Bavarde comme une pie, NANO J1

Nous ne sommes pas dimanche, mais en Belgique où je vis, c’est tout comme, c’est un jour férié. (fête des « morts »).

Et en ce premier jour de Nanowrimo, j’étais bien inspirée ! J’avais déjà atteint le nombre de mots recommandé – 1666 – avant de rentrer pleinement dans l’Histoire. J’ai d’abord dû, bien sûr, placer le personnage principal, mon héroïne. Et puis, tout s’est enchaîné : l’arrivée de la Pie bavarde, le premier jeu d’écriture choisi, un doute, une réflexion, une pause et c’est reparti. Reparti et terminé pour le premier chapitre avec 4293 mots. Ensuite, la crainte d’oublier l’idée, le lien pour aborder le chapitre deux et hop quelques 333 mots supplémentaires pour m’aider à bien démarrer demain matin.

Très contente et heureuse pour ce premier jour du défi.

Comme Chat GPT était « en panne » ce matin, j’ai demandé à l’Intelligence Artificielle de Word Press de générer une image pour l’article. Puis, je suis revenue à GPT et je préfère celle-ci :-)

J’ai tué mon voisin, jeu d’écriture

Comme promis, je vous partage un texte écrit en décembre 2022 à l’occasion d’un week-end d’écriture avec mon (notre) cher ami Stéphane Van Hoecke

C’était du temps où l’on pouvait encore faire des activités au Château du Sartay, à Embourg, à deux pas de chez moi. A présent, c’est privatisé et donc tout ça, c’est fini : ces rencontres, ses ateliers d’écriture et de contes me manquent déjà. Beaucoup.

Voilà donc mon texte avec la consigne, les consignes.

J’ai tué mon voisin. L’objet apporté doit se retrouver dans l’histoire. Expliquer le comment et pourquoi de ce meurtre.                      

Titre : Je n’ai rien vu venir

  • Maître Corbeau qui pêchait sur un arbre, …
  • Non ! Non ! Et non ! « Maître Corbeau sur un arbre perché tenait en son bec un fromage »
  • Oh ! ça va hein ! te fâche pas. Je recommence : « Maître Fromage sur un arbre perché tenait dans son bec un corbeau » Ha ! Ha ! Ha !
  • Dis, tu te fou de moi, là ? Sérieux ! Recommence et dans le bon ordre.
  • Pffff ! « Maître Corbeille sur un arbre perché, tenait dans son bec des groseilles. »
  • Vas-y, marre-toi ! Et tu sais quoi ? Puisque tu le prends ainsi, débrouille-toi tout seul ! Moi, je jette l’éponge. J’abandonne. Tu m’énerve !

Lui, c’est Joris, mon petit voisin de douze ans. Voisin dans la rue et voisin dans la classe. Oui, je sais, j’ai pas de bol ! C’est un Je-m’en-foutiste pas permis ! Doublé d’un égoïsme. Si le bonnet d’âne existait encore, il l’aurait en permanence sur sa tête. Je suis trop méchante… avec les ânes, je suis sûre qu’ils sont plus intelligents que ce bêta.

Je ne sais pas ce qui me retient de lui faire bouffer cette fable qu’on est censés connaître par cœur pour demain.

  • Attends Zoé ! Ne pars pas steuplait ! Me supplie-t-il en me retenant maladroitement par la manche. Promis, j’suis sérieux cette fois.
  • C’est la dernière fois que je t’écoute, si t’arrives pas à aligner la première partie sans faire le crétin, je la dirai toute seule cette fable et c’est moi qui aurai tous les points !

Joris ne dit plus rien, mais je suis sûre qu’il doit se moquer de moi. L’avantage, quand on est aveugle, c’est qu’on ne voit pas les grimaces, les insultes et les menaces faites avec les mains. Le gros inconvénient dans notre cas, c’est que parfois on ne sait pas éviter les coups, volontaires ou non.

Le silence est pire. On peut s’imaginer des tas de choses. En pire ou en mieux.

