Par série de 3, j’ai jeté les dés du jeu « Story Cubes »
Pour me donner une difficulté supplémentaire, je me suis imposée de mettre chacun des mots-dés dans l’ordre dans lequel ils sont apparus :
- Tortue
- Pont au-dessus de l’eau
- Éclair
- Œil / regard
- Étoile filante
- Maison
- Serrure
- Empreinte d’un pied nu
- La Terre / le Monde
Très vite, mon imagination s’est mise en route. Au trop, puis au galop 😆
Des images se sont bousculées derrière mes yeux et j’ai écrit, écrit tout ce que je voyais.
En attendant que je réécrive au propre (à l’ordinateur) ma petite histoire, je vous invite à essayer de jouer le jeu.
Intégrez 3, 6 ou 9 mots-dés, dans l’ordre ou non, peu importe. Vous pouvez aussi changer un mot, le mettre au féminin, au pluriel ou changer sa nature (éclair peut donner « éclairer » par exemple).
Bon amusement 😊

Dans l’œil de la tortue
Voilà deux jours que je suis le témoin d’une étrange scène. L’événement que je qualifie de magique se déroule juste derrière chez moi, au-delà de notre jardin, dans le territoire de notre voisin. Aidé de ma paire de jumelles, une 8 X 42 de la marque Bushnell pour les connaisseurs, c’est donc aujourd’hui la troisième fois que je vois une tortue arriver par le sentier et s’arrêter sur le petit pont de pierres et de bois qui surplombe la rivière. Je ne peux pas affirmer qu’il s’agisse toujours de la même tortue, car je ne m’y connais pas assez en reptiles.Toutefois, je peux la décrire et peut-être que cela pourra-t-il vous aider à l’identifier… De la taille de mon saladier, la tortue de ce matin a de petites taches rouges et allongées derrière les yeux, je dirais au niveau de ses oreilles. Comme celle d’hier soir ! Sa carapace est d’un vert très foncé, couverte de poussière, mais sans bosse ni trou visible de ce que je peux voir avec mes jumelles. Et les lignes qui font de jolis dessins sur le toit de sa maison, sont claires. Toute sa peau est d’un vert aussi foncé, mais d’un ton plus joli que celui de sa carapace. Ses pattes et sa tête sont rayées avec les mêmes fines lignes et de la même couleur que celles de sa maison.
Chaque fois que je l’observe, elle s’arrête et semble regarder dans ma direction. J’ai toujours cette impression qu’elle essaie de me dire quelque chose. Peut-être s’agit-il d’une tortue magique ou d’une créature fantastique, douée de pensées et de raisons ? Ou peut-être s’agit-il plus simplement d’un sort, c’est un humain qui a été transformé par une sorcière ?
Alors que je prends d’autres notes, histoire de noter les moindres détails de ces rencontres pour le moins inhabituelles, le ciel s’assombrit tout à coup et m’empêche de poursuivre mon enquête. Il fait bien trop noir en une fois pour que je puisse voir la couleur des yeux de “ma” tortue, que je détermine sa taille approximative en la comparant avec un autre animal à proximité, même si j’ai l’impression qu’elle est aussi grande que le chat noir et blanc qui passe non loin d’elle. De gros nuages gris foncés, épais et lourds descendent dans l’atmosphère ! Comme dirait ma mère : “ça sent l’orage” ! Ils l’avaient bien prédit à la météo tout à l’heure. Pour confirmer mes pensées, un éclair zèbre le ciel et illumine tout le paysage. Le grondement s’ensuit aussitôt, presque simultanément. L’orage est pile au-dessus de ma tête ! La foudre a frappé tout près. J’ai pu entendre un étrange bruit, comme si l’éclair avait touché quelque chose. Vite ! Je regarde en direction de ma tortue, j’espère qu’elle n’a rien, qu’elle n’est pas blessée. Et là, qu’est-ce que je vois au travers mes jumelles ? RIEN ! Ou plutôt, si, il y a quelque chose, mais justement, la chose est tellement proche que ce que je distingue est très, mais alors vraiment très sombre. Je recule ma tête et j’observe directement avec mes yeux ce qui bouche mes jumelles. Et là, collée à la vitre de la véranda, à un mètre du sol, la tortue est comme ventousée à la fenêtre, ventre et bas de la carapace pile dans me champ de vision !
La foudre a dû la frapper directement et la catapulter dans ma direction. Heureusement, la créature n’a pas l’air de souffrir. Je ne vois aucune trace de sang ni sur elle ni sur la vitre. Je dirais même qu’elle se plaît dans cette position ! Cela doit lui faire tout bizarre d’être aussi haut du sol, elle a un nouveau point de vue. Et croyez-moi ou non, mais si je vous dis ça, c’est parce que pile au moment où je vous raconte cela, je peux la voir sourire ! Sa mâchoire a quand même l’air d’être solide, je ne m’y risquerais pas à lui donner mon doigt.
Alors que je la détaille tout à mon aise, un point lumineux se met à bouger dans l’œil reptilien qui me regarde. Serait-ce le soleil qui se reflète dans sa pupille ? Non ! Pas possible, c’est une étoile ! Une étoile filante ! Cette image, cette silhouette d’étoile m’hypnotise carrément. Je deviens incapable de détacher mon regard de son œil. Plus je me perds dans cette contemplation, plus je m’imagine voyager dans le corps de cette étrange tortue. Son corps, sa maison. Sa maison, oui ! Avec son toit, un abri. Avec sa chambre, un refuge. Avec son garde-manger, sa cuisine… Je n’ai aucune peine à m’imaginer tout cela. Et son œil, son regard, une étoile pleine de rêves, une porte vers son monde, une serrure dont j’ai aujourd’hui la clé du mystère ! Me perdre dans son iris étoilé me donne l’extraordinaire possibilité de connaître ses pensées, ses désirs, son âme… avant d’être tortue, ma nouvelle amie était un enfant, un garçon comme moi dont je peux voir ses empreintes de pieds nus sur le sable d’une plage jaune poussin.
Cette tortue doit bien avoir cent ans ! Que dis-je ? Mille ans ! La tortue est tout un monde, c’est la Terre, un univers plein de vie.
La Terre est magnifique et magique.
Protégeons-là.
Préservons-là.
Vous et moi
