Concours d’écriture du service culturel de Saint-Calais

Un petit concours d’écriture sympa à faire en toute joyeuseté :-)

À partir d’une liste 10 mots, vous devrez en choisir au moins 8 et les intégrer dans votre texte. Texte qui ne devra pas dépasser une page A4 dactylographiée à l’ordinateur. D’autres contraintes seront à respecter pour la mise en page du texte à rendre, mais c’est court et la liste des mots va vous permettre d’écrire à peu près tout ce que vous voulez.

Le concours est ouvert dès-à-présent et se clôture à la mi-octobre 2021.

Ouvert à tout le monde, enfants (dès 12 ans) et adultes, sans limite d’âge ni géographique.

Vous pourrez envoyer votre participation par e-mail, ou par la poste si vous préférez. Bref, toutes les facilités de participation sont réunies pour pouvoir jouer à ce petit concours organisé par la ville de Saint-Calais.

Et c’est gratuit ! Donc, vous n’avez pas d’excuse pour ne pas y participer (rires)

Toutes les infos : ICI

Règlement et fiche d’inscription à télécharger directement sur leur site internet.

Petit concours de nouvelles

Parfois, je participe à de petits concours de nouvelles. Cela fait longtemps que je n’avais plus écrit dans ce cadre particulier. Et puis un jour, je « tombe » sur cette annonce de concours de nouvelles sur Instagram. C’est la Revue Nouvelle (Belgique) qui est à l’origine de ce concours. Vu le thème et la longueur demandée, je me suis sentie inspirée immédiatement.

Mon texte fait deux pages et je me suis inspirée d’une trentaine de titres de livres que j’ai chez moi (lus bien sûr) pour écrire ma nouvelle.

Nous connaîtrons les résultats vers la mi-juillet au plus tard ;-)

Fanchie, fanfiction pour concours

Voici mon texte pour le concours de nouvelles Saint-Calais. Je n’ai pas gagné, mais le principal est que je me suis amusée à écrire une fanfiction autour des personnages de Bob et Bobette. La nouvelle devais commencer par « Encore un pas, puis un autre, j’ouvre les yeux et là je découvre… »

Je parlais il y a quelques jours des auteurs qui m’inspirent, ici, vous aurez reconnu la poupée Chucky (clic sur le titre du film pour découvrir la véritable histoire de cette poupée!)  du film « Jeu d’enfant ».

Bonne lecture ;-)

 « Encore un pas, puis un autre, j’ouvre les yeux et là je découvre… je découvre simplement que je suis en vie ! Courbaturée, je me tâte de partout et me trouve indemne. Ou presque. Une longue cicatrice part du haut de ma poitrine et descend jusqu’en bas de mon ventre. Une seule marque, sans trace de sang ni hématome. Une ligne parfaitement droite, jalonnée par de minuscules boutons en tête d’épingle : des points de couture ! N’ayant pas mal, et une fois la surprise passée, je m’amuse à toucher les fils. Je me demande combien de mètres de cette fine ficelle j’ai en moi. Est-ce qu’elle va s’enlever toute seule, avec de l’eau ? Est-ce que j’aurai une marque après ? Je l’ignore. En attendant de trouver réponses à mes questions, j’admire cette droite impeccable qui me coupe littéralement en deux. Je suis un bel exemple de symétrie. J’ai bien appris ma leçon ! Mademoiselle Sidonie serait fière de moi, si elle me voyait.

Je dois stopper immédiatement ces pensées ! Ce que j’ai subi, n’est pas drôle. Qu’est-ce qu’on a fait avec moi ? Avec mon corps ? Qui ? Quand ? Et pourquoi ?

Dans ma tête, c’est un peu confus. Je sais qui je suis, comment je m’appelle et qui m’a déposée ici. Mais c’est tout. La dernière image qui bat la mesure dans ma mémoire est celle de ma maman ; ma douce maman qui m’emmène partout, qui me parle tout le temps, qui me permet de dormir avec elle, dans son lit. Ma maman que j’aime. Ma maman, c’est elle qui m’a abandonné ici. C’est bizarre, car elle ne m’oublie jamais, ou si peu.

