Affronter sa peur : le pouvoir des contes

Pourquoi je reviens toujours vers les contes ?

Je ne sais pas pourquoi les contes m’attirent autant.
Ou plutôt si : je crois que je le sais, mais j’ai encore du mal à le dire tout haut.

Ce week-end, je repars me former à l’art du conte. Une formation de perfectionnement. Et, comme à chaque fois, je tremble à l’idée d’y aller.
Rien que d’imaginer parler devant un groupe, sans texte, sans filet, me met le trouillomètre à zéro.
Je sais que j’aime écrire des contes, mais les dire… c’est une autre histoire.

Pourtant, les contes me fascinent. Leur structure, leur manière de faire passer des messages sans jamais les imposer.
À deux reprises, chez le même animateur, j’ai terminé la formation en disant :

“Non, décidément, je préfère écrire que conter.”

Et puis, la dernière fois, en 2022, il y a eu un déclic. Quelque chose d’invisible, mais de très réel. Mon ami conteur l’a senti lui aussi.
Après ça, pourtant, j’ai arrêté de conter … mais j’ai continué d’écrire.
J’ai compris que je préférais adapter des contes existants plutôt que de dire les miens. Parce qu’avec mes textes, j’ai du mal à me détacher des mots.
J’ai peur de les trahir en les disant autrement. Comme si, en me détachant du texte, je me détachais de moi.

Et puis, récemment, j’ai compris d’où venait ce malaise.
Un souvenir d’enfance, revenu avec violence, m’a rappelé pourquoi parler a toujours été si difficile.

À treize ans, j’ai dénoncé quelqu’un pour des faits graves. On m’a traitée de menteuse. On m’a dit de me taire. On m’a dit que j’exagérais.
Alors j’ai fini par me taire. Un mutisme sélectif s’est installé, ma timidité est devenue maladive…
Et l’écriture a pris la place de ma voix.

C’est pour ça, je crois, que je ne suis jamais à l’aise pour parler en public.
J’ai peur qu’on me juge encore, qu’on me dise que je mens, que je déforme la vérité. Et pourtant, au fond de moi, je sens que le conte est mon remède.
C’est ma manière de soigner ce silence forcé, de reprendre une parole qu’on m’a volée.

Alors pourquoi je continue avec ce conteur-là, devenu un ami ? Pourquoi lui, et pas un autre ? Parce qu’il porte le même prénom que la personne que j’ai dénoncée ? Est-ce un hasard ? Un signe ? Ou une épreuve que je me suis inconsciemment donnée ?

Je ne sais pas. Il y a des coïncidences qui ne sont que ça, de simples coïncidences. Mais parfois, quand elles se multiplient, difficile de ne pas y voir un sens. Dois-je les écouter ? Les ignorer ? Ou bien, encore une fois, les réduire au silence ?

À vingt-quatre heures du début de la formation, j’hésite encore sur le conte à travailler. J’ai abandonné mes deux contes noirs, trop chargés, trop proches de mes ombres. J’ai préparé celui de la mésange et de ses humeurs qui changent selon les saisons (c’est moi, un peu, beaucoup, passionnément).
Et j’en emporterai d’autres, écrits par d’autres.

Mais j’hésite toujours.
Lire à voix haute ? Écrire sur place ? Ou ne pas y aller du tout ? Je crois que je le sais déjà. Je vais y aller. Tremblante, peut-être. Mais vivante.
Parce qu’au fond, c’est bien ça, conter : c’est oser dire, avec sa voix, avec son corps, avec son regard.


Et vous, qu’est-ce que les contes réveillent en vous ?
Une part d’enfance ? Une blessure ancienne ? Ou simplement le plaisir d’écouter, d’imaginer, de rêver ?
Parfois, raconter, c’est juste une autre façon d’apprendre à se raconter soi-même, pas à pas, mot après mot.

Un petit pépin qui a bien poussé

Il y a quelques semaines, je découvrais le sympathique concours d’écriture « Pépin d’Esneux », initié par le CCPL (Conseil Consultatif pour la Promotion de la Lecture) d’Esneux-Tilff.