Après quelques secondes de silence mortel, où je me vois alternativement lui tordre le cou à ce voisin pas malin, et le pousser du balcon, Joris revient avec un paquet de chips. Je déteste les sachets de chips. Ce bruit est infernal pour mes oreilles sensibles. Pire que des acouphènes. Son désagréable, bruit irritant. Ça m’agace. Ça m’énerve.

« Je vais le tuer ! Je vais le tuer ! »

  • Maître Corbeau skrountch skrountch sur un arbre perché skrountch skrountch skrountch tenait dans un son bec skrountch skrountch un fromage. skrountch skrountch skrountch skrountch skrountch skrountch Maître Renard skrountch skrountch par l’odeur alléchée skrountch skrountch lui tint à peu près ce skrountch skrountch skrountch skrountch…

“Bordel de merde ! Pardon maman pour le gros mot, faites qu’il s’étouffe avec ses foutus chips. Ou je ne sais pas moi, qu’il avale de travers. Qu’il s’étouffe. Qu’il avale de travers. J’en sais rien moi, mais faites quelque chose pour qu’il se taise à jamais ! »

Je prie en silence, tout en tordant un coussin entre mes mains. Ah non ! Ce n’est pas un coussin. Trop mou. Le ballon du chien ? Son cartable ? Je devrais écouter maman. Je devrais toujours avoir une balle anti-stress avec moi. Pour malaxer. Pour me déstresser. Pour me calmer. Pour passer mes nerfs quelque part. Bon sang, c’est quoi ce truc que j’écrase depuis des plombes ?

  • Joris, c’est quoi ce truc que m’as donné pour m’apaiser ? Joris ! J’te cause. Joris ? Et mec, tu pourrais au moins répondre. Joris ! Réponds !

« Bordel de merde, pardon maman pour le gros mot, l’enfoiré, il s’est barré ! »

Zoé ne le voit pas, normal pour une non-voyante, mais elle vient de tuer son voisin de ses propres mains !

L’avantage quand on a ce handicap, c’est qu’on ne sera pas, enfin Zoé ne sera pas hantée par cette image horrible d’yeux exorbités, de bouche ouverte avec sa langue bleue qui dépasse et de bave qui a coulé sur le cou. Elle ne fera pas des cauchemars sur cette vision de meurtre à l’insu de son plein gré. Mais l’inconvénient dans ce cas-là, dans son cas, c’est qu’elle risque bien de ne plus jamais osé manger de chips.


Allez, pour le plaisir, je vous partage un autre texte, écrit en septembre 2021. Toujours au Château du Sartay. Toujours avec mon ami Stéphane. Toujours sur le thème « j’ai tué mon voisin ». Au préalable, il fallait apporter un objet de chez soi. On ne savait pas ce qu’on devait faire de cet objet. Et le voilà, héros malgré lui dans notre texte du jour.

J’ai tué mon voisin (ma voisine) et l’objet choisi aura une place dans cette histoire, va jouer un rôle…

Je le vois, lui, mon voisin. Il manipule un objet entre ses mains. Je le vois distinctement grâce à sa position, pile devant la fenêtre. Fenêtre dégagée, sans rideau ni tenture. Dans ses grosses paluches, il ouvre et écarte un livre. Un livre ? Non pas vraiment. Plutôt un carnet. Mais ! C’est ! MON ! Carnet ! Pas possible. Ce voisin, il maltraite MON carnet. Il l’écartèle. Il fait faire à la couverture le grand écart. Il tourne avec violence les pages. Et puis, et puis… Horreur ! Il mouille un doigt, son index jaune de gros fumeur qui pue, pour tourner une page !

Mon carnet, celui qui me suit régulièrement partout où je vais. Un carnet fait main, par un copain. Un carnet relié à la main, cousu avec amour, fabriqué pour moi (oui bon, pas rien que pour moi, car il vend ses carnets, mais c’est plus qu’un carnet, c’est un bel objet). Un papier choisi avec précision pour sa qualité ; sa couleur, pas trop blanche, sa matière pas trop glissante ni granuleuse, sa taille pas trop petite ni trop grande. Un carnet dans lequel je mets plein de citations positives, plein d’expressions que j’aime bien. Des mots et des images pour me donner du peps, pour augmenter ma confiance en moi, des mots qui m’accompagnent, qui me guident, qui me soutiennent. Des mots tout doux, tout lumineux, des mots réconfortants, que j’aime piocher par-ci par-là. C’est mon carnet. Mon trésor. Mon précieux.

