Monsieur Rouge-gorge a froid

– Papa, tu as vu ? Il neige ! Il neige pour Noël ! Ça, c’est la fête.- Oui, fiston, j’ai vu. Si tu veux, on peut faire un petit bonhomme de neige !

–  Oh oui, chouette alors ! »

 Alors que Pierre s’apprête pour sortir, un petit oiseau brun et orange se pose sur la table du jardin et, de ses petits yeux, regarde sur la table et par terre s’il n’y a rien à se mettre dans le bec. Dehors, il fait froid et les flocons de neige tombent et fondent sur le petit corps de l’oiseau.

– Tu es prêt, Pierre ? Je t’attends

– Oui mais, papa, tu as vu à la fenêtre ? Un Rougegorge. Il a l’air d’être malade, il ne bouge pas beaucoup.

– Oui, en effet, il a certainement froid…et peut-être aussi faim ! Tu veux l’aider ou tu préfères ton bonhomme de neige ?

– Je veux l’aider, papa ! Dis je peux ?

– Bien sûr ! Tiens, demande à maman si elle a quelques graines pour les oiseaux. Elle doit sûrement avoir fait des provisions en pensant à eux, à présent que le froid est là.

Petit Pierre revient bien vite, les mains remplies de graines et autres boules de graisse. 

– Et maintenant, qu’est-ce que je fais ?

– Tu vas déposer quelques graines par terre, tout doucement. Lentement, pour ne pas l’effrayer. Moi, je vais accrocher les boules de graisse.

Le petit oiseau ne bouge pas d’une plume, frigorifié. Il regarde attentivement la nourriture qu’on lui offre. Les graines rebondissent à terre. La porte se ferme et le petit oiseau, réchauffé à l’idée qu’il va manger, a le regard plus vif.

Après que l’enfant soit rentré, le Rougegorge bouge une, puis les deux pattes. Trois petits bonds et le voilà à terre picorant les premières graines, puis s’envolant sur la boule de graisse.

Sans le faire exprès, petit Pierre a jeté les graines tout près de la grille d’évacuation pour le sèche linge. La vapeur chaude réchauffe par la même occasion le Rougegorge. La chaleur et la nourriture étant là, il retrouve bien vite toutes ses forces.Un sourire immense illumine le visage du petit garçon.

– Joyeux Noël à toi aussi, monsieur Rougegorge.

Pour le remercier de sa bonté, l’oiseau ouvre le bec et lui chante une douce mélodie.

Toute la famille observe avec plaisir ce petit volatile et les oreilles se laissent aller au gré de cette musique si naturelle, si pure.

Et pour le plaisir des yeux, une autre petite photo :-)

1ère lectrice de mon recueil

ABC, auteur et lecteur, a découvert mon recueil. C’est la première a l’avoir lu et à m’en faire un retour. Voici ce qu’elle en dit sur son blog.

Je la remercie beaucoup pour son intérêt et ses encouragements !

Ses histoires préférées sont :

Princesse Clématite et Il faut sauver le petit Dio ! Et vous ?

 

Découvrez mon second recueil : un oiseau peut en cacher un autre

  Grâce à Isabelle – grand merci à toi ! – , je vous offre ces petits résumés de chacune de mes 13 nouvelles qui compose mon    second recueil : Un oiseau peut en cacher un autre… et autres contes pleins d’animaux.

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8 euros pour 160 pages d’évasion.

Rififi chez les mésanges

Sans que Pierre ne s’en aperçoive, une violente dispute éclate entre les mésanges de son jardin, et ceci pour une sombre histoire de perchoir.

Un tel vacarme fini par attirer un mystérieux et charismatique oiseau qui arrive à calmer les esprits. Les bébés peuvent enfin arriver …

Aphone

Troglo Dite, un petit oiseau à la voix envoûtante se retrouve aphone. Quel malheur ! Il ne sait faire que chanter et la saison des amours vient de débuter. Après plusieurs humiliations subies dues à son soudain handicap, le pauvre et si triste petit oiseau décide de s’exiler.

Il ignore que cet exil lui fera recouvrer sa délicieuse voix et rencontrer une charmante demoiselle tout aussi délicieuse …

Scar l’escargot

Scar l’escargot est myope. En plus, sa coquille est fêlée à vie !

