Un objet dont il faut se méfier

Pour le deuxième atelier d’écriture fantastique avec Katia, il fallait décrire un objet. Pas un objet spécial, un ordinaire, mais avec lequel on n’était pas très copain.

L’objet de toutes mes peurs (ou presque :-) )

Il est là, tout près de moi. Je l’utilise presque tous les jours. Presque tous les jours ? Tous les jours en fait, au travail. Une ou deux fois par semaine, à la maison. On en trouve partout, en grande surface, en librairie, chez les voisins, chez les amis, dans la famille. On pourrait presque dire que c’est un objet de tous les jours, un objet de la vie quotidienne. Un objet inoffensif. Tout le monde peut l’acheter. Ce n’est pas comme la bière ou l’alcool, il ne faut pas être majeur pour pouvoir s’en procurer un !

Sauf que moi, je déteste cet objet. Je le dis à mes enfants : cet objet est malveillant si on n’y prend pas garde. Il est sournois. Il triche. Il ment.

D’ailleurs, c’est bien simple, au bureau, comme à la maison, il est caché dans un tiroir. Pour pas que je le vois. Ce n’est pas tant le voir qui me pose un problème, c’est l’utiliser. Non pas que je ne sache pas l’utiliser, mais disons qu’un souvenir de mon enfance m’a plutôt marqué. Souvenir marqué dans ma mémoire comme la trace que laisserait une cicatrice sur ma peau pâle.

Car un jour, voyez-vous, cet objet banal, inanimé, m’a fait mal ! Oui, certes, tout était entièrement de ma faute, mais quand même… comme je dis toujours, dans un mariage comme dans un divorce, il faut être deux pour que ça marche ou que ça capote. Donc ici aussi, dans cet incident, nous sommes deux : lui et moi. En plus, je devrais plutôt dire elle. Elle et moi. Car son petit déterminant est féminin. Elle n’est pas bien grande, même si elle peut avoir des tailles différentes. Disons que nous sommes habitués à ce qu’elle soit à peine plus grande qu’une main. Mais il n’y en a de plus petit, de beaucoup plus petits, si petits qu’elle tient au creux d’une main, même d’une main d’enfant. Elle a aussi de longs ongles comme les filles (ou comme ceux qui jouent de la guitare), des griffes, des serres en forme de U, sa peau est froide, en plastique ou en métal. Sa couleur varie, je me demande bien d’ailleurs pourquoi, sa couleur n’a aucune incidence sur son utilité ou sur son fonctionnement. Quant à son poids, ça dépend, on peut la classer parmi les poids plumes ou un peu plus lourds, mais à mon avis, il ne dépasse rarement une centaine de grammes !

Malgré son poids léger, elle est gourmande. Oui, il lui faut toujours lui fourrer quelque chose dans le gosier pour qu’elle fonctionne. Sans ça, ben ça ne marche pas. Alors, seulement, on peut dire qu’elle est inoffensive, quelconque, anodine, banale…

Je disais donc que je l’utilise depuis que je suis toute petite. Quand elle m’a fait mal, quand elle m’a mordue, je devais avoir six ou sept ans. Peut-être bien huit. Car quand même, on ne met pas cet objet, pas si anodin que ça, entre n’importe quelle main ! Quand j’avais huit ans, donc, je me souviens pourtant de la mise en garde de ma tante. Elle me disait de faire attention, de bien vérifier qu’elle était fermée, que je ne devais pas mettre mes doigts juste en-dessous.

Et moi, je voulais bien faire. Peut-être bien que c’était la première fois que j’utilisais. C’était un week-end, ça je m’en souviens très bien, car j’allais chez elle que les week-ends ou durant les vacances scolaires. Ma tante était âgée. En fait, ce n’était pas tout à fait ma tante, elle n’était pas de ma famille, mais on faisait comme si. C’est elle qui m’a élevée, en partie, avec mon père. Ma tante était très gentille. Elle était proviseur d’une école. Elle avait donc l’habitude des enfants, des affaires scolaires et de cet objet.

Bref, toujours est-il que je me souviens de la morsure de la bête : atroce, piquante, douloureuse. Et puis ce sang. Et mon cri. Est-ce que j’avais crié de douleur ou parce que j’avais vu le sang ? Je ne sais plus… Et la feuille qui tenait à mon pouce. Mon pouce ! Ma chair, ma peau, mon sang, moi. J’étais blessée. J’avais mal. Je pleurais. Et j’enrageais, car elle me l’avait bien dit : n’oublie pas de retirer ton doigt.

Trente ans plus tard, je me méfie toujours des agrafeuses.

Crime, Criminel, Meurtre, Réimpression, Sang, Effet

Image Pixabay / geralt

Atelier d’écriture avec Katia Lanero Zamora

Tous les samedis après-midi du mois de septembre, je participe à l’atelier de Katia, à la bibliothèque La Bila, la bibliothèque des littératures d’aventures de Beaufays.

Samedi passé, premier atelier. Découverte du thème : le fantastique. Rencontre avec les autres participants. Nous sommes huit.

