Livres sur les corvidés : corneilles et corbeaux

Suite à mon émerveillement sur l’observation d’un jeu chez les corneilles, voici quelques livres de ma bibliothèques qui parlent de ces oiseaux, ou de leur famille : les corvidés.

Dans la famille des corvidés, je demande :

  • corbeaux (grand corbeau, corbeau freux)
  • corneille (corneille noire, corneille mantelée)
  • pie bavarde
  • geai des chênes
  • choucas des tours
  • cassenoix moucheté…

Dans le monde, il existe pas moins de 130 espèces présentes dans cette famille ! En Belgique, j’en connais et vus ceux cités ci-dessus avec un doute sur la corneille mantelée, car j’étais en voiture, et cet oiseau est tellement rare chez nous, que je me demande si je n’ai pas eu la lubie, mais c’était il y a déjà quelques années !

Dans la littérature, vous connaissez tous la fable de La Fontaine : Le corbeau et le renard, voici le petit livre illustré que j’ai chez moi, illustré par Roland et Claudine Sabatier

Fable de La Fontaine

Vous voulez découvrir de chouettes infos sur les oiseaux ? Lisez ce livre : drôles d’oiseaux ! de Hélène Lasserre et Gilles Bonotaux

Drôles d'oiseaux

Plus sérieux, il y a celui-ci : Secrets d’oiseaux, de Pierre Gingras

Secrets d'oiseaux

Plus spécifique : le retour du Grand corbeau en Belgique – récit d’un projet abouti – de Jacques Delvaux

Le retour du grand corbeau en Belgique

Dans la littérature jeunesse, ce conte initiatique : Le Royaume de Kirrick de Clive Woodall.

Le Royaume de Kirrick

Enfin, toujours pour les plus jeunes : Corbelle et Corbillo, cinq rêves, six farces et un voyage de Yvan Pommaux.

Corbeille et Corbillo

S’émerveiller à la vie : les oiseaux

Je dois paraître bien bête (l’air ne fait pas la chanson), mais dans la semaine, en rentrant du boulot, je me suis mise à sourire et même rire légèrement, toute seule. Oui, toute seule. Heureusement, il n’y avait personne près de moi pour me voir si béate devant un spectacle pourtant insignifiant, mais moi, ça m’a fait sourire et ça m’a fait du bien de sourire à la vie pour si peu.

C’était donc le soir (plutôt fin d’après-midi, mais en cet hiver, il fait noir tôt), le soleil se couchait, je le voyais descendre à l’horizon, au loin, et j’étais contente de ne plus revenir dans l’obscurité totale. Je grimpe à pied la montée qui me sépare de ma rue (10 à 11 degrés la pente, quand même ! je ne sais pas encore la faire en vélo), traverse une rue, et commence à monter sur un second chemin un peu pentu. Là, à cet endroit se trouve à ma droite, un terrain de foot et … des corneilles… quoi de plus banal que des corneilles ? Eh bien moi, j’aime beaucoup ces oiseaux noirs, ils sont intelligents et super intéressant à observer. Ils ont un comportement qui font qu’ils ne se gênent pas pour jouer et pour montrer qu’ils aiment ça.

Corneille

Il y en a 2 au sol et une vingtaine de leurs cousins, des choucas des tours, coassent dans le ciel, sur la route de leur dortoir. Ils ne sont pas l’un près de l’autre et l’un de ces corvidés s’occupe à taper du bec sur quelque chose que je ne distingue pas. La chose est fermement coincée sous l’une de ses pattes par ses doigts solides aux griffes rigides et pointues. L’autre arrive rapidement vers celui-ci. Mais il n’arrive pas en volant ou en marchant comme savent si bien faire ces oiseaux-là, non, il court ! Et sur une bonne distance, il garde la cadence. Un rythme soutenu, il court tant et si bien que ses pas finissent par faire de petits bonds. On dirait qu’il est monté sur des ressorts. Il parcourt ainsi la distance le séparant de son congénère que j’estime à vue de nez d’humain à quelques dizaines de mètres. Le but, je suppose, à le voir ainsi rejoindre à la hâte son ami (ou son amie, difficile à dire chez cette espèce), est d’essayer d’attraper la chose qui se trouve entre les pattes de l’autre. Sans méchanceté aucun, le premier oiseau, lui tourne le dos tout en veillant à bien garder enfermé sa chose dans ses doigts articulés et musclés. Ils se tournent littéralement autour pendant un court instant avant que le premier, lassé de ce jeu qu’il considère peut-être comme stupide ou puéril, ne s’envole avec sa chose.

Son « jouet » ou son « ami » parti, envolé, la seconde corneille prend ses ailes à son corps et s’envole lui courir après. En l’air, leur chemin se sépare et je les perds de vue par la suite.