Soudain, au-dessus de ma tête, j’entends un plancher qui craque. Juste un plancher. Juste un craquement. Un seul. Pas de pas qui courent sur le sol ni de de cris qui s’élèvent habituellement. Je ne suis pas chez moi. C’est trop calme. Jusqu’ici j’ignorais que le silence pouvait être lourd, difficile à supporter. Là où il y a de la vie, il y a du bruit ! Non ?

La pièce où je me trouve est sombre. Il y a juste une veilleuse bleuâtre qui me permet de distinguer les grosses silhouettes des meubles, armoires et boîtes à outils. Bien que maman ne m’ait jamais emmenée à la cave parce qu’elle a toujours peur de rencontrer des souris, je suis à présent certaine que je ne suis pas chez moi. Je suis ailleurs, sans doute toujours dans cette étrange maison non loin de la gare. Et je suis seule. Seule ? Non, pas vraiment, j’ai entendu du bruit là-haut. Mais je ne sais pas qui c’est : gentil ou méchant ?

Si je n’ai mal nulle part, je me sens engourdie, comme endormie. J’ai la bouche pâteuse, les lèvres sèches. Je n’ai plus parlé depuis longtemps, si longtemps que j’en ai oublié le son de ma voix ! Je lève péniblement mes bras pour, de mes poings, frotter mes paupières ensommeillées. Avant d’essayer de trouver une échappatoire, je vais d’abord me dégourdir tous mes muscles. Ils ont du mal à se réveiller. Ils ne m’obéissent pas dès le premier ordre que je leur donne. Maman me dit tout le temps qu’il n’est pas nécessaire de se presser tout le temps. Qu’il faut savoir faire les choses à son aise, pour bien les faire. Donc, petit à petit, mes idées deviennent plus claires et ma pensée, plus vive. Je fais comme les chats, détendre chaque membre, les allonger, tendre mes doigts et les écarter au maximum. Je fais pareil avec mes orteils. Après seulement, je pourrai déverrouiller ma nuque qui est rigide. Tordicou, c’est comme ça que j’appelle ce problème de cou. Cou tordu, tordicou.

Ça y est ! Je me sens prête à descendre de cette table et à explorer ma prison. Prison ? Vraiment ? Je n’ai pas les mains liées, ni les pieds. Je n’ai pas de bâillon pour m’interdire de parler, de crier, de hurler. Suis-je donc libre ? Libre de faire ce qu’il me plait, libre de faire ce que je veux, ici et maintenant ?

La chute sur le sol est un peu violente. J’avais oublié que j’étais si petite. Je frotte ma cheville droite qui s’est pliée. Même pas mal ! Les fils de couture tirent un peu ma peau de velours, mais je n’ose pas les enlever, trop peur que tout s’ouvre et que je perde mon cœur, mes intestins et tout le reste qu’il y à l’intérieur de moi. Brrr, cette image qui est apparue, me vidant littéralement de mes tripes, me donne la chair de poule. Nausée. Envie de vomir, mais peur de déchirer tout ça. J’inspire. J’expire. Je secoue un peu ma tête pour chasser cette horreur. Je fais un pas, puis un autre encore. Je ferme les yeux et là j’entends ce que je ne vois pas : frottements, glissements, chuchotements.

Je me rappelle les mots de maman : la vie n’est pas toute rose, il existe des bonnes et des mauvaises personnes. Moi, je suis une bonne personne. Maman aussi. Je dois suivre ce que je sens dans mon ventre. Et là, je crois que je dois partir d’ici au plus vite. Je dois voir et écouter les signes. C’est ce qu’on lui disait à elle quand elle était petite. Mais ici, il m’est difficile d’écouter mon corps. Je ne ressens aucune douleur, pourtant on m’a opérée ! Je ne suis pas chez moi. Maman n’est pas là, je suis seule dans une pièce inconnue et j’entends des cris étouffés. Je tente de déterminer la source de ces bruits feutrés, quand tout à coup, on attrape mon bras et on met une patte toute velue sur ma bouche pour m’empêcher de crier !

  • Doucement ma jolie ! Si tu me promets de ne pas crier, ni de me mordre, je peux te dire où tu es et ce qu’on t’a fait.

Incapable de prononcer le moindre mot, j’agite ma tête de haut en bas, longtemps, sèchement, pour dire que j’ai compris. La patte se retire. Je découvre que c’est un ours qui se tient devant moi. Pas n’importe lequel, un qui sourit, un tout doux, à peine plus grand que moi. Pourtant, je suis petite !

