(partie 1)
(partie 2)
Le fumet de sa cuisine passa entre les arbres et arriva un jour au nez d’un roi perdu. Sur son cheval, le roi énervé de s’être égaré dans cette forêt immense envoya un membre de sa suite en avant pour qu’il aille trouver l’origine de cette délicieuse odeur.
— Et si tu trouves d’où ça vient, demande-lui le chemin le plus court pour rentrer au royaume.
L’écuyer trouva rapidement la source de cette odeur et il fut étonné de voir ce hérisson à moitié humain sur le dos d’une poule perchée au sommet d’un arbre.
— Heu, excusez-moi jeune animal, jeune fille ou je ne sais pas quoi, pourriez-vous me montrer le chemin pour regagner le royaume ?
Hermione-ma-Hérisonne se lécha les doigts, descendit de son arbre et confia à l’écuyer qu’elle voulait bien montrer le chemin à son roi à condition que celui-ci lui fasse la promesse de lui envoyer la première personne qu’il rencontrera quand il passera dans sa cour royale.
Le roi impatient gribouilla n’importe quoi sur un bout de papier s’imaginant que cette créature repoussante ne savait pas lire.
Arrivé dans son royaume, le fils du roi qui était inquiet de ne pas voir revenir son père courru vers lui en lui racontant une incroyable histoire qu’il s’était passé au château durant son absence. En voyant son fils arriver, le roi pensa immédiatement à la créature dans la forêt et refusa de laisser son garçon, le futur roi, la rejoindre. Il n’envoya personne dans la forêt, interdisant quiconque d’y aller, même pour cueillir des champignons. Il narra cette rencontre à son fils en précisant bien qu’il avait écrit tout à fait l’inverse de ce que l’étrange créature lui avait demandé.
— De toute façon, j’aurais refusé d’y aller père !
— Brave garçon, tu as entièrement raison, mais n’y pensons plus, passons à table veux-tu, je meurs de faim.
Et le temps passa. Hermione-ma-Hérissonne n’en continua pas moins à garder ses chèvres et son ânesse, à préparer de délicieux petits repas mijotés dont elle-seule avait le secret et à observer les animaux de la forêt, perchée paisiblement dans son arbre avec sa poule préférée.
Et puis voilà qu’un autre roi, d’un autre royaume vint à passer par là avec tout ce petit monde qui entoure habituellement tous les rois en promenade. Lui aussi était perdu, car la forêt était grande, très grande. Immense ! L’heure du repas du soir arriva et le roi sentit le délicieux fumet qui s’échappait non loin de là. Il envoya un messager trouver le cuisinier, habitant de la forêt, pour lui conseiller le bon chemin afin qu’il puisse au plus vite rentrer au royaume.
— Dis-lui bien, si tu le trouves, qu’on n’en veut pas à sa bonne nourriture, mais juste le plus court chemin, précisa le roi à son messager.
Le messager trouva non sans mal Hermione-ma-Hérissonne, perchée au sommet du plus grand arbre. Quand il découvrit à quoi elle ressemblait vraiment, il en oublia de lui demander le chemin et c’est la jeune Hermione-ma-Hérissonne qui brisa la gêne :
— Bonjour étranger. Que viens-tu faire ici ? demanda-t-elle poliment.
— Je, heu, nous sommes perdus. Le bon roi m’envoie vous demander le chemin le plus court pour rejoindre son royaume, lui répondit-il alors que la jeune femme-hérisson descendait de l’arbre, toujours perchée sur sa poule.
— Je ne peux pas quitter mon troupeau de chèvres, mais dit à ton roi que je lui montrerai le chemin à condition qu’il me promette de m’envoyer la première personne qu’il rencontrera quand il arrivera à son royaume.
Le bon roi fit le serment de faire tout le nécessaire pour Hermione à condition qu’il franchisse les portes de son royaume avant la nuit tombée.
Et c’est ce qu’il se passa. Le soleil n’était pas encore couché que le bon roi rentra enfin chez lui. Son unique fils, un magnifique prince blond comme les blés et à la peau aussi douce que celle d’un bébé, se rongeait les ongles d’inquiétude. Il courut aussitôt vers son père pour le serrer dans ses bras.
— Mais comment se fait-il que vous soyez restés si longtemps absents, loin de moi ? lui demanda-t-il d’une voix tendre.
Le roi lui raconta qu’ils s’étaient perdus dans l’immense forêt et que sans l’aide d’une habitante des bois, ils ne seraient pas encore là.
— La jeune femme qui nous a aidé n’était pas tout à fait humaine, mais elle a été honnête et nous a guidé vers le bon chemin. Elle cuisinait très bien, ça sentait très bon chez elle. Hélas, maintenant que je suis ici, je me dois moi aussi d’honorer ma parole : je lui ai promis de lui envoyer la première personne que je verrai quand je rentrerai. Et cette première personne, c’est toi mon fils. Oh ! Si tu savais comme je regrette cette décision.
Le roi avait beaucoup de chagrin à l’idée d’envoyer son fils dans cette gigantesque forêt. Mais celui-ci le rassura :
— Ne t’inquiète pas père, j’irai de mon plein gré là-bas si elle me le demande, car c’est tout à ton honneur que de vouloir tenir ta promesse. J’ai beaucoup de respect pour toi, et je te promets que je te reviendrai bientôt, avec ou sans cette jeune personne.
(à suivre)