C’est l’histoire d’une image (du jeu Dixit) qui donna naissance à une phrase (de mon inspiration) qui change d’air ! Quel toupet celle-là. Oui, vous avez bien lu. Parfois, nous créateurs et créatrices du monde Imaginaire des Mots, sommes impuissant.e.s devant une histoire qui a décidé de changer d’air. Parfois, oui, parfois, le personnage principal, le plus souvent, mais ça peut arriver même aux personnages secondaires, prend son indépendance et sans nous demander notre avis, vit sa petite vie. Tout seul, comme un grand, il prend la liberté de changer d’orientation et écrit lui-même son histoire !
C’est ainsi qu’est né mon texte ci-dessous. Il porte le numéro 6. Au départ, il y avait cette image que vous pouvez voir en fin d’histoire et cette phrase qui m’a été chuchotée à la vue de cette carte : l’épouvantail de la ville qui avait un cœur.
N’étant plus dans l’ambiance d’Halloween et des épouvantails, mon personnage principal « épouvantail » est devenu « Le pou vent ail« … et voilà son histoire :-)
L’épouvantail de la ville qui avait un cœur
Il était une fois un pou de ville qui se déplaçait grâce au vent et qui mangeait de l’ail à tout va ! Il allait de tête en tête, insouciant comme un pou. Quand le vent était sympa, il le poussait à atterrir sur des têtes de toute taille, de toute forme, de toute couleur. Souvent, coincé dans une tignasse avec plein de nœuds, il pouvait passer des jours à essayer de se libérer, en vain. Il lui fallait parfois attendre l’aide d’un peigne à fines dents pour le déloger de là. Heureusement pour lui, dans la ville où il travaillait, on le connaissait et personne ne voulait le tuer entre des ongles ou l’écraser comme un vulgaire pou des champs. Non, lui était un pou aimable, gentil, propre sur lui et il avait toujours une attention particulière pour les enfants.
Ce pou des villes aimait son travail qui consistait à chatouiller le crâne des gens en se déplaçant lentement de cheveu en cheveu. Son métier pouvait s’apparenter à celui de masseur, si ce n’est qu’il n’était pas assez costaud pour masser et que ce sont les gens eux-mêmes qui se massaient en se grattant, en fouillant dans leur tignasse.
Depuis l’hiver dernier, où il a failli mourir étouffé sous un bonnet bien chaud, il fait attention à ne plus se poser sur des crânes trop dégarnis. En cela, il était différent. Il choisissait un peu ses clients, devenant un pou spécialiste des longs cheveux. C’était tout un art de grimper, sans glisser, sur les longs cheveux lisses bien peignés. Cela devenait une prouesse si le ou la propriétaire de la tête avait un cheveu gras ou qu’il ne s’était plus shampouiné depuis dix jours. Mais notre pou des villes n’était plus tout jeune. Il avait pas mal d’années d’expérience derrière ses six pattes crochues.
Un jour pourtant, alors qu’il venait de déguster le sang crânié d’un amateur d’ail – l’un de ses clients préférés – alors qu’il venait de faire son travail comme un pro, qu’il s’était lavé pattes et mandibules avant de toucher son client, il fut éjecté de son lieu de travail d’une pichenette, une seule ! Il avait encore le ventre tout repus quand la chiquenaude l’envoya valdinguer sur le tapis du salon.
- Eh ! L’épouvantail, va voir ailleurs si j’y suis. J’suis pas d’humeur aujourd’hui, lui dit son client avec un accent au parfum enivrant.
C’était la première fois qu’on l’appelait ainsi : épouvantail ! Et si sa première réaction a été de se sentir offusqué par ce sobriquet, une fois qu’il tourna et retourna le mot dans ses mandibules, il finit par lui plaire. C’était toujours mieux que « le poulet », ben oui, le pou laid n’aimait pas qu’on le traite de volaille… Sommes toute « épouvantail » lui convenait mieux.
C’est ainsi qu’au lieu d’en vouloir à son client préféré, il commença par l’aimer ! D’un amour de pou, tout fou, de tout sang saoul. En silence, en discrétion et en… démangeaisons.
C’était l’histoire de l’épouvantail de la ville qui avait un cœur.

