Danielle et Cécile, mes plus belles rencontres sur facebook

Voici dans son entièreté ma nouvelle intitulée Danielle et Cécile, qui a été sélectionnée dans le recueil. Cet ouvrage collectif est disponible chez Trinôme Editions (clic)

 

 

Bon sang de bonsoir, je n’en finirai donc jamais avec ces cauchemars ? Quelle horrible nuit ! Et après on s’étonnera que je sois fatiguée, mais je n’arrête pas de courir, de crier, de pleurer, et de souffrir dans mes rêves. On ne peut pas dire que j’ai un sommeil récupérateur.

Heureusement que c’est le week-end. Je vais pouvoir faire une sieste en même temps que mes enfants.

Un petit message sur facebook, histoire de voir si, sait-on jamais, il n’y aurait pas un chaman pour m’aider à faire des rêves plus doux, plus merveilleux, moins traumatisants !

Allons bon, voilà que j’ai oublié mon mot de passe…pffff

Clic « Mot de passe oublié »

Voyons à présent dans ma boîte mail…

Tiens j’ai un message de facebook. Une demande d’ami ? Ça alors… Mais qui cela  peut-il bien être « Danielle Rossi » ? Ce nom ne me dit rien.

« Avant de refuser catégoriquement les demandes d’ami(e)s dont tu crois ne pas te souvenir, connecte-toi d’abord sur le réseau pour voir si la photo te parle », me dit ma petite voix intérieure.

Enfin, j’y suis. Je vais tâcher de ne plus oublier ce foutu mot de passe.

« Danielle Rossi. France. » Quoi, c’est tout ? Je ne connais personne en France qui s’appelle Danielle ! Bon, je vais lui envoyer un petit message privé avant d’accepter son amitié virtuelle.

« Bonjour. Sauf si ma mémoire me fait défaut, je ne pense pas que nous ayons le plaisir de nous connaître. Ne vous êtes-vous pas trompée ? Peut-être à bientôt. Bonne journée. Cécile R, de Belgique. »

Je n’ai pas le temps de me déconnecter que je reçois la réponse de Danielle.

« Chère Cécile. Non, en effet, nous ne nous connaissons pas encore mais, comment vous raconter mon parcours jusqu’à vous ? Comment vous expliquer qu’un rêve, et d’autres signes m’ont guidée jusqu’à votre nom ? Cela serait bien trop difficile. Mais, selon mon rêve, je peux vous aider. (J’ignore encore de quelle façon). Et n’écoutant que mon cœur, je me suis mise à la recherche de votre identité sur ce site, un réseau social mondialement connu. Me voilà donc ! J’espère ne pas vous faire trop peur avec ce message, et avoir le plaisir de vous lire très rapidement. Danielle. »

Quel étrange message, en effet ! Un rêve ? Il ne m’en faut pas plus pour éveiller ma curiosité. Moi qui cherchais un chaman…

Elle n’a pas l’air bien méchante.

Accepter

Me voilà avec une nouvelle amie sur ce réseau.

Malheureusement, elle n’a pas mis grand-chose dans son profil. Aucune photo, aucun lien vers un blog ou un site internet, juste son parcours professionnel qui ne m’est pas d’une grande aide pour faire sa connaissance.

Message privé :

« Rebonjour Danielle. Non, tu ne m’as pas fait peur avec ton message, juste intriguée. Un rêve, dis-tu ? Puis-je le connaître ? Je fais personnellement beaucoup de rêves, et je dirais même que ce sont des cauchemars… Parfois j’y décèle un signe ou une information chipée dans ma journée, pourtant là j’avoue que je suis un peu perdue. As-tu déjà fait des rêves prémonitoires ? Sais-tu décortiquer un rêve, les interpréter ? Désolée de te poser toutes ces questions, mais ton message m’invite à parler de songes… À bientôt. Cécile. »

Je devrais noter mes rêves. Comme je le faisais avant. Je suis sûre que je pourrais en regrouper assez pour en faire un livre ! Et au vu du nombre dont je me souviens chaque matin, je serais capable de faire cela en plusieurs volumes. Pas de crainte d’avoir une page blanche, les rêves ne manquent pas.