  • Tu es ici chez le Fabricant de rêves ! Sur demande de ta maman, il t’a transformée. Tu n’es plus une simple petite fille habillée d’un tissu quelconque, non, tu es Fanchie à présent, la plus exceptionnelle de toutes les poupées de chiffons, la plus belle et la plus intelligente. Il t’a donnée vie un peu à la manière de Gepetto et de son pantin de bois. Tu te souviens de cette histoire ? Non ?! La fée bleue, la magie, le bois qui s’anime, la marionnette qui devient un vrai petit garçon… ça ne te dit rien ? Je me demande ce que ta mère te racontait pour t’endormir !?

Je n’ose répondre à cet ours pourtant à l’air si sympathique. Il me traite de poupée, alors qu’on ne se connait même pas ! Au fond de moi, une soudaine envie de le couper en petits morceaux me prend au bourrage. Ah, je suis une poupée, on va bien voir lequel de nous deux à raison. Faut pas être trop sympa, ça cache toujours quelque chose. Ça aussi ma maman me l’a dit. Un assassin peut t’attirer chez lui avec des bonbons, ou en te proposant de l’argent, ou si tu te méfies de trop, il peut aller jusqu’à te dire qu’il a reçu ce pull ou cet appareil photo d’un copain, mais qu’il ne rien en faire et comme tu lui sembles gentille, il peut te l’offrir. Jamais, il ne faut jamais accepter un cadeau de la part d’un inconnu.

Ce nounours trop mignon, trop doux, est un inconnu. Il est gentil avec moi, donc il est faux. Il faut l’éliminer ! Sans savoir d’où je puise cette conclusion et cette soudaine envie de meurtre, je tends la main au doudou qui m’offre la sienne. En deux temps, trois mouvements, je lui serre la pince d’une poigne de fer (mais d’où me vient cette force ?!), lui arrache le bras en mohair et lui passe la corde au cou grâce à un ruban de papier cadeau trouvé par terre. De la paille, des haricots secs et du coton s’échappent par le trou béant au niveau de l’épaule. Je lui agrafe la bouche, puis l’attache au pied de la table. Aucun cri, aucune fuite possible.

Cette stupide peluche ne semble pas comprendre ce qu’il se passe. Plus je lui fais de mal, plus cela me fait plaisir. Une puissance monte dans mon ventre de tissu et je lâche un rire digne d’un film d’horreur. Un rire fort, puissant, surjoué, maléfique.

Pile à cet instant, une voiture passe dans la rue et ses phares éclairent la cave du Fabricant de rêves. Un objet brillant surgit tout à coup dans la nuit. Un ciseau fin est illuminé par ce véhicule innocent. L’outil se trouve sur le rebord de la fenêtre. Pour l’atteindre, je dois me hisser sur la table. Grimpant sur la tête de l’ours attaché, j’arrive au sommet du meuble d’où je suis descendue quelques instants plus tôt. Vêtue d’une magnifique robe en satin, je me rends compte de la vue que j’offre tout à coup à ma victime.

  • Vas-y reluque bien ma petite culotte, ça sera sans doute la dernière fois que tu pourras le faire. Ha ! ha ! ha !

La peluche n’ose pas esquisser le moindre mouvement, la ficelle à sa gorge commence à croller sous l’humidité de ses larmes d’ours trouillard.

  • Des larmes ? Tu n’es pas une fillette, reprends-toi, nous n’avons pas fini de jouer ! Et arrête de renifler, c’est dégoûtant !

Je me demande si ces gouttes salées ont le même goût que celles de ma maman. Puis, je pense à ce que je vais lui faire et me questionne :

« Quand je lui découperai sa truffe en laine et que je lui arracherai ses yeux de verre, saura-t-il encore sangloter ? Sang glotter ? Sang, du sang, il n’en a même pas ! »

La sonnette de la maison retentit brutalement, un cri dans le jour qui n’est pas encore levé. Une voix s’élève juste au-dessus de la fenêtre. Je regarde aussitôt par la vitre. Ces pieds, ces jambes, cette voix ! Je les reconnaitrais entre toutes !

« Maman ! »

J’abandonne mon plan de torture, glisse sur le pied de la table et atterris le derrière sur la tête du nounours. C’est un petit veinard celui-là !

Maman est là, elle est revenue me chercher.

Plus jamais, je ne lui permettrai de m’abandonner !