Et d’abord, comment se fait-il que MON carnet soit entre SES mains ? Il me l’a volé. Sûrement ! Et moi, s’il y a bien une chose que je déteste, c’est le vol. Et les mensonges. Et la violence. Et… mon voisin.

Ce qu’il y a de bien, quand on écrit, c’est qu’on peut faire tout ce qu’on veut. Même tuer son voisin. Sans violence. Comme ça. D’un coup de baguette magique. Ou peut-être d’une incantation ? Une mort rapide, non douloureuse. Simple et efficace. Quand on écrit, on peut tout imaginer. Il n’y a pas de limite.

Et je peux vraiment faire tout ce que je veux. Tout ce que je veux avec ce voisin voleur. Ce voisin méchant. Ce voisin que je hais. Ce voisin qui m’énerve rien que parce qu’il est mon voisin. Et qu’il fume. Et qu’il a un beau chat. Un voisin pareil que je n’aime pas ne peut pas avoir de chat que j’aime. Car moi, j’aime les chats. Mais pas mon voisin.

Alors, que dire ? Que faire ? Ce voisin, il faut dire est âgé. D’habitude, j’aime bien les petits vieux. Mais pas tous. Mon voisin est vieux et je ne l’aime pas. Pourquoi ? Pour des tas de raisons. Pourquoi est-ce que je veux le tuer ? Pour des tas de raisons, mais surtout parce qu’il a volé mon carnet.

Ah ! Il se déplace. Il est tellement absorbé par mon carnet qu’il déshabille du regard, qu’il effeuille de ses gros doigts jaunes et goudronnés qu’il ne voit pas son chat. Oh ! Le chat, il est beau ! Une race à longs poils. Style Main Coon. Une femelle sûrement, car elle a trois couleurs. On les appelle des chats Isabelle ou écaille de tortue. Et cet adorable chat veut, là, maintenant, tout de suite, immédiatement, un câlin. Une attention. Une caresse. Et il fait ce que font tous les chats, il se frotte aux jambes de son maître, il se glisse entre ses pieds et boum, patatras, ce qui devait arriver, arriva ! A ma plus grande joie ! Le vieux, le voisin, il s’étale ! Paf ! Sa tête cogne le coin de la table basse du salon. Pile au bon endroit. Je crois pouvoir entendre le bruit de la boîte crânienne qui se fracture. CRAC ! Je m’imagine le sang gicler sur le carrelage impeccable. J’aime penser que le chat ne se rend pas compte de ce qu’il se passe. Et la brave bête continue à se frotter aux pieds de son maître.

Je me repasse cette scène dans ma tête à moi. Au ralenti. Et je souris.

D’une pensée, d’une seule, je demande au brave chat du voisin de bien vouloir me rapporter mon carnet.

  • Oui, tu peux le prendre dans ta gueule, mais ne serres pas trop fort ta mâchoire. Sur la couverture, il y a de petits points dorés. De petites traces de crocs ne se remarqueront pas, mais la bave laisse des traces. Donc vas-y. Prends le carnet qui traîne par terre et rapporte-le-moi s’il te plait.

On croit toujours que les chats, ça ne s’éduque pas. C’est faux.

  • La preuve. Merci brave petit chat. Au fait, si tu veux, tu peux venir loger chez moi. J’ai toute la place.

Les mots, les jeux de mots jusque dans mes songes

Pour mon anniversaire, mon petit papa m’a offert trois livres !

Je l’ai déjà raconté avant, il est rare que je commande ou réserve un livre dans une librairie. Ça m’arrive bien sûr, surtout quand je lis la chronique faite par des amies. Mais quand je rentre chez mon libraire, mes libraires, je sais que j’y vais sans aucune intention, mais que je ressors rarement les mains vides 😅

Et donc, vendredi passé, je me suis baladée avec mon petit papa. Nos pas nous ont invariablement conduits dans une grande librairie. J’ai bien encore quelques livres dans ma PAL, mais peu de romans et avec du mal à rentrer dans un bouquin qui me plaît d’emblée. Et puis, là, dans cette librairie, PAF ! trois livres coup de cœur.

