Trahison de lapin

Le texte ci-dessous démarre grâce à une contrainte de jeu d’écriture de Rébecca : « apprendre à développer une idée ». Et tout démarre avec ce début d’histoire banale. (on ne choisit pas toujours son inspiration… :-) )

« Décembre. Loïc et Myrtille se promènent. Ils rencontrent Gaëtan et discutent avec passion. La nuit tombe. Ils rentrent chez eux. »

 Le terrier de Loïc et de Myrtille est saccagé ! Complètement sens dessus dessous ! Le trou est rempli de boue, des coups de griffes lacèrent l’entrée, et des crottes qui ressemblent étrangement aux leurs parsèment les alentours.

 Celui de Gaëtan, qui est à vingt bonds de lapins de là, est sauf.

Le couple tape de la patte à l’entrée du terrier de leur ami :

–          Gaëtan ! Excuse-nous de te déranger, mais notre terrier a été vandalisé ! Aurais-tu une petite place pour nous jusque demain ? On va en faire un nouveau, mais là, nous sommes trop fatigués.

Gaëtan, célibataire depuis longtemps, a un petit sourire en coin et leur répond :

–          Oh ! Heu… bien sûr avec plaisir. Toutefois, je crains que mon trou ne soit un rien trop petit pour nous trois. J’ai bien une petite place à côté de ma litière, mais c’est tout. Mais,

avant que leur ami ai pu terminer sa phrase, le bon Loïc intervient :

–          Cela ira, n’est-ce pas Myrtille ? Tu dormiras à côté de Gaëtan, j’irai juste à l’entrée, je n’ai pas besoin d’herbes sous mes fesses.

Myrtille, qui connaît Gaëtan depuis sa première sortie de terrier, est bien contente de pouvoir dormir sur de l’herbe tendre et délicieusement odorante.

–          Merci mon lapin. Gaëtan, merci à toi pour ton hospitalité.

 Loïc qui se frotte les pattes de devant l’une contre l’autre, se fait une dernière beauté avant de répondre que c’est tout naturel, entre amis, de s’aider.

 Le couple est si fatigué que Myrtille s’endort presque aussitôt. Loïc ne tarde pas non plus à fermer ses petits yeux. Il se tourne et se retourne sur sa couche sèche. Il cherche sa position quelques instants puis sombre dans les bras de Morphée.

Gaëtan fait semblant de bâiller et s’installe tout content à une moustache de Myrtille. Il attend que les ronflements de ses invités deviennent réguliers pour se rapprocher de celle qu’il aime secrètement depuis longtemps.

Il n’a pas collé sa tête sur le dos de Myrtille depuis deux minutes qu’un gargouillement s’entend.

–          Pfff ! Ces nouvelles fleurs que j’ai mangées tout à l’heure ne sont pas de premier choix !

Il s’éclipse discrètement et frôle Loïc pour pouvoir sortir de son terrier. Pour ne pas le réveiller, il marche aussi silencieusement qu’il peut et va se soulager à quelques mètres de là.

Une fois sa grande commission faite, il revient sur des pattes de velours et se réinstalle tout contre Myrtille, les yeux pétillants de joie. Depuis le temps qu’il attendait de l’avoir si près de lui… son plan fonctionne à merveille.

 Quelques instants plus tard, c’est au tour de Loïc de se réveiller avec des crampes au ventre. Les fleurs que Gaëtan lui a fait goûter le soir ne sont décidément pas faciles à digérer.

Comme son ami plus tôt, il va sur la pointe des pattes se soulager plus loin. La coïncidence veut qu’il aille se cacher au même endroit que Gaëtan !

–          Crotte de renard ! râle-t-il en apercevant les excréments ronds et foncés. On dirait les mêmes qui entourent notre terrier. Celui qui a détruit notre terrier habite donc près d’ici ?

Loïc serait bien tenté de les observer de plus près, mais son ventre lui fait un mal de chien. Tant pis, il fait ses besoins là aussi.

Tout à coup, alors qu’il trouve que ses crottes sentent diablement mauvais, il constate :

–          Mince alors ! Cette odeur, je la connais ! Ce n’est pas possible…

Alors qu’il fait non de la tête, il met son museau sur les autres crottes, rondes et plus foncées que les siennes, et dit stupéfait :

–          ça par exemple ! Ce parfum dégelasse est aussi horrible que celui que je viens de sortir.

Il tâte les crottes et constate qu’elles ne sont pas tout à fait froides. Il tourne le dos et regarde ce qui s’offre à lui :

–          Gaëtan !!

Le terrier de celui qui les héberge est pile en face de lui. Furieux, il fait des bonds de géants puis à deux mètres de là, il s’arrête net.

« Mais pourquoi a-t-il fait ça ? » se demande-t-il alors.

Pour une raison qu’il ne sait pas très bien, il décide de continuer doucement, lentement. Il se fait aussi léger qu’une petite souris et marche comme sur des œufs.

 Arrivé dans le terrier, il ne peut que réaliser qu’il s’est fait rouler par son ami. Gaëtan est à présent collé contre Myrtille.

–          Traître ! crie-t-il.

L’effet de surprise est total. Gaëtan se réveille en sursaut et Myrtille aussi. Loïc ne doit même pas dire pourquoi il a crié comme ça, Gaëtan bafouille tout de suite :

–          Excuse-moi, excusez-moi, je ne l’ai pas fait exprès, mais j’aime Myrtille depuis des années. Seulement, je suis trop timide et je ne le lui ai jamais dit. Pardon, pardon mes amis.

 La belle Myrtille en rougit, mais elle lui dit tout de suite :

–          Tu as détruit notre terrier pour qu’on vienne ici et que je dorme près de toi ?

–          Oui, oui, je suis désolé. Prenez mon terrier, je m’en vais. Je ne mérite pas de rester votre ami.

 C’est alors que Myrtille a une idée. Elle ne lui en veut pas trop, car dans sa famille, quelqu’un est aussi secrètement amoureux d’un lapin… et pas de n’importe quel lapin : Gaëtan en personne !

– Écoute, demain, tu viens avec nous pour nous aider à faire un nouveau et spacieux terrier, car je vais bientôt avoir des petits. Et parce que ce que tu as fait est vilain, je te demande de mettre ta timidité de côté et de parler à ma sœur… Je suis sûre que vous allez très bien vous entendre.