Plus jamais !

Jamais ! »

Concours de nouvelles Saint-Calais

Petit concours lu sur facebook. Toutes les infos sur le blog de Saint-Calais

Gratuit, ouvert à tous, avec différentes catégories afin que les plus jeunes puissent participer (dommage, ma fille a juste 11 ans, pas 12…). Maximum 5 pages A4, Arial 12, interligne 1.5.

Phrase de début obligatoire : « Encore un pas, puis un autre, j’ouvre les yeux et je découvre… »

A envoyer avant fin novembre, par mail ou par poste. Il faut remplir une fiche de participation + une première page.

Bien inspirée, j’ai pondu ma nouvelle de 3 pages en deux heures (une hier soir, et une ce matin).

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Une nouvelle qui ne me ressemble pas, quoique, c’est zarbi et un peu, beaucoup… décalé.

NaNoWriMo 2016 ? Non, mais, oui…

Voilà le jour J pour les mordus des NaNoWriMo, vous savez ce défi d’écriture où il faut écrire 50.000 mots durant le seul mois de novembre ? Eh bien, ça revient chaque année… moi j’y ai participé pour de vrai, une seule fois. Une unique fois où j’écrivais jour après jour et où j’encodais le nombre de mes mots dans le compteur… histoire relue une fois, jamais corrigée, qui dort parmi d’autres… la dure vie de mes romans :-)

J’ai renouvelé l’expérience en juillet de cette année, de ma propre initiative, sans savoir qu’il existait des camps en juillet pour ceux qui ne savent pas attendre le mois de novembre ha! ha !

Celui-là aussi, il ronfle dans mon disque dur… même pas imprimé en papier, pour garder un exemple « concret » de mon défi réalisé ! La honte…

Peut-être que ces romans, comme le tout premier que j’ai écrit un jour, vont finir par sortir de leur hibernation, mais comment dirais-je… je les trouve si nuls qu’ils ne me donnent pas envie de les relire et donc encore moins de les corriger… Je suis comme ça, j’aime relever des défis, mais si le produit final ne me plaît pas, je préfère reprendre à zéro et tout recommencer avec une nouvelle histoire, de nouveaux personnages, etc.  Sauf, que je n’aime pas écrire des romans, je préfère jouer à des jeux d’écriture, petits ou grands…

Alors, je viens de me dire : pourquoi est-ce que je n’essayerais pas de réaliser cet objectif des 50.000 mots en un mois, uniquement avec des jeux d’écriture ?

Je commence déjà avec le concours sur le thème de la passion dont je vous ai glissé quelques mots, il y a une ou deux semaines. Puis, le petit jeu de Pascal Perrat sur le changement d’heure me tente aussi. Je pense que je vais l’intégrer au fur et à mesure de mon écriture.

J’aimerais faire un petit cadavre exquis (peut-être sur le thème Halloween vu la saison) et aussi revisiter une fable ou un conte connu. Les idées ne manquent pas. Et puis, on verra bien pour la suite… je me ferai aussi un petit compteur rien que pour voir si ça avance et si je pense y arriver ou non  :-)

C’est ça qui est chouette dans ce défi d’écriture qui peut sembler horrible, fou (tout autre terme pour désigner ce bizarre jeu addict), c’est qu’il n’y a aucune obligation de qualité. Et puis après, on est libre de faire ce qu’on veut de cette centaine de pages accumulée dans le pc :-)

Texte de Zygielle, concours achève-moi !

Voici la suite de Zygielle pour le concours Achève-moi. Elle a choisi le texte n° 4, avec le fameux président Rouvière qui se prend pour un cheval…  visiblement, ce début en a inspiré plus d’un(e) et c’est extra de lire tous ces textes différents ! Merci Zygielle pour ton texte.

Texte original de Jean-Claude Bologne (jusqu’au *)

Nosographie

Ceci est une fiction. Toute ressemblance avec un président existant ou ayant existé ne saurait relever que d’une pure coïncidence.

La rumeur se répandit au galop dans toute l’entreprise : le président Rouvière se prenait pour un cheval. Une demi-heure tous les matins, de 11h 15 à 11h 45, avec une régularité de métronome, il s’enfermait dans un réduit reculé, au premier sous-sol, et cavalait bruyamment en hennissant et en ruant dans les meubles. Puis il ressortait, impeccablement cravaté, le cheveu à peine en désordre, et retrouvait toute son autorité sur un conseil d’administration perplexe et des secrétaires tétanisées.