Après avoir pioché deux mots, deux noms communs, dans un livre, il nous fallait trouver un titre et écrire pendant une heure. D’autres petites consignes sont venues se rajouter à ces deux mots. Voici mon texte. J’avais écrit à la main (aïe aïe aïe) et le soir, je l’ai réécris sur l’ordinateur. J’ai tout mis au présent et ai corrigé des incohérences, ainsi que rajouté l’un ou l’autre détails, mais vraiment pas grand chose :-)

La curieuse barque

Tom, petit Tom, se rend chaque matin, avant le lever du soleil, au fond du jardin.

Au fond de ce jardin, un lac. Sur ce lac, une barque. La barque appartient à sa famille.

Tom habite avec ses parents dans une maison, une ancienne ferme. Pas ou très peu de voisins aux alentours. Tom est enfant unique. Il a 8 ans. Il n’est plus un bébé, il est grand à présent.

Voilà six semaines qu’il nourrit, à l’insu de ses parents, une famille de chats. Une maman et ses trois chatons. Tom les cache dans la barque, sur le lac. Sous une couverture, ils sont à l’abri, au chaud et au sec.

Le printemps est proche. Tom doit se lever, chaque jour, un peu plus tôt pour ne pas se faire prendre. Il ne sait pas comment, mais sa maman se réveille en même temps que le soleil, été comme hiver ! Dès qu’il voit le ciel se couvrir de rose, d’orange, il rentre dard-dard, sur la pointe des pieds.

Se réveiller si tôt le fatigue, mais voir les chatons grandir le met dans une si grande joie qu’il en oublie rapidement qu’il manque, chaque jour, de plus en plus de sommeil.

Avant-hier, petit Tom, qui n’est plus si petit, a commencé à avoir peur. Car avant-hier, la barque qui sert de refuge aux petits chats, et qui d’habitude est toujours attachée par une corde courte, a changé de place ! Tom n’a pas prêté attention à la longueur de la corde, ni à sa couleur : couleur de nouveauté. Non, ce qui l’a intrigué, c’est que la barque se trouvait alors à trois enjambées plus loin. Et toujours attachée…

Hier, à cinq heures tapantes, Tom s’était imaginé que la barque, en plus de s’être encore déplacée de quelques centimètres, s’était également mise à grandir !

Les trois chatons qui grandissent, eux, normalement, ont étrangement encore toute la place pour se dégourdir les pattes, autant de place qu’à leur naissance.

Bizarre !

Au début, c’est-à-dire avant-hier, Tom croyait qu’il s’était imaginé tout ça. Qu’il avait dû rêver. Qu’il était fatigué et avait dû sûrement s’endormir debout. Une barque en bois, ça ne grandit pas. Le bois, c’est mort. Ça grince, ça craque, ça se fend, mais ça ne pousse pas !

Aujourd’hui, Tom a pris, en plus des croquettes pour la maman et d’une bouteille d’eau fraîche, un mètre. Enfin, sa latte d’école. Il n’est pas arrivé à ouvrir la boîte d’outils de son père. En plus de tout ça, il sort de son sac à dos, un carnet à spirale et un crayon. Il a déjà commencé à noter la date et il a laissé la place pour inscrire, sous la date du jour soulignée, les mesures de la barque : longueur et largeur.

Mais au moment où il s’apprête à tirer la corde pour ramener la barque près de lui, celle-ci s’est volatilisée ! Pfffuit ! Disparue !

Tout du moins, c’est qu’il croit au premier regard, car au bout de la corde, il n’y a rien. Avec son cœur qui bat plus vite, il tourne la tête à gauche, et là, ouf ! Il la voit : la barque. Elle n’est plus attachée, mais flotte librement à trente centimètres du bout de son jardin. Trois mètres plus loin que là où il l’avait laissée hier. Attachée.

Plus l’enfant s’approche de la barque, plus celle-ci s’éloigne.

Tom s’arrête de marcher. Il appelle les chats. Il ne voit que leur tête dépasser. Trois têtes. Le compte n’est pas juste ! Il en manque un !

Cependant, il ne cède pas à la panique. Le petit tigré, noir et brun, l’unique tigré de la portée, peut très bien dormir au fond de la barque.

Tom fait alors semblant de ne plus se diriger vers la barque et tourne la tête dans la direction opposée. Discrètement, dos au lac, il ouvre sa boussole et fait apparaître un miroir. Il s’accroupit dans l’herbe humide et dirige le miroir de façon à avoir la barque en vue, sur le couvercle de sa boussole.

L’enfant doit se retenir pour ne pas crier ou se retourner.

Heureusement que la lune, pleine, éclaire encore la barque, sinon il aurait pu croire qu’il hallucinait !

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Tom distingue clairement le mouvement de la barque ! Elle bouge. Toute seule ! Pourtant le lac est calme. Pas de gros poisson, ni de castor ou de rat musqué nageant qui pourrait expliquer ce mouvement… Et tout doucement, la barque se rapproche de la berge. De la berge et de Tom qui est toujours dos à elle. Plus près de lui, la barque n’apparaît plus en entièreté dans son miroir. Il sort alors quelques croquettes qu’il jette par-dessus ses épaules pour inciter la maman à sauter de la barque et à le rejoindre.