J’ai commencé « Le cercle des amateurs de puzzle », de Samuel Burr, paru en grand format aux éditions Michel Lafon.

Pas déçue ! À dire vrai, je suis tellement dedans que la nuit dernière, j’ai rêvé que je participais à un atelier d’écriture où je jouais à écrire un lipogramme.

Qu’est-ce qu’un lipogramme ?

C’est une figure de style où on écrit un texte en omettant volontairement une lettre de l’alphabet (ou plusieurs).

Dans mon rêve, c’était la lettre « i » que je devais éviter.

Ce jour, je garde un bébé, un garçon d’un peu plus d’un an. En ce moment, l’adorable loulou dort malgré la tondeuse et le boucan des gens d’à côté : coupe d’arbres et d’autres végétaux. Malgré ça, aucun pleur en haut, aucune larme : rrron psshhhht. Avec un nez bouché et des dents en sortance, le bébé peut ronfler. Tant que le garçonnet dort, tout me va.

Bien sûr, ceci est un exemple, je ne me souviens plus des mots ou des phrases de mon rêve.

Notez, il est tout à fait normal que j’ai rêvé de ça avec ce livre et mes cogitations diurnes consacrées à l’écriture et à mon prochain atelier.

J’adore les jeux de mots, les expressions, les figures de style.

À vous de jouer : écrivez-moi un court texte, quelques phrases, sans la lettre « i ».

Amusez-vous bien 😊

J’adore ces métiers et fonctions

Et si vous héritiez d’un lointain parent riche ?

Lecture en cours : La mystérieuse bibliothèque de Blackwood Abbey, de Hester Fox.

1927, une jeune femme a perdu son père et son frère durant la guerre. Peu de temps après, sa mère la quitte à son tour des suites de La grippe. La voilà toute seule, sans argent ni travail. Pauvre, elle partage avec une amie un logement ridicule et qu’on qualifierait d’insalubre aujourd’hui.

Un jour, elle reçoit le courrier d’un notaire lui demandant de se rendre à son étude dans le cadre d’une succession. Elle s’y rend avec la ferme intention de faire comprendre qu’il y a dû y avoir erreur sur la personne. Devant le notaire, la jeune femme réalise qu’il n’y a point de malentendu, elle est l’unique héritière d’un lointain cousin de son défunt père. La voilà désormais devenue riche. Sans connaître les détails du testament de ce lord, la jeune femme se voit obligée de déménager pour aller vivre dans cette abbaye, en pleine campagne, à l’autre bout de l’Angleterre.

Que feriez-vous si vous apprenez être l’unique héritière, l’unique héritier d’un lointain et riche cousin ?

Mon histoire (ma version)

Année 2024

Aujourd’hui, j’ai reçu l’email d’un notaire. Un lointain cousin de mon grand-père paternel me lègue sa fortune. Je ne connais pas ce lointain cousin, comme je ne connais pas mon grand-père paternel. D’ailleurs, je ne connais aucun de mes quatre grands-parents. C’est dommage. C’est tant mieux. Les avis divergent. Moi, je vis au présent et je m’y suis habituée.

Au présent, un présent, un cadeau, une surprise. D’habitude, je n’aime pas les cadeaux, mais j’adore les surprises. Celle-ci est de taille. Pourquoi moi ? Pourquoi pas mon frère, qui est mon aîné. Pourquoi pas nous deux ? Je l’ignore. J’aurai sans doute réponse à certaines de mes questions si je réponds au notaire.

Si j’accepte l’héritage, j’accepte aussi les dettes. Mais je suppose que cela serait mentionné. Je relis l’email. Il est bref. Il m’invite juste à prendre contact avec le notaire et à venir sur place, dans son étude, à cinquante kilomètres de mon domicile, pour la lecture du testament. Et les détails de l’héritage.

Ma première réaction, quand même, a été de chercher sur le net ce lointain parent. Je veux en savoir plus sur lui, même s’il n’est plus de ce monde. Hélas, je n’ai rien trouvé. Il est décédé à l’âge respectable de 98 ans. J’espère pouvoir vivre jusque là, sans souffrance ou maladie grave.