Personne n’osait rien dire. Personne n’aurait rien su, peut-être, si un archiviste maniaque n’avait eu besoin d’un dossier confié à la poussière des caves depuis on ne savait plus combien de générations. Attiré par les cavalcades fougueuses qui s’échappaient du fond du couloir, il avait reconnu dans les cris gutturaux le timbre de son patron et avait tenté d’observer la scène par le trou de la serrure. Peine perdue ; la clé était restée dans l’orifice et l’empêchait de distinguer quoi que ce fût. Il avait confié le terrible secret au gardien, qui l’avait vu sortir bouleversé du sous-sol, en lui faisant jurer sur les clés de saint Pierre de garder le silence. Le gardien promit tout ce qu’on voulut : un tel serment, n’engage le plus souvent qu’à ne transmettre l’information qu’à un ami sûr en exigeant de lui le même secret. Aussi le gardien ne s’en ouvrit-il qu’au portier, un homme de confiance, qui ne le révéla qu’à la standardiste en soulignant combien il comptait sur sa discrétion. La standardiste avait beaucoup d’amis sûrs qui prêtèrent le même serment, et le soir même, seuls des confidents fiables étaient au courant. En fait, pas un salarié, pas un administrateur n’ignorait la découverte du vieil archiviste
Sauf le président, c’était le principal.

Un conseil d’administration se réunit en urgence. Le président était encore jeune ; il avait succédé à son père l’année précédente, et avait fait preuve d’un dynamisme et d’une inventivité qui manquaient depuis longtemps à l’entreprise. Toute l’équipe en avait été revigorée et le cours de l’action avait bondi. Le succès lui était-il monté à la tête ? C’était l’avis du directeur général, qui avait servi sous Rouvière Senior et qui peinait à suivre le nouveau rythme. La secrétaire en chef soutenait qu’il avait été envoûté et qu’elle avait retrouvé une poupée de crin dans un tiroir de son bureau. Le comptable lui demanda si elle n’y avait pas plutôt vu des champignons hallucinogènes ou des dosettes de sucre glace. Les dactylos optaient pour un chagrin d’amour : le président n’avait-il pas dû, en succédant à son père, rompre une liaison qui lui était chère pour épouser dare-dare une héritière mieux dotée ?

Cela vous casse un homme. Le vieil archiviste rappelait que Richelieu lui aussi se prenait pour un cheval, et qu’on n’avait jamais su si c’était par dépit amoureux pour la reine ou à cause de l’ivresse du pouvoir. Cela fit bondir la responsable de la communication, qui souligna l’effet désastreux d’un président hennissant à l’époque du TGV et du supersonique. Un cheval ! Plus personne ne savait ce que c’était dans l’entreprise !

Le lendemain, à la même heure, le président se prenait pour une moto de grosse cylindrée. Cela ne rassura pas la responsable de la communication.

*

Sincèrement inquiète, elle fit part de ses craintes au médecin du travail qui dressa l’oreille. Les hommes de l’art font preuve d’un flair de limier pour les pathologies excentriques, toujours susceptibles de faire l’objet d’une publication dont la légèreté de la bibliographie garantira l’originalité et permettra à l’auteur de baptiser de son nom une composite batterie de symptômes. L’eau vint à la bouche du médecin, qui végétait depuis une dizaine d’années dans un salariat sans éclat. Il compulsa toute la nuit les moteurs de recherche médicaux de la planète, passa en revue des résumés de cas cliniques plus bigarrés les uns que les autres, écarta de justesse un syndrome de Gilles de la Tourette, raya de ses hypothèses les méningites de tous ordres, abandonna l’idée d’une intoxication et refusa d’envisager la schizophrénie. Le DSM V n’admettait pas en ses pages le fait qu’une personnalité animale puisse s’exprimer de manière aussi régulière quoique transitoire : même la lycanthropie ne présentait pas de telles caractéristiques. Quant au rugissement mécanique qui avait succédé au hennissement, il était désormais, de par sa singularité, l’atout principal du médecin, qui, de mémoire de traité des maladies de l’esprit et autres dérangements de l’âme, n’avait jamais entendu dire que quiconque pût se croire une BMW six cylindres.

