La petite fureur

La petite fureur, c’est un petit concours pour les enfants âgés de 3 à 13 ans, oui, même les tout petits peuvent y participer. La fureur de lire organise ce concours depuis 16 ans je crois. Le but est d’amener les enfants à prolonger la lecture d’un livre (album ou roman) grâce à une création artistique : chanson, poème, histoire, enregistrement de son, dessin, collage, film,… tout est permis sauf une création en 3D.

Parmi un certain nombre de livres sélectionnés par la Fédération Wallonie-Bruxelles, les enfants font part de leur coup de cœur pour ces auteurs et illustrateurs belges.

l amour est n importe quoiCette année, l’école de notre fille a participé à ce très chouette événement en faisant la promotion du livre « L’amour, c’est n’importe quoi », de Mathieu Pierloot, publié à l’école des loisirs, coll. Neuf. Les mises en scènes imaginées par sa classe ont été décliné dans 3 langages différents : le langage familier (image 1), le langage soutenu (image 2) et le langage courant (image 3). Une mini pièce de théâtre dans lequel ma puce est rentré dans la peau de la mère de Sacha (Sacha est le personnage principal du livre, un enfant de 11 ans). Ce livre, je ne l’ai pas lu, mais notre fille oui, elle l’a lu, relu, décortiqué avec sa classe :-)  L’auteur, Mathieu Pierloot, est aussi instituteur. « L’amour, c’est n’importe quoi », est son 1er roman jeunesse, et on peut dire que c’est une belle réussite. Ma fille n’a cessé de nous en parler pour ce projet. Grâce à ce qu’ils en ont fait, elle s’est éclatée à découvrir les différentes sortes de langage, et a travaillé sur ce roman pour pouvoir s’imprégner du rôle de la mère, mais aussi des autres car elle adore faire vivre une histoire !

La remise des prix était ce samedi 30 avril à la bibliothèque royale de Bruxelles. Nous y sommes allés bien sûr, car notre fille était tellement enthousiaste à ce projet et elle adore jouer une scène même si sa timidité est un petit frein à son expression quand elle ne connaît pas les gens.

Chaque auteur qui a gagné à cette petite fureur (6 pour la tranche des 9-13 ans), a présenté son livre, a dit un petit mot sur l’origine de l’histoire et a remercié les enfants et leurs instituteurs/trices pour leur bel imaginaire. Ensuite, nous avons pu écouter, regarder, admirer les projets des différentes écoles qui ont pu participer-et gagner-à ce concours. Malheureusement, cette année, sa classe n’a pas été invitée à présenter sur la scène leur projet, mais un extrait a été lu par 2 personnes (ça donnait moins bien :-(  ) pourtant, l’institutrice avait préparé les enfants et notre fille était « au taquet »  :-)

Mais cela nous a permis également d’acheter deux livres et de les faire dédicacer par leurs auteurs. Je vous parlerai dans d’autres billets séparés de ces 2 autres auteurs (1 pour lequel il faudra un peu attendre car c’est un gros roman que ma fille n’a pas encore lu) que nous avons rencontré ce jour-là.

IMAGE 1 : le langage familier

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IMAGE 2 : le langage soutenu

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IMAGE 3 : le langage courant

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écriture créative par correspondance, mes textes

Voilà, je vous mets ici mes petits devoirs sympathiques que je dois faire dans le cadre de mes cours d’écriture créative par correspondance de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Devoir 1 de la série 1.

Je dis … et …

Je dis :             neige, et les flocons recouvrent bientôt mon balcon d’un froid duvet blanc.

Je dis :             blanc, et son visage pâle est le témoin de sa fièvre qui grimpe soudain et qui fait trembler ses lèvres.

Je dis :             lèvres, et je lis les mots qui se forment sur sa bouche, qui racontent une histoire, comme dans un livre.

Je dis :             livre, et dans de multiples histoires, je m’évade dans ces voyages dont je ne cesse de me régaler tous les soirs.

Je dis :             soirs, et mes paupières se ferment doucement et rejoignent la frontière des rêves.

Je dis :             rêves, et bientôt, je m’endormirai pour rejoindre une vie remplie de mille aventures, tantôt réelles, tantôt loufoques.

Le pic de la migraine, concours Crescendo

Grâce à la non-sélection de mon texte pour le concours de la Fédération Wallonie-Bruxelles, je peux vous présenter dès à présent ma nouvelle   :-)  un peu auto-biographique, donc mauvaise « technique » d’écriture

 

Lucie, souffrant de migraines chroniques, a déménagé depuis peu dans un paisible village à proximité de la forêt. Elle se sent mieux. Les klaxons des voitures dans sa rue ne la réveillent plus puisque ici, dans son hameau où vivent cent quatre-vingt-huit habitants, les gens ne se bousculent pas ; ils sont plus patients et moins nerveux.

