Manga : A silent voice

Alors que je suis dans la série Maître des livres dans les manga, voici que ma fille qui est une fan des manga, a pris ce livre à la bibliothèque.

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4ème de couverture :

« Shoko Nishimiya est sourde depuis sa naissance. Même équipée d’un appareil auditif, elle peine à saisir les conversations, à comprendre ce qui se passe autour d’elle. Effrayé par ce handicap, son père a fini par l’abandonner, laissant sa mère l’élever seule.
Quand Shoko est transférée dans une nouvelle école, elle s’emploie à surmonter ses difficultés mais, malgré ses efforts pour s’intégrer dans ce nouvel environnement, rien n’y fait : les persécutions se multiplient, menées par Shoya Ishida, le leader de la classe. Tour à tour intrigué, fasciné, puis finalement exaspéré par cette jeune fille qui ne sait pas communiquer avec sa voix, Shoya décide de consacrer toute son énergie à lui rendre la vie impossible.
Psychologiques puis physiques, les agressions du jeune garçon se font de plus en plus violentes… jusqu’au jour où la brimade de trop provoque une plainte de la famille de Shoko, ainsi que l’intervention du directeur de l’école. À cet instant, tout bascule pour Shoya : ses camarades, qui jusque-là ne manquaient pas eux non plus une occasion de tourmenter la jeune fille, vont se retourner contre lui et le désigner comme seul responsable… »

Voici le premier tome qui rentre vite au cœur du harcèlement et de la violence dans l’école. Un manga que je recommanderais en lecture obligatoire dans la première année secondaire de notre enseignement tellement il décrit, malheureusement bien, la souffrance de la jeune Shoki et même celle de l’un de ses camarades, auteur, des faits !

Cela se termine, pour ce premier tome je le rappelle, déjà par une leçon de morale et une prise de conscience de la part de Shoya.

J’ai lu ce manga avant ma fille. Je suis curieuse de connaître son avis également  :-)

Agression à la récréation

Dans la cour de récréation
Il y a eu une agression.
Un seul coup a été porté,
A ma fille, oui, on l’a cogné !
Un coup de poing au visage,
J’ai la colère, la tristesse, la rage !
C’est sur le côté qu’on l’a frappé,
A sa tempe, un hématome s’est formé !

Ils n’ont pas encore 11 ans,
Ce ne sont que des enfants,
Mais la colère, par la violence, a parlé,
C’est ainsi que le garçon s’est exprimé.

Au départ de ce conflit,
Un instant de jalousie,
Le jeu des policiers et des voleurs,
A ma fille, a porté malheur.
Non, le jeu n’a pas mal tourné,
Car il n’avait même pas encore commencé.
C’est dans le choix du personnage à définir,
Que le garçon a décidé de la punir !

J’ai toujours eu peur de ces jeux violents
Qui tournent dans la cour, chez les enfants,
Et c’est avec un autre, plus gentil,
Qu’on a agressé ma fille.

La taille du bleu et de la bosse est impressionnante,
Témoin du coup de poing, de la force violente.

Choquée, elle l’est, surtout physiquement,
Et moi, sa mère, aussi émotionnellement.

Avoir une maman qui écrit des livres : mot d’enfant

Cela fait partie des mots d’enfants, mots d’une petite fille de 5 ans.

La première publicité que je fais pour mon livre « Faire pousser des oiseaux », c’est par mail auprès de mes amis, de ma famille, des connaissances… je le fais un soir… durant ce même soir, je lis mon livre à mes enfants qui ont 5 et 7 ans.

Le lendemain après-midi, quand je vais chercher mes enfants à l’école, je croise la maman d’une copine de mes enfants. Celle-ci m’apprend que sa fille, dès qu’elle est venue la chercher, lui a demandé :

– Maman tu as vu le livre de Cécile ? Elle a écrit une histoire, il faut que tu l’achète !

Trop mignon, mes enfants font ma pub :-) et un livre de plus, un. Merci !