J’habite en Belgique. C’est un petit pays. J’avoue ne jamais avoir été plus curieuse que ça concernant ma famille. Il faut dire que les histoires d’enfance de mes deux parents ne sont pas joyeuses et cela ne m’encourageait guère à faire des recherches. La donne a changé. J’ai, quelque part, des membres de « ma » famille qui sont près de moi point de vue géographique. Près de moi et riches si j’en crois le message du notaire. J’ai en effet la faculté de savoir lire entre les lignes, même dans les messages électroniques, même quand ceux-ci sont aussi bref que ces cinq phrases, formule de politesse incluse.

N’étant pas née avec une cuillère d’argent en bouche, j’ai dû, tout comme mes parents et mon frère, faire mes preuves dans le monde du travail pour pouvoir toucher un salaire. Pas de bol pour moi, je suis attirée par les jobs sociaux; il n’y a jamais d’argent dans ce domaine. Je travaille à temps plein et je touche à peine plus que le chômage. J’ai de quoi payer le loyer, les factures indispensables et me nourrir deux, parfois trois fois par jour. Heureusement que mes loisirs sont modestes et que je n’ai pas besoin de grand-chose pour m’épanouir personnellement.

Que vais-je bien pouvoir faire avec cet héritage tombé du ciel ? Je ne sais pas, pas encore, combien exactement je vais toucher. J’adore faire des listes. Alors, je m’imagine des montants, d’abord petits puis de plus en plus grands. Sous chaque chiffre, une liste en sept points. Parce que le chiffre 7 est mon préféré, mon porte-bonheur.

Pas de bol. Si je ne manque pas d’imagination quand j’écris des histoires pour les enfants, j’ai de grosses lacunes quand il s’agit de me projeter et de « demander » des choses : cadeaux, objets, lieux de vacances, bijoux, … ça ne m’intéresse pas trop. Je n’ai jamais osé m’imaginer espérer beaucoup, par crainte de tomber de haut, d’essuyer des déceptions en série. Mais, mais, il y a quand même bien quelque chose qui fait partie de mes rêves. Un rêve d’enfant on peut dire. Un rêve qui continue à nourrir mes songes certaines nuits paisibles. Une maison. Avoir une maison à moi, loin d’une grande ville. Une maison isolée, avec jardin, arbres fruitiers et espace potager. Une maison pas très grande, mais avec un espace bureau avec plein de vitres. Une véranda qui donnerait sur une forêt ou sur la partie la plus sauvage du jardin.

D’une main tremblante, j’écris dans mon carnet de projets. Sur cette nouvelle page consacrée à cet héritage mystérieux. Sous un point d’interrogation suivi du sigle de l’Euro, je trace :

  • propriétaire d’une maison 4 façades avec jardin et véranda, à la campagne

Mon stylo plume glisse sur le papier lisse. Je m’applique à bien écrire. Puis, je me mets à rêver. Je fais un plan un peu bancal, car je n’ai ni les notions de perspectives ni le compas dans l’oeil, je place ma chambre, la cuisine avec tout son équipement, la salle d’eau, une bibliothèque et bien sûr, mon bureau. Mon bureau dans la véranda. Je ne suis pas très douée en dessin, mais me projeter dans ce rêve me fait sourire. Je ne pense à rien d’autres.

Une demi-heure plus tard, je réponds au notaire par email. Je serai là au rendez-vous proposé. C’est dans dix jours. Un mardi matin, à 10h30.

Ma vie est tracée, presque au millimètre. Elle se joue comme du papier à musique. J’ai mes rituels, mes habitudes, mon train-train quotidien parsemé de quelques imprévus non méchants.

Les dix jours passent vite. Je m’apprête quand même avec un peu de soin pour mon rendez-vous. Je remonte ma montre mécanique que je ne porte que trop rarement, cadeau de mon amoureux. Aujourd’hui, il fait gris. Dehors, le ciel est menaçant. J’ai donc mis un bracelet gris souris. Et j’ai adapté mes vêtements à ce ton grisonnant. Pantalon noir, chemisier gris avec un col blanc, petite veste grise, chaussures simples, sans talons, confortables, noires. Je ne mets pas de bijou, la montre est l’exception. Je pars bien tôt, histoire de prévoir les embouteillages et le parking rare ou éloigné. J’ai pris mon parapluie coloré. Pour faire un pied de nez au ciel chargé.

