Souvenir Virelles, suite et fin

(début du souvenir de septembre 2001) clic

Sébastien me donne alors quelques conseils pour l’observation ici à l’étang de Virelles. Souvent, il y a des petits limicoles dans la vase, aux abords de l’étang. Je dirige donc mes jumelles dans cette direction, mais je ne vois rien. Le guide me disait alors que je pouvais voir dans sa longe-vue, qui elle, était dirigée tout au bout de l’étang en face de nous. Et là, je vis pour la première fois une bécassine des marais, non deux. Et puis tout compte fait, quand mon regard avait commencé à s’habituer au mimétisme de cet oiseau, je n’en voyais pas moins de cinq. Avec leur long bec et leur plumage composé de différents tons de brun, elles se confondaient très facilement dans les roseaux. Je trouvais que leur bec était un peu mal proportionné par rapport à leur tête. Mais cette longueur leur permettait de fouiller la vase et les marais peu profonds tout en continuant à respirer. Hautes sur leurs pattes, elles sont plutôt bien corpulentes. Les bécassines sont des limicoles, ou petits échassiers. On les appelle ainsi car justement elles sont hautes sur pattes et ont un grand bec pour pouvoir se déplacer et se nourrir aisément dans l’eau. Ensuite, écoutant mon émerveillement sur cette espèce, Sébastien dirigeait sa longue-vue vers la vasière se situant à notre gauche. Il me décrivait alors le râle d’eau, je cherchais alors dans mon guide d’identification. C’était un rallidé plutôt commun et se distinguant des autres membres de cette famille par son long et fin bec rouge. En effet, on ne pouvait pas le rater cet ustensile de cuisine. Et puis il avait plutôt une tête et haut de poitrine assez unique, de couleur bleu-gris. On peut le rencontrer le plus souvent dans la vase à la recherche de nourriture végétale aquatique. Dans cette immense roselière, il avait de quoi chercher. Et juste quand il me parlait de cette oiseau, un cri d’un cochon qu’on égorge (ce sont les mots qu’il a utilisé pour décrire ce cri) déchira l’atmosphère si calme.

-« voilà justement son cri, tiens. Quand on parle du loup… »

Et j’ai pu l’entre-apercevoir très brièvement. Je regardais alors à ce moment-là dans la longue-vue, puis Sébastien muni de ses jumelles voyait au même endroit un jeune râle. Il regardait alors dans sa longue-vue et confirmait, je regardais à mon tour et m’émerveillais de voir comment le guide avait l’observation et l’identification de ces espèces si aisées.

Soudain, un autre oiseau apparu dans mon champ de vision de la lunette.

-« ah j’en ai un autre, mais il est légèrement différent. Il est plus petit, plus clair. Son bec aussi est plus petit et il a un derrière tout jaune ».

         « quoi, attends, un derrière couleur jaune paille ? »

         « oui oui, pourquoi ? »

         « il est bien plus petit que celui que je t’ai montré ? »

Je n’ai même pas eu le temps de répondre que Sébastien tout excité me montra dans son guide un oiseau. Il regardait alors à son tour dans la lunette :

         « c’est pas vrai, pas possible, c’est bien elle, une marouette, une marouette ponctuée ».

         « une quoi ? » demandais-je un peu déboussolée.

         « regarde à nouveau, tu vois elle a un peu des points blanc un peu partout sur son corps, même sur ses ailes. C’est pour cela qu’elle porte son nom de ‘ponctuée’. Observe bien le dessin, compare maintenant avec un jeune de râle d’eau.

En effet, c’était bien une marouette ponctuée. Mais qu’avait-elle de si spéciale cette marouette ?

-« elle n’a été vue qu’une seule fois, il y a 5 ans et entendu il y a 2 ans , elle est plutôt rare ici »

Pour moi tous les oiseaux que je venais de voir étaient des spécimens bien particuliers à eux-seuls car jamais je ne les avais vu auparavant. Mais me dire que je venais de découvrir un oiseau rare, me réjouissait de plus belle. C’était ça mon cadeau d’anniversaire.

Et pendant que j’observais encore et encore cet oiseau, Sébastien téléphonait à un autre guide pour lui parler de la découverte exceptionnelle. Quelques instants plus tard, Anne, la dame qui était à la réception, et deux autres personnes arrivaient. Chacune à son tour regardait la petite bestiole patauger dans la vase.

