Murmures de légumes

Pour les Impromptus Littéraires, j’ai participé avec ce petit texte.

Le fermier s’arrête et prête une oreille attentive aux murmures de ses légumes.

La carotte se plaint d’être aussi petite qu’une crotte de lapin.

Le poireau gazouille comme un oiseau fripouille.

Et la pomme de terre, elle, tire la tête d’un air sévère.

Le fermier veut les arracher délicatement pour une potée raffinée, mais là, il hésite à les entendre gémir de la sorte.

–          Si vous continuez ainsi, dit le fermier, comment voulez-vous faire partie des grands goûts sélectionnés ? Que dirait mon aîné en vous dégustant ? Il se métrait peut-être à pépier ou pire, il tirerait une tronche jusque par terre ! Cela serait d’ailleurs bien le comble, pour une patate comme lui. Cela dit, la carotte, tu as tes chances avec ma femme. Elle qui plaint d’être « dérangée », elle serait peut-être doublement constipée avec un légume de ta taille : crotte de carotte.

Que dites-vous ? Et le chou ? Il est aussi fou que vous, il ne sait que sauter sur mes genoux, se parer de ses plus beaux bijoux, et jeter pleins de cailloux à ce pauvre hibou qui se bat avec ses poux.

Ah, les légumes, ils ne sont plus ce qu’ils étaient !

 

La languite aiguë pour les Impromptus littéraires

Pour les impromptus littéraires, on doit cette semaine imaginer une nouvelle maladie, la décrire, mentionner ses symptômes, notifiez sa venue, sa contagiosité, son remède, etc.  Je suis partie d’une maladie tout à fait réelle, une véritable épidémie en ce moment, que mon petit garçon a attrapé sans doute à l’école : la grippe.

La languite aiguë

–          Docteur, j’ai mal à la langue !

–          Faites-moi voir ça, ouvrez bien grande la bouche et tirez la langue.

Le spécialiste du nez, de la gorge et des oreilles examine la langue de sa patiente. D’un air sûr, sa petite lampe-loupe encore dans sa main, il lui dit :

–          J’ai bien peur madame, que vous ayez attrapé la languite aiguë.

–          La quoi ?

La patiente, mère de quatre enfants, n’a jamais entendu parler de cette maladie. Elle demande des explications, comment ça s’attrape, si c’est contagieux, si ça se soigne, et si oui, comment et en combien de temps, etc.

–          Cette maladie, pas très méchante, se rencontre surtout chez les mamans, les papas et les grands-parents qui gardent souvent leurs petits-enfants. Les métiers d’institutrice maternelle, de puéricultrice et de conteurs sont aussi régulièrement touchés. Vous devez raconter trop d’histoires à vos enfants. Trop en trop peu de temps. Votre langue est lourde, gonflée, fatiguée ; elle n’en peut plus. Elle souffre d’une inflammation locale. Il faut la reposer quelques temps.

–          Ah bon ! Mais pourtant, cela fait des années que je raconte des histoires à mes enfants, pourquoi ai-je ça maintenant ?

–          Il y a du avoir un changement dans la fréquence, non ?

La patiente se tait, et réfléchit.

–          Un enfant malade peut-être ? suggère le médecin.

–          Oui ! Mon petit dernier a la grippe ! Il est couché toute la journée au lit, il ne veut pas jouer et réclame des histoires du matin au soir, du soir au matin ! Ce week-end, je n’ai fait que ça !

–          Et bien voilà ! Il ne faut pas chercher plus loin.

Soulagée d’avoir trouvé ce qui est à l’origine de sa maladie, elle demande quand même :

–          Est-ce qu’il y a un remède ? Combien de temps cela va-t-il durer ?

–          Je ne peux que vous conseiller du repos, et de boire beaucoup. Un de mes confrères préconise le prêt d’un livre numérique amélioré, vous savez, celui avec lequel même les enfants qui ne savent pas encore lire, peuvent se débrouiller pour écouter et suivre une histoire animée ? Pour ma part, je n’ai jamais essayé, mais je peux vous prescrire une histoire à lire, une fois par jour, le soir après le repas, de préférence juste avant le coucher.

–          Une seule histoire par jour ? Mais comment je vais faire pour satisfaire tout le monde ?

–          Laissez l’aînée prendre la relève de temps en temps… En plus, cela lui fera un bon exercice de lecture, non ?

–          Oui, vous avez sans doute raison.

–          Courage, d’ici une petite semaine, votre langue devrait se délier, et vous pourrez à nouveau raconter plein d’histoires… mais comme toute bonne chose, il ne faut pas en abuser.

Lipogramme T

Je participe pour la 1ère fois aux Impromptus Littéraires. Pour ce jeu, il faut écrire un texte sans la lettre « T ».

Programme de la journée

 Aujourd’hui, nous sommes dimanche. A la mi-janvier, l’hiver commence enfin. Le froid arrive avec zéro degré au réveil. Je me demande s’il a neigé quand je dormais. Le soleil a encore ses yeux clos; dans la maison, le noir ainsi que le silence domine à six heures à peine. Au pays des rêves, nage encore un nuage d’images, dans ce nuage, l’imaginaire de mon homme, de ma fille, de mon fils.

Au programme de la journée : luge s’il a neigé, vélo en cas d’absence de flocons, piscine envisagée aussi. Rien de sûr, on verra bien quand le nez sera dehors, quand la maison s’éveillera.

Un mini dodo sur le coup de midi, peu après avoir mangé, pour couper la journée en deux, pour laisser papa, maman, souffler un peu, récupérer leur énergie. La jeunesse, les moins de dix ans, n’éprouve plus ce besoin de se reposer.

L’après-midi se consacre aux quelques devoirs pour l’une, à des séances de jeux divers pour le frère. Un en-cas sur le coup de seize heures, puis on avisera selon l’humeur.

Demain, il y a école. Le soir, après le bain, on soupe (ou dîne pour les français), puis maman lira un livre dans une des deux chambres des loulous, au calme, papa viendra faire des bisous, après l’heure de fermer les paupières sonnera.

Bon voyage au pays des rêves, le pays de l’imaginaire.