Une biche dans ma rue !

Pour tout comprendre, pour me comprendre, il vous faudra lire un premier texte. Puis écouter une méditation. Enfin vous pourrez poursuivre votre lecture ici.

1°) Un texte écrit d’une traite à lire sur Atramenta, là.

2°) Au même endroit, en bas, dans un bandeau gris foncé, vous pourrez écouter un texte de méditation sur cette apparition ! Une première version audio, différente du texte original.

Quand l’inspiration est là, on l’écoute et on ne l’arrête pas en plein élan. Même si l’élan est doux, majestueux et précieux.

3°) Deux heures après, j’étais toujours là, comme figée dans le temps… Mon esprit parti avec la biche.

Je suis encore en pyjama.
Le soleil est déjà monté,
les enfants sont partis, les portes se sont refermées,
la journée a commencé sans moi.

Mais moi, je suis restée là.
Figée.
Pas vraiment dans le présent, pas encore dans l’action.
Je flotte.
Je suis restée suspendue à cette image.
Cette biche.
Cette apparition.

Elle est entrée dans ma vie comme dans un rêve.
Au milieu de la rue,
sur l’asphalte froid d’avant l’aube,
la grâce en mouvement lent.
Et depuis, tout s’est arrêté.

Il y a eu un battement.
Un seul.
Et depuis, rien ne bat plus pareil.

Je suis là, les cheveux en bataille,
l’odeur du thé froid,
le chat roulé contre moi.
Et je n’arrive pas à me détacher.
Comme si mon corps était resté à la fenêtre,
à guetter un autre miracle.

Je devrais me lever.
Me laver.
Remettre le monde à l’endroit.
Mais je suis devenue un peu biche moi aussi.
Silencieuse.
Fuyante.
Vigilante.
Habitée par quelque chose d’ancien.

Je me sens animale.
Vivante d’un vivant brut, primitif, vibrant.
Je suis nature.
Je suis branche, je suis souffle,
je suis la tension d’un muscle prêt à bondir,
je suis cette robe fine posée sur les os,
je suis regard dans la nuit.

Cette image m’a élue.
Elle ne me quitte plus.
Elle m’a dit quelque chose sans parler.
Elle m’a nommée, peut-être.
Elle m’a rendue au monde.
Différemment.

Et tant pis pour la douche.
Aujourd’hui, je suis biche.

Poème matinal d’un nez bouché

Première version

Quel embouteillage !
Dans mon nez,
C’est complètement bouché,
La nuit, j’enrage !

Quel embouteillage !
Tous les tunnels sont fermés
Ça claxonne sans se gêner,
La nuit, j’enrage !

Sans lumière ni aération
Me faudrait un tire-bouchon
Ou l’air, un autre chemin
Doit suivre son destin
Trouver une autre voie
Braver les interdits, contourner la loi

La bouche d’entrée
D’habitude, toujours fermée
La forcer, la coincer,
L’obliger à s’ouvrir
Et tenir la pose, sans rire.
Un vrai délire !

Quel embouteillage !
De l’air, de l’air à trouver,
Voie sans issue, tout est bouché,
La nuit, j’enrage !

Quel embouteillage !
Dans les tunnels de mon nez
J’aspire, le matin, à me lever
Pour respirer une nouvelle journée.

Deuxième version

Quel embouteillage !
Dans mon nez,
C’est bouché, complet,
La nuit, j’enrage !

Quel embouteillage !
Tous les tunnels fermés,
Ça klaxonne, ça n’arrête pas,
La nuit, j’enrage !

Pas de lumière, pas d’air,
Un tire-bouchon ?
Ou bien l’air qui doit changer de voie,
Franchir les interdits, défier la loi.

La bouche d’entrée,
D’habitude fermée,
Il faut la forcer, la coincer,
La pousser à s’ouvrir,
Et tenir sans rire,
Un vrai délire !

Quel embouteillage !
De l’air, il me faut de l’air,
Pas de sortie, tout est bouché,
La nuit, j’enrage !

Quel embouteillage !
Dans mes tunnels de nez,
J’aspire à respirer,
Pour attaquer une nouvelle journée.