Qu’est-ce qu’un pépin ?

Un pépin est une courte histoire. Une très courte histoire, maximum 400 caractères avec titre et espaces inclus !

Cette année, le thème était l’eau, « haut », « ô », « oh ! », etc.

J’ai donc écrit un pépin. Puis deux. Puis trois. Et pour finir, quatre. Il n’y avait pas de limite quant au nombre de pépins à envoyer.

Fin novembre, j’apprenais que l’un de mes pépins avait tapé dans l’œil du jury. Il a poussé son petit bonhomme de chemin et a été lu et apprécié par les membres du jury. Sur près de cinquante pépins, il s’est fait remarquer. Bravo petit pépin. Petit pépin deviendra-t-il grand ?

Il a été proposé en lecture à tous les participants. Il n’a plus fait de son nez et n’a pas été choisi pour recevoir un prix (chèques lecture). Mais le jury a tenu à ce qu’il soit déclamé en public. Oh ! Chique !

Je soupçonne que tous les pépins aient été déclamés à voix haute. Hélas, je n’ai pas eu l’occasion de l’entendre vivre de la voix d’une des personnes qui lisait les textes. Je suis en effet arrivée un peu après le début des festivités, car ce jour-là, je racontais des contes de Noël à des enfants.

Qu’importe, le voici. Certaines et certains d’entre vous le reconnaîtront peut-être : je suis partie du premier conte que j’ai travaillé à l’oral « Le vautour et l’épervier ». Originaire d’Afrique, par Allassane Sidibé.

Un conte

Un épervier affamé. Un vautour patient. L’épervier imite le vautour. Le vautour plane dans le ciel. L’épervier bat frénétiquement des ailes. Le vautour se pose sur une branche. L’épervier atterrit brusquement à côté. Le vautour attend. L’épervier est impatient. Il vole haut et vite. Le vautour mange l’épervier épuisé. Tout vient à point à qui sait attendre.

Jeu d’écriture : expression qui se mange

Pour le mois de février, Fabienne et moi avons joué à un petit jeu d’écriture. Ce mois-ci, je nous lançais comme défi d’écrire un texte à partir d’une expression qui se mange. Fabienne a été bien inspirée, elle en a trouvé des expressions !

Texte de Fabienne

En ce temps-là, nous partagions le même studio mon frangin et moi :  Mon frère Arthur avait un cœur d’artichaut. Il tombait amoureux à peu près chaque semaine et se faisait larguer au bout de quelques jours . C’était vraiment une bonne poire !

Moi j’observais tout ça mi-figue mi-raisin en espérant que ça finirait par lui passer ou plutôt qu’il trouverait l’âme sœur ! J’en avais marre de recoller les pots cassés.

Je rêvais ! un beau jour, Arthur rentra à la maison le cœur en fête. Il avait rencontré la  » femme de sa vie » précisa -t-il. Une fille adorable en tous points mais la pauvre était à la rue s’étant disputée avec ses parents.  Pas bien grave, il allait la ramener chez nous, elle partagerait notre trois-pièces. Alors là, la moutarde me monta au nez, j’étais rouge comme une écrevisse.  J’explosai littéralement de rage :  » Et moi je compte pour des prunes !? il serait vraiment temps que tu mettes du beurre dans les épinards ! N’oublie pas que c’est moi qui paye le loyer, je suis aux petits oignons avec toi. Si tu ramènes cette fille, tu peux être sûr que ça va tourner au vinaigre et vous serez deux  à être à la rue. Tu veux le beurre et l’argent du beurre c’est ça ?  et vivre comme un coq en pâte avec ta dulcinée!  Il va falloir apprendre à ne pas manger ton beurre avant ton pain mon grand ! »  Après une telle tirade je pensais qu’Arthur renoncerait à ses beaux projets. Effectivement il retourna dans sa chambre et je ne l’entendis ni ne le vis guère durant le week-end. Le lundi quand je rentrai du boulot, je trouvai un mot sur la table qui m’était adressé :  » Ma vieille, contrairement à ce que tu crois je ne t’ai pas roulée dans la farine.  Bien au contraire, je t’invite à manger chez mes (futurs) beaux-parents où je me suis installé avec ma fiancée. »  Punaise, c’était la fin des haricots ! Mon frère avait bien tiré ses marrons du feu ! Je me mis à pleurer comme une madeleine, j’étais seuuuule ….


