Dixit Nano20 : le juste équilibre

Voici mon 5è petit texte d’après une image du jeu de cartes Dixit et la phrase que celle-ci m’a inspiré :

Le juste équilibre du bien et du mal dans la maison du ciel

Pour qu’un équilibre, quel qu’en soit sa nature, soit juste, il faut en connaître tous les ingrédients. Voici la recette de mon équilibre. Quand j’y arrive, je suis sur mon petit nuage de bonheur, je l’appelle donc le juste équilibre dans ma maison du ciel.

Préparons tout d’abord les ingrédients, leur quantité, leur poids :

  • Une bonne tasse d’écoute attentive
  • Une cuiller remplie de sourire sincère
  • Une bonne poignée de patience
  • Un verre d’honnêteté
  • Une pincée d’énergie
  • Une poigne de volonté
  • Un soupçon de combattivité
  • Une soucoupe d’empathie
  • Un souvenir du passé (s’il n’est pas exagéré, refaçonné ou embelli, il peut être doublé la puissance de la source de gratitude pour celles et ceux qui ont connu des difficultés dans leur enfance)

Placer tous les ingrédients dans l’ordre que vous souhaitez. Attention à mettre ceux qui sont le plus volatile dans un récipient fermé afin qu’ils ne prennent pas la poudre d’escampette.

Comme pour tout évènement, toute action, toute aventure, tout projet, il ne faut pas oublier de laisser une place pour un ingrédient qui n’est pas dans la liste et qui pourtant se trouve en chacun de nous. Celui-ci étant différent pour chaque personne, je ne peux le citer précisément. Néanmoins, sachez que le vice… pique ! Prévoyez donc des gants afin qu’il ne vous fasse pas mal quand vous le mettrez dans sa boîte hermétique. La jalousie pince. Là aussi, soyez prévoyant et protégez votre cœur ou votre tête. L’avarice est une vilaine voleuse. Voleuse dans tous les sens du terme, elle vous prend sans votre consentement vos biens matériels ou immatériels comme le temps et les amis, mais elle a des ailes et vole littéralement comme un oiseau. Soyez prêt à l’attraper avec votre filet (un égouttoir dans la cuisine fera très bien l’affaire) et à la mettre dans un bocal hermétique et insonore. D’autres ingrédients dits « méchants » ou « mauvais » existent. Sans dévoiler mon secret, je peux vous dire que le mien s’appelle La Nostalgie. Attention à ne pas confondre cet ingrédient, la nostalgie, avec celui dans la liste « un souvenir du passé ». Bien qu’ils se ressemblent très fort, on peut dire que la nostalgie laisse des empreintes parfois douloureuses, des traces indélébiles, alors que le souvenir du passé, s’il est choisi à point, peut se révéler un super ingrédient bénéfique. Le souvenir du passé a une force insoupçonnée, il a une saveur prononcée qui souvent laisse un premier arrière-goût amer, mais qui donne, après qu’on l’a laissé mariner quelques instants à l’air du présent, un parfum de réussite et un fumet de super pouvoir !

Ce dernier ingrédient de ma liste est le plus difficile à trouver. On peut en avoir tout un stock en nous. Toujours est-il que je vous recommande d’écouter votre cœur, de suivre votre instinct ; et si le premier choix est souvent le meilleur, parfois, je dis bien parfois, il vaut mieux attendre un peu, dormir dessus une bonne nuit, et y revenir le lendemain. Certains souvenirs du passé peuvent se comporter comme La Nostalgie. C’est en ça qu’ils sont le plus difficile à trouver.

Une fois tous les ingrédients réunis, sans oublier celui qui nous est propre et différent à chacune et à chacun, préparer votre balance à trouver son bon équilibre.

Pour ce faire, il vous faudra prendre du recul, laisser reposer la pâte à l’air ambiant, parler à votre recette (non, non, n’ayez crainte, personne ne vous entend, personne ne vous observe). Certains trouvent naturellement le juste milieu entre tout ce mélange. Il arrive que pour d’autres, cela prenne plus de temps. Mais cela n’est pas un problème, à la condition que vous ne baissiez pas les bras. Visez toujours la lune qui est accrochée au-dessus de votre tête et qui flirte avec vos nuages de bonheur. Tout le monde n’atteint pas son parfait équilibre du premier coup, d’autres ne parviennent pas à le garder bien longtemps. Qu’importe. Le principal, le plus important, c’est que vous y prenez plaisir, que vous essayez encore et encore, que vous vous amusiez.