Danielle me répond illico, son message est long :

« Dans mon rêve, je vois une jeune fille (toi peut-être ?), dont je ne distingue pas bien le visage, qui m’appelle. Elle essaie de crier, mais elle ne parvient qu’à chuchoter. Elle voudrait courir, mais ses jambes sont immobiles, alors elle vole. Oui elle vole dans les airs, et elle se déplace en mimant la brasse avec ses bras. Quand j’essaie de mieux l’apercevoir, ma vue diminue, et je ne discerne plus grand chose autour de moi. Mes paupières sont lourdes, et elles se ferment toutes seules. Au réveil, un prénom résonne dans ma tête comme si je te connaissais. Ce rêve était celui d’avant-hier. Hier, j’ai fait le même cependant, au réveil,  la première lettre de ton nom me chatouillait les lèvres. Et ce matin, aucun rêve, mais un colis ! Le facteur s’est trompé d’immeuble, et j’ai reçu ton paquet destiné à ma voisine. Nous avons le même numéro de boîte aux lettres, et le facteur ne fait pas attention aux noms : ça change tellement souvent par ici ! Je ne dois pas te faire un dessin : quand j’ai lu le nom de l’expéditeur, il ressemblait à celui de mon rêve.

Je pense en effet que nous avons beaucoup de choses à nous dire, concernant les rêves et autres signes étranges. Je suis certaine de te lire très vite. »

…  Je reste sans voix! J’ai, semble-t-il, affaire à une voyante ? Mon livre est arrivé chez elle ? Je ne crois pas trop au hasard ou aux coïncidences mais là, je ne sais vraiment plus que dire, ni que penser.

« Je n’en reviens pas de ce que vous m’écrivez ! C’est…, tout simplement invraisemblable, incroyable, ahurissant ! Dans le paquet, c’est mon premier livre. Ce sont des petites histoires pour les enfants. Votre voisine me l’a commandé sur le web.

Le monde est petit !

Pour le rêve, c’est encore plus surprenant, car moi-même je fais ce genre de rêves : vouloir crier et rien ne sort de ma bouche; devenir aveugle et voler au lieu de courir.      Ah oui ! Je sais aussi respirer sous l’eau comme un poisson !

Dire que je pensais être folle pour faire des rêves pareils ! Vous me rassurez. Au moins nous sommes deux (rires) !

J’en déduis donc que ce n’est pas la première fois que cela vous arrive. J’ai tellement de rêves à vous raconter que je ne sais pas par lequel commencer…. »

Et mon message continue, je parle, enfin j’écris, encore et toujours plus, en racontant mes rêves.

Nous communiquons beaucoup par messagerie. Nous ne faisons que ça. Je me sens plus à l’aise pour écrire que de parler de vive voix.

Je lui donne même l’adresse mail de mon travail afin que nous puissions encore parler de rêves et de signes qui sont dans ma vie réelle…

Une amitié sincère se lie.

Danielle m’aide beaucoup dans la compréhension de mes rêves. Ce que je pensais être des cauchemars dus à des indigestions ou à un état psychologique émotionnellement faible, s’avère en réalité être un travail sur moi-même et sur mon enfance ! Inconsciemment, mes rêves m’aident à panser et à cicatriser des moments douloureux de mon passé. Sans que je ne lui dévoile tout de mes blessures enfouies, elle sait, presque dans les détails, ce qui m’est arrivé ! Et ce, uniquement grâce à mes rêves et aux images qui marquent mon réveil et qui signent mon état de sommeil. Elle me guide pour interpréter mes rêves par le symbolisme des mots. Je ne prends que ce qui me «touche», que ce qui, je pense, peut m’aider à avancer, à reconstituer, petit à petit, le puzzle de ma vie.

Un peu moins d’un an plus tard, je décide de la rencontrer, pour de vrai. En chair et en os. Entre quatre yeux. Le trajet va être long. En plus, je n’aime pas trop les voyages, car j’ai le mal des transports… Cependant, le train est celui qui me fait le moins peur et le moins mal au cœur.

Par une belle journée printanière, je me rends chez Danielle, dans le Sud de la France. Elle a l’âge d’être ma maman, et je lui parle plus ouvertement que je ne le fais avec ma propre mère. Entre nous, il n’y a aucun tabou, aucun sujet délicat. On se dit tout, et je trouve ça formidable ! Peut-être est-ce le fait que ce soit une relation « virtuelle » qui permet de tout se dire ? Toutefois, peut-être ne serais-je pas aussi à l’aise en la voyant ? Mais, j’ai envie de la connaître.