Il est 10h15 quand je sonne à l’étude. L’ouverture automatique de la porte me saisit par son bruit métallique, presque agressif. La secrétaire m’indique la salle d’attente. J’aime lire, aussi je regarde la bibliothèque et lis chaque titre qui passe sous mon regard curieux. Quand j’en ai fait le tour, je m’assieds. Face à la porte. Je ne tourne jamais le dos à une porte ou à une fenêtre. A l’heure pile, enfin à la demie tapante de dix heures, le notaire vient me chercher. Après les formules de politesse habituelle, il me tend une enveloppe. C’est la copie du testament de mon lointain parent. Il en fait la lecture à voix haute. Je ne dois pas l’interrompre, j’aurai tout le loisir de poser toutes les questions que je veux, juste après. Le testament est long ! Il doit faire deux pages, recto verso. Il a été écrit entièrement à la main. On parle d’un testament olographe. Il est valable et ne doit pas être nécessairement enregistré chez un notaire, même si c’est quand même plus sûr. S’il est daté et signé, il est valable.

Le temps s’écoule sans me rendre des comptes. Il passe comme d’habitude, ni plus vite ni moins vite. Je le trouve lent quand il s’agit de blabla qui ne m’intéresse pas, je le trouve rapide quand je comprends que les passages cités me concernent.

Je peux suivre le testament sur la copie que j’ai reçue. Ainsi, si je ne saisis pas bien un mot, je peux tâcher de le déchiffrer dans le papier tremblant entre mes mains. Je ne dois rien déchiffrer. L’écriture est parfaitement lisible. Une écriture que j’aime, que j’admire. Avec des barres montantes droites, des boucles descendantes parfaitement équilibrées, ni trop grandes ni trop serrées. Aucune fioriture. Une écriture que j’aimerais bien avoir.

Je n’ose pas lire trop loin. Je n’ose pas m’arrêter sur un mot qui a déjà été prononcé. J’avance au rythme de la voix grave et sûre du notaire.

Je ne toucherai pas un euro. Pas un centime. Non. Mais j’hérite de la maison de vacances. Elle est toute pour moi. Entièrement pour moi. Rien qu’à moi.

– Ce n’est qu’un petit cottage, plutôt un chalet, à la mer du Nord, mais il a tout son charme. Personne ne le veut pour la simple raison que la famille proche estime que cette cabane ne vaut pas un clou. Ce sont leurs paroles, pas la mienne. C’est le petit-fils de Léonard qui s’est amusé à faire des recherches sur la famille éloignée. Il est passionné d’histoire et de généalogie et s’il déteste l’air marin, il s’est dit qu’il trouverait peut-être quelqu’un à qui faire plaisir. Et il vous a trouvé ! N’est-ce pas formidable ?

Je ne peux retenir mes larmes. Je vais avoir une maison. Une petite maison rien qu’à moi, rien que pour moi. La mer, ce n’est pas la campagne, mais la mer, je m’y rends au moins deux fois par an pour me ressourcer par l’iode. Un long week-end et une semaine pour me relaxer. Je veux me pincer pour être certaine que ce que je vis là en cet instant est bien la réalité. Je ne serai sûrement pas la première à faire ce geste d’auto-agression, le notaire doit en avoir l’habitude.

– La seule obligation, si vous acceptez cet héritage, est que vous habitiez le cottage. Que vous en fassiez votre résidence principale.

« Tout de suite ! Je signe où ? Quand puis-je emménager ? »

Tout le reste n’a plus d’importance. Je n’entends pas vraiment les avertissements ni les conseils du gentil notaire. J’ai déjà replié la copie du testament et l’ai glissée dans son enveloppe. Je signe l’acte, je hoche de la tête avec un sourire béat sur les lèvres. Je suis sur et dans un petit nuage. Je me sens légère. Je me sens heureuse. Je suis heureuse.

