

Tout de vert vêtu, le jeune Sassi rampe lentement dans la forêt à la recherche de quelque fleur à sucer. Faute de dent, il ne peut désormais plus mâcher quoi que ce soit. Ses maigres repas ne lui suffisent plus. Il se doit de trouver autre chose à se mettre sous les gencives.

Un peu affaibli, Sassi part dans un endroit de la forêt qui lui est encore inconnu. Il ne peut plus supporter les moqueries des autres serpents et le désespoir de ses parents à le voir fuir toute proie succulente.

Très vite, il quitte le territoire familial pour se retrouver dans un drôle de jardin secret. Ici, tout est différent. Il y a plein de couleurs, des cascades qui ruissellent, des nénuphars qui flottent et il y a même de la douce musique dans l’air. Sassi n’est pas habitué. Il a un peu peur de l’inconnu et n’ose s’aventurer plus loin. Caché derrière une grosse plante odorante, il observe tout ce qu’il peut. Les yeux grands ouverts, la langue fourchue bien calée et silencieuse, le serpent vert ne bouge pas d’une écaille.

Comme il n’ose plus bouger, ses muscles s’engourdissent et il s’assoupit.

Non loin de là, Picolo, un étrange écureuil, chantonne une mélodie. Le regard perdu dans les cimes des arbres, il ne voit pas Sassi. PAF ! L’écureuil se prend les pattes dans le serpent. Sassi se réveille en sursaut. Le reptile tente de s’enfuir en rampant sur l’arbre le plus proche. Et Picolo, un peu surpris dans un premier temps par ce prédateur, se cache dans un buisson. Dissimulé de la sorte et en sécurité, l’écureuil observe attentivement la technique de fuite du serpent. Il ne réalise pas immédiatement que c’est la première fois qu’il voit un serpent fuir à cause de lui !

Picolo l’écureuil est né avec des pattes avant bien trop petites et il ne peut grimper aux arbres. Il ne peut pas se blottir dans un petit trou ni faire sa toilette du haut des feuillages en été. Il est condamné à rester au sol et à récupérer le peu de nourriture qui tombe à terre. Souvent il n’a que les restes ou des noisettes de piètre qualité car les meilleurs morceaux sont encore accrochés dans les hauteurs.

Soudain, il vient de voir tous ses problèmes se résoudre grâce à cette chose rampante. Sans prendre le temps de faire connaissance, Picolo hèle Sassi et lui demande s’il peut l’aider. Interpellé par cette question, le serpent cesse de ramper. Il se retourne pour mieux voir son interlocuteur. Tout surpris de voir une petite tache rousse à terre, il descend de son perchoir et tente une approche plutôt timide. Arrivé à hauteur du petit mammifère, Sassi s’arrête net et demande comment lui, un serpent sans dent et sans doute d’aucune utilité, pourrait bien l’aider. Picolo, tout excité à l’idée de pouvoir réaliser son rêve, bondit sur le dos de Sassi.

Étonné mais plus du tout apeuré, Sassi avance lentement et continue de parler. Il est rapidement interrompu et comprend enfin où Picolo veut en venir. Pas du tout habitué à avoir un cavalier sur son dos, Sassi a peur d’être maladroit ou de faire du mal au petit écureuil. Mais picolo s’agrippe fermement à la peau dure et écaillée du serpent.

Très vite, ils sont dans les branches les plus hautes du chêne du jardin. Picolo n’en revient pas de la beauté du paysage qui s’offre à lui. De belles et grosses noisettes empêchent sa vision d’aller plus loin. Son ventre fait du bruit. Il a faim. Sassi aussi.

L’écureuil explique au serpent qu’ils vont devenir les meilleurs amis au monde.

Aussi vite qu’ils font connaissance, Sassi rampe jusqu’aux noisettes, Picolo fait ses provisions et Sassi salive abondamment quant à l’idée du repas qu’il va bientôt avoir.

Alors que l’écureuil savoure patiemment chacune des noisettes cueillies, Sassi, lui, décroche une fleur délicieusement parfumée.

Grâce aux incisives très puissantes de l’écureuil, Sassi va avoir une bouillie de noisettes à la sauce de nectar de rose. Et ce succulent repas n’est qu’un début.

Les semaines passent et les deux compères continuent de s’aider à s’alimenter. Sassi ne souhaite plus du tout quitter ce paradis, surtout depuis qu’il a appris comment les vrais serpents font pour se nourrir : étrangler, envenimer, étouffer, mordre… ! Brrr ! Que de violence, alors qu’il suffit de se trouver un bon ami !