Si vous avez du mal à atteindre la lune, ce n’est pas grave, car vous atterrirez parmi vos étoiles, vos nuages personnels.

Peut-être est-ce là votre équilibre ? Parmi les nuages, parmi les étoiles.

N’oubliez pas, où que vous arriviez, quelle que soit votre destinée, vous trouverez votre propre équilibre avec les ingrédients de ma liste, car nous sommes tous … différents.

Dixit Nano 2020 : jour 4

La mélodie enchantée du vieil arbre souriant

Il était une fois une forêt. Elle avait tout ce qu’il y avait de plus normal pour une forêt : beaucoup d’arbres aux multiples essences différentes, deux ou trois chemins pour les promeneurs, mais aussi pour les cavaliers et beaucoup d’animaux y venaient pour s’y reposer, se poser, jouer, se nourrir ou y trouver refuge. On ne comptait plus les oiseaux de toutes sortes, mais on se régalait de les voir, de les entendre et pour certains de les photographier.

D’autres habitants avaient aussi la primeur des amoureux de la nature : écureuils, renards, cerfs et même les insectes voyaient leur portrait s’afficher sur les écrans des appareils photo.

Un jour, lors d’un petit matin brumeux mais ensoleillé, on entendit une musique voyager entre les branches des arbres, passer sous des buissons, tourner autour des oiseaux. Ce jour-là, le 4 novembre, il faisait très froid au réveil. Les animaux avaient connu une gelée nocturne, la première de la saison. Et c’est aux alentours des 8h30 qu’on pu entendre les premières notes flotter dans cette forêt. Les oiseaux, les bons chanteurs, s’étaient tus. On ne sait s’ils écoutaient la mélodie pour l’enregistrer et pour, plus tard, la chanter. Vu la fraîcheur matinale, tous s’activaient, bougeaient, grimpaient, pour ne pas laisser le froid engourdir leurs fines pattes et ailes fragiles.

Sur un chemin tracé par les nombreux promeneurs, se trouvait-là un petit bonhomme, pas plus haut que sept pommes. Cet enfant, un garçon, avait l’étrange mais non moins extraordinaire faculté de faire chanter… les arbres ! Oui, les arbres. Pas les animaux, pas les oiseaux, ni les chiens ou les chats domestiques, non, les arbres. Ces gigantesques végétaux qui n’avaient ni bouche, ni oreille ! Comment s’y prenait-il ? Nul ne le sait. Mais c’est bien lui que je vis ce matin-là, chuchoter à l’écorce d’un vieil arbre souriant. Et l’arbre, par son tronc rugueux et noueux, lui répondait en sifflant. Il faisait tellement froid que je pouvais voir par où sortaient les mélodies : par des milliers et microscopiques trous de l’écorce. Aéré de la sorte, l’arbre chantait littéralement par tous les pores de son tronc. C’était très agréable à entendre. J’en était tellement absorbée et envoutée par le son que j’en oubliai d’immortaliser cette scène.

Nanowrimo ou pas… j’écris tous les jours

Mon envie de participer au Nano 2020 s’en va et revient… Tout comme l’envie de corriger un roman écrit précédemment. Ainsi que de me remettre à l’écriture.

Et j’ai beau le savoir et le conseiller à d’autres personnes, je suis toujours surprise du bienfait, du moment de détente et de plaisir que je ressens quand je me mets à écrire.

Et… c’est en écrivant régulièrement que l’envie revient, arrive, augmente.

Cette année, je ne me mets pas la « pression » en annonçant ma participation au Nano. Même si, officiellement, il n’y a aucune autre pression que celle que l’on se met soi-même, même s’il n’y a rien à gagner si ce n’est la fierté d’avoir réussi ou d’être allé jusqu’au bout, la pression et un petit stress (sympa ou non) vient s’immiscer dans ce challenge sympathique d’écriture.

