Quand je croyais écrire pour les enfants…
Il m’a fallu une lecture à voix haute devant un couple du quatrième âge, six moments pleins de partages et d’émotions, pour comprendre quelque chose d’essentiel à propos de mon écriture. (lire aussi l’article sur « L’art de lire à voix haute« )
Je croyais, sincèrement, que j’écrivais pour les enfants. Mais à travers leurs regards, leurs silences attentifs, leurs sourires parfois émus… j’ai compris que ce n’était pas tout à fait le cas.
À la fin, je leur ai posé quelques questions, un peu comme une “évaluation” (c’était la première fois que je lisais à voix haute, et en plus l’un de mes propres livres). Leurs réponses m’ont beaucoup appris.
👉 Ont-ils aimé ces moments de lecture ? “Oui, beaucoup !”
👉 Qu’ont-ils ressenti ? “Un peu de stress et d’inquiétude, il y a beaucoup de passages sombres, peu de moments joyeux. Le thème est peut-être un peu lourd pour moi (grande sensible).”
👉 Quel passage les a marqués ? “Le comportement d’André, qui se plonge dans son travail pour masquer ses émotions. Les animaux, petites crevettes utiles, chien au flair infaillible. Et l’épicier, si intrigant et inquiétant.”
👉 Et la lecture en elle-même ? “Très expressive, comme au théâtre, pleine d’intonations, de pauses, de sentiments.”
👉 En un mot ? “C’est une fantasmagorie ébouriffante !”
Leurs mots ont confirmé ce que je commençais à pressentir : je n’écris pas pour les enfants. J’écris pour les adultes qui ont gardé une âme d’enfant, ou peut-être pour ceux dont l’enfance a été un peu cabossée.
Mon dernier roman, Le puits aux secrets, met en scène un petit héros de 8 ans, mais il ne s’adresse pas vraiment aux enfants de son âge. L’histoire est trop sombre, trop mystérieuse, trop inquiétante peut-être. Pas qu’elle soit violente ou inappropriée. Mais parce qu’elle demande un certain regard. Une certaine maturité émotionnelle. Ou une enfance marquée par ses propres ombres.
Et pourquoi ai-je toujours pensé qu’à 10 ans on pouvait lire des histoires sombres, angoissantes ? Peut-être parce que moi, à cet âge, mon enfance l’était déjà. Aujourd’hui, l’adulte que je suis écrit ce genre de récits comme pour recoudre quelque chose, pour apaiser l’enfant d’hier.
C’est l’enfant en moi qui parle quand j’écris, j’en suis désormais convaincue. Cet enfant qui n’a jamais eu de refuge dans la légèreté se fabrique aujourd’hui des mondes de fiction où les ténèbres sont traversées, comprises, apprivoisées.
Alors, amis lecteurs, amies lectrices : non, Le puits aux secrets n’est pas un livre pour vos enfants de moins de 15 ans, même si son héros a 8 ans. Ce livre parle de secrets enfouis, de silences qui hantent, de lumière qu’on cherche dans le noir.
Et je suis heureuse de pouvoir enfin l’assumer :
Mon écriture est une écriture “enfantine pour adultes”.
Mes histoires reflètent une enfance vécue dans une certaine gravité, et tentent de la sublimer.
Mes lecteurs adultes m’ont révélé la véritable destination de mes textes.
Et ce moment de lecture avec ce couple de grands lecteurs m’a offert bien plus qu’une simple relecture (où j’ai d’ailleurs repéré quelques fautes, mea culpa !) : il m’a permis de vivre mon texte différemment, de le ressentir dans une autre dimension, dans la respiration du récit. Et surtout, il m’a permis de mieux me connaître moi-même.
Cette découverte ouvre une nouvelle voie : celle de l’acceptation et de l’affirmation de ma voix.
Mon style n’est pas un style jeunesse classique, mais une écriture « enfantine pour adultes ».
Mes histoires reflètent une enfance vécue dans une certaine gravité, et mon écriture sert à la comprendre et la sublimer.
Le retour d’un public adulte m’a fait prendre conscience de la profondeur et de la destination réelle de tes textes.
Cette découverte m’ouvre une nouvelle voie dans mon parcours d’écriture : celle de l’acceptation et de l’affirmation de ma voix.
Pour découvrir mon livre, clic sur l’image de couverture :-)

