Mon refuge d’écriture
Pour avoir envie.
Pour écrire.
Pour respirer.
À la main, à l’ordi. Peu importe la forme.
Pourvu que ça coule. Que ça sorte. Que ça vive.
Mon bureau n’a jamais eu de racines.
Il bouge, il glisse, il cherche, il s’adapte.
Comme moi.
Il a vécu sous le Vélux,
dans la chambre, sur la mezzanine,
au bord du lit, près des rêves suspendus.
Puis il est descendu.
Au salon, il s’est posé.
D’abord face à la télé : trop de bruit muet,
puis perpendiculaire : un peu mieux.
Mais pas encore ça.
Alors j’ai bougé les meubles.
Coupé l’espace.
Dressé une frontière de livres.
Créé un pays à part,
où chaque page blanche
respire l’intime et le possible.
Un bureau ancien, noir et mystérieux,
m’a appelée depuis une brocante.
Ses tiroirs grincent de secrets,
sa surface attend mes mots.
Il dort encore dans le garage,
mais je l’imagine déjà,
restauré, caressé, prêt.
En attendant,
ma vieille table cherche encore sa juste place.
Un peu ici, un peu là.
Contre le mur. Près du radiateur.
Face à la lumière.
Je l’écoute. Elle me parle.
Parfois, elle me dit : reste.
Parfois : déplace-moi encore.
Un fauteuil doux a trouvé sa place, lui aussi.
Pour lire. Pour rêver. Pour respirer.
Et mes quatre chats dansent autour.
Ils bousculent, ils s’invitent,
ils ronronnent dans mes silences.
L’un d’eux ne me quitte jamais.
Un gardien de mes heures d’encre.

Avoir un espace à soi,
c’est plus qu’un lieu.
C’est un souffle.
Une peau.
Un chant doux qui dit :
ici, tu peux être.
C’est ici, dans ces quelques mètres carrés,
que mes idées prennent corps.
Que mes romans naissent en silence.
Que mon projet s’ébauche, jour après jour.
Ce n’est pas grand.
Mais c’est assez.
C’est le début d’un monde.