Malgré la fragilité de son petit Scar, maman escargot pense qu’il est temps pour lui de prendre sa vie en main. Après tout, Scar est un petit escargot bien intelligent …

Scar a très peur de quitter sa maman. Mais Scar se révèle être très courageux seul dans cette nature hostile. Et au fil des nombreuses péripéties, Scar va apprendre à avoir confiance en lui et à se faire des amis …

La guerre des becs

C’est l’hiver et il neige. Les perruches envahissent le territoire et n’hésitent pas à déloger les heureux petits riverains de leurs chaleureux nids. C’est clair : les perruches ont décidé de chasser sans la moindre pitié tous les habitants du quartier.

Mais c’était sans compter sur l’intelligence et la détermination du Grand Sage et de nos petits amis à plumes … ou à poils …

Il est né … le terrible enfant !

Mademoiselle rousserolle est enfin maman. Elle a décidé de ne pas faire comme tout le monde. Elle est par conséquent obligée de quitter le nid, le temps pour elle de se ravitailler. Pendant ce temps, un œuf y sera échangé et elle n’y verra que du feu.

Enfin, jusqu’à l’éclosion …

Œil pour œil, bec pour bec

Mano, courageux oisillon prend le meurtrier de son frère en filature, un impressionnant rapace sans pitié, lui-même papa de trois bébés rapaces. Mano va alors élaborer un plan et venger ainsi les nombreux meurtres subis jusqu’alors au sein de la colonie. Grâce à l’ingéniosité et le courage des oiseaux de la rue des Moineaux, le rapace sera enfin pris alors qu’il croyait prendre … Cauchemar après lequel la rue des Moineaux retrouvera rapidement sa sérénité.

Le dernier des pétrels

Le prince des pétrels, un magnifique et majestueux oiseau plein de grâce s’éprend d’une … humaine ! Une étrange complicité va très vite s’installer entre l’oiseau et la ravissante jeune femme, cette humaine, qui en réalité, n’était pas moins que la future princesse du royaume …

Princesse Clématite

Comment sauver la princesse Clématite de la limace géante ? Et comment lui redonner le moral, elle qui se sent si seule, si inutile, après avoir vécu une si terrible histoire ? Heureusement, le peuple des ailes va voler à son secours. Mais c’est sans compter sur la détermination de la limace géante à exterminer la princesse Clématite …

Une histoire de lapin

C’est l’hiver. Il neige et il fait froid. Que ne ferait pas madame Valéria pour s’offrir un bon lapin ? Mais aïe aïe aïe, voilà que madame Valéria n’est pas seule sur le coup ! Heureusement, elle aura affaire un galant oiseau et pourra enfin se nourrir sans crainte d’être empoisonnée !

Il faut sauver le petit Dio

Dio, petit mâle albatros, fait malheureusement partie des nombreuses victimes du tsunami survenu au Japon. Il est littéralement épuisé et sa maman essaie désespérément de le sauver. Mais un miracle va se produire, une étrange apparition sous forme humaine viendra à eux,  sur cette plage dévastée par la catastrophe. Dans ce récit, nous verrons qu’une maman peut aller bien loin pour sauver son petit …

Les maisons-pomme

Dans cette forêt sacrée, deux clans se partagent le même village. Des hérissons et des écureuils cohabitent dans cet étrange village constitué de maisons-pomme. Mais une menace règne sur le village : les fourmis géantes dévoreuses de maisons-pomme ! Comment mettre fin à cette menace ? Les hérissons et les écureuils n’étant pas des mangeurs de fourmis …

Martinets cherchent toit pour nidification

C’est le printemps, et la pleine saison des amours pour nos amis les oiseaux. Depuis cinq ans, un groupe de six adultes revient chaque année au même endroit pour élever leurs petits, et ces oiseaux-là ne se posent que pour la reproduction. Mais l’endroit en question est déjà occupé. Heureusement, les spécialistes du logement vont les aider à trouver un autre endroit pour élever leurs bébés … Mais qui sont ces spécialistes du logement ? Deux gros matous pardi ! Et les meilleurs !

Le chevalier

Une sorcière ornithologue qui vit dans un marais où les pierres chantent chaque automne a une bien étrange activité, celle de transformer les humains en oiseaux ! C’est ainsi qu’un grand chevalier de la région a été transformé en petit oiseau. Depuis sa disparition, sa fiancée l’attend désespérément au bord du marais. Et les pierres n’ont qu’un souhait, celui de voir la princesse embrasser le petit oiseau sur le bec comme dans les contes de fées. En observant ce petit oiseau, la princesse découvre qu’il n’est autre que son bien aimé …

Plus tard, je serai… libre !

–  Nicolas, tu es de nouveau dans les nuages, reprends-toi ! Nous sommes en classe je te rappelle, cesse de regarder par la fenêtre !

