J’ai eu envie, aujourd’hui, de soumettre un extrait de mon conte Le pauvre et le rougegorge (écrit en décembre 2020, inspiré par Kaguya, Princesse au clair de lune, écrit par Alice Brière-Haquet et illustré par Shiitake, publié par les éditions nobi nobi ! dans leur collection soleil flottant) à une expérience un peu particulière : une analyse stylométrique.
Derrière ce mot savant se cache une démarche passionnante, presque intime.
La stylométrie est l’art d’observer ce qui, dans un texte, trahit la “voix” de son auteur : le rythme des phrases, les mots choisis, les silences, les images récurrentes. C’est une sorte d’empreinte littéraire, comme une signature invisible qui traverse les histoires sans jamais dire son nom.
J’ai confié le début de mon conte à cette analyse. Le résultat m’a beaucoup touchée, parce qu’il m’a renvoyée à ma manière d’écrire sans que j’en aie pleinement conscience.
Le texte raconte l’histoire de Mathéo, un jeune homme sans famille, sans toit, rejeté par la société, qui trouve un jour dans une tomate “étrangement mal foutue” une minuscule petite fille.
Entre la faim et la magie, entre la rue et la forêt, la frontière s’efface : le réel se teinte de merveilleux.
L’analyse révèle que mon style glisse souvent du concret vers le poétique, du drame vers la lumière.
Je joue sans le vouloir entre des phrases très courtes, presque haletantes, et d’autres plus amples, descriptives, qui respirent.
Le vocabulaire, dit-on, est sensoriel et bienveillant : j’aime les mots qui font voir, sentir, toucher.
Les dialogues sont simples, naturels, comme s’ils sortaient de la bouche de ceux qu’on n’écoute pas assez.
Et dans tout cela, un fil : la tendresse. Une manière d’écrire qui, malgré les douleurs, cherche toujours la beauté cachée dans les marges.
L’analyse parle aussi de contrastes : la misère et la magie, la peur et la confiance, la faim et le festin.
C’est vrai : j’aime que le merveilleux surgisse dans la poussière, que la nature vienne réparer ce que le monde abîme.
Cette première partie du conte s’arrête là où Mathéo s’endort, repu, après avoir rencontré son “ange-gardien” miniature.
Et la suite ?
Elle existe, bien sûr. Mais je me demande si vous aimeriez la lire.
Si vous avez envie de savoir ce qu’il advient de Mathéo, de Tenshi, de leur chemin dans la forêt, dites-le-moi.
Je partagerai le conte avec celles et ceux qui ont envie de marcher encore un peu avec eux.
Et peut-être, qui sait, que cette stylométrie vous donnera aussi envie d’observer votre propre manière d’écrire…
Parce qu’au fond, chaque plume a sa musique.
Et parfois, il suffit de prêter l’oreille à ses propres mots pour l’entendre.