 

Mettre les points sur les i

Dans le jardin des écoles volantes, une petite coccinelle apprend à écrire. Comme tout jeune insecte, elle commence par dessiner les lettres de son nom en grand caractère : C O C C I N E L L E.

Rêveuse, elle imagine que les lettres bougent devant elle et dansent sur une musique muette.

C’est bien plus gai d’apprendre à écrire quand on peut jouer avec les lettres. Le C se transforme alors en une capucine, mademoiselle capucine. Le O devient un beau petit oeillet, tout bleu. Deux autres capucines se joignent à la première quand un iris (pour le i) est emporté par le vent. Un nénuphar prend la place du N. Il a du mal à caser ses deux jambes dans la fleur mais la gymnastique qu’il fait pour y parvenir démontre qu’il est bien souple. Deux edelweiss (le E) rougissent lorsqu’elles se retrouvent entourées par deux magnifiques lys (L).

La coccinelle observe tout ce petit monde et rigole doucement pour ne pas se faire remarquer.

Soudain, l’institutrice parle plus fort :

– Mademoiselle la coccinelle, puisque l’écriture en majuscules ne te pose plus de problème, viens donc essayer d’écrire ton nom en lettres minuscules.

L’insecte se réveille et s’envole sur le tableau. Elle trempe le bout de ses six pattes dans la poudre de craie et écrit :

c o c c I N E LL E

– Bien essayé Coccinelle, mais ce n’est pas tout à fait cela, lui répond l’institutrice. Il ne suffit pas d’écrire avec des pattes de mouches, ou de coccinelle en ce qui te concerne, pour réussir l’exercice. Minuscule ne veut pas dire dessiner les lettres majuscules en plus petit.

Le petit insecte rouge à points noir va retrouver sa place.

Dans deux chants de criquets, ce sera la récréation. Elle va pouvoir se dégourdir les ailes et penser à autre chose qu’à écrire les étranges formes qu’on appelle « mots ».

Le temps passe toujours trop vite quand on s’amuse. Et notre coccinelle va avec des ailes de plomb se poser sur son brin d’herbe, dans la dernière rangée, tout au fond de la classe.

La fin de matinée est consacrée aux calculs. Ouf ! Coccinelle préfère ça. Elle aime bien compter.

Tout à coup, mademoiselle l’institutrice annonce qu’elle ramassera les copies avant l’après-midi. Vite, coccinelle se dépêche de tremper le bout de ses pattes une dernière fois et remplit les cases manquantes d’autant de petits points que le demande l’exercice de mathématique.

– Et n’oubliez pas d’inscrire votre nom en haut de la feuille, précise la maîtresse.

– ZUT ! et rezut ! rouspète l’insecte, pourquoi faut-il toujours noter son nom ?

La coccinelle s’applique du mieux qu’elle peut. Tout à coup, une image lui revient en mémoire : le clavier de son ordinateur de jeu.

« Mais oui ! », pense la petite bête. Je vais écrire comme sur l’ordinateur, c’est plus facile.

Et elle écrit donc : c o c c I n e l l e

Le lendemain, coccinelle, fière d’avoir pensé à son clavier, est impatiente de recevoir sa note.

Quand elle reçoit sa copie, elle est à la fois très heureuse et triste. Très heureuse d’avoir une si jolie note, mais triste car elle ne comprend pas pourquoi madame ne lui a mis que 9 / 10, alors qu’elle n’a fait aucune faute dans ses calculs.

L’institutrice attendait sa réaction. Quand Coccinelle lève la patte, elle l’autorise à poser sa question à voix haute :

– Madame, pourquoi est-ce que j’ai neuf et pas dix ? Je n’ai pourtant fait aucune erreur.

– En effet Coccinelle. Tu n’as fait aucune erreur dans l’exercice, mais regardes un peu en haut de ta feuille… Que lis-tu ?

L’insecte voit un gros point rouge au-dessus de son i, sur son prénom. Elle semble ne pas comprendre.

– Tu oublies toujours de mettre les points sur tes i. C’est quand on écrit en majuscules, qu’il ne faut pas mettre de point.