Et bien cette simple observation m’a fait sourire. Et oui, rire un peu. Je me demandais si la seconde corneille parviendrait à attraper la « chose » et si la première se laisserait faire ou non…

Cela n’a duré que 2 ou 3 minutes, mais j’étais contente de pouvoir regarder cela, petit moment de légèreté et de total oubli du reste du monde.

Bouba l’oiseau magicien

Cette histoire est dans mon premier recueil : « Mes animaux imaginaires »

Bouba est un drôle d’oiseau. Tu l’as sûrement déjà rencontré dans la rue, j’en suis sûre. Bouba est un oiseau très commun, mais la plupart du temps, les gens passent à côté de lui sans même lui jeter un seul regard. Bouba est une corneille. Un beau et jeune mâle d’une saison (trois mois en langage d’homme) qui n’attend qu’une chose : avoir fini sa croissance.

Tu ne vois pas à quoi ressemble ce drôle d’oiseau ? Et bien je vais t’en faire une rapide description et avec ça, je suis certaine que tu vas me dire que tu l’as déjà croisé sur le chemin de l’école ou même dans ta rue.

Bouba est noir, de la tête aux pattes. Il est plutôt grand et il se balade souvent en compagnie d’autres camarades tout aussi noirs que lui. Il se déplace souvent en marchant et parfois il fait entendre sa drôle de voix quand il joue et vole dans les airs. Enfin bon, cette description, je dois bien l’avouer, est juste quand Monsieur Bouba veut bien se laisser voir de la sorte. Car vois-tu Bouba aime se déguiser. Oui, il adore la magie. Depuis tout petit, depuis sa sortie de l’oeuf en fait, il veut devenir un magicien. Il veut voir plein de couleurs autour de lui. Il veut impressionner, il veut intriguer, il veut être celui que tout le monde admire. Ses parents ont beau essayer de lui expliquer qu’il est ce qu’il est et que rien n’y changera, Bouba, têtu, ne les écoute pas. Bouba n’est décidément pas un oiseau comme les autres.

Son premier tour de magie, il le fait sur lui. Il badigeonne son plumage de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et met des lentilles bleues dans ses yeux. Il couvre sa tête d’un chapeau cerise et parle en chantant.

— Maître corbeau sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage. Maître renard par l’odeur alléché lui tint à peu près ce langage…..

Personne ne le reconnaît et tout le monde le regarde avec de grands yeux tout ronds. C’est qu’il est rigolo avec ses taches un peu partout sur le corps et son étrange regard azuré. Mais, très vite, il change d’avis. On rigole tellement de lui que ça ne l’amuse plus. On le prend plus pour un clown que pour un magicien. Il décide alors de faire ses tours de passe-passe sur les autres.

Un jour, alors qu’il se repose dans un parc et qu’il se dore au soleil, il croise un groupe de pies. C’est, à ce qu’on dit dans le village, les filles les plus bavardes et les plus bruyantes. Et c’est bien vrai ! Ces demoiselles parlent à haute voix afin que tout le monde les entende. Elles n’hésitent pas à commérer les pires histoires et on les soupçonne même d’inventer des ragots ! C’est ce jour-là que Bouba apprend qu’un jeune garçon vient d’être grondé par ses parents parce qu’il a fait pipi sur lui. Le petit enfant n’a que trois ans et ses parents sont très stricts avec lui.

Fils unique, Timothy est souvent puni pour des bêtises d’enfant. Mais quoi de plus normal de faire des bêtises à son âge ? Quoi de plus naturel que d’être un enfant insouciant ?

Ce matin-là, Timothy accompagne ses parents à une réception. Son père qui lui demande de se tenir bien sage et de ne pas lui faire honte devant son patron, ne prête aucune attention à lui. Personne ne joue avec lui. Il s’ennuie et passe son temps à boire des limonades et à écouter les conversations des grands. Mais quand, après avoir vidé trois verres de jus de pommes, le petit garçon supplie son père pour lui poser une question, il est discrètement, mais fermement repoussé à l’écart par une main grande et froide. Timothy ne peut plus se retenir pour faire pipi et il n’ose pas demander à sa maman. Il n’ose plus depuis qu’il a entendu sa maman dire qu’il était un grand garçon et qu’il pouvait se débrouiller tout seul.