Cette journée est placée sous le signe du soleil. Le trajet se passe bien malgré ma peur de rater une correspondance. Danielle m’attend à la gare de Dax.

On se reconnaît immédiatement. C’est étrange quand même. Nous n’avons pas beaucoup échangé de photos, et pourtant, quand nous nous voyons, ni elle ni moi n’avons le moindre doute sur notre identité.

La peur de ne pas savoir quoi se dire, je ne l’ai guère ressenti. Elle et moi, c’est un peu comme si nous étions de vieilles copines qui ne se sont pas vues depuis des années. On parle, on parle, de tout, de rien, du beau temps, de la région, des rêves, des oiseaux,…

Puis, on arrive chez elle. Elle loue une maison dans un endroit un peu reculé dans la campagne. Elle n’a aucun voisin proche, si ce n’est la propriétaire, qui est fermière, qui habite à une soixantaine de mètres de chez elle.

Je dépose mes valises. Oui, des valises, car vu la distance qui nous sépare, il est plus agréable de passer un peu plus de temps ensemble. Danielle me montre sa maison, ses peintures et son jardin.

Danielle a des dons. Et je ne doute plus de ses capacités à déchiffrer les coïncidences et autres signes étranges.

Dans l’après-midi, nous visitons cette étrange église aux statuettes invisibles, mais qui imprègnent les pellicules et les cartes mémoires des appareils photo par la seule présence de leurs formes en trois dimensions. Avec Danielle, plus rien ne me surprend !

Néanmoins, à notre retour, quelque chose dans la maison a changé et a fait monter en nous, un vent de panique.

Quelqu’un était passé. Une visite inattendue nous met sur nos gardes.

Danielle me certifie qu’elle avait fermé toutes les portes à clé ainsi que les fenêtres. La personne qui s’est servie dans sa délicieuse tarte aux pommes et aux poires n’a, semble-t-il, laissé aucune trace. Aucun coup de bec dans le dessert ne nous permettait d’inculper un quelconque oiseau chapardeur, comme nous l’avions cru au départ.

Puis, alors que nous commencions vraiment à craindre la visite d’un indésirable personnage dans la maison, nous avons aperçu des empreintes humides sur le carrelage menant à la salle de bain.

« Crotte de souris ! », m’exclamai-je. « Regarde, la petite fenêtre de la salle de bain est ouverte ! »

Et c’est dans un double fou rire que nous concluons que le chat qui était passé par-là, savait ce qu’il aimait et qu’il devait être en pleine forme pour pouvoir grimper jusque tout là-haut.

« Le goinfre ! Il ne nous en a même pas laissé un quart ! » me dit-elle en me lançant un clin d’œil.

Remises de nos émotions, nous soupons tranquillement au gré de la mélodie d’un     rouge-queue nichant pas loin de la maison.

Nous reparlons de notre fausse frayeur de tout à l’heure et un sujet en amenant un autre. Nous passons la soirée à nous raconter des faits étranges et non expliqués qui nous sont arrivés dans notre vie. Sur ce point-là, Danielle, ma nouvelle amie, me dépasse largement en témoignages.

Le lendemain après-midi, c’est avec regret que je  la quitte. Je m’en retourne chez moi, dans mon pays plat, avec des souvenirs indélébiles qui resteront gravés dans ma mémoire comme ces silhouettes imperceptibles des statuettes.

Peut-être qu’à présent pourrais-je m’endormir plus sereinement avec cette fée des rêves ?

 

Nouveau recueil collectif à paraître

Voilà, la date est annoncée : le samedi 29 septembre, Trinôme Editions lance sa soirée de lancement concernant notre recueil collectif « Les plus belles rencontres sur Facebook« . Cela se fera à Paris (75004), au Miroglio Caffé, dès 19h30 autour d’un verre offert. Venez rencontrer quelques auteurs participants (je n’y serai pas, car je travaille ce jour-là, en Belgique).

J’ai écrit pour ce projet lancé début 2010. Sans grande conviction, j’ai raconté trois histoires… et les trois ont été sélectionnées ! Retrouvez-les dans ce recueil disponible chez l’éditeur et bientôt également sur Fnac et Amazon.

15 € pour une quinzaine de nouvelles… j’espère pouvoir en avoir bientôt chez moi pour mes amis belges  :-)

Je vous mettrai très bientôt un extrait de mes nouvelles…