  Mais Madame, je réfléchis à votre question.

– Alors donne-moi ta réponse.

Plus tard, je voudrais être un oiseau.

– Un oiseau ? Ben voyons… Tu veux dire vétérinaire ou ornithologue ?

Non, madame, un oiseau. Un Albatros pour être plus précis. C’est le maître de l’océan, le dieu des vents. C’est l’oiseau avec la plus grande envergure, vous le saviez ça ?

– Nicolas, mais tu ne peux pas te transformer en oiseau. Tu peux l’étudier, le suivre, faire des photographies, mais jamais tu ne seras un animal.

Nicolas reste rêveur, il n’écoute déjà plus sa maîtresse d’école. À 10 ans, il est le plus petit de sa classe et parfois certaines moqueries de camarades le blessent.

   Je serai le plus grand…grommela-t-il entre ses lèvres.

Il continue à regarder par la fenêtre. Une Mouette rieuse le nargue en passant et repassant tout près de la fenêtre du dernier étage de l’établissement scolaire.

  Je suis un oiseau… je suis une mouette… je suis un Albatros hurleur ! Oui Hurleur, car je veux crier au monde entier que je ne suis pas le plus petit, je ne suis pas faible, je ne suis pas bête. Je suis Albatros, le maître des oiseaux. Je suis sur une colline. J’avance doucement, de ma démarche maladroite, pour atteindre le bord. Je ne peux pas ouvrir mes ailes directement, car elles sont trop grandes et touchent le sol. Je saute dans le vide. À peine ai-je quitté la terre que j’ouvre mes longues ailes. Je plane très vite, le vent glisse sur mes rémiges, sur mon corps tout entier. Je suis fait pour planer. Il n’y a pas trop d’embouteillage : les Fous sont un étage plus bas, plongeant comme une flèche pour attraper leur poisson, les Goélands n’ont pas encore faim et ils planent juste au-dessus de moi tandis que les Mouettes sont déjà sur la mer à flotter sur l’eau. Rapidement, je trouve une ascendance thermique qui m’élève dans le ciel, je vais bientôt rejoindre mes cousins.

Il fait beau, le ciel est bleu, l’horizon est dégagé. Grâce au vent, je ne dois dépenser inutilement mon énergie, je me déplace lentement mais sûrement. Ma queue fait office de gouvernail, je suis la direction du vent. Il me guide où je veux, quand je veux.

Je commence à avoir faim, je descends toujours aussi lentement. À quelques mètres de l’océan, je plie légèrement mes ailes pour ne pas remonter et atterrir en douceur. Un banc de délicieux poisson s’est formé juste en dessous de moi, je n’ai qu’à plonger légèrement et me servir de mon mets préféré. Ah quelle belle vie. Je dirige tout, je contrôle tout.

Avec mon envergure de trois mètres cinquante, je n’ai même pas besoin de dire qui je suis, tout le monde me reconnaît et me respecte. Même s’il est vrai que j’aime rester à un endroit qui me plait, il n’est pas rare de me voir migrer à la recherche de nourriture et d’un climat plus clément. Parfois je me perds à cause du brouillard ou de vents violents, mais il y a toujours de la nourriture où que je me retrouve. Sinon, je ne reste pas bien longtemps et je repars aussitôt. Cela n’arrive pas souvent, mais j’ai entendu crier un jour un oiseau de mon espèce…il s’était fait tiré par un chasseur fou alors qu’il migrait paisiblement. Ah les humains ! Pour rien au monde, je voudrais leur ressembler.

– Nicolas ! À présent ça suffit, réveille-toi et lis-nous le 1er chapitre de notre nouveau livre : Jonathan Livingston le goéland.

Hein ? Quoi ? Goéland ? Où ça ? Oui Madame, tout de suite Madame.

Un sourire se dessine sur les lèvres du petit Nicolas. Un livre où l’on parle d’oiseaux, ça ne peut être que pour lui. Goéland ou Albatros, qu’importent l’un et l’autre sont symbole de liberté.

Il réfléchit encore deux secondes avant de commencer la lecture. Plus tard, je serai…libre !

Bouba l’oiseau magicien

Cette histoire est dans mon premier recueil : « Mes animaux imaginaires »

Bouba est un drôle d’oiseau. Tu l’as sûrement déjà rencontré dans la rue, j’en suis sûre. Bouba est un oiseau très commun, mais la plupart du temps, les gens passent à côté de lui sans même lui jeter un seul regard. Bouba est une corneille. Un beau et jeune mâle d’une saison (trois mois en langage d’homme) qui n’attend qu’une chose : avoir fini sa croissance.

