– Maman ! Il y a une araignée qui est tombée sur ma tête quand je suis entré dans la douche.
Grand gaillard de 17 ans m’informe tout simplement de sa rencontre matinale. Le plus tranquillement du monde. Il n’a pas peur, lui. Les araignées et autres insectes ne le dérangent pas tant que ce petit monde reste loin de lui et ne le touche pas.
Il vient donc chercher l’outil de capture pour déplacer la bête.

– Tu veux que je m’en occupe ? (Non mais allô quoi ! Je lui propose ça alors que c’est moi qui suis une ancienne arachnophobe, je suis stupide parfois !)
Signe affirmatif du fiston paisible qui mesure une bonne tête de plus que moi, mais avec 20 kg en moins.
Il aime me tester, je vous l’dis, les ados sont sans pitié.
– Tu es sûr que ce n’est pas un grand Moustique, un Cousin ?
– Non, je t’assure, une araignée !
Je prends l’outil sauveur en main.
Je monte les escaliers.
J’ouvre la porte lentement. Mes yeux scrutent le plafond au-dessus de la porte.
– Sous la douche, là. Dit-il en me pointant du doigt le/la coupable.
Ah oui ! Pas une petite. Pas une grande non plus. Je n’ose quand même pas la prendre dans ma main. Faut pas pousser maman dans les orties, hein ! Et puis, oups, y a quand même un Cousin qui vole partout. Je ne peux pas être au four et au moulin, j’en ai déjà mis un dehors hier matin ! Si ça se trouve c’est le même qui revient et qui n’a pas pigé qu’il risque sa … Plastch ! … sa peau, oui. Je t’l’avait bien dit, cousin, qu’il ne faut pas frôler le fiston au risque de passer un sale quart d’heure. Bon, oui, tu n’as pas vu le temps passer, ni le temps de dire « ouf ».
J’ai réussi à « éduquer » mon fils et son père de ne pas tuer les insectes, mais de les capturer et de les déplacer (même si ceux-ci finissent par revenir à l’intérieur un peu plus tard, chuuuut, faut pas leur dire). Sauf pour les moustiques, les mouches collantes et reines du harcèlement. Le Cousin, lui, n’est pas un moustique, il ne pique pas. Mais il a de longues ailes, de longues pattes et il a beaucoup de mal à se poser tranquillement et à nous laisser prendre nos douches. Quand c’est moi qui suis dans la salle-de-bains, ils ne craignent rien – plus aujourd’hui – mais si c’est le fiston ou Monsieur mon amoureux, oups, ça va vite. Ils n’ont pas le temps de souffrir.
Bon revenons à nos moutons, enfin, à notre araignée. Un, deux, trois et hop ! un peu d’acrobatie en montant sur le rebord de la baignoire, mes deux pieds écartés pour m’assurer de ne pas glisser et la bête est dans la boîte. Car je vois déjà les titres en grands dans les journaux locaux « Une mère de famille se brise le cou dans sa salle-de-bains en voulant sauver une petite araignée de rien du tout ».
Le fiston prend sa douche et moi je me demande où je vais libérer la bestiole. Dans l’attente, je la libère sur un mur du salon. Je la sens agitée dans cet espace clos, comme prise au piège.
Sur le mur blanc, clic-clac, une photo que je télécharge dans l’application « ObsIdentify », j’apprends que c’est une Épeire diadème. Le sujet présent à de longues pattes, plus longues que les autres que je côtoie régulièrement. Enfin, j’ai cette impression, mais les pattes tendues, ça peut me tromper.
Puis, j’y pense : au salon, il y a toujours une Épeire diadème qui fait sa toile sur la fenêtre, à l’extérieur. Toujours avec la petite boîte, je déplace l’araignée sur la fenêtre qui est ouverte. Je pose l’ouverture du piège sur le bord de la vitre. Elle s’y rend de suite, puis, zzzzzzou, elle se laisse tomber. Elle reste accrochée à un fil de la toile je suppose. Les huit pattes bougeant dans le vide. Zut ! Ce n’est pas sa toile, elle tente de fuir et se laisse tomber par terre. Sur la couverture des chats, elle est recroquevillée et fait semblant d’être morte. Je la reprends une troisième fois dans la boîte.
– Désolée jeune fille (une araignée, ne sachant si c’est un mâle ou une femelle, je l’appelle « jeune fille »), tu es un peu bousculée, mais je cherche à te mettre dans un endroit accueillant.
J’abandonne le salon pour la déposer sur le muret de la terrasse qui est situé en bas de la salle-de-bain. Et là, elle s’y sent comme chez elle. Elle va à gauche, puis à droite, de long en large. Elle finit par s’immobiliser à un endroit. Je décide de faire une photo de près, pour le groupe FB dans lequel je suis. J’aimerais bien la prendre sur ma main, mais elle a toujours ses huit pattes tendues et ça me refroidit quelque peu. L’Epeire diadème est l’espèce d’araignée qui m’a permis de me réconcilier avec ces petites bêtes. J’ai commencé par admirer leur motif sur leur dos, leur couleur différentes, leur taille, leur toile. C’est grâce à une, deux, trois épeires que j’ai eu moins peur des 8 Pattes. Je pourrais faire un petit effort peut-être ?
Une, deux, trois, quatre photos plus tard, je me décide. Croyez-moi ou non, c’est pile au moment où je me décide de me jeter à l’eau qu’elle disparaît mystérieusement. Je l’avais là, devant l’objectif de mon smartphone, puis, pfffiouit, elle n’y est plus. Disparu. Evaporée ! Ou alors, elle a sauté dans mes cheveux ? Mais les épeires ne sautent pas, pas comme les petites Salticidae (celles-là, j’en ai déjà pris 2 sur ma main !). Je cherche, je cherche. Elle a dû se cacher. Je ne la trouve plus.
– Longue vie à toi petite épeire aux longues pattes :-)

Petit BONUS avec un montage photos d’une Epeire diadème en plein travail de construction de toile. C’était fascinant à regarder. Quelle patience et « compas dans les yeux » (rires). C’était la semaine dernière à mon travail (Liège)

Le reflet rouge, c’est à cause de la vitre, la pochette de mon smartphone est voyant ! Ha ! Ha !