Non, cette année, je me dit que je vais écrire tous les jours. Et si à la fin du mois de novembre, j’arrive à 50.000 mots, j’en serais contente, ça sera une victoire personnelle non désirée mais bienvenue :-)

Voici donc mon premier texte, écrit ce matin du 2 novembre, imaginé à partir de la phrase qui m’a été inspirée par une carte du jeu Dixit :

La clé de la mémoire est en moi

Ces derniers temps, j’oublie tout ! J’oublie de fermer la porte à clé, j’oublie d’éteindre le gaz quand j’ai fini de préparer à manger, j’oublie de me laver les dents, j’oublie de faire les courses. Mais le pire, c’est que quand je n’oublie pas, je suis distrait : je range le fromage dans les couverts et jette les miettes dans le frigo (et le couteau dans la poubelle) !

C’est la cata, cata, catastrophe !

Mon psy me dit que la clé de ma mémoire, eh ben, il paraîtrait que je l’ai en moi ! Facile à dire…

J’ai déjà fait des tas de choses pour tenter de remédier à ce problème. J’ai dressé des listes des choses à faire, sur papier que j’ai accroché partout sur tous les murs de mon appartement. J’ai fait cette même liste dans mon smartphone, avec des rappels, des alarmes qui sonnent une heure ou quinze minutes avant. J’ai essayé de n’attacher de l’importance qu’au moment présent. Tout ça pour alléger ma mémoire, qu’elle ne soit pas saturée et que je n’oublie pas tout un tas de trucs à faire.

Tenez, j’ai même oublié de noter mon rdv chez mon psy ! On dit que ce genre d’oubli, ça s’appelle un « acte manqué », ou un « lapsus révélateur ».

Notez, le psy, c’est moi ! Oui, non, je ne me prends pas pour un psy, je suis le psy !

Bon, qu’est-ce que je disais déjà ?

Mon image in air, texte d’après images

Les images du jeu « Dixit » qui m’ont inspiré cette petite histoire

Hier après-midi, j’étais assise dans un fauteuil dans le jardin. Je profitais d’une accalmie météorologique ; le soleil illuminait une partie du ciel devenu bleu, alors que cinq minutes auparavant, il pleuvait comme vache qui pisse ! Dans ce ciel partiellement azuré, quelques nuages jouaient encore les prolongations. Sans doute étaient-ils occupés à relever le défi du plus gros, du plus lourd, du plus grand nuage gris foncé.

J’étais donc occupée à identifier ces nuages, une sorte de créature mi-dragon mi-mouton semblait avoir un poil d’avance sur un chien au corps allongé et sur une roue toute frisée de bigoudis gigantesques, quand tout à coup, mon attention fut attirée par une étrange musique.

Comme c’était étrange ! Ce n’est pas tant la musique qui me paru bizarre, mais plutôt le fait que je l’entende. Un peu dure de la feuille, j’ai parfois du mal à distinguer certains sons, surtout quand il y a un brouhaha environnant. Ici, il faut dire, après les averses coupées de visites éclairs du soleil, qu’il n’y a pas un chat dehors. Sauf moi. Qui ne suis pas un chat ! Et les escargots. Grâce à la pluie, ils sont de sortie. Sur le muret de mon jardin, certains se font la course, tandis que d’autres avancent, lentement mais sûrement, vers un but connu de eux-seuls.

Donc, cet après-midi-là, dans mon jardin, une musique. Elle est légère, douce, apaisante. Elle pourrait presque me bercer si je ne voyais pas le dragon-mouton prendre de l’ampleur, surtout au ventre, et menacer d’éclater. Je m’imagine que je parle à ce nuage, que je lui rappelle qu’il n’est pas une grenouille, mais bien un nuage, et qu’il ne gagne rien à essayer d’être aussi gros qu’un bœuf. Taille du bœuf qu’il a déjà largement dépassé ! Je suis sûre, il va bientôt éclater; me réfugier à l’intérieur, je devrai rentrer pour l’éviter.

Est-ce une flûte que j’entends ? Après les nuages, c’est au tour du son de la musique auquel je porte intérêt. Et à la personne, l’animal ou la chose qui s’y trouve derrière. Comme le nuage a décidé d’évaluer ma patience, je quitte le fauteuil et me lève pour me diriger non pas à la maison, mais au fond de mon jardin, car c’est de là que provient la musique. Tout au bout de mon petit jardin de ville, se dresse un majestueux arbre, vieux de cinq cents ans au moins ! C’est lui qui cache la forêt attenante à notre propriété. La seule forêt de la ville, au bout de mes yeux. Je sais, je suis gâtée.