Tu ne vois pas à quoi ressemble ce drôle d’oiseau ? Et bien je vais t’en faire une rapide description et avec ça, je suis certaine que tu vas me dire que tu l’as déjà croisé sur le chemin de l’école ou même dans ta rue.

Bouba est noir, de la tête aux pattes. Il est plutôt grand et il se balade souvent en compagnie d’autres camarades tout aussi noirs que lui. Il se déplace souvent en marchant et parfois il fait entendre sa drôle de voix quand il joue et vole dans les airs. Enfin bon, cette description, je dois bien l’avouer, est juste quand Monsieur Bouba veut bien se laisser voir de la sorte. Car vois-tu Bouba aime se déguiser. Oui, il adore la magie. Depuis tout petit, depuis sa sortie de l’oeuf en fait, il veut devenir un magicien. Il veut voir plein de couleurs autour de lui. Il veut impressionner, il veut intriguer, il veut être celui que tout le monde admire. Ses parents ont beau essayer de lui expliquer qu’il est ce qu’il est et que rien n’y changera, Bouba, têtu, ne les écoute pas. Bouba n’est décidément pas un oiseau comme les autres.

Son premier tour de magie, il le fait sur lui. Il badigeonne son plumage de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et met des lentilles bleues dans ses yeux. Il couvre sa tête d’un chapeau cerise et parle en chantant.

— Maître corbeau sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage. Maître renard par l’odeur alléché lui tint à peu près ce langage…..

Personne ne le reconnaît et tout le monde le regarde avec de grands yeux tout ronds. C’est qu’il est rigolo avec ses taches un peu partout sur le corps et son étrange regard azuré. Mais, très vite, il change d’avis. On rigole tellement de lui que ça ne l’amuse plus. On le prend plus pour un clown que pour un magicien. Il décide alors de faire ses tours de passe-passe sur les autres.

Un jour, alors qu’il se repose dans un parc et qu’il se dore au soleil, il croise un groupe de pies. C’est, à ce qu’on dit dans le village, les filles les plus bavardes et les plus bruyantes. Et c’est bien vrai ! Ces demoiselles parlent à haute voix afin que tout le monde les entende. Elles n’hésitent pas à commérer les pires histoires et on les soupçonne même d’inventer des ragots ! C’est ce jour-là que Bouba apprend qu’un jeune garçon vient d’être grondé par ses parents parce qu’il a fait pipi sur lui. Le petit enfant n’a que trois ans et ses parents sont très stricts avec lui.

Fils unique, Timothy est souvent puni pour des bêtises d’enfant. Mais quoi de plus normal de faire des bêtises à son âge ? Quoi de plus naturel que d’être un enfant insouciant ?

Ce matin-là, Timothy accompagne ses parents à une réception. Son père qui lui demande de se tenir bien sage et de ne pas lui faire honte devant son patron, ne prête aucune attention à lui. Personne ne joue avec lui. Il s’ennuie et passe son temps à boire des limonades et à écouter les conversations des grands. Mais quand, après avoir vidé trois verres de jus de pommes, le petit garçon supplie son père pour lui poser une question, il est discrètement, mais fermement repoussé à l’écart par une main grande et froide. Timothy ne peut plus se retenir pour faire pipi et il n’ose pas demander à sa maman. Il n’ose plus depuis qu’il a entendu sa maman dire qu’il était un grand garçon et qu’il pouvait se débrouiller tout seul.

Timothy fait les cent pas dans le salon, à la recherche des toilettes. Il est timide et ne pense même pas à parler aux inconnus. Désespéré de ne pas les trouver, il se dirige dans le jardin, tente de se faufiler derrière les grands buissons quand son père le bouscule et le force, de la main sur la tête, à avancer. La dernière tentative de Timothy à s’expliquer reste en suspens, car son père estimant qu’il n’avançait pas assez vite lui tire l’oreille et l’emmène dire bonjour à son patron. Il est trop tard. Dans les derniers mètres qui les séparent de l’employeur de son papa, Timothy mouille son petit slip. Une grande auréole tache son pantalon en jeans et une petite flaque glisse à ses pieds devenus raides de peur et de honte. Pour ne pas faire mauvaise impression devant son big boss, le père ne gronde pas son fils. Hélas, il se rattrape une fois qu’ils sont arrivés à la maison. Non seulement Timothy est grondé sévèrement, mais pour la deuxième fois de la semaine, il reçoit une fessée magistrale. Et sans les langes pour le protéger, cela lui fait terriblement mal. Le petit garçon n’espère plus qu’une seule chose : retrouver sa chambre et surtout son lit pour pleurer et pour dormir. Il aime dormir, car il fait de jolis rêves dans lesquels il s’imagine une autre vie.

