La languite aiguë pour les Impromptus littéraires

Pour les impromptus littéraires, on doit cette semaine imaginer une nouvelle maladie, la décrire, mentionner ses symptômes, notifiez sa venue, sa contagiosité, son remède, etc.  Je suis partie d’une maladie tout à fait réelle, une véritable épidémie en ce moment, que mon petit garçon a attrapé sans doute à l’école : la grippe.

La languite aiguë

–          Docteur, j’ai mal à la langue !

–          Faites-moi voir ça, ouvrez bien grande la bouche et tirez la langue.

Le spécialiste du nez, de la gorge et des oreilles examine la langue de sa patiente. D’un air sûr, sa petite lampe-loupe encore dans sa main, il lui dit :

–          J’ai bien peur madame, que vous ayez attrapé la languite aiguë.

–          La quoi ?

La patiente, mère de quatre enfants, n’a jamais entendu parler de cette maladie. Elle demande des explications, comment ça s’attrape, si c’est contagieux, si ça se soigne, et si oui, comment et en combien de temps, etc.

–          Cette maladie, pas très méchante, se rencontre surtout chez les mamans, les papas et les grands-parents qui gardent souvent leurs petits-enfants. Les métiers d’institutrice maternelle, de puéricultrice et de conteurs sont aussi régulièrement touchés. Vous devez raconter trop d’histoires à vos enfants. Trop en trop peu de temps. Votre langue est lourde, gonflée, fatiguée ; elle n’en peut plus. Elle souffre d’une inflammation locale. Il faut la reposer quelques temps.

–          Ah bon ! Mais pourtant, cela fait des années que je raconte des histoires à mes enfants, pourquoi ai-je ça maintenant ?

–          Il y a du avoir un changement dans la fréquence, non ?

La patiente se tait, et réfléchit.

–          Un enfant malade peut-être ? suggère le médecin.

–          Oui ! Mon petit dernier a la grippe ! Il est couché toute la journée au lit, il ne veut pas jouer et réclame des histoires du matin au soir, du soir au matin ! Ce week-end, je n’ai fait que ça !

–          Et bien voilà ! Il ne faut pas chercher plus loin.

Soulagée d’avoir trouvé ce qui est à l’origine de sa maladie, elle demande quand même :

–          Est-ce qu’il y a un remède ? Combien de temps cela va-t-il durer ?

–          Je ne peux que vous conseiller du repos, et de boire beaucoup. Un de mes confrères préconise le prêt d’un livre numérique amélioré, vous savez, celui avec lequel même les enfants qui ne savent pas encore lire, peuvent se débrouiller pour écouter et suivre une histoire animée ? Pour ma part, je n’ai jamais essayé, mais je peux vous prescrire une histoire à lire, une fois par jour, le soir après le repas, de préférence juste avant le coucher.

–          Une seule histoire par jour ? Mais comment je vais faire pour satisfaire tout le monde ?

–          Laissez l’aînée prendre la relève de temps en temps… En plus, cela lui fera un bon exercice de lecture, non ?

–          Oui, vous avez sans doute raison.

–          Courage, d’ici une petite semaine, votre langue devrait se délier, et vous pourrez à nouveau raconter plein d’histoires… mais comme toute bonne chose, il ne faut pas en abuser.