Quant à moi, j’ai eu du mal à démarrer. Je n’aurais pas dû lire le texte de Fabienne avant d’avoir écrit le mien ! Car je me suis retrouvée un peu bloquée. Finalement, ce n’est qu’au début du mois de mars, que l’ampoule s’est allumée dans ma tête : une idée !

Mon texte : avoir les yeux plus gros que le ventre

Je lève les yeux
Dans le ciel un rapace
Bientôt le printemps

Dans le ciel, un rapace. Il vole par à-coups. Périmètre de vol nettement déterminé. Il cherche à manger.

Dans le ciel, un rapace. C’est bientôt le printemps. L’hiver n’est pas parti. Le vent est froid. Mordant. Piquant. Cinglant.

Dans le ciel un rapace. Un rapace diurne. Un rapace affamé. Un rapace à observer.

Dans le ciel, un oiseau. Haut comme trois pommes, rapide comme l’éclair, l’oiseau a l’estomac dans les talons. Son dernier repas, une grive chétive, remonte à la veille.

Dans le ciel, un oiseau. Il est beau. Il est rapide. Il a faim !

Une expression humaine qui lui colle aux plumes : avoir les yeux plus gros que le ventre.

Dans le ciel, un oiseau. Un épervier. Un mâle. Chez cette espèce, les mâles sont plus petits que les femelles. D’habitude, c’est l’inverse. Ici, c’est un mâle. Aussi grand qu’un pigeon. En plus fin. En plus élégant. En plus coloré. Joues rousses. Yeux orange.

Sa spécialité : la chasse aux petits oiseaux. Son régime alimentaire est composé à 98% d’oiseaux ! De petits à moyens, jusqu’à des piafs plus grands que lui ! En matière de vol, de maîtrise du vent, de navigation, de connaissance du gouvernail, il sait y faire.

Pas très haut dans le ciel, le bel épervier a remarqué sa proie. Un pigeon. Domestique. Banal. La future victime est aussi grise que lui. Le pigeon, qui lui est un estomac sur pattes, grignote à tout bout de champ. Ce pigeon-ci ne fait pas le fin bec. Il a trouvé par-là, sur la rue, quelques miettes à manger. Miettes et restes balancés négligemment par la porte d’une voiture.

Au sol, tout à son affaire de nettoyeur de rue, le pigeon ne prête aucune attention au danger qui vient d’en haut. Un œil de chaque côté de la tête, il regarde de temps en temps ce qui se passe à son niveau, tantôt à gauche, tantôt à droite.

Sur les trottoirs, dans un arbre, des pies. Sur les trottoirs, dans un arbre, sur des branches dénudées et coupées, quelques pies observent, curieuses, la scène de la Vie. Les arbres des alentours font d’excellents perchoirs. C’est comme au cinéma, mais en plein air. C’est comme au cinéma, mais en direct. C’est comme au cinéma, mais sans caméra. Et les acteurs et les actrices sont de véritables oiseaux en chairs et en plumes.

Sur les trottoirs, dans un arbre, les pies vont-elles assister à un navet ?

Nous avons dans les airs, un épervier affamé. Nous avons dans la rue, un pigeon glouton. Nous avons dans les arbres, des pies qui jacassent.

Les pies jacassent comme seuls les corvidés savent si bien le faire. Les corvidés, la famille des plus grands passereaux : bec costaud et pattes robustes les caractérisent. Les corvidés, qui vont de la pie, en passant par le geai, jusqu’au corbeau, sont plus d’une centaine d’espèces. Ce sont sans doute les oiseaux les plus intelligents, les plus joueurs, les plus fascinants à observer, à étudier. On pourrait même les apprivoiser.