Bouba qui a vent de cette histoire par les demoiselles les pies, se promet de faire quelque chose pour aider ce pauvre petit garçon.

Le soir même de cette punition injuste, le drôle d’oiseau noir se faufile dans la chambre des parents de Timothy. Ce premier soir, il ne fait rien. Il prend ses repères et scrute les moindres détails de la chambre à coucher. Il compte le nombre de pas et de coups d’aile qui le sépare de la grande fenêtre et enregistre dans sa tête le trajet et le temps qui lui faut pour s’enfuir à toute hâte.

Le lendemain, il se cache dans les rideaux et les fait bouger du bout des rémiges. Mais ce petit geste ne perturbe pas le moins du monde les parents. Sans doute mettent-ils cela sur le compte du vent, car ils ferment de suite les fenêtres et enfilent un peignoir.

Le troisième soir, Bouba décide qu’il est grand temps d’user de ses talents. D’un tour d’aile, il fait valser un splendide vase en porcelaine qui est sur la commode, en face du lit. D’un simple regard, il allume un feu d’artifice dans la chambre. Le cri aigu de la maman réveille en sursaut son époux. La femme commence à s’inquiéter et ses mains tremblent de peur.

Le quatrième soir, l’énorme miroir de l’armoire à vêtements vole en éclats et les mille morceaux se répandent sur et dans le tapis. Une peur folle se lit désormais dans les yeux de la madame tandis que le monsieur persévère à trouver réponse à ces drôles d’événements.

Le cinquième soir, au moment d’allumer les lampes de chevet, les plombs de toute la maison sautent ! Les piles des lampes de poche sont plates et les mèches des bougies en cire refusent de prendre feu. Ça commence à en être de trop pour la maman de Timothy. Elle ordonne à son mari de trouver une solution sinon elle exige un déménagement ! La crise de nerfs de la maman passe, le père se recouche alors que Timothy ne comprend rien à ce qu’il se passe, mais laisse un sourire se dessiner sur ses lèvres quand il voit sa maman gronder son papa.

Bouba rigole, son plan marche à la perfection. Plus qu’un ou deux tours et il vengerait Timothy.

Le septième jour, alors que tout semble calme dans la demeure, Bouba rentre dans la pièce, devenue si familière. Depuis cette nuit, le père dort seul dans le grand lit conjugal, son épouse a préféré dormir cette nuit et jusqu’à ce que tout cela s’arrête, chez ses parents.

L’homme ne semble pas se soucier de ce qu’il va se passer, il dort d’un profond sommeil. Bouba s’approche sur la pointe des pattes du lit. Du bout du bec, il retire tout délicatement la boule d’ouate qui se trouve dans l’oreille de l’humain. Ensuite, le grand magicien avale le contenu d’un drôle de récipient rouge, gonfle son torse, ouvre largement son bec et pousse un cri aussi effroyable qu’étonnant. Il vide tout l’air de ses poumons et s’envole en toute hâte. Un épais brouillard s’installe dans la chambre et le cri résonne dans la pièce devenue vide et noire.

Saisi dans ses rêves, l’homme est pris de panique et se réveille en sursaut dans un lit mouillé. Il lui faut un temps assez long avant de comprendre ce qu’il vient de lui arriver : il a tellement peur qu’il fait pipi dans son lit ! Bouche bée, il ne réalise pas ce qu’il se passe et se sent complètement perdu, désorienté et seul.

Timothy est lui aussi réveillé et court dans la chambre de ses parents. Quand l’enfant découvre la trace informe de l’urine sur le lit, il lève la tête et pose des yeux interrogateurs à son papa. L’homme, ce père si fort, devient tout rouge et confus. Il n’ose soutenir le regard de son fils et détourne la tête.

Depuis cet instant, plus jamais Timothy n’est grondé pour quoi que ce soit par son papa et sa maman a, comme par enchantement, retrouvé tout l’amour et la protection qu’elle lui donnait quand il n’était qu’un nouveau-né. Aussi grand soit-il devenu, Timothy retrouve les bras doux et apaisant de sa maman.

Dehors, un oiseau noir croasse de bonheur.