Dehors, pas un bruit. Pas le moindre chant d’oiseau. Pas de vent soufflant, ni de pluie bruyante.

Plus un mouvement. La barque s’immobilise. Tom aussi. Il tremble comme une feuille. De peur. Il doit aussi faire pipi.

Tout à coup, de petits miaulements percent le silence de mort. Tom ajuste sa boussole de façon à avoir le bout de la barque visible dans son miroir.

Un à un, il voit les petits minous sortir de la barque pour sauter sur la terre humide. Il y a d’abord Chaussette qui saute maladroitement ; le plus grand des chatons a été appelé ainsi, car il a le bout de ses quatre pattes, blanc. Ensuite, vient le tour de La Boiteuse. Tom suppose que c’est une femelle, car elle a une toute petite voix, aigue, timide. Boiteuse, car l’une de ses pattes avant est tordue et le chaton ne sait pas s’en servir, mais que cela ne l’empêche pas de sauter comme son frère. Enfin, saute gracieusement la maman. Pas de doute, il manque Gourmand, le dernier chaton à l’appétit insatiable !

Mais où est-il passé ? Tom n’ose pas se retourner et fouiller la barque à sa recherche. Il jette le reste de croquettes n’importe où, laisse la bouteille d’eau ouverte, contre une pierre devant lui et essaie de réchauffer ses mains glacées. Ses dents claques. De froid. De peur.

Treize minutes se sont écoulées depuis que Tom est sorti de la maison.

Il ne fait plus nuit noire à présent, mais le soleil n’est pas encore levé, ni sa maman.

Toutefois, en avançant vers la porte, la barque toujours en ligne de mire pour être sûr qu’elle ne va pas le dévorer tout cru, Tom voit distinctement que non seulement la barque est plus petite, mais qu’elle a pris en plus une étrange couleur sombre, tigrée de noir et de brun, comme le pelage de Gourmand !

Barque, Hiver, Étang, Gris, Calme, Campagne

photos : pixabay (clic sur les photos)

La vallée de la peur, Sherlock Holmes, Conan Doyle

Titre : La vallée de la peur, Sherlock Holmes
Auteur : Sir Arthur Conan Doyle
Édition : Robert Laffont
Genre : roman
Année d’impression : 1956
Nombre de pages : 254
Note personnelle : 9/10

vallee-de-la-peurDonc tout démarre le soir où un meurtre est commis dans un château entouré d’eau avec un pont levis levé et un assassin qui a utilisé une arme des plus bruyantes mais que personne n’a entendu…

Qui ? Comment ? Pourquoi ?

Une enquête de Sherlock Holmes comme on les aime.

En réalité, dans le début du livre, on n’est pas directement amené à découvrir ce meurtre étrange. Non. En fait, il y a d’abord Sherlock qui reçoit une lettre codée et qui joue avec son acolyte Watson pour résoudre cette première énigme. Puis, ces deux-là accueillent la visite d’une personne bien connu de Holmes, un inspecteur qui va aller loin s’il continue sur cette voie, un inspecteur qui admire le grand détective et qui le respecte.

La première coïncidence arrive et de là, tout démarre très vite. On ne s’ennuie jamais, on ne peut pas s’empêcher d’essayer de tenter de résoudre l’enquête, les énigmes, et puis on sourit souvent aux réactions et au comportement du grand détective.

Il y a deux parties à ce livre : la première, c’est le meurtre, l’enquête du début à la fin. La seconde, c’est une partie du passé de l’un des personnages principaux qui explique pourquoi et par qui le meurtre a été commis.

Comme dans cette série, rien que le personnage de Sherlock Holmes vaut le détour, sa façon d’enquêter, de trouver les détails, de résoudre les énigmes vaut son pesant d’or.

J’ai trouvé ce livre lors d’une « braderie » dans une bibliothèque de mon quartier LA BiLA. Celui-là et bien d’autres, dont deux autres du même auteur. Même si je suis sûre que je trouverais ces livres en numérique, il y a le livre en lui-même, un véritable objet « du passé » (rires) avec sa couverture, sa tranche rouge, son odeur de grenier. Ce livre-ci a l’âge de mon papa !

Extraits qui m’ont bien fait sourire :

« – Intéressé ? Oui, monsieur Mac ! Surpris ? Pas beaucoup. Pourquoi serais-je surpris ? Je reçois une communication anonyme provenant d’un quartier que je connais et m’avertissant qu’un danger menace une certaine personne. Dans l’heure qui suit j’apprends que ce danger s’est matérialisé et que la personne est morte. Je suis donc intéressé, comme vous le voyez, mais je ne suis pas surpris. »

 » – Vous me semblez avoir les nerfs solides. Vous n’avez pas sourcillé quand j’ai braqué ce pistolet sur vous.
-Ce n’était pas moi qui étais en danger.
-Qui donc ?
-Vous, Xxxx (je ne dévoile pas le nom)
Yyyyy tira un pistolet chargé de la poche latérale de sa veste.
… Je vous visais tout le temps. M’est avis que mon coup aurait été aussi rapide que le vôtre. »