Il se hâta donc de rassurer la responsable de la communication, qui voyait d’un œil inquiet l’évolution bolidique des bizarreries présidentielles et s’était ouverte de ses craintes au directeur des ressources humaines, plongeant du même coup le pauvre homme dans les affres de l’angoisse : allait-il devoir recruter un lad ou un pompiste ? Les stagiaires affectés à la direction discutaient désormais des mérites comparés de la luzerne et du super sans plomb, et certains envisageaient sérieusement une expérience professionnelle dans le bocage normand ou un DU de raffinage des combustibles.

Le président Rouvière semblait insensible aux conséquences de son étrange comportement. Il affichait une sérénité quasi-bouddhique, et tous les matins à 11h50, une fois recoiffé, se dirigeait avec son habituelle placidité vers son restaurant favori, sans s’apercevoir des regards atterrés et des sourires crispés de ses collaborateurs. Aussi, au bout de trois jours d’invariables chevauchée sauvage et vrombissement mécanique derrière la porte blindée des archives, le médecin du travail ajouta l’anosognosie à la liste des symptômes de son patron.

Avant le weekend de Pâques, alors que chacun commençait à apprécier en connaisseur le ronronnement des cylindres présidentiels, typiquement allemands, les bruits de galop reprirent. Les béotiens émirent l’hypothèse que le président s’était équipé de chaînes à neige, avant de devoir se rendre à l’évidence : les déviances hippiques de leur patron avaient repris le dessus. La secrétaire de direction, quoique bouleversée, édicta en urgence quelques notes de service, priant les responsables du restaurant d’entreprise de bannir la viande chevaline des menus, informant les délégués commerciaux que leur activité était suspendue à la signature d’un contrat de confidentialité leur interdisant toute indiscrétion à propos de l’état du président Rouvière, et précisant à l’ensemble du personnel que, quoi qu’il se passât derrière la porte des archives, cela ne remettait nullement en question le fonctionnement interne de l’entreprise. Puis elle se fit prescrire deux kilos de Lysanxia et se prépara à dormir pendant trois jours.

Le médecin du travail avait quant à lui décidé de mettre à profit ses journées vacantes. Il invita à déjeuner une amie, vétérinaire comportementaliste, et lui présenta le cas de son patron. La jeune femme lui fit un bref rappel des associations surprenantes entre animal et objet manufacturé : il était de notoriété publique que les vaches ruminaient avec plus d’ardeur quand passaient les trains, que les poules évitaient les couteaux et les ânes le bât, que les martinets, malgré une silhouette en faucille, étaient adeptes du fouet, que les chats noirs entretenaient avec les échelles et les miroirs d’étranges et inquiétantes relations et qu’enfin, mais ça tombait tellement sous le sens qu’elle s’étonnait que son ami n’y ait pas songé lui-même, que les motos développaient comme tout véhicule à moteur un certain nombre de chevaux. Ces liens évidents mais finalement, à y bien réfléchir, obscurs, n’avaient pas grand chose à voir avec les troubles de la personnalité multiple, et du reste, elle doutait fort qu’on puisse attribuer au cerveau d’un cheval suffisamment de complexité pour qu’il se prît pour une Harley, et inversement. C.Q.F.D.

L’érudition de son amie donna des ailes au médecin, qui buvait désormais du petit lait. Ni les héritiers d’Hippocrate, ni ceux de Bourgelat, ne lui contesteraient la paternité de la découverte et de la description d’une pathologie nouvelle, qu’elle fût humaine ou animale. Son nom prendrait place dans la nosographie, on ferait de cette cohorte inédite de symptômes des items de QCM au concours de l’internat en psychiatrie, bref, on citerait avec déférence dans les facultés, au même titre que les affections les plus rares, le Syndrome de Morteau.