Dans l’arbre, des pies. Elles sont trois. Elles patientent. Elles attendent. Elles tuent le temps. Elles poireautent et font des pronostics :

  • Trois contre un pour l’épervier, dit l’une.
  • Pour sûre, ce pigeon va bientôt manger les pissenlits par les racines, enchérit une autre.
  • C’est la fin des haricots pour lui, conclut la troisième.

À force de parler nourriture à tout va, une corneille qui passait par là les interrompt le plus poliment du monde :

  • Mesdemoiselles, vous m’en donnez l’eau aux mandibules. De qui, ou de quoi parlez-vous ?

Les pies et les corneilles ne s’entendent pas toujours. Un peu comme « chien et chat ». Parfois, ça cause ensemble, parfois ça se vole dans les plumes. Parfois, c’est pire. Mais ça, c’est une autre histoire.

  • Oh, ça va, l’asperge ! Ne ramène pas ta fraise ici. Cela ne te regarde pas !
  • Ouais, c’est pas tes oignons. Dégage !
  • Du balai, ouste, espèce de charbon de bois mal dégrossi !

Les pies n’ont pas leur langue dans leur bec. La corneille est vexée. La discussion part en sucette. Elle n’a rien vu venir. Elle ne leur a strictement rien fait, si ce n’est leur adresser la parole. Vexée, elle s’en va à tire d’ailes. Elle ne tient pas à pleurer comme une madeleine devant ces pimbêches grossières et mal élevées.

Malheureusement pour elle, la corneille s’est tirée un rien trop tôt. La plus fabuleuse des scènes d’action de ce cinéma en plein air commence… maintenant !

Ni vu ni connu, l’épervier, que rien de tout cela n’a perturbé, a replié ses ailes, a foncé pattes tendues, serres écartées sur son objectif. Aussi vif que l’éclair, aussi précis qu’une calculatrice, aussi déterminé qu’affamé, il n’a laissé aucune chance à sa proie.

PAF ! Les serres pointues se sont enfoncées dans sa nuque et dans son dos.

PAF ! Le bec crochu et puissant a brisé la colonne cervicale. 

PAF ! Le pigeon est mort. Rapidement. Presque sur le coup. Les haricots sont cuits pour lui. Cuic-cuic.

Les pies en restent bec bé :

  • On peut pas repasser la scène au ralenti ? Parce que non, quoi, j’ai pas bien vu, dit l’une, en faisant des yeux de merlan frit.
  • Punaise ! dit une autre, le pigeon n’a pas l’air dans son assiette !
  • Aïe, vlà une bagnole. On remet ça ? Qui parie ? Deux crêpes pour le prix d’une ? dit la troisième qui évalue déjà les chances du rapace de s’en sortir… ou pas.

En effet, une voiture arrive au loin.

Malheureusement pour le spectacle des pies, et pour leur pari, c’est une conductrice amoureuse des oiseaux qui est au volant de l’engin roulant.

Avant que la voiture ne freine, une des bavardes envoie une vanne pas piquée des vers :

  • L’épervier est comme qui dirait tombé sur un os.

Et les trois pies de rires à gosier déployé.

Pendant ce jacassement à casser les oreilles, l’épervier a vainement tenté d’emporter sa proie. Hélas, l’expression « avoir les yeux plus gros que le ventre » se vérifie pleinement ici. Les pattes puissantes du rapace et les coups d’ailes tout aussi puissantes n’arrivent même pas à décoller le pigeon ensanglanté de la rue. La proie est bien trop lourde pour le frêle épervier. Ce dernier est obligé d’abandonner son butin sur place.

Ce n’est pas demain la veille que notre rapace prédateur d’oiseaux prendra de la brioche !


