Deuxième jeu pour Devenir Ecrivain. But de ce jeu : faire un lipogramme en o (ne pas mettre de lettre « o » dans tout le texte) à partir du conte bien connu du Petit Chaperon Rouge. Pour ne pas « juste changer » quelques mots, je me suis amusée à garder le fond de l’histoire mais en changeant pas mal de choses… à vous de me dire si cela vous plaît ou non. Dans tous les cas, je me suis bien amusée, c’est la première fois que je fais un lipogramme !
Il était un matin…
Une petite taupe, que j’appelais Taupi-Taupa parce que j’aimais bien ça, se baladait dans un jardin. Elle habitait la campagne ; elle aimait cela car il y avait des grands espaces et de belles superficies de terre qu’elle creusait avec énergie et entrain…
Taupi-Taupa avait une grand-mère très âgée qui vivait seule dans le champ du fermier, à dix minutes à pattes de chez elle.
Fin de matinée, la maman de Taupi-Taupa lui dit :
– Ta grand-mère se fait vieille, très vieille, elle devient aveugle. Je lui ai fabriqué cette paire de lunettes ainsi que cette mini-canne rétractable. Tu veux être gentille et lui faire un prix ?
– Bien sûr maman ! dit la petite taupe, ravie d’aider sa grand-mère.
– Mais ne quitte pas le chemin des haies, papa a vu le chat gris se balader près d’ici.
– Ne t’inquiète pas maman, je ferai très gaffe.
Taupi-Taupa jura de se méfier du chat puis, très heureuse, prit le petit panier avec dedans les lunettes et la mini-canne rétractable.
– Ne traîne pas en chemin, ne bavarde pas avec le cheval, ni avec les fleurs ni même avec le vent, et reviens avant la nuit, l’averti sa maman.
La jeune taupe lui fit un gigantesque baiser humide sur le nez et partit en sautillant gauchement.
Mais, près de là, le vilain félin faisait les cent pas dans le champ. Brusquement, il vit l’enfant-taupe.
– Miam, miam, j’ai de la chance, dit-il en salivant.
Le chat se lécha les babines en pensant au succulent dîner qu’il allait manger.
« Mais pas ici, la grand-mère risquerait d’entendre les petits cris plaintifs », pense-t-il.
Il se planta devant Taupi-Taupa.
– Salut ! lui dit-il.
La petite taupe se mit à trembler en apercevant le prédateur, mais celui-ci reprit calmement :
– Qui es-tu ?
– Je m’appelle Taupi-Taupa, dit-elle sur ses gardes.
– Et tu te balades seule, sans papa, sans maman ? demande-t-il très gentiment afin de la mettre à l’aise.
– Cela ne te regarde pas ! se défendit-elle vivement. Tu prends tes désirs pour la réalité… si tu penses que je vais te dire que je vais chez ma grand-mère tu te mets la griffe dans le nez ! lui crache-t-elle en pleine figure (mais la petite taupe n’est vraiment pas très à l’aise, elle espère qu’en criant, il va piger qu’elle ne va pas se laisser faire)
Le félin rit en silence. Il sait le chemin le plus rapide qui mène jusqu’au terrier de la grand-mère. Il lui lance un défi :
– Tu veux faire un jeu ? Celui qui arrive en premier chez ta grand-mère gagne une friandise. Qu’en dis-tu ?
Taupi-Taupa, qui en est très friande, a une idée derrière la tête : creuser et éviter de rencontrer les arbres qui peuvent la ralentir…
Elle relève le défi :
– Que le meilleur gagne, ricane-t-elle en creusant la terre.
La taupe a beau être très intelligente, elle est plus lente que le chat qui file à la vitesse de l’éclair. Il est vraiment supercat !
Ce dernier arrive chez la grand-mère rapidement. Il se faufile dans le terrier qui est vachement petit, saute sur la pauvre vielle taupe qui n’a le temps de rien distinguer, lui griffe si méchamment le derrière que la grand-mère prend les pattes à sa nuque et se réfugie dans sa cachette préférée : la cave à vins de l’humain, pratiquement entièrement immergée d’eau de pluie.
« Celui qui ne sait pas que les chats détestent l’eau, est un imbécile », pense la vieille taupe en priant afin que ce vilain Pacha ne la chasse pas davantage.
Aveugle et apeurée, la grand-mère ne dit plus rien. Elle chante dans sa tête, espérant que le chat, s’il la cherche jusqu’ici, se perde dans l’immensité de l’eau stagnante !
Taupi-Taupa arrive ensuite, haletante et de la terre pleine les griffes. Naïvement, elle s’imagine être la première. Ne prenant pas la peine d’enlever les crasses qu’elle a dans ses yeux fragiles, elle avance, tête la première, dans le piège.
Quand sa patte caresse le dessus de la tête du chat, elle s’écrie :
– Aw ! Grand-mère, que tu as de grands rei-reilles !
– Je t’entends mieux ainsi, dit le chat avec sa gueule béante.
La jeune taupe avance un peu et s’exclame ensuite :
– Diable ! Que tu as de grands yeux ! Je n’en reviens pas.
– Je suis devenue aveugle, chère enfant. J’ai beau écarquiller mes mirettes, je ne discerne plus une seule miette, dit le vilain félin prêt à refermer sa gueule sur sa victime.
– Dis, j’hallucine ? Tu parles bien bizarrement…
– En effet, ma délicieuse petite, je suis devenue allergique, j’ai un très vilain rhume.
A présent, Taupi-Taupa est à un millimètre des dents. Le museau de la taupe atteint l’extrémité d’une canine du chat.
Pic !
– Aïe ! As-tu limé tes dents, mère grand ? demanda-t-elle en mettant une patte sur son museau blessé.
MIAAAW, lance le chat dans un cri de guerre. Je veux te manger, je VAIS te manger…. Miam miam… ah ah ah !
Clac ! Il referme sa gueule sur … de la terre !
Heureusement que l’enfant des humains est arrivé à temps. Sans cela, la pauvre Taupi-Taupa ne serait plus de ce jardin.
Pendant que le malheureux Pacha se fait câliner, caresser et trimbaler la tête à l’envers par le petit enfant, Taupi-Taupa essuya sa peur et alla chercher sa grand-mère réfugiée dans la cave.
Dans cet unique refuge des taupes malmenées, Taupi-Taupa fit jaillir les lunettes et la mini-canne fabriquées par sa maman.
– Fichtre ! dit la grand-mère en mettant les lunettes sur le nez, une canne multi-tâches !
– Et elle s’illumine même si tu le lui demande… maman exige dix vers de terre, c’est un sacré travail tu sais.
– Dix ? J’suis de la famille, elle devrait diminuer le tarif ! râle-t-elle un peu.
– J’ai quand même failli me faire manger, j’ai aussi risqué ma vie, cela en vaut bien la peine, n’est-ce pas grand-mère ?
– Vu ainsi, je suis du même avis…