Pic vert
Pic épeiche
Pic mar
Pic épeichette
Pic noir
Pic cendré
Pic de Levaillant
Pic à dos blanc
Pic tridactyle
Pic et Pic et collegram
Bourre et bourre et ratatam
Am stram gram
Près de chez moi, c’est là-bas, il est là, je le vois. En fait, ils sont trois. Je n’en reviens pas. Ils sont là à quelques pas de moi. J’en suis complètement baba. Je suis gaga.
Grands, grands, ils sont. Beaux, beaux, ils sont. C’est merveilleux. Merveilleux.
Je me promène. Je ne suis pas seule. Les autres autour de moi n’existent pas vraiment. Je suis dans ma bulle. Comme dans un rêve. Je longe un chemin bordé d’arbres de toutes sortes. Dans un sapin, immense sapin, tout en haut, il y a du monde. Ça vole, ça vit, c’est le vivant qui fait battre mon cœur : des oiseaux. Plein d’oiseaux. Ça chantonne, ça siffle, ça gazouille, ça crie, aussi. Tout à coup, un oiseau, long et grand, grand et long, noir et blanc, blanc et noir, se distingue des autres. Jumelles aux yeux, je le repère sans difficulté. Il ressemble à un pic épeiche, en cinq, non, en six fois plus grand. Hallucinant. Gigantesque. Un nom me vient en tête « pic royal ». Mais je crois que je l’ai inventé. Pourtant, ça lui va comme un gant. Je fouille l’endroit du sapin où je l’ai vu. Il a plein de copains avec lui : mésanges de toutes sortes, moineaux, pigeons, tourterelles, roitelets, fauvettes, et ainsi de suite. Puis, je vois d’autres comme lui. Longs et grands. Grands et longs. Noir et blanc. Blanc et noir. Ils sont trois. Et même quatre. J’imagine un couple avec deux enfants. Je me demande s’ils ont des différences. Souvent, chez les oiseaux, il existe un dimorphisme sexuel. Mâle et femelle sont différenciés tantôt par les couleurs de leur plumage, tantôt par leur taille. Les jeunes aussi sont différents. Mais ici, les quatre se ressemblent comme deux gouttes d’eau.
Je n’en reviens pas de la diversité que je vois. Je n’arrive cependant pas à mettre un nom sur ces quatre-là. Ils ressemblent vraiment au Pic épeiche (+/- 24 cm) , mais les rayures noires et blanches sont plus nombreuses, plus régulières. Et puis, la taille. Ils sont grands, grands comme le Pic noir (+/- 50 cm). Une nouvelle espèce ? Un croisement ? Autant en une fois ? À un seul endroit ?
Stop ! Personne d’autre ne doit le savoir. Ce sera mon petit secret. Rien qu’à moi.
Pourtant, je ne suis pas seule. Près de moi, autour de moi, devant moi, derrière moi, d’autres gens. Des promeneurs. Des hommes et des femmes qui passent. Qui marchent. Aucun ne lève le nez. Tout ce qu’ils ne voient pas !
Je prends du recul. Je recule. Quelques pas en arrière. Je rêve sûrement. je m’assieds cinq minutes sur un banc en bois. Je laisse flotter mon regard partout. Devant moi. loin devant. À gauche. À droite. Je reprends mes jumelles et je balaie l’horizon. Doucement, tout doucement, je dirige mes mains et mes yeux vers le sapin. Je pars d’en bas, du tronc puis, je monte doucement. À chaque étage, il y a du monde, il y a des becs, il y a des couleurs. Les Quatre sont toujours là. Avec des tourterelles à côté d’eux, je compare leur taille. Ils sont encore plus grands que le Pic noir. À vue de nez, mais je n’ai pas le compas dans l’oeil ni une bonne notion des distances et des mesures, ils doivent s’approcher des 70 centimètres, du sommet de la tête au bout de la queue. Pic Royal. Ça leur va bien.
Ce que je vois, ce que j’observe est tellement incroyable que je me réveille. J’aimerais bien que la réalité dépasse mon rêve.
Mon rêve s’explique par la réalité. C’est une douce continuité de ma réalité, de ma vie. Ils font souvent ça les rêves : poursuivre le quotidien vécu. Souvent en bien, parfois en mal. Quand ils tournent mal, on les appelle des cauchemars.
Certains rêves deviennent réalité. Ils faut pour cela qu’ils soient suffisamment grands pour qu’on ne les perde pas de vue. Ils faut qu’ils se répètent. Ils doivent marteler nos songes, imprimer notre conscience endormie pour marquer. Ils faut qu’ils soient forts. Il faut que nous croyons en eux. Alors, seulement, ils pourront se réaliser.
Belle journée
Et ce soir, cette nuit, faites de beaux rêves.
N.B.
Je crois que le Pic royal n’existe pas. Il est le fruit de mon imagination endormie.
Cette observation m’a permis de faire un beau rêve. Un rêve marquant. Un rêve plein de promesses. Un rêve d’avenir.
Mais chuuuut, c’est un secret. Je n’en dis pas plus.
