La nature en délire

Covid J6. Je suis encore en quarantaine. Je dors sur un matelas, par terre, dans la mezzanine. Nous sommes lundi matin. Je le sais, car je me souviens que mon amoureux m’a dit hier soir « y en a qui travaille demain ». J’avoue que j’ai un peu perdu la notion des jours, du temps qui passe. Mais je suis sûre que ce matin, on est lundi. Malade ou pas, j’ai un réveil automatique, mon rythme biologique peut-on dire, entre 4h et 5h. Et ce, quelle que soit l’heure à laquelle je me couche la veille au soir.

Là, je me suis réveillée à 5h, à cause d’un des chats qui fait du bruit exprès pour me réveiller. Toujours la même. La seule femelle a faire toute une histoire dès qu’elle se réveille, elle estime que tout le monde doit se réveiller, au moins pour lui donner à manger ou pour la faire sortir. D’ailleurs, avec sa petite tache ronde et noire sur le bout du museau qui est blanc, on l’appelle « Madame la Marquise ». Je ne l’accuse pas aveuglément, la preuve, son frère jumeau dort à côté de moi, face à mon visage, couché sur mes vêtements. Le petit jeune, tout noir, me réchauffe les jambes, un véritable et adorable pot-de-colle-bouillotte-ronronnante. Lui aussi, il dort à pattes fermées, roulé en boule, tout contre mes jambes. Le petit dernier, le petit sauvageon qui se laisse apprivoiser, passe encore ses nuits dehors. Malgré la pluie, malgré le vent, il demande toujours à sortir le soir pour dormir à la belle étoile.

Bref, je me lève donc à 5 heures. Me désinfecte les mains à l’alcool, passe mon masque sur la bouche pour ne pas contaminer la toilette. Après la pause pipi, direction cuisine pour nourrir ces quatre affamés. Je tousse et éternue dehors. Je bois un demi-litre d’eau pour réhydrater ma gorge sèche et me fait un chocolat chaud au miel pour adoucir ma gorge abîmée et douloureuse. La porte tout le temps ouverte pour aérer la cuisine, la maison et permettre aux félins de se dégourdir les pattes.

Une heure plus tard, je ferme la porte, je remonte me coucher. 6h15, une belle heure pour me rendormir. D’ailleurs, mon amoureux est réveillé. Les chats ont eu à manger, sont sortis ou sont encore dehors pour certains, les enfants dorment encore. Vive les congés d’automne. Je vais vraiment pouvoir dormir, me reposer encore après une nuit plutôt calme, juste un peu trop courte à cause des quintes de toux qui m’ont empêchées de m’endormir « tôt ».

Rapidement, je parviens à trouver la bonne position dans laquelle je me sens confortable, sans gorge qui gratte, sans écoulements dans l’arrière-gorge. Très peu de temps après, dans le noir encore complet, je sens un poids discret sur le matelas, sur la couette. Un chat va me tenir compagnie.

MIAOU !

Pitié, faites qu’il ne va pas vouloir tailler une bavette avec moi, maintenant ! Mais je l’entends qu’il descend de la mezzanine. Malgré le petit poids, ça devait être le petit Orion, trois kilos deux cents grammes tout mouillé, il descend comme un lourdaud, faisant du bruit tel un éléphant sautant sur ce meuble en bois qui nous sert d’escalier pour atteindre la mezzanine.

Je me retourne sur le dos, puis sur l’autre côté. Flute ! J’allais m’endormir.

TIIIIII TIIII TIII !!

Bon sang, cette andouille est venue m’offrir une souris ou une musaraigne en cadeau. Vivante ! Pas possible !! Tendons l’oreille et la bonne ! (j’entends moins bien suite à la maladie de Ménière). Je n’ose plus bouger. A peine respirer. Mais il n’y a que le vent qui crie par la fenêtre, le vasistas, laissée entr’ouverte. J’attends encore un peu. Rien. Puis j’entends une porte chez mes voisins qui grince. Ouf ! Ce n’était sans doute que ça. Pas de souris ni de musaraigne victime du chasseur de rongeurs. Je suis rassurée. Je vais pouvoir me rendormir.

Installée sur le côté gauche, j’ouvre les yeux momentanément. Il fait vraiment noir ici ! Je perds un peu mes repères (toujours maladie de Ménière, qui me déséquilibre dans l’obscurité) et je ne sais plus si je suis à l’endroit ou à l’envers dans mon lit ! Heureusement, si je puis dire, il y a la petite loupiote d’un appareil (le Wifi ou je ne sais plus quel décodeur ou bazar informatique) qui éclaire faiblement dans mon dos. Je suis dans le bon sens. Je récupère mon oreiller. Je le remets en forme et m’apprête à me rendormir quand, tout à coup, qu’est-ce que je fois là ? Juste en face de mes yeux ? Parmi mes livres disposés en deux piles par terre, livres lus et livres à lire, entre mes bouteilles d’eau, de thé, de sirop pour ma toux un petit insecte bleu ? ou que je crois qu’il est bleu à cause de la loupiote derrière moi ? Je me redresse sur le matelas. Enlève ma couette. La rabats à mes pieds.

