Un début d’histoire… qui commence à partir d’une histoire vécue. Si si, les amis, petits et grands, retrouvez votre âme d’enfant et imaginez, si vous le voulez, une suite à ce début :-)
Au petit matin d’un jour de décembre, tu marches dans la rue. Tu avances tranquillement sur le trottoir, comme cinq fois par semaine, pour te rendre à ton travail. Ton travail est loin, et tu dois d’abord prendre un bus pour y arriver, et puis un train. Et avant cela, tu dois faire toute ta longue rue pour arriver à l’arrêt de bus. Tu croises rarement quelqu’un, sauf le facteur, car tu pars assez tôt. Cela ne te dérange pas, tu aimes beaucoup marcher. Sauf, par temps de grosse pluie. L’avantage, c’est qu’à présent, tu connais le chemin par cœur, tu sais dans quelles maisons les gens sont déjà réveillés par la ou les lampes qui illuminent leur maison, tu sais où il y a un trou sur le trottoir qu’il faut éviter par temps de pluie pour ne pas tremper tes chaussures, tu sais où commence le petit bois d’où sort parfois d’étranges sons d’animaux. Oui, tu sais tout ça. Rien ne t’étonne, et ce chemin dans lequel tu mets dix-sept minutes de marche, te permets de réfléchir, de penser, de souffler, de te préparer à la journée.
Un pied devant l’autre, tu observes la tête légèrement relevée le quartier de lune qui est en plein milieu de ta trajectoire, dans les hauteurs. La lune, tu aimes la regarder. Elle n’est pas ronde, pas pleine, mais cela ne l’empêche nullement de briller ardemment. Tout à coup, une autre lumière, à ta gauche, sur le trottoir d’en face, une autre lumière arrête tes réflexions matinales. Cette lumière n’est pas si particulière, c’est celle de l’intérieur d’une maison. Oui, mais d’habitude, les gens de cette maisonnée ne sont pas réveillés. Tu t’arrêtes et tu écoutes attentivement. Y-a-t-il un bruit différent qui te mettrait sur la voie ? Un bruit comme un volet qui se ferme ou une porte de voiture qui claque qui pourrait signifier un départ ? Après tout, nous sommes vendredi, même les pensionnés peuvent s’offrir de temps à autres un petit week-end en amoureux. Mais il n’y a aucun bruit, rien de différent. Alors, tu regardes plus attentivement au travers de la porte vitrée. La lumière est jaune, ni trop vive ni trop basse. Tu ne distingues aucun détail, car la porte a été conçue pour ne pas voir au travers et ne donner aucune satisfaction aux petits curieux de ton genre. Toutefois, grâce au mouvement d’une personne, le monsieur qui habite là tu penses, tu avances encore un peu pour avoir un autre point de vue et tu crois voir une silhouette immobile dans un coin.
Le monsieur de la maison est parti. Tu es à présent toute seule face à cette silhouette qui ne bouge toujours pas. Il ne te faut pas longtemps pour comprendre que tu as en face de toi l’un des rennes du Père Noël ! Même si les contours sont flous, même si tu ne vois pas les couleurs, les grands bois sur cette tête si particulière, tu la reconnaîtrais n’importe où ! Et ce n’importe où, c’est dans ta rue ! Père Noël habite dans ta rue !
Bon, récapitulons. Tu as 36 ans, tu n’es plus un bébé, tu ne crois plus aux contes de fées, ni à la petite souris, ni à Saint Nicolas. Donc, ça fait longtemps, très longtemps, que tu sais que le Père Noël, bah, c’est une histoire pour les petits enfants. Toi, tu es grande à présent.
Alors, comment cela se fait-il que tu sois étonnée par ce que tu vois ? C’est probablement un déguisement… oui, sûrement, ça ne peut en être autrement ! Vraiment ?
Et pourtant… et pourtant tu es toujours là, arrêtée dans ta marche, à observer cette maison illuminée. Tu regardes ta montre. Tu es bientôt arrivée à ton arrêt de bus. Il te reste encore 6 minutes avant que le bus arrive. Vite tu traverses la rue pour observer cela d’un peu plus près. Tout à coup, là, en bas à droite de la maison, dans le jardin, juste derrière la poubelle, quelque chose ou quelqu’un bouge ! C’est tout petit. Sans doute une souris ou un mulot. Ou peut-être un rat. Brrr, tu n’aimes pas les rats. Tu les détestes même ! Dans l’obscurité de la nuit, tu ne vois pas très bien. Malgré qu’il y ait de la lumière dans la maison, cela n’est pas suffisant pour éclairer ce côté-ci de la maison. Vite, tu sors ton téléphone de ta poche et tu actives la lampe de poche intégrée. Tu remercies la technologie, et aussi ton mari pour t’avoir offert ce petit bijou dont tu pensais que tu n’utiliserais jamais la moitié de toutes les fonctions. Tu braques le faisceau lumineux à la base de la grande poubelle grise.
– Un lutin ! Un truc minuscule avec un chapeau rouge et un pompon blanc ? Pas possible ! Invraisemblable ! Tu hallucines ma vieille ! Tu es bonne à être enfermée chez les fous.
Tu frottes tes yeux, tu regardes une fois autour de toi pour voir s’il n’y aurait quand même pas une autre bonne âme pour confirmer ou infirmer ce que tu vois. Le facteur est déjà parti dans sa petite camionnette, et il n’y a décidément personne pour te venir en aide.
– Une photo ! Oui ! Vite une photo. Allez bon sang, où se trouve cette fichue application ? Ah là, ben oui évidement, sur l’écran d’accueil ! Argh ! Mes doigts sont gelés. Je déteste ces touches plates, tactiles…
Bon, calme-toi, ce n’est pas en t’énervant que ça ira plus vite. Que du contraire.
« Bon, j’y suis, je vise, j’active le flash et « clic » c’est dans la boîte, enfin, dans le téléphone ! »
Aveuglée par le flash, tu ne vois plus rien, sauf des points jaunes et blancs. Tu vises quand même une nouvelle fois à l’aveugle l’endroit et tu prends deux autres photos au cas où la première soit floue.
Aussi vite, tu replaces ton téléphone dans ta poche et tu te remets en marche, car là, pour le coup, tu vas vraiment louper ton bus, puis ton train, et tu seras en retard à ton boulot !
Ce n’est qu’arrivée à l’arrêt du bus que tu te traites d’imbécile ! Ben oui, tu aurais pu prendre la silhouette du renne en photo aussi ! Bon sang, ce que tu peux être stupide parfois !