Je voulais vous mettre une photo de l’épervier que j’avais faite après être rentrée et avoir déposé mes affaires. La scène à laquelle mon fils et moi avons assistée pour de vrai (j’étais la conductrice de la voiture dans le texte) s’est déroulée à une trentaine de mètres de notre maison, dans notre rue. J’ai donc mis quelques minuscules minutes à rentrer, déposer mes affaires, prendre mon appareil photo et ressortir à pied. J’ai donc cru naïvement que le rapace qui était dans le ciel à voler en décrivant de larges cercles au-dessus de la proie morte, était « notre » épervier. Comme les photos n’étaient pas géniales, jamais l’oiseau ne s’est posé ou est descendu à un niveau suffisamment bas pour faire une belle prise photographique, je n’ai pas téléchargé les photos sur mon ordi. Jusqu’à ce jour où j’ai écrit le texte. Et là, une grosse surprise m’attendait !! J’ai d’abord cru que j’avais la berlue. Que je m’étais trompée en identifiant le rapace devant ma voiture. Heureusement, je n’étais pas seule. Mon fils m’a dit deux choses quand je lui ai demandé s’il se souvenait du rapace observé quelques jours plus tôt :

  1. c’était bien un épervier (moi je pensais à un mâle à cause de la taille, mais lui me certifie que c’était une femelle à cause des couleurs grises)
  2. il y avait sans doute deux rapaces ce jour-là, deux rapaces différents !

En effet, cette affirmation ne m’a pas effleuré l’esprit. Obnubilée que j’étais sur le rapace dans le ciel, jamais je n’ai pensé une seule fois qu’il pouvait y avoir un autre rapace intéressé par le pigeon, par la proie…

En photo donc, un Faucon pèlerin !

La preuve que je n’y pensais pas, j’ai renommé toute la série des photos « épervier Mehagne » ! Ci-dessous des liens vers un super site d’oiseaux pour vous montrer la différence. En visionnant mes photos, j’ai remarqué en effet le masque noir sur la tête de l’oiseau et la forme de ses ailes, qui ne correspondaient pas à celle de l’épervier !

L’Épervier d’Europe sur le site oiseaux.net

Le Faucon pèlerine sur le site oiseaux.net

Cela me fait penser au conte « L’Épervier et le Vautour » de Allassane Sidibé, que j’ai adapté à ma sauce et conté pour la première fois l’année passé.
Clic ici pour entendre ce conte avec la voix d’Allassane.

Le Renard et le Loup

Voici un conte original que j’ai écrit en 2019, à l’occasion d’une formation aux contes par Stéphane Van Hoecke, au Château du Sartay, à Liège.

Je pensais qu’il était déjà en lecture sur mon blog, mais je viens de me rendre compte que ce n’est pas le cas… j’y remédie donc.

Pour la petite histoire, ce conte a été écrit directement au château, dans l’une des chambres du dortoir à l’étage, par une nuit d’automne brumeuse. Pour la trame, je me suis inspirée du conte « Tigre derrière, Renard devant » provenant du recueil 13 contes de Chine, de Moss Roberts.

J’ai changé le tigre par un loup, car chez nous, en Belgique, un couple de loups venait de faire son grand retour et que ceux-ci faisaient la une des actualités de mon petit pays.

Tous les ingrédients sont là pour un chouette moment conté, partagé, aimé :-)

Vous pouvez le télécharger et le lire ici dessous


Pour lire d’autres histoires, c’est

–> ici

Rétrospective 2021, partie 6

En 2021, j’ai lu une bonne quarantaine de livres, romans jeunesse, romans « pour les grands », contes et légendes. Je n’ai pas compté les albums illustrés, les BD et les mangas dans le tas, même si je les considère tout autant comme de la lecture. Je pense que j’ai dû lire moitié moins de ces derniers par rapport aux livres sans images.

Mais ils sont tout autant importants pour moi. D’ailleurs, pour changer la donne, je vais commencer cet article par vous présenter deux albums illustrés que j’ai reçus pour Noël.

Pourquoi le tigre ne grimpe pas aux arbres, est un livre très grand format, cartonné, illustré par He Zhihong et conté par Catherine Zarcate. Cet album est édité chez Seuil jeunesse et est accessible aux enfants dès 5 ans. C’est un livre-objet qui peut s’utiliser avec les plus petits pour être raconté devant un public. La taille des images est telle que le groupe peut regarder et admirer à loisir l’histoire pendant qu’elle est racontée.