L’arbre gigantesque a une chevelure tout aussi impressionnante que la circonférence de son tronc. Qu’il pleuve comme tout à l’heure, je devrais être à l’abri de sous ce grand parapluie naturel.

Le chêne semble être un sage, un protecteur, un guide. Oui, tout ça à la fois. Il cache multitude de petits animaux et préserve les champignons et les fleurs qui poussent tout autour de lui. A ses pieds, je parais, non, je suis, minuscule. Une fourmi devant un géant.

Je joue avec les arbres comme je joue avec les nuages. J’aime m’imaginer des objets, des visages, des personnages prendre vie dans mon regard. Maître Chêne a vraiment de beaux yeux et un sourire resplendissant dans son tronc. Son nez, un peu gros et large lui va comme un gant. Mais revenons à sa bouche, celle-ci est légèrement ouverte. Voudrait-il me confier un secret que cela ne me surprendrait pas. Que du contraire, je me sentirais honorée ! Ou peut-être voudrait-il me donner une mission ? Aïe, aïe, aïe ! J’espère que je serai à la hauteur.

Que suis-je bête ! Je suis venue à lui pour tâcher d’identifier cette musique, ce petit air sympathique. Serait-ce lui qui chante ? Non, pas possible ! Vu sa carrure, il devrait plutôt avoir une voix grâve et profonde, un souffle impressionnant, un sifflement important. Ici, c’est une mélodie discrète, mais néanmoins assez puissante pour que je le t’entende depuis mon fauteuil du jardin qui se trouve, quand même, à près de sept mètres. En faisant attention à ne pas écraser fleurs, insectes ou champignons, je contourne le géant d’écorce, une paume déposée doucement tout contre son large corps. Dans cette ambiance particulière, presque féérique, je me vois comme une cheffe-d’orchestre magicienne. D’un bout de branche ramassée, je fais aller ma baguette de haut en bas, et je bouge poignet et main pour donner le tempo, le bon rythme à cette musique qui m’envoûte complètement. Arrivée à l’arrière du tronc, je m’arrête net ! Ce que je vois me laisse pantois. Au dos de Maître-Chêne, tout un circuit est gravé, sur trois ou quatre millimètres de profondeur, dans son écorce. Ce sont des bretelles d’autoroutes non polluantes, des chemins pour un nombre incalculable de petits escargots. Avec leur corps beige et leur coquille brune, ils se confondent merveilleusement avec l’arbre. De loin, on pourrait les prendre pour des taches très claires de rousseur qui parsèment le dos du tronc. Mais des taches mouvantes. Lentes. Très lentes.

Je n’ai plus bougé depuis dix secondes. Ma baguette de cheffe-d’orchestre statufiée au bout de ma main. Et la musique continue ! D’une lenteur d’escargot, je me mets à leur niveau, j’avance mon visage pour détailler un peu plus ces petites bêtes qui ont une étrange allure. Je dis étrange allure, car au bout de leur tête toute gluante, il y a un petit bâton qui, dirait-on, donne de la musique, La musique, Cette musique ! Tous les escargots que je peux voir sont pourvu de cet étrange appendice musical. Ensemble, ils jouent cet air qui a attisé ma curiosité. De plus, une autre pair de cornes tient cet instrument que je qualifierais de minuscule trompette. On dirait que ces escargots ont des bras ! Je ne sais pas ce qui m’étonne le plus dans cette observation : le fait que des escargots jouent de la trompette, qu’ils ont des bras, ou qu’ils bercent l’arbre ? Ces petites bêtes font-elles partie intégrante de l’arbre ? Est-ce grâce à elles que le chêne semble si serein et plein de vigueur, même en hiver ? Mais alors, comment se fait-il que ce n’est qu’aujourd’hui seulement que je peux les entendre et les voir ?

Mystère.

Derrière moi, la pluie s’est remise à tomber. Les nuages ne forment plus qu’un amas grossier de couverture noire. Sans forme, tout lisse, uniforme, la chape de l’orage ne m’atteint pas. Je suis ailleurs, dans un autre univers que certains qualifient d’image in air.