Dans la rue des Pics, il n’y a pas d’embouteillage, car l’endroit est calme et dépourvu de routes rapides et autres chemins de circulations bruyants et malodorants.

Lucie ne connaît pas encore celui qui va être à l’origine de nouvelles et violentes migraines !

Lucie, quarante-cinq ans, a profité de cette migration tant désirée depuis des années pour se réorienter professionnellement. Voilà dix-sept ans qu’elle travaillait dans un magasin bourré de bruits insupportables. Elle n’en pouvait plus des brouhahas des clients, des cris des enfants… alors, elle s’est lancée comme formatrice du silence, en free-lance. Elle aménage ses horaires comme elle veut, et profite de cette belle région pour faire d’une pierre, deux coups : se promener et travailler. En effet, elle est l’unique spécialiste qui donne des cours sur le self-silence. Ces formations regroupent la gestion du stress, l’auto apaisement, le contrôle de soi en musique douce, la zen-attitude… et bien d’autres techniques modernes qui permettent aux plus bruyants d’entre nous de pouvoir passer inaperçu dans un environnement calme et de pouvoir rivaliser avec l’attitude du chat à la chasse. Elle appelle cette formation « patte de velours » pour faire justement référence à la discrétion des félins quand ils se déplacent.  Ces cours se donnent bien sûr par correspondance afin d’éviter tout malentendu en direct. Ses syllabus sont remplis d’expressions visuelles et de conseils en tous genres.

Il ne suffit pas de changer de région, de faire un autre travail pour évincer quelque chose qui se trouve ancré au plus profond de nous. Ce dont souffre Lucie fait partie intégrante de son corps…

Ce nouveau travail, rivalisant avec son ancien au niveau de son salaire, lui laisse tout le temps de s’ouvrir à une nouvelle passion : l’ornithologie. En se baladant, elle prend des photographies de paysages ou d’objets pouvant illustrer le silence tels un tapis de mousse, un lit de fleurs odorantes ou un vol en formation de cormorans, sur fond de coucher de soleil. C’est à ces occasions qu’elle croise le chemin de l’un ou l’autre oiseau. Si certains, selon elle, ont bien besoin de cours de chants, d’autres en revanche l’apaisent merveilleusement. C’est ainsi que son nouveau passe-temps a démarré. Et de fil en aiguille, elle s’est prise d’affection pour les oiseaux vivants en milieu forestier. Quoi de plus normal étant donné que sa maison se situe à quelques envergures d’un des plus beaux bois de tout le pays et que sa rue porte également le nom d’un oiseau fréquentant ces milieux sauvages.

Grâce à ce nouveau mode de vie, où elle met en pratique toutes ses leçons sur le silence, elle se vante d’avoir trouvé toute seule la solution à ses migraines rebelles. Et ce, sans aucune médication chimique ! 100 % naturel, dit-elle avec le sourire. C’est naturellement donc que d’éminents neurologues se sont penchés sur sa technique.

Tout le monde sait qu’il suffit parfois d’un traitement dit placebo pour que des symptômes disparaissent. Seulement voilà, même tous ses cours d’auto-silence cumulés avec la médication la plus innovante n’auraient pas raison des dernières douleurs qu’elle va devoir supporter !

Une chose en entraînant une autre, les migraines de Lucie sont réapparues durant un après-midi. Ce jour-là, elle recevait dans son jardin le neurologue du centre hospitalier le plus connu dans cette partie du pays. Après plus de deux heures d’explications, Lucie a senti le début d’une douleur temporale, à gauche.

C’était le signe qu’il fallait abréger cette rencontre. Ce qu’elle fit le plus poliment du monde, sans laisser la douleur faire grimacer ses yeux et faire apparaître les plis de son front.

Le printemps est là, et pour se ressourcer, Lucie décide de se promener en forêt. Marcher au grand air lui a toujours fait le plus grand bien.

Soudain, un tambourinement venu de nulle part brisa le silence ! Lucie ne pouvait supporter ce bruit. C’était comme si la source du bruit pénétrait directement dans sa tête. Quelques secondes après, le vol onduleux d’un oiseau se distingua et un ricanement perça.

C’était un pic vert en pleine action de séduction. Lucie, d’abord agacée par le tac-tac-tac de l’oiseau, souriait quand même. C’était bien la première fois qu’elle pouvait observer cet oiseau de si près.

Au début, elle ne lui en voulut pas trop. Mais ce beau mâle s’en donnait à cœur joie. Il n’était visiblement pas fatigué de sans cesse taper du bec dans l’écorce rigide d’un gros hêtre. Il aimait montrer – surtout se faire entendre – qu’il était très doué à ce travail. De la sorte, il indiquait également aux autres mâles curieux que ce territoire était déjà pris et qu’il ne fallait pas trop s’approcher de lui sous peine d’avoir quelques plumes en moins. Écourtant sa balade, Lucie rentra chez elle pour s’immerger dans une obscurité totale et se noyer dans un profond silence. Elle se glissa sous les draps fleuris de son lit. Avant de sombrer dans une déconnexion du monde, elle nota la date, l’heure et le lieu de sa rencontre avec l’oiseau vert et mis à côté « photo – tambourinement ».