Ce conte, je l’ai découvert à la bibliothèque de mon quartier à l’occasion d’une formation au conte par Chantal Devillez, en 2018 ! Je me le suis approprié, je l’ai aimé, je l’ai dégusté, mis en bouche. Je l’ai lu, relu, rerelu. Je l’ai adapté à « ma sauce » pour le conter à ma manière. *

Plus tard, début 2021, j’ai trouvé ce livre (le même que celui emprunté à la bibliothèque) en commande dans l’une des librairies du centre de Liège.

Fin 2021, je reçois ce superbe ouvrage et cet objet hors format qui ne rentre pas dans ma bibliothèque, je l’adore ! Un conte d’étiologie, un conte avec des animaux, un conte peint et mis en vie d’une très belle manière.


Les oiseaux conteurs, un autre album illustré hors format qui ne rentre pas droit dans ma bibliothèque (rires). Des contes d’oiseaux écrits par Rolande Causse, Nane Vézinet et Jean-Luc Vézinet, sont illustrés par Laurent Corvaisier et édités chez Circonflexe.

Voici un « petit » recueil de douze contes rien que sur le thème des oiseaux : chouette alors !! Douze contes de douze pays différents ! Certains sont connus, d’autres pas encore. Des contes d’étiologie, des contes illustrés, des contes qui m’ont émerveillée. Des contes traditionnels du monde entier.


Côté lectures de romans, je souhaite vous parler aujourd’hui d’Aurélie Valogne. Certaines et certains d’entre vous ont sûrement lu un, deux, trois ou davantage encore de ses livres. J’en ai lu quatre je pense d’elle. Son dernier que j’ai lu a été « Né sous une bonne étoile ».

Les personnages sont toujours attachants, bien complets, remplis d’émotions et de secrets. Ce que j’ai particulièrement aimé ici, c’est la relation difficile entre le petit frère et sa sœur. On pourrait presque croire qu’Aurélie Valogne s’est inspirée de mes enfants (sourire) ! Gustave, le petit héros de cette histoire, je l’ai vu, je l’ai suivi, encouragé. J’ai aimé le voir grandir et affronter toutes les terribles épreuves de sa vie. J’ai apprécié l’heureuse fin, le happy end entre lui et sa sœur, cela me donne un espoir pour mes enfants (rires).

Dans ses livres, l’autrice dépeint tellement bien les scènes de la vie, la vie, les gens, les injustices, les jalousies, les relations humaines, les difficultés, mais aussi l’entraide, l’amitié et l’amour.

Né sous une bonne étoile, je vais le relire. Je vais sûrement encore pleurer à certains passages.

« À l’école, il y a les bons élèves … et il y a Gustave.

Depuis son radiateur au fond de la classe, ce jeune rêveur observe les oiseaux dans la cour, ou scrute les aiguilles de la pendule qui prennent un malin plaisir à ralentir. Le garçon aimerait rapporter des bonnes notes à sa mère, malheureusement ce sont surtout les convocations du directeur qu’il collectionne.

Pourtant, Gustave est travailleur. Il passe plus de temps sur ses devoirs que la plupart de ses camarades, mais contrairement à eux ou à Joséphine, sa grande sœur pimbêche et première de classe, les leçons ne rentrent pas.

Pire, certains professeurs commencent à le prendre en grippe. À force d’entendre qu’il est un cancre, Gustave finit par s’en convaincre, sans imaginer qu’une rencontre peut changer le cours des choses.

Parfois, il suffit d’un rien pour qu’une vie bascule du bon côté…​ »

Si vous voulez lire un extrait, clic ici sur le site de l’autrice.


Un autre roman que j’ai apprécié lire : Kaimyo, le nom des morts, d’Edouard Puart, paru chez Gulf Stream Editeur. Tome 1 : Les papillons de Kobé.

