Mot d’enfant sur les légumes

Maximillian, 5 ans, futur cuisinier ?

– Un haricot, c’était une princesse avant.

Je réagis au quart de tour en écrivant cette petite histoire…

Il était une fois une princesse qui avait désobéi à sa maman et qui était sortie du château sans sa permission. En chemin, la princesse rencontra un fermier pas plus haut que trois pommes. Ce dernier cultivait des légumes car il en avait marre de se farcir une salade de fruits chaque fois qu’on faisait une remarque sur sa taille. En effet, dès que quelqu’un disait qu’il n’était pas bien grand, guère plus haut que trois pommes, le fermier subissait un sort et se voyait obliger de se couper en quatre dans le sens d’un cheveu afin de pouvoir manger. Alors, le fermier eu une idée. S’il cultivait des légumes, peut-être que les gens cesseraient de le prendre pour un fruit. Il était mûr quand il croisa le chemin de la princesse. Elle était fine, et portait une très belle robe verte. Il n’en fallu pas plus pour que le fermier voyait un haricot marcher dans sa direction. Et quand la princesse la salua, il lui dit :

-Enchanté Haricot Princesse.

De l’eau dans le gaz, de l’orage dans l’air

Petite nouvelle pour enfant à partir de l’expression
« Il y a de l’eau dans le gaz » ou « de l’orage dans l’air ».

Dans l’étang de la ferme, il y avait de l’eau dans le gaz, de l’orage dans l’air.

On pouvait entendre une dispute éclater.

Deux bernaches s’insultaient et les noms d’oiseaux pleuvaient !

– Espèce de canard casserole !

– Toi-même, canard boiteux.

Les animaux des environs bouchaient les oreilles de leurs enfants afin qu’ils n’entendent pas pareils gros mots.

La différence qui opposait pourtant ces deux mêmes oiseaux était simple : une autre bernache. Mais pas n’importe laquelle. La princesse bernache, future reine de l’étang.

Les deux mâles étaient amoureux de la princesse et tous deux espéraient pouvoir voler avec elle et fonder une belle famille.

La princesse n’aimait pas les disputes, aussi voulu-t-elle partager les deux garçons par une épreuve.

– Celui qui saura me faire un nid confortable, doux, spacieux et pratique aura une chance supplémentaire de me séduire.

Nos deux bagarreurs cessèrent immédiatement de s’enguirlander. Chacun fila de son côté et commenca à récolter les matériaux pour la construction d’un nid.

L’un s’appliqua à mélanger diverses herbes et branches, et arracha quelques plumes au derrière de son adversaire pour que le nid soit plus doux.

L’autre se préoccupa plutôt du côté de la taille du nid et n’hésita pas à donner coups de bec et de pattes afin de repousser les voisins un peu plus loin.

Pendant ce temps-là, la princesse se fit une petite toilette (de chat). Elle était belle la princesse avec son bec brillant de santé, ses plumes aussi noires qu’une nuit sans étoiles, et son oeil vif. Tout dans ses mouvements était séduisant.

Les habitants de l’étang encourageaient l’une ou l’autre bernache qui était en compétition pour gagner le coeur de la princesse.

Personne ne prêtait attention à l’oiseau qui venait de se poser au bord de l’île. Celui-ci ressemblait à n’importe quelle autre bernache, mais il avait en lui cette bonté qui caractérise un futur prince.

Discrètement, il construisit lui aussi un nid. Seul, sans demander de l’aide à personne, sans embêter le moindre voisin, sans arracher le plus petit duvet à quiconque.

Son nid était beau, grand, facile d’accès et avec une vue imprenable sur la ferme. Une réserve de nourriture était même mise à disposition non loin de là. Il se secoua un peu et, naturellement, de belles plumes blanches, douces et soyeuses, tombèrent sur le nid.

Un des deux mâles qui se querellait, attérit près de la princesse.

– Belle princesse, je vous invite à venir vous reposer sur notre nid d’amour.

Tout à coup, l’autre bernache en conccurence, arriva aussitôt et se planta entre la princesse et son rival.

– Venez d’abord chez moi princesse, vous verrez, vous ne pourrez plus quitter ce nid tant il est doux. Il est même plus près d’ici, venez donc avec moi.

Dans le dos de la princesse, des coups d’ailes se perdaient. Cette ambiance ne plaisait vraiment pas à la future reine de l’étang.

Elle demanda alors à ses amis de bien vouloir reconduire ces deux prétendants sur la berge, le temps qu’ils se calment et qu’elle puisse prendre sa décision.

Lorsque la princesse s’avança, nageant tranquillement vers l’un des deux nids, un éclat lumineux près de l’île attira son attention. Comme elle pouvait entendre les deux autres se disputer à nouveau, elle abandonna sa tâche et se dirigea vers la source lumineuse.

Depuis toujours, la princesse avait un faible pour les baies aquatiques. Elle ne l’avait jamais dit à qui que ce soit car ces baies-là, aussi bonnes soient-elles, avaient tendance à lui donner un reflet rouge sur le blanc de ses joues. Et là, sur l’île, sur une couronne d’algues fraîches, reposait une dizaine de baies rouges ! Son regard s’arrêta sur une étrange feuille dorée qui brillait avec le soleil. Sur cette feuille, elle pouvait lire « Pour la princesse de mon coeur ».

Tournant la tête à gauche, puis à droite, la princesse chercha l’auteur de ce mot et de ce succulent repas.

L’oiseau qui était à l’origine de tout cela était caché derrière le seul arbre de l’île. Amoureux et intelligent, il n’en était pas moins un grand timide. Il s’avança doucement, et se présenta gentiment :

– Bonjour chère Princesse. Je me présente, je m’appelle Canader. Cela fait longtemps que j’en pince pour vous… accepteriez-vous de prendre place dans le nid que je viens de terminer ?

Canader recula de deux pas et dévoilà sa construction.

La princesse, séduite par tant de gentillesses, de politesses et d’initiatives, s’émerveilla devant le nid.

– Oh ! Il est magnifique ! Grand, doux, pratique et avec une très belle vue. Mon cher Canader, je suis heureuse de vous avoir trouvé. Je suis sûre que nos enfants seront ravis de naître dans ce petit coin de paradis.

A la grande surprise générale, la princesse resta sur l’île, en compagnie du nouveau venu. Il avait tellement épaté tout le monde que la plupart des voisins devenèrent rapidement leur copain.

Sur la berge, deux mâles n’en revenaient pas. Ils ne digéraient toujours pas la pilule et trouvèrent là une excellente excuse pour se battre à nouveau.