Le mardi suivant, à 11h15, le président Rouvière s’enferma dans son bureau. Sa secrétaire, dont le weekend hypnotique avait brouillé le teint et flouté les idées, se demanda s’il était possible qu’elle pût ne rien entendre. Elle bailla, tenta une discrète manœuvre de Vasalva, s’enhardit à sonder son conduit auditif externe de l’extrémité toxique de son ongle carminé, puis n’y tint plus : elle s’en fut écouter le silence, l’oreille gauche collée à la porte de son patron. Mais aucun bruit n’était perceptible, ce qui était si surprenant qu’elle évoqua illico l’éventualité d’une surdité brutale autant que précoce. Après avoir lu quatre fois la liste des effets indésirables du Lysanxia, elle se résolut à demander à son stagiaire le plus docile de venir lui aussi écouter ce qui se passait dans le bureau du président. La conclusion fut sans appel : on n’entendait strictement rien, ce qui était plutôt de bon augure, sauf à considérer que la surdité aiguë suspectée par la secrétaire était éminemment contagieuse, ce que démentait le fait que chacun d’eux entendît ce que disait l’autre. Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, un monde où les stagiaires pouvait s’en retourner à l’étude exhaustive de la notice de la machine à café.

Cela ne satisfit pas la secrétaire, qui résolut de mener une enquête plus approfondie. Dès le lendemain, par note de la direction interposée (quoique fictive) elle fit enregistrer par les caméras de sécurité les faits et gestes de son patron,. Ce qu’elle vit la stupéfia. Allongé sur la moquette grège, le président Rouvière mimait, avec une conviction telle qu’elle ne laissait aucun doute sur le fait qu’une pareille incarnation était totalement inconsciente, un concombre hybride F1. Le médecin fut convoqué en urgence, de même que quelques employés dont la discrétion n’était plus à prouver depuis deux semaines. Tous admirent l’excellence de l’interprétation, qui aurait fait mourir de honte le plus chevronné des adeptes de l’Actor’s Studio, et le médecin se résolut à inclure cet élément maraîcher à la symptomatologie de son syndrome éponyme.

Face à ce nouveau rebondissement, il fut admis en conseil d’administration extraordinaire qu’une absence aussi courte, même quotidienne, du président Rouvière, ne pénalisait en rien la bonne marche de l’entreprise, et que tant que son potager et ses écuries diverses ne débordaient pas du cadre spatiotemporel qu’il leur avait alloué, nul n’était besoin de mettre en péril l’emploi de dizaines de personnes en faisant du zèle. Les regards se tournèrent vers le médecin du travail dont les ambitions personnelles, qu’il commençait à afficher par vanité, suscitaient désormais quelques craintes et de nombreuses inimitiés.

A 14h 27, le docteur Morteau sortit furieux de l’immeuble. Il quittait le conseil d’administration, qui venait d’opposer une fin de non recevoir à la poursuite de ses observations. Il n’aurait plus accès aux vidéos de surveillance et devrait se tenir à bonne distance de son patron entre 11h 15 et 11h 45. Les employés s’étaient vus interdire de lui accorder leur témoignage. Or, sans preuves tangibles des surprenantes modifications comportementales du président, aucun journal scientifique digne de ce nom ne lui accorderait une publication. Il se précipita donc sur le trottoir, entama une course rageuse et mordit au passage le mollet de quelques passantes. Puis, après avoir pillé quelques poubelles et levé la patte contre les platanes de l’avenue, il rentra chez lui, se coucha dans son panier et, dépité, rogna son os en peau de buffle jusqu’à 14h 57.

Poésie, mon amie

Voici le texte que j’avais écrit pour le concours lancé par la Maison de la Francité. Le thème était : « si j’étais magicien ».

Poésie mon amie

Les vacances commencent mal. Mon petit frère, William, qui va bientôt avoir six ans, a dû rentrer à l’hôpital.

Cela fait maintenant cinq jours qu’il ne dort plus à la maison. Maman non plus, elle reste avec lui là-bas. Je suis seule avec papa et nous allons lui rendre visite tous les après-midi.

Cinq jours, c’est peu et très long à la fois. Ne plus le voir, ni lui, ni maman, fait un grand vide en moi.

Je m’appelle Noémie et j’ai neuf ans. Plus tard, je voudrais être poète, car j’aime donner le sourire aux gens, même quand ils sont tristes. Maman dit que je suis très douée.

Aujourd’hui, j’ai envie d’écrire quelque chose pour mon petit frère, mais les mots n’arrivent pas. Ils doivent pleurer eux aussi.

À la maison, j’aime me disputer avec lui, William. On joue souvent à la bagarre, même si maman préfère qu’on s’occupe autrement. Je suis toujours la plus forte, la plus grande !

À l’école, je le protège, je fais attention à lui, j’épie tous ceux qui l’embêtent. Après tout, c’est mon PETIT frère.