Ah ben ça alors ! Une tortue ! Une minuscule tortue, toute plate ! Et elle est bien bleue. Je n’en reviens pas. De voir cet animal ici, à l’intérieur, un animal de cette taille, de cette épaisseur et surtout de cette couleur. Bleu nacré. Comme le papillon, le mâle de l’Argus bleu ! Splendide. Je me lève pour de bon. Cette observation est unique ! Je ne peux passer à côté. Je prends mon téléphone, enlève le mode « avion », branche le wifi, active la position pour pouvoir utiliser l’application « ObsIdentify ». Cette application, bien que lente et instable, est géniale. Grâce à une photo (jusqu’à 4), elle me permet d’identifier la faune et la flore sauvage que je vois. J’active aussi momentanément la lampe torche de mon smartphone afin que je ne me casse pas la figure. Je veux ouvrir le store de la fenêtre car je crois qu’il commence à faire clair dehors, je pourrai mieux voir la bestiole. Je ne voudrais pas l’illuminer et l’aveugler avec le flash de l’appareil photo de mon gsm ! Tout en regardant où je mets les pieds, je continue à détailler l’animal. Elles sont deux à présent ! Deux tortues minuscules, plates et bleues azur. Deux ! L’une monte sur le dos de l’autre ! Un couple ?? Quand je pense qu’on dit qu’il y a plein d’animaux en voie de disparition (et c’est vrai), j’ai toujours dit qu’il y en avait un paquet qu’on n’a pas encore découvert. Oh, et si je découvrais une nouvelle espèce ? Chez moi ! Depuis mon lit ! En plein Covid ! Ce serait trop cool. Une tortue de chambre ? Une tortue de nuit ? La Petite Tortue Azurée de Liège. Ouah ! ça en jette comme nom.

Bon, ne mettons pas la charrue avant les bœufs, n’est-ce pas ? Ouvrons l’œil, faisons la lumière sur cette étrange apparition ! J’ouvre le store, et …

AAAaaah ! Horreur ! Une toile d’araignée, beurk ! Une ? Dix !! La lumière pénètre dans la pièce et je découvre avec épouvante qu’il y a un nombre incalculable d’araignées et de toiles qui s’enchevêtrent les unes aux autres. Bon sang ! D’où viennent-elles toutes ces créatures ? De ma poubelle de mouchoirs emmicrobiotés ? Mes petites tortues ! Elles sont en danger ! Elles vont se faire attraper, elles vont se faire tuer, bouffer !!

Vite, je me dépêtre des fils des toiles comme je peux, ça me colle sur les doigts comme de la barbapapa. Je dirige non sans un dégoût certain ma main vers les deux petites tortues. (Qu’est-ce que je ne ferais pas pour ces petites beautés !) Leur carapace ne doit pas dépasser la taille d’une pièce de cinq centimes, tant en grandeur qu’en épaisseur ! Les dessins sur leur carapace sont des lignes d’une blancheur, d’une pureté éclatante. On dirait presque qu’elles sont phosphorescentes ou bioluminescentes pour reprendre un terme que je viens d’apprendre grâce à ma fille. Elles sont vraiment incroyablement minuscules ces… coccinelles. Bah oui ! C’était trop beau pour être vrai. L’obscurité, la fatigue, peut-être encore un état fiévreux m’ont poussé à croire que j’avais peut-être devant moi une nouvelle espèce animal encore non découverte à ce jour… Ce ne sont bien que des coccinelles. Deux coccinelles bleues aux points blancs. Je les retire quand même de la toile d’araignée, pour les prendre en photo et pour les identifier. Je peux supposer qu’elles sont issues de la famille des Coccinella Schtroumpferae.

Bien sûr, c’est souvent le cas quand je veux faire des photos d’un spécimen rare ou que je n’ai pas souvent l’occasion d’observer, soit l’application foire/bugg/bloque (au choix) soit la mise au point ne se fait pas. Ici, c’est la netteté qui est en grève. Je prends quand même une photo, au cas où l’application super-intelligente parvienne à déterminer l’espèce rien que par sa forme générale et sa couleur. Et c’est précisément à ce moment-là, où je recadre la photo floue pour la centrer correctement, et où j’appuie sur « identifier », que … je… me… réveille !!

Bon sang de bois ! Je m’étais bien endormie. Brrr ! Bon, levons le store, ouvrons plus grande la fenêtre pour que l’air me rafraîchisse et remette mes idées en place. Point de toile d’araignée sur le vasistas, point d’araignées grouillantes partout à mes côtés, ouf ! Je préfère ça ! Mais… mais… deux petites tortues, minuscules, plates et de couleur bleu azur mortes dans une toile d’araignée entre le radiateur et le bureau ! Pas possible !