Et tout le monde rigolait car c’était moi qui avais pu la voir en premier lieu, une petite jeune fille qui ne connaissait pas grand-chose aux oiseaux qui faisait cette découverte, incroyable, on disait que j’en avais de la chance, une chance de débutant. Et cette fois-ci je croyais au mot « chance ».

J’ai retrouvé la photo… oui oui la petite chose en plein milieu, c’est elle, c’est la Marouette ponctuée 😍

Et j’ai retrouvé mon carnet de notes d’observation. Dates exactes : 03 au 07 septembre 2001.

Souvenir de Virelles, septembre 2001

Voici un souvenir que je n’oublierai sans doute jamais, ma première visite à Virelles nature.
Petit retour en arrière…

C’était il y a 15 ans, en septembre 2001… oui, cette année-là, le fameux mois, le fameux jour où… Quelques semaines avant cette terrible nouvelle, j’avais décidé de m’offrir mes premières vraies vacances après mon premier CDI ! J’avais décidé, pour mon anniversaire (le 10 sept), de passer une semaine de congé, en Belgique, à la découverte d’un endroit magnifique, en pleine nature : Virelles (région de Chimay). J’allais avoir, là-bas, mes 21 ans et mon intérêt pour l’ornithologie ne faisait que commencer.

Je n’ai jamais eu le sens de l’orientation, mais cela ne me faisait pas peur. « Armée » d’un sac à dos hyper rempli, de mes jumelles, de mon appareil photo, d’un trépied, de mon guide ornitho et d’un plan où j’avais écrit toutes les rues par lesquelles je devais passer pour me rendre, à pied, de la gare de Mariembourg jusqu’à ma destination, j’avançai gaiement sans me soucier le moins du monde du temps que j’allais passer dehors, à marcher sous un ciel nuageux et une météo capricieuse.

Sur la carte, c’était simple : gare, tourner une ou deux fois, puis c’était quasiment tout droit !

Je n’avais pas la notion de distance parcourue… j’ai donc marché un peu plus de 3 heures pour avaler doucement quelques 16 km ! Si le poids de mon sac à dos m’embêtait quelque peu, tout au long de mon parcours, j’étais encouragée par l’observation tantôt de fauvettes à tête noire, tantôt d’un martin-pêcheur ! Le temps passait doucement, mais sûrement.

J’arrivais un peu tard à l’hostellerie où j’avais réservé ma chambre… mais je reçus un accueil fort chaleureux et j’eus droit à des tartines et à un thé pour me réchauffer :-) J’avais choisi ma chambre tout près du (l’immense) Lac de Virelles (il faut préciser que c’est un étang et non un lac, d’une superficie de 125 hectares).

Comme j’étais arrivée tard, il ne m’était pas possible de voir l’étang, les grilles ouvraient à 10h et fermaient à 18h ! Je reportai donc ma visite au lendemain matin, à la première heure.

Le lendemain, j’étais là bien avant l’ouverture de la grille, car 10h pour moi, c’est tard (je me levais et encore aujourd’hui, à 5 ou 6h). En attendant l’ouverture, j’allais découvrir les alentours.

10 heures arrivait et j’entrais enfin par la « grande porte ».

À l’accueil, une dame très gentille m’informa que je pouvais emprunter une longue-vue. Je pensais naïvement que mes jumelles suffiraient… mais ils ne m’étaient pas d’un grand secours pour identifier une tache blanche, en bord d’étang, loin devant. J’étais descendue du mirador pour emprunter une longue-vue à l’accueil.

Ici, je recopie un passage que j’avais écrit en 2004-2005, au moment où j’écrivais tout ce que je voyais côté ornitho :

La dame (Anne) me demande alors si j’ai un peu de temps car un guide qui travaillait là pouvait venir et me montrer comment on observe à la longue-vue. Bien sûr j’avais tout mon temps, j’avais une semaine ! Quelques minutes plus tard, Sébastien arrivait avec sa longue-vue. Les présentations faites, nous allions dans la cabane. En deux temps trois mouvements, sa longue-vue était montée et prête pour l’observation.