Et le petit insecte demande alors aussitôt :

– Mais maîtresse, pourquoi est-ce que je dois mettre un seul point dans mon prénom alors que sur mon dos, j’en ai sept ?

 

Visite au centre de sauvegarde

Tiré de faits réels  :-)

Noémie et sa classe sont en excursions. Le matin, ils découvrent la vie dans une ferme puis l’après-midi, ils visiteront un centre de sauvegarde pour animaux sauvages.

Toute la matinée se passe tranquillement. Ce n’est pas la première fois que l’école organise cette rencontre avec une ferme de la région. Noémie n’attend qu’une chose, que l’après midi arrive au plus vite.

Au centre de sauvegarde, le soigneur a dicté une certaine règle de conduite.

–          Les animaux sauvages sont fragiles et très sensibles. S’ils sont ici, c’est pour être soignés. Il leur faut du calme. Je ne veux aucun cri ni geste brusque et personne ne courre dans les couloirs. Il est interdit de s’approcher des animaux ou de tenter de les toucher au travers des barreaux. Si vous avez des questions, notez-les et je répondrai à toutes vos interrogations une fois la visite terminée.

Dans les rangs, chuchotements de surprise et petits rires moqueurs de la part de certains élèves dits « perturbateurs. »

Noémie a les yeux grands ouverts. Dans les premières cages « à oiseaux », elle découvre en effet des petits oiseaux. Elle reconnaît un moineau. Celui qu’elle identifie sans mal a une patte abîmée. Il lui manque des doigts et il a l’air fatigué.  Un peu plus loin, elle voit d’autres oiseaux, qu’elle ne connaît pas.

« Comment s’appellent les oiseaux dans les cages 5, 6, 7 et 8 ? » Marque-t-elle dans son carnet.

A l’opposé des cages, il y a cinq boxes fermés avec une porte. Une petite fenêtre, un peu trop haute pour elle, permet au soigneur de savoir quel animal se trouve là.

« Qu’y a-t-il dans ces boxes ? » Noémie continue ses questions.

Dans la cour, deux immenses volières côte à côte, envahissent ce qui devait être auparavant un grand jardin. Des filets souples et d’autres grillages plus rigides composent cette volière impressionnante. De hautes plantes, des morceaux de troncs d’arbre et d’autres cachettes dissimulent des rapaces en convalescence. L’adolescente réussit à deviner l’un d’entre eux à cause de ses serres jaunes qui dépassent d’une plante bien verte.

« Combien et quels rapaces se trouvent dans les grandes volières ? » Note-t-elle à la suite de ses deux premières questions.

De l’autre côté des boxes, aussi à l’extérieur mais à l’abri du vent et d’autres intempéries, une troisième volière. Plus basse mais encore plus fournie en cachettes, celle-ci a aussi un petit étang artificiel. Des dizaines de petits oiseaux volettent en tous sens. L’adolescente n’arrive pas à les compter tellement ils ne cessent de bouger. Quand l’un ou l’autre se pose enfin, elle admire ces animaux qu’elle pense ne jamais revoir autre part que dans ce centre ou dans un zoo. Un canard se laisse timidement apercevoir sur l’étang, juste en dessous d’une branche.

–          Ouah, qu’est-ce qu’il est beau ! Je n’ai jamais vu de canard aussi joli ! Chuchote-t-elle à sa copine de classe.

«  nom du splendide canard » Écrit-elle joyeusement dans son carnet.

Quand elle pense avoir fait le tour du centre, la voix grave du soigneur l’interrompt dans ses pensées.

–          Et pour terminer, voici les boxes semi-ouverts. Ceux-ci sont prévus pour recevoir des animaux qui devront bientôt sortir pour retrouver leur liberté. Certains ont des cachettes pour pouvoir échapper à des bruits ou des observations trop effrayantes pour eux.

Contrairement aux autres boxes tout à fait fermés, ceux-ci ont des portes grillagées entièrement transparentes. Tout le monde s’émerveille devant ce renard craintif et curieux. Le mammifère recule jusque dans le fond mais ne va pas se cacher dans sa boîte en bois.