Ceci est le début du cataclysme migraineux. Lucie ignore tout de cette nouvelle pulsion de douleur. Petit à petit, la souffrance s’éveille…

À chaque réveil, lorsque les volets de ses yeux s’ouvraient, une aiguille perçait l’obscurité et lui frappait la vue. En même temps, les battements de son pouls pulsaient à son front, juste deux centimètres plus hauts que la jointure de ses sourcils. Elle changea de position, mis ses mains sur sa tête et laissa couler des larmes de douleurs.

Elle dormit ainsi toute la soirée et la nuit.

Au petit matin, alors que le soleil ne pointait pas encore le bout de ses rayons, Lucie se réveilla en souriant. Sa migraine avait disparu et elle était soulagée.

Hélas, dès qu’elle alluma la lampe écologique de sa cuisine, celle-ci électrisa ses pupilles, lui faisant plisser les yeux et détourner le regard. Quand elle se rendit dans son salon, situé juste à côté de la cuisine, elle bougea ses yeux pour tenter une nouvelle approche. Là, ses globes oculaires se mirent à lui faire aussi mal que si on tirait un élastique pour le déchirer ! Cette douleur était inédite pour elle, aussi, elle essaya de se détendre en contrôlant sa respiration, et ferma les yeux pour mieux se concentrer (et surtout pour ne plus avoir mal). Elle n’était là que depuis quelques semaines, mais déjà elle connaissait approximativement la place des meubles et autres objets encombrants. Les yeux toujours fermés, elle avança lentement, les bras tendus, les pieds attentifs au moindre obstacle et se dirigea à nouveau vers sa chambre obscure.

 C’est là, à cet instant, que Lucie prend conscience que ses précédentes migraines n’étaient rien en comparaison de celle-ci !

Les volets de sa maison sont faits de bois. Un ancien bois d’excellente qualité qui n’avait visiblement pas trop souffert du dernier rude hiver passé. Un bois non peint et traité avec des produits non toxiques, respectueux de l’environnement : cire d’abeille, huile de lin et huile dure.

Lucie n’avait jamais remarqué les quelques petits trous qui s’étaient formés sur  certains côtés des volets. Et la propriétaire qui lui a vendu cette petite maison de pleins pieds a bien sûr omis volontairement de lui parler de l’origine de ces trous, certes petits et peu nombreux, mais profonds.

C’est au moment où le calme complet revient dans sa tête et ses yeux qu’un bruit atroce et proche vient la bousculer une nouvelle fois. Quelqu’un vient de frapper de manière peu courtoise et violente sur le volet de sa chambre !

Plus rien ne peut l’arrêter…

L’étau dans sa tête se resserrait tellement que tous les bruits lui parurent disproportionnés et amplifiés. Elle pensa qu’un marteau-piqueur était actuellement occupé à forcer le volet. Elle voulut s’éloigner de la source du bruit, mais quand elle se releva, un vertige brisa son équilibre. Le monde tournait sous ses pieds et elle ne parvenait pas à marcher sans tomber. Le déplacement à quatre pattes n’était pas meilleur. Sans appui pour la tenir du côté gauche, elle chutait lamentablement sur le sol. Elle se traîna jusqu’à sa salle de bain et s’effondra à même le sol. Elle chercha ainsi une position qui lui permettait de ne plus avoir le tournis. Elle espérait de la sorte faire disparaître la nausée qui commençait à la submerger. Lorsqu’elle sentit son estomac se révulser, elle s’agrippa au bord de la baignoire pour vomir. Tête en avant, la puissance de la migraine décupla. Elle avait l’impression que ses yeux allaient sortir de leurs orbites et que les battements de son cœur qu’elle ressentait dans son front allaient déchirer sa peau.

Une fois que la nausée disparut, elle se recroquevilla sur le tapis, se positionna en chien de fusil, ferma ses yeux et ne pensa à plus rien. La douleur lancinante dans sa tête diminua de vigueur sans pour autant disparaître. Une fatigue importante la submergea. Elle était aussi épuisée que si elle n’avait pas dormi depuis des nuits entières.

Alors qu’elle sombrait dans un état de semi-conscience, le tambourinement ralenti, puis le rire caractéristique du pic vert surgit.

L’oiseau s’éloigna rapidement, laissant place à un silence étonnant.

Seule la douleur de Lucie battait la mesure comme un métronome.

Lorsqu’elle se réveilla, deux heures plus tard, elle avait perdu toute notion du temps.

Dehors, le soleil souriait et les oiseaux saluaient gaiement le lever d’une belle journée promise.

La rue des pics n’a jamais si bien porté son nom…