La proposition 53 de Tisser les mots, m’a bien inspirée ! Certains le savent, j’adore les expressions… alors en voici un petit texte gourmand bien expressif :-) Il fallait intégrer 2 mots dont le premier est un peu indigeste ha ha, ils sont en gras… j’avais tellement la patate que j’ai même réussi à donner vie à mon petit personnage, ça c’est une prouesse, car elle ressemble presque à l’image que j’avais dans ma tête (elle n’a pas l’estomac dans les talons, mais le cœur dans la gorge) !
Bon appétit.
Avoir la frite !
Je me souviens d’une rencontre exceptionnelle. Une rencontre qui allait changer ma vie, bouleverser mon destin de cuisinier.
Ce jour-là, je n’étais pas dans mon assiette. Je m’étais réveillé avec, dehors, une purée de pois, or, j’y suis allergique ! La première chose que j’ai fait ce jour-là, c’était donc de couper le brouillard au couteau afin qu’il ne me touche pas. J’allais sortir en prenant mes gants, mais sur le pas de ma porte, juste quand j’allais aiguiser mon ustensile de cuisine, je l’ai vue, elle, une
asperge qui ramenait sa fraise. Elle semblait marcher sur des œufs. Tout en délicatesse et en finesse, elle s’avançait vers moi, avec des cheveux d’ange qui nageaient dans la soupe St Germain et que je ne parvenais pas à bien distinguer. Son gros cœur d’artichaut s’illumina tout à coup, éclaira son chemin et ma vision par la même occasion. Je devais avoir une drôle de tête car elle sortait de sous son jupon une petite cuillère pour me ramasser ! J’en devenais aquastomatomane. Je bavais littéralement devant cette créature, mi-figue, mi-raisin. Malgré tout ça, je ne me sentais toujours pas en grande forme, et je craignais même de bientôt manger les pissenlits par la racine. C’est alors que l’asperge, à la tête de fraise et au cœur d’artichaut, me prit dans ses bras ! Immédiatement, mon malaise s’apaisa. Une étrange sensation envahissait tout mon corps. A ses côtés, entre ses bras, je me sentais comme un poisson dans l’eau. Ses paroles et ses gestes étaient pour moi un bon bol d’air frais. Revigoré par ses petites attentions, j’avais à présent une pêche d’enfer ! Une pêche qui bouscula mes petites habitudes, je ne savais plus où donner de la tête, j’étais euphorique ! Je courais dans tous les sens, de nouvelles idées de menus pleins la tête. Bien sûr, ce qui devait arriver, arriva : avec cette purée de pois dont j’avais oublié l’existence, je ne vis pas les crêpes que j’avais aplatis grossièrement la veille, et je me vianda de tout mon long. Après avoir passé un bon bout de temps dans les pommes, au réveil, j’éprouvais une grande soif et je bus les paroles de l’asperge comme du petit lait grâce à ma maryse. L’appétit venant juste après, quand ma nouvelle amie me raconta toute sa salade, je la dévorai des yeux.
Ainsi, je fis connaissance avec celle qui allait devenir ma tendre moitié. Grâce à elle, je ne travaille plus pour des haricots. En effet, le lendemain de notre première rencontre, elle m’avait exposé son projet qui lui tenait à l’artichaut et qui allait rapidement devenir le nôtre : ouvrir notre propre restaurant. Mon asperge avait la banane ! Elle avait mis rapidement les bouchées doubles et, en mettant les petits plats dans les grands, notre rêve se réalisait à la vitesse de l’éclair.
Depuis que nous sommes ensemble, elle n’a jamais cessé de me traiter aux petits oignons.
Nos enfants, bien sûr, vous vous en doutez, ont poussé comme des champignons, mais ça, c’est une autre histoire.