« Que mangent les renards dans le centre ? » Pense-t-elle clôturer sa liste de questions.

Dans le boxe suivant, l’animal ne se laisse pas apercevoir. Les suivants sont vides et le soigneur invite toute la classe à se regrouper dans le garage pour poser les éventuelles questions.  Noémie tourne la page pour débuter son questionnaire mais elle n’a pas le temps de lever le doigt qu’une personne vient chercher le soigneur.

–          Un oiseau rare. Tu peux t’en occuper si je me charge du groupe ?

L’ado est toute émoustillée.

–          Un oiseau rare ? Je crois que tous les oiseaux que j’ai pu voir ici, je ne les ais jamais vus. Ils sont tous rares pour moi, dit-elle à sa copine.

–          Tu crois que c’est un aigle ? lui répond son amie.

–          J’en sais rien, chuut, regarde par là.

Noémie en a oublié ses questions. Elle est obnubilée par la caisse en carton qu’elle peut voir dépasser du bureau d’accueil. Son institutrice l’interpelle doucement.

–          Noémie, c’est ici que tu es, pas là bas. Écoute les explications de monsieur et pose tes questions si tu en as. Je suis sûre que tu dois en avoir.

–          Oui, madame. Mais vous savez ce que c’est comme oiseau, là bas ? Un oiseau rare ?

L’autre soigneur trouve là l’occasion d’aborder le thème de rareté chez les oiseaux. Ému par la curiosité de la jeune fille, il finit par révéler l’identité de l’oiseau et mentionnant toutefois qu’il est menacé d’extinction.

–          Attendez-moi un instant les enfants. Je reviens de suite.

Quelques élèves parlent de ce qu’ils ont vu dans les cages. Peu semblent autant s’intéresser aux animaux sauvages que l’adolescente.

Le soigneur revient et s’approche d’elle.

–          Comme tu m’as l’air sage et que tu sembles vraiment porter un intérêt aux animaux, tu peux aller à l’accueil voir l’engoulevent…mais chuuut, doucement hein.

Noémie n’en revient pas ! Elle interroge du regard son institutrice, elle peut y aller. Elle dépose ses affaires sur le sol et avance tout doucement vers la pièce. Quand elle ouvre la porte, le soigneur qui a fait la visite lui chuchote :

–          Tu veux bien éteindre la lumière s’il te plaît. C’est un oiseau  nocturne, il n’aime pas trop la lumière du jour.

La lumière artificielle éteinte, il reste un faible éclairage qui perce d’une des fenêtres qui donne dans le garage. C’est juste assez pour que les humains puissent encore voir quelque chose.

Le soigneur ouvre délicatement la boîte. D’un geste ferme, il prend l’oiseau de manière à ne pas se faire griffer ni mordre. C’est un oiseau brun avec de grands yeux sombres. Il est plus petit qu’un pigeon mais nettement plus grand qu’un moineau.

–          On dirait un morceau d’arbre, ne peut-elle s’empêcher de dire.

–          Oui, c’est un oiseau qui peut parfaitement se confondre avec son milieu. Il a un mimétisme  excellent, c’est un as du camouflage.

Alors que l’oiseau ferme ses paupières et semble mort, le soigneur explique à Noémie la raison pour laquelle on l’a apporté au centre.

–          Tu vois, c’est un oiseau qui chasse principalement quand il fait noir, alors parfois, il est victime d’un accident de la route. C’est ce qu’il s’est passé ici. C’est un oiseau très rare, il est en voie de disparition. Nous n’en avons pas souvent ici, c’est pourquoi, je vais d’abord le mettre dans un boxe fermé, dans le noir et au calme. Un animal qui est victime d’une voiture, a peu de chances de survie. Les vingt-quatre à quarante-huit heures sont décisives. Et puis celui-ci ne se nourrit que d’insectes attrapés au vol, ce n’est donc pas garanti qu’il mange en captivité. Dès qu’il montrera des signes de bonne santé, nous le libérerons aussi vite.