De retour chez moi, je n’ai cesse de m’imaginer ma prochaine vie. Ma nouvelle vie. Puis, petit à petit, la réalité revient à moi. Habiter à la mer du nord. Déménager. Démissionner. Changer de travail. Trouver un nouveau travail. Et mes chats ? Et mes enfants. Et mon amoureux ? Qu’en faire. Que faire ? Les emmener ? Leur faire aussi changer de vie. Changer d’école. Changer d’avenir ?Tout à coup, cette joyeuse perspective d’être propriétaire d’un petit cottage à la mer a comme un goût amer. Acide. Brûlant. Angoissant.

Incipit début de roman

Nouvelle lecture en cours : Les histoires de Kaede, de Masateru Konishi

La première phrase explique déjà la présence du félin coloré de la couverture.

Sans aller lire le résumé ou les avis de lecture sur ce livre, je vous invite à poursuivre ce début d’histoire.

Amusez-vous bien.

Un tigre bleu est entré ce matin, annonça grand-père.

Objectif atteint !

Ce samedi matin, j’ai atteint l’objectif principal que je m’étais fixé pour le défi d’écriture : 30 K

Je crois que c’est le jour où j’ai le moins écrit, moins de 500 mots (480). Mais ce n’est pas grave, car j’ai atteint cet objectif. J’ai gagné ! J’ai été jusqu’au bout ! J’y suis arrivée !

L’un des autres objectifs était d’écrire 500 mots tous les jours, minimum. Jusqu’ici, j’ai aussi rempli à bien cet objectif. Le dernier : écrire tous les jours du mois d’avril, n’est pas encore atteint puisque nous ne sommes pas encore à la fin du mois.

Je vais donc profiter de ces dix jours suivant pour relire, corriger, adapter, peaufiner mon texte.

Et après ? Vous le découvrirez bien assez tôt :-)

J’ai des pouvoirs

J’aime cette citation du Bouddha :

Les mots ont le pouvoir de détruire ou de soigner, lorsqu’ils sont justes et généreux, ils peuvent changer le monde.

J’ai terminé mon histoire Nano. Oui ! Et pourtant, je ne suis pas entièrement contente. Non pas, parce que je suis à moins de 500 mots des 30.000 souhaités, car je sais qu’en relisant, je vais pouvoir combler ce trou et atteindre cet objectif, mais parce que la fin me laisse sur ma faim.

J’ai découvert que j’avais des pouvoirs. Ou plutôt, les mots ont des pouvoirs. Mais ça, ce n’est pas nouveau. L’histoire a pris plusieurs chemins détournés pour arrivé à sa fin. Des scènes inédites, des coups de théâtres, des personnages qui se jouent en solo… Grâce à mon super pouvoir sur les mots, j’ai construit une histoire fictive, basée sur des faits réels, sur des gens réels. La sauce a bien pris. L’histoire, je crois, est plausible du début, à la fin. Non seulement, j’ai écrit tous les jours, jusqu’ici, mais je suis parvenue à travailler sur la longueur, sur la durée pour à la fin, avoir une nouvelle bien ficelée.

La fin est, comme d’habitude pour moi, un peu trop rapide, trop brusque. J’ai encore quelques jours pour relire tout ça et surtout retravailler la fin. Mais en attendant, je savoure ma victoire. Ma réussite ! J’ai atteint les objectifs que je m’étais fixés et j’en suis tellement fière !

J’ai eu ce super pouvoir de vie et de mort sur mes personnages. Même si certains ont pris quelques libertés dans leurs dialogues, expressions, comportements, c’est quand même moi qui leur ai donné vie et… mort pour le méchant. Bah oui, il a été tellement méchant qu’il fallait qu’il meurt. Dans un stupide accident de voiture. Bien fait pour lui ! Les mots ont changé mon monde imaginaire ! Mais les mots peuvent aussi changer Votre Monde. Le Nôtre. Le Vrai.

La fin est telle que celle-ci laisse la porte ouverte à une suite ou à une deuxième nouvelle. Mais là, maintenant, à 7h, je ne suis pas sûre de vouloir déjà me replonger dans une nouvelle folie d’écriture :-)