Tout début du printemps, en l’écrivant je n’ai même pas eu cette impression de printemps !, j’ai donné de mon temps pour aider des batraciens à sortir en toute sécurité rejoindre leur plan d’eau. Cette petite histoire, forme de comptine, m’a été inspirée par cette action, ces observations.
Fin février.
Fin de l’hiver.
C’est la fin du froid
Coâ ! Coâ ! Coâ !
Les grenouilles coassent.
Les crapauds crapahutent.
C’est la migration des batraciens, elle commence bien.
Une heure durant, les aider patiemment.
La route de tous les dangers.
Les rues à traverser.
Les roues des voitures, à éviter.
Tout ça pour ne pas qu’ils ne se fassent pas écraser.
Et pour leurs œufs, les déposer en toute sécurité.
Coâ ! Coâ ! Coâ !
Crapauds et grenouilles coassent.
Et le temps, lui, il passe.
Il est neuf heures moins le quart.
Il fait onze degrés, de mémoire.
Pluie fine surgit, piétine un léger brouillard,
Il fait nuit. Il fait noir.
En cette fin février,
Une poignée de crapauds, j’ai pu sauver !
Et maintenant, faites silence ! Faites silence !
Car, sur mon chemin, les batraciens, avancent.
Soudain : clip ! clap ! clop !
Un clapotis, au bord de l’eau.
Il fait nuit, il fait noir,
Et puis, il y a ce bruit, ce soir.
Un clapotis, ici : clip ! clap ! clop !
Mais d’aussi loin que je me trouve
Je ne distingue rien qui mouve.
Coin ! Coin ! Coin !
Ça, j’entends très bien.
Des oies sont là. Des Bernaches du Canada.
Et elles sont au nombre de trois.
Coin ! Coin ! Coin !
Les bernaches font tout un potin.
Ça cancane et ça papote, les pattes, dans l’eau.
Clip ! Clap ! Clop ! Fait la Vesdre.
Des rochers, dans le cours d’eau,
Et la vie des vagues donnent le tempo.
Clip ! Clap ! Clop !
C’est la musique de l’eau.
Soudain, une silhouette se faufile,
Un gros mammifère, à l’horizon, se profile.
C’est le soir. Il fait nuit. Il fait noir.
Mais d’aussi loin, je ne distingue toujours rien.
Alors, je me rapproche des lampadaires,
Ces lumières artificielles qui se donnent de grands airs.
L’animal qui fend les flots,
S’est arrêté pour nettoyer son museau.
Castor ou ragondin,
Entre les deux, mon doute est certain.
Clic ! Clac ! Hop !
Je prends quelques photos.
Clic ! Clac ! Hop !
Le clapotis est revenu aussitôt.
Nageur silencieux,
La bête avance sous mes yeux.
Et bientôt, à l’abri de mon regard,
Pour d’autres photos, il sera trop tard !
Coin ! Coin ! Coin !
Les bernaches le savent bien,
Elles le connaissent et il n’est pas leur copain.
Clip ! Clap ! Clop !
Le mammifère a rejoint le clapotis,
Au bord de l’eau, il est plus à l’abri.
C’est le soir. Il fait nuit. Il fait noir.
J’entends le vivant. Je vois la vie.
Je savoure cet instant unique
Et j’en profite, maintenant et ici.
La pluie s’est arrêtée.
Le vent s’est levé.
La température a chuté.
Le temps, lui, est passé.
Le froid est piquant. Le froid est mordant.
Hop ! Hop ! Hop ! Je renfile mes gants.
Chez moi, je me dois de rentrer.
Avec des images et des souvenirs en quantité.
Et puis, je me retourne, comme une intuition,
Un dernier coup d’œil pour cette soirée d’observation.
Et je vois ! ça !
Tête arrondie et la queue, large et aplatie !
C’est un castor sans hésitation,
Un architecte qui a toute mon admiration.
Coâ ! Coâ ! Coâ !
Les batraciens, de l’autre côté du chemin, me semblent déjà bien loin.
Coin ! Coin ! Coin !
Les bernaches bavardent toujours aussi bien.
Clip ! Clap ! Clop !
Le clapotis, clopin-clopant, se fait plus petit.
Hop ! Hop ! Hop !
C’est la fin de mon histoire,
Et des rencontres de ce soir.
Hop ! Hop ! Hop !
Aux grenouilles, crapauds, oies et castor, on dit « au revoir ! ».





















