Au moment où le soigneur passe devant Noémie, une mouche brise le silence. Aussitôt l’oiseau retrouve une énergie insoupçonnée et ouvre un bec énorme qui surprend tellement la jeune fille qu’elle recule en émettant un cri de frayeur.

Sacha et le printemps dans la classe de ma fille

Il m’arrive d’écrire de petites histoires pour les classes de mes enfants. J’avais commencé quand ma fille était en moyenne section de maternelle. Ils ont un doudou en classe qui va chez l’un, chez l’autre, le temps d’une nuit ou d’un week-end. En maternelle, mes petites histoires se sont retrouvées dans la bibliothèque de l’école, c’était déjà chouette ! Aujourd’hui, je découvre que ma dernière création en date, est actuellement utilisée comme « leçon de lecture », pour la classe de ma puce, en 1ère primaire :-)

Je suis occupée à redécouper cette histoire afin qu’elle soit utilisable dans un kamishibaï.

Dès que je le pourrai, je ferai des photos de l’histoire, insérée dans mon butaï A4.

Sacha et le printemps

Jour de tonnerre

5ème histoire… ça vous plaît toujours ?

Noémie est à l’école. C’est bientôt la fin de la classe. L’heure du midi arrive à grand pas. Noémie n’est plus trop concentrée sur ce que la maîtresse explique.

C’est le printemps. Depuis une semaine il fait doux mais pluvieux. Dehors, il fait lourd. Rapidement, le ciel s’assombrit. Les nuages descendent et on pourrait se croire à la tombée de la nuit. Le vent se lève et une odeur d’orage plane dans la cour de l’école.  Les insectes de la pluie volent maladroitement. Noémie, assise au fond de la classe, observe les branches des arbres qui tanguent. Elle n’a pas le temps de penser à son futur acte héroïque que la pluie frappe sur le sol de la cour.

– Le temps de midi se passera dans le préau, prévient l’institutrice.

Noémie aime bien cette ambiance particulière. Il fait sombre, il fait moche mais il ne fait pas froid. Il n’y a que le bruit de la pluie qui peut la bercer de la sorte. Elle aime passer son temps à regarder l’eau dégouliner des toits des maisons. Parfois les flaques dessinent d’étranges ondes. Elle aime beaucoup l’eau, sous toutes ses formes.

Les gouttes se font plus épaisses, plus rapides. Sur les vitres, elles s’éclatent violemment. La maîtresse doit interrompre la classe. La pluie crie plus fort qu’elle. Tous les élèves regardent par la fenêtre quand l’orage éclate. Personne ne remarque l’éclair mais tout le monde entend le grondement brusque. Certains sont impressionnés par la réaction de la nature. D’autres sont en admiration. Certains rigolent, d’autres n’osent plus faire le moindre geste et se bouchent les oreilles quand un éclair illumine le ciel, en prévision du grognement qui va suivre.

Soudain, dans tout ce remue ménage, un cri d’alarme retentit. Un oiseau hurle quelque chose d’incompréhensible. Il s’agite, il vole dans tous les sens. Peu d’élève semble s’intéresser à lui. Noémie le regarde. Elle essaie de comprendre son désarroi. Ses yeux suivent le petit passereau tout noir. Il est trempé. Ses plumes lui collent à la peau. Il s’ébroue quelque fois.

– Madame, vous croyez que les oiseaux ont peur du tonnerre ? demande Noémie.

– Non je ne crois pas Noémie. Ils doivent être habitués. Pourquoi cette question ?

– Là sur le muret, vous voyez ? C’est lui qui chante comme ça ?

Noémie ne sait pas que l’oiseau ne chante pas mais crie. Il est affolé mais personne ne va lui prêter de l’aide.

Dans la cour, derrière le panneau de basket, quelque chose est tombé et gît sur le sol trempé.