Voilà un tout autre registre que j’ai lu. Une découverte, une pépite. Je crois qu’il n’y a pas de demi-mesure pour ce livre, on aime ou on n’aime pas du tout. Moi j’ai aimé tout à fait 😊

On rentre un peu dans le fantastique avec le personnage de l’adolescente, Nouria, qui prétend savoir communiquer avec les défunts. Si l’histoire prend sa source au Japon, et si le héros est un Japonais, tout se déroule en France, à Paris. Le contraste entre ces deux cultures se fait au travers les réactions et les comportements des deux personnages principaux. Ils sont tellement différents, par leur sexe, par leur pays d’origine, par leur âge, que le lien qui les unit est fort. Et c’est ce lien qui est décortiqué dans ce premier tome.

« Un enquêteur japonais hanté par son histoire + une jeune fille qui entend les morts = un duo improbable sur les traces d’un passé qui se dérobe
Selon une croyance japonaise, les âmes des défunts sans kaimyō errent parmi les vivants. Ce nom honorifique, Reiko n’a jamais pu l’offrir à ses parents, parce que les circonstances de leur disparition, il y a cinquante ans, n’ont jamais été élucidées. À défaut d’avoir pu leur donner un kaimyō, il a consacré sa vie à en donner aux personnes dont la mort est nimbée de mystère. Lorsqu’il débarque à Paris pour exercer son curieux métier, il rencontre Nouria, une adolescente qui prétend communiquer avec les esprits. Alors qu’il enquête sur le décès d’une vieille Japonaise, la jeune fille devine que cette affaire est liée à ce qui est arrivé aux parents de Rieko. Les chemins de celui qui fait parler les morts avec celle qui prétend les entendre se sont-ils vraiment croisés par hasard ? »

J’aime le Japon pour toutes sortes de raisons. Je n’y suis jamais allée, mais peut-être qu’un jour, ce rêve se réalisera. En attendant, je voyage à ma manière, en récoltant des informations sur ce pays du soleil levant.

Grâce aux carnets de Marujito Books (clic pour découvrir un précédent article qui parle de cet artiste installé à Bruxelles), je voyage déjà avec ce carnet consacré entièrement au Japon.

Le carnet, est entièrement relié à la main, de même que la tranche et les couvertures, tout est fait main (sauf le papier). Un papier épais, agréable au toucher comme à l’écrit. Un très bel objet pour lequel j’ai mis du temps à le toucher. J’ai plusieurs carnets à la maison. L’un d’entre eux est encore vierge, comme neuf. Trois autres sont à peine commencés. Je sais ce que j’ai envie de faire, de remplir, mais le temps me manque pour le moment. Retrouvez Marujito Books sur FB.

Un autre carnet est consacré au cheminement personnel des contes. Car j’aime les contes. Je ne pourrais faire que ça : écrire, adapter, lire, écouter des contes. J’aime écouter et regarder des conteurs en vrai, en « face à face ». J’adore participer à des formations aux contes. Mais je suis encore et toujours trop réservée pour oser conter de manière régulière, devant un public inconnu. C’est le trac. C’est ma zone d’inconfort qui est exposée aux regards et aux oreilles de gens que je ne connais pas…

Alors, en attendant, je chemine à ma façon… en remplissant ce magnifique carnet.


Pour rester dans les contes, cette année 2021, j’ai osé prendre contact avec la Maison du Conte et de la Parole de Liège-Verviers. En avril 2021, c’est par suite des confinements et aux mesures sanitaires qui ont cloué le bec à la culture que des conteurs de ma région ont pris l’initiative de conter aux balcons, comme autrefois. J’ai trouvé l’initiative extraordinaire ! Et ils sont venus chez nous, dans notre rue et dans notre quartier pour nous émerveiller et nous faire rêver.

En 2021, j’ai aussi assisté à une veillée contée par Internet et je suis allée les écouter dans un bois, au grand air, un soir de septembre.

En 2021, j’ai revu des amies conteuses et cela m’a fait grand plaisir !

En 2021, j’ai fait (plus ample) connaissance avec certains membres de la Maison du Conte et de la Parole et cela n’est que du bonheur. Ils éditent un petit journal et, de temps en temps, je leur écrit, comme ici, sur ma définition du « conte » et du « conteur ».