Timothy fait les cent pas dans le salon, à la recherche des toilettes. Il est timide et ne pense même pas à parler aux inconnus. Désespéré de ne pas les trouver, il se dirige dans le jardin, tente de se faufiler derrière les grands buissons quand son père le bouscule et le force, de la main sur la tête, à avancer. La dernière tentative de Timothy à s’expliquer reste en suspens, car son père estimant qu’il n’avançait pas assez vite lui tire l’oreille et l’emmène dire bonjour à son patron. Il est trop tard. Dans les derniers mètres qui les séparent de l’employeur de son papa, Timothy mouille son petit slip. Une grande auréole tache son pantalon en jeans et une petite flaque glisse à ses pieds devenus raides de peur et de honte. Pour ne pas faire mauvaise impression devant son big boss, le père ne gronde pas son fils. Hélas, il se rattrape une fois qu’ils sont arrivés à la maison. Non seulement Timothy est grondé sévèrement, mais pour la deuxième fois de la semaine, il reçoit une fessée magistrale. Et sans les langes pour le protéger, cela lui fait terriblement mal. Le petit garçon n’espère plus qu’une seule chose : retrouver sa chambre et surtout son lit pour pleurer et pour dormir. Il aime dormir, car il fait de jolis rêves dans lesquels il s’imagine une autre vie.

Bouba qui a vent de cette histoire par les demoiselles les pies, se promet de faire quelque chose pour aider ce pauvre petit garçon.

Le soir même de cette punition injuste, le drôle d’oiseau noir se faufile dans la chambre des parents de Timothy. Ce premier soir, il ne fait rien. Il prend ses repères et scrute les moindres détails de la chambre à coucher. Il compte le nombre de pas et de coups d’aile qui le sépare de la grande fenêtre et enregistre dans sa tête le trajet et le temps qui lui faut pour s’enfuir à toute hâte.

Le lendemain, il se cache dans les rideaux et les fait bouger du bout des rémiges. Mais ce petit geste ne perturbe pas le moins du monde les parents. Sans doute mettent-ils cela sur le compte du vent, car ils ferment de suite les fenêtres et enfilent un peignoir.

Le troisième soir, Bouba décide qu’il est grand temps d’user de ses talents. D’un tour d’aile, il fait valser un splendide vase en porcelaine qui est sur la commode, en face du lit. D’un simple regard, il allume un feu d’artifice dans la chambre. Le cri aigu de la maman réveille en sursaut son époux. La femme commence à s’inquiéter et ses mains tremblent de peur.

Le quatrième soir, l’énorme miroir de l’armoire à vêtements vole en éclats et les mille morceaux se répandent sur et dans le tapis. Une peur folle se lit désormais dans les yeux de la madame tandis que le monsieur persévère à trouver réponse à ces drôles d’événements.

Le cinquième soir, au moment d’allumer les lampes de chevet, les plombs de toute la maison sautent ! Les piles des lampes de poche sont plates et les mèches des bougies en cire refusent de prendre feu. Ça commence à en être de trop pour la maman de Timothy. Elle ordonne à son mari de trouver une solution sinon elle exige un déménagement ! La crise de nerfs de la maman passe, le père se recouche alors que Timothy ne comprend rien à ce qu’il se passe, mais laisse un sourire se dessiner sur ses lèvres quand il voit sa maman gronder son papa.

Bouba rigole, son plan marche à la perfection. Plus qu’un ou deux tours et il vengerait Timothy.

Le septième jour, alors que tout semble calme dans la demeure, Bouba rentre dans la pièce, devenue si familière. Depuis cette nuit, le père dort seul dans le grand lit conjugal, son épouse a préféré dormir cette nuit et jusqu’à ce que tout cela s’arrête, chez ses parents.

L’homme ne semble pas se soucier de ce qu’il va se passer, il dort d’un profond sommeil. Bouba s’approche sur la pointe des pattes du lit. Du bout du bec, il retire tout délicatement la boule d’ouate qui se trouve dans l’oreille de l’humain. Ensuite, le grand magicien avale le contenu d’un drôle de récipient rouge, gonfle son torse, ouvre largement son bec et pousse un cri aussi effroyable qu’étonnant. Il vide tout l’air de ses poumons et s’envole en toute hâte. Un épais brouillard s’installe dans la chambre et le cri résonne dans la pièce devenue vide et noire.

Saisi dans ses rêves, l’homme est pris de panique et se réveille en sursaut dans un lit mouillé. Il lui faut un temps assez long avant de comprendre ce qu’il vient de lui arriver : il a tellement peur qu’il fait pipi dans son lit ! Bouche bée, il ne réalise pas ce qu’il se passe et se sent complètement perdu, désorienté et seul.

Timothy est lui aussi réveillé et court dans la chambre de ses parents. Quand l’enfant découvre la trace informe de l’urine sur le lit, il lève la tête et pose des yeux interrogateurs à son papa. L’homme, ce père si fort, devient tout rouge et confus. Il n’ose soutenir le regard de son fils et détourne la tête.

Depuis cet instant, plus jamais Timothy n’est grondé pour quoi que ce soit par son papa et sa maman a, comme par enchantement, retrouvé tout l’amour et la protection qu’elle lui donnait quand il n’était qu’un nouveau-né. Aussi grand soit-il devenu, Timothy retrouve les bras doux et apaisant de sa maman.

Dehors, un oiseau noir croasse de bonheur.