À l’hôpital, quand je le vois dans son lit, j’ai envie de me cacher. J’ai peur et je suis trop triste pour le regarder.

Je ne sais pas quoi lui dire, ni quoi faire pour qu’il n’ait plus mal, pour qu’il ne souffre plus.

Je ne suis pas un médecin, je ne suis que sa grande sœur… une grande sœur qui se sent horriblement inutile.

Le septième jour, j’ose parler à maman :

–          Mais qu’est-ce qu’il a ? C’est quand qu’il rentre à la maison ? Il va mourir ?

Je vois dans son regard qu’elle ne veut pas me répondre, ses larmes sont de nouveau là et elles vont bientôt inonder ses joues.

C’est papa qui réagit, tout bas, presque comme s’il avait peur de réveiller William :

–          Ton frère a un très gros microbe dans les poumons. Il ne peut presque plus respirer. On ne sait pas quand… quand

Papa ne finit pas sa phrase, il a trop mal, il pleure aussi beaucoup tout à coup.

Je comprends que c’est très grave. Et c’est là que je m’en veux d’avoir été si méchante, avant, avec lui, mon petit frère adoré que j’aime très fort.

Soudain, je sens quelque chose en moi. De minuscules papillons volent dans mon ventre. Des hérissons piquent tous les bouts de mes dix doigts. Le sol n’arrête pas de bouger de place. Mon cœur déborde de sentiments indescriptibles.

Je dois écrire, je veux mettre par écrit toute cette tristesse, cette peur, cette douleur.

Dans mon petit carnet que j’ai toujours avec moi, mon stylo-plume traduit mes idées bousculées :

William est à l’hôpital,

Il souffre, ça lui fait très mal.

On ne le dirait pas, car il semble sage

Mais des tuyaux défigurent son visage.

Il a un vilain microbe dans ses poumons,

Qui empêche de respirer ce gentil garçon.

S’il vous plait, il doit guérir,

Je veux retrouver son sourire.

C’est mon petit frère,

Donnez-lui de l’air !

Puis, dès que je relis ce poème qui est sorti de mon cœur en peine, je suis prise de colère quand je vois le mot « microbe ». Alors, de mon bic à quatre couleurs, j’appuie sur le rouge et je barre, je barre, je griffonne, j’écrase, j’efface, j’enlève ce vilain mot, celui qui est responsable de tous ces maux.

Lorsque mes larmes mouillent mon carnet et qu’un trou se forme à la place du microbe, je m’arrête. Je me sens plus légère. J’ai l’étrange impression d’avoir été libérée de quelque chose. Le sol a cessé de tanguer, les hérissons sont partis et les papillons se sont posés sur le tapis de mon estomac endolori. Je transpire, une vague de chaleur monte en boule jusque dans ma gorge. J’ouvre grande ma bouche pour aspirer une goulée d’air frais.

Au même instant, William tousse. Immédiatement, il enlève le masque qui lui donne de l’oxygène, et de sa voix essoufflée demande :

–          Maman ? Pourquoi tu pleures ? Où ce qu’on est ?

Alors qu’il était inconscient, assommé par une forte fièvre, mon petit frère revient à lui ! Subitement, il est dans notre monde… Or, tous les médecins pensaient qu’il n’allait jamais se réveiller parmi nous !

Juste après, maman crie de joie, et papa cherche une infirmière.

Dans le couloir, j’entends des pas pressés. Papa entre dans la chambre avec la dame qui nous a accueillis à notre arrivée.

Celle-ci prend la température de William et jette des regards sur les chiffres de l’écran. Et c’est précisément sur cette machine que mes yeux sont rivés, comme hypnotisés par l’image d’un petit cœur qui bat encore rapidement, mais régulièrement.

–          On dirait qu’il va s’en remettre, répond l’infirmière soulagée d’annoncer une bonne nouvelle.

Elle indique que le médecin ne va pas tarder à venir examiner complètement William, car son rétablissement est si soudain qu’elle ne voudrait pas nous donner de faux espoirs.

Le soir, on nous promet que nous pourrons à nouveau être quatre à la maison, très bientôt. Les spécialistes le gardent encore une nuit et une journée pour simple contrôle, et en attente des résultats de la dernière prise de sang.

Demain, je reviendrai à l’hôpital et je me faufilerai dans une autre chambre pour voir si mes mots ont vraiment ce merveilleux pouvoir de guérison.