En 2021, j’ai aussi suivi deux week-ends de formation à l’art du conte par Stéphane Van Hoecke. Les contes ont un pouvoir insoupçonné ! Ils ont une force, une puissance en eux qu’on ne croirait pas. Les contes peuvent guérir. Les contes peuvent soigner. Les contes peuvent aimer. Les contes peuvent vous faire voyager, vous faire rire, vous faire pleurer. Les contes sont magiques, les conteurs et les conteuses sont des magiciens et des magiciennes.

Lors de cette formation « contes », j’ai fait la rencontre de belles personnes, un groupe bienveillant et excellent ! Un animateur toujours extraordinaire. Et puis, grâce à cette formation, j’ai découvert le griot Togolais Allessine Sidibé et son conte « Le Vautour et l’Epervier ». J’ai aussi choisi le conte de Chantal Devillez « Trois petits chats ».
Vous pouvez retrouver ces contes et bien d’autres sur ce site internet.


* Si vous voulez lire d’autres articles « contes » avec un Tigre dans l’histoire, clic ici

Conter, c’est…

Je suis en plein week-end de contes. Oui, avec Stéphane Van Hoecke, me voici dans mon quatrième et dernier jour de stage « initiation aux contes »

Et j’ai conté ! À deux reprises ! Deux minis contes sur les animaux.

Pour moi, conter, c’est…

Et pour vous, c’est quoi conter ?

En texte ou image, en mot ou en photo, exprimez-vous 😉

Le déclic ! Je vais conter…

Ce week-end, je suis aux abonnées absentes. Ce week-end, je vais conter. Oui, madame, conter. Non, monsieur, pas des comptes d’argent mais des contes d’histoires.

Alors que ça doit bien faire un mois entier et plein que je réfléchis à l’histoire que j’aurais envie de conter, alors que depuis une dizaine de jours environ, j’avais enfin choisi, préparé et mis en bouche mon conte « Aphone », voila-t-il pas que ce matin, alors que les poules (et le reste de la maisonnée) dorment encore, je suis prise de frénésie de partage et je change mon histoire.

Et c’est bien de cela qu’il s’agit : une histoire. MON histoire ! Un chapitre de mon histoire, un chapitre de ma vie !

Le déclic a été sur papier. Comme presque toujours j’ai envie de dire.

Comme expliqué dans un précédent article, il y a toujours deux passions qui se disputent le haut de la place dans mon cœur : l’écriture et l’oralisation des histoires lues. Je ne sais pourquoi, je ne sais si c’est la nuit courte, coupée de reveils, les changements dans mon train-train quotidien de ces derniers temps ou tout simplement la stimulation de la reprise d’activités en présentiel, mais l’idée de conter mes propres contes écrits ne me semble plus si juste, si belle, si naturelle. J’ai toujours tendance à rester dans « l’écris » et à l’oral, ça ne passe pas toujours bien. Mon imagination à voix haute est ridige, c’est mon plus gros travail…

Cela fait pourtant quelques années que je suis des formations et autres stages liés aux contes, et que donc je sais et je connais les ingrédients nécessaires, utiles et indispensables à une bonne recette. Mais entre savoir et mettre en pratique ces connaissances, il y avait en moi toujours un pont difficile à franchir.

Et j’ai franchi ce pont ce matin, vers les 6h30. Je m’en suis rendu compte dans la forme de mon écriture manuscrite : pressée, moche mais pleine de dynamisme et d’idées.

Joie en moi ! J’ai écrit l’introduction au conte puis j’adapterai à l’oral de courts passages de la fin de mon dernier recueil « Raconter des salades de contes ».

Car bien sûr, dans tout ce que j’écris, il y a une part de vérité. Même dans les histoires abracadabrantes que je « ponds » !

Il en sera de même pour l’histoire que je vais conter ce week-end pu le 2e week-end de cette formation avec Stéphane Van Hoecke. La seule différence, cette fois-ci, sera qu’une grande partie sera tirée de faits réels et seulement un soupçon d’imagination…

Ça sentira le vécu, le partage, l’humour et… les contes bien sûr !