Dans l’arbre voisin, deux oiseaux, un noir et un brun s’inquiètent. L’objet qui est tombé a fait une chute incroyable et à présent, les oiseaux leur porte tout leur intérêt.  Contre toute attente, l’oiseau brun se couche à même le sol, protégeant quelque chose. Pendant ce temps, l’autre animal continue son discours saccadé.

– Madame, vous croyez que l’oiseau par terre est blessé ? Il a peut-être reçu la foudre sur lui ? Ou il a froid avec toute cette pluie !

L’institutrice n’a pas le temps de répondre. Le bourdonnement se fait de plus en plus fort, de plus en plus assourdissant.  Le vent balaye tout dans la cour de récréation.

Noémie attend qu’un nouvel éclaire annonce le prochain ronronnement du tonnerre pour ouvrir discrètement la porte de la classe.

Dans la rue, l’égout de la rue déborde. Des voitures déchirent d’immenses flaques d’eau. Des larves des coccinelles sont propulsées par le poids des gouttes d’eau devenues énormes. Une fourmilière est écrasée par la pluie. La nature est déchaînée.

Dans la classe d’Noémie, l’institutrice a fait asseoir ses élèves. Est-ce parce que l’orage est violent que les enfants semblent surexcité ?

La cloche sonne la fin de la matinée. Dans le préau les quatre cents élèves de primaire sont rassemblés. Noémie n’est pas là et personne n’a remarqué son absence. Pas même ses camarades.

Dans la cours, Noémie s’est cachée derrière le grand arbre. Dissimulée derrière le tronc, elle s’est accroupie pour mieux observer l’oiseau au sol. Celui qui est tout en noir avec son bec orange fait un raffut pas possible. Son cri perçant et aigu brise le bruit de fond de l’orage et des cliquetis de la pluie. Dans sa classe, sa maîtresse range ses affaires. Noémie tente un pas en direction de l’oiseau brun quand son institutrice la voit !

Noémie tente de faire comme si elle n’a pas entendu les doigts de sa maîtresse sur la vitre. Elle s’approche de l’oiseau qui est à terre. Il est tout brun, tremble de froid et tout son plumage est trempé. Les commissures du bec sont jaunes et le petit ne sait pas encore voler. Il crie dans une langue que l’enfant ne comprend toujours pas mais pourtant elle devine ce qu’il demande. En haut, perché sur une branche basse, la maman courre dans tous les sens pour appeler la jeune fille.

– Calme-toi petit oiseau, je vais te rendre ton petit mais avant, si tu permets, je vais le sécher un peu car il a très froid.

A quelques mètres de là, la maîtresse ne rate pas une miette du spectacle. Elle prépare un essuie pour son élève et pour l’oiseau.

La nature s’est calmée. La forte pluie s’est radoucie mais le ciel noir est à présent illuminé par des dizaines d’éclairs. Quelques grondements au loin annonce que l’orage s’éloigne. Le vent ne souffle plus aussi fort et Noémie peut rentrer dans sa classe pour réchauffer le petit oiseau qu’elle vient de ramasser. Autour d’elle, tout un groupement d’enfants s’est formé.

– Madame ? C’est quoi comme oiseau ? Il va mourir ?

La maîtresse ne sait pas très bien quoi répondre. Elle informe juste les enfants qu’il doit s’agir, probablement d’un jeune.  Noémie sent en elle quelque chose naître.  Elle voulait devenir médecin pour les enfants mais elle hésite à présent. Vétérinaire ça serait aussi chouette !

Dehors, la maman du petit merle se met dans tous ses états. Elle saute de branche en branche, s’égosille à ne plus en finir.

Quand le petit semble sec, la fillette ressort de la classe et sur la pointe de ses pieds, elle dépose le petit sur la plus basse des branches qui  lui est accessible. Elle s’éloigne de quelques pas et observe le comportement de la maman. Quand l’autre oiseau noir arrive, Noémie reconnaît le merle. Jamais elle n’avait pensé que le mâle et la femelle seraient différents.  Le papa oiseau a le bec rempli d’insectes. Il s’empresse de donner à manger à son dernier petit qui ne sait pas encore voler.