Second réveil.

Le bon. Le dernier.

Et une histoire à dormir debout que je partage avec vous :-)

Coloriage de l’application Happy Color à laquelle j’ai juste donné une touche de bleue et de blanc à la coccinelle rouge à points noirs :-)

Tout ceci est bien un rêve, et même, à la fin, un rêve dans un rêve !! Je n’ai rien inventé de mon rêve (rire), j’ai juste, après coup, à rendre l’histoire plus agréable à la lecture.

Savoir baisser les yeux

Le monde grouille, là en bas, sur le sol…

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Est-ce que vous voyez comme moi 2 petits points rouges ? ce sont des parasites, enfin, je crois, ils me font penser aux parasites que mon iguane avait sur lui quand je l’ai recueilli. Et lorsqu’il a fait chaud (si si, je vous assure, il peut faire aussi chaud de temps en temps en Belgique), sur le mur de la gare, ça grouillait… Mais ils sont tellement petit, que malgré leur couleur, ils passent inaperçu si on ne fait pas attention.

Quant à l’insecte, ça doit être un stade larvaire d’une coccinelle, non ? C’est comme les chenilles et les papillons, le stade « bébé » n’a rien à voir avec celui d’adulte :-)

Et une autre petite photo… un scarabée qui marchait au ralenti. Il devait être en fin de vie, il se faisait dépasser par d’autres insectes rampants, plus lents.

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Le monde micro est super intéressant quand on prend la peine de s’arrêter et d’observer… nos pieds  ha ha

Là, j’avoue, on ne s’est pas trop attarder, même si je pense que la bestiole allait rendre son dernier souffle… mon fils est devenu tout blanc à la vue de la taille du « monstre »

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La clé du bonheur (3)

— Bonjour Myosotis. Je me présente, je m’appelle Iris et lui ce mignon papillon, c’est mon meilleur ami. Nous avons entendu tes pleurs et venons voir si nous pouvons t’aider dans ton malheur.

À cet instant, pile à ce moment, une petite bête avec des ailes vient se poser sur l’épaule de la fleuriste. Étonnée par cet atterrissage, Myosotis soupire en pensant que les coccinelles sont, dit-on, des porte-bonheur mais que ces derniers temps, de bonheur, elle en manque cruellement.

Iris reconnaît sa conseillère de coccinelle, et lui sourit. La fleuriste tente d’expliquer la situation, sans trop dramatiser.

— Les saisons changent, en fait, il n’y a plus de saison. Il neige en automne, la douceur en hiver, et moi je perds la boule car mes fleurs perdent le nord. La semaine dernière, j’ai dû jeter mes roses trémières, hier ce sont mes coquelicots qui ont éclot alors qu’on prévoit des gelées nocturnes la nuit prochaine et aujourd’hui, je ne sais pas qui, m’a joué un vilain tour en saccageant ma plantation de mes muguets… Je ne pense pas que vous puissiez m’aider. Il faut que j’invente de nouvelles fleurs, plus résistantes aux changements de temps, plus parfumées pour les nez bouchés, plus colorés pour ceux qui ont les yeux fatigués. Mais je ne trouve pas de recette miracle.

La fleuriste a parlé presque d’une traite. Iris et son compagnon se sont regardés, bouche bée. Y a rien à dire d’autre, Myosotis en a gros sur la patate.

« Il faut l’aider » pense notre fée. Elle ne s’attendait pas à une tâche aussi ardue, aussi, sa proposition est donnée avec précaution.

— Je comprends, je ne suis pas magicienne, mais j’ai un certain don pour faire pousser un peu tout ce que je veux. Fais-moi visiter ton magnifique jardin, et dès demain, nous reviendrons pour t’offrir, je l’espère, un bouquet de solutions.

Les iris de Myosotis se sont mis à briller, à pétiller de joie et d’espoir.

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La clé du bonheur (2)

Iris caresse le cou du papillon et lui chuchote à l’oreille ces quelques mots tout ronds :

— Cela ne te rappelle pas le travail de quelqu’un de spécial ?

Le papillon, un peu confus, rougis un peu.

— Tu n’as aucune honte à avoir de ton comportement passé. Regarde aujourd’hui, grâce à ce que tu as fais dans mon jardin, nous sommes devenus inséparables ! Pour rien au monde, je ne voudrais changer le passé, car s’il nous a posé quelque difficulté, il nous a permis de nous rencontrer et ensemble, nous avons surmontés nos petits soucis respectifs, n’est-ce pas ? Tu n’es pas d’accord avec moi ?

Ce papillon, ce voisin qui se faisait appeler autrefois Monsieur Boudin, retrouve le sourire et, de sa trompe, pousse un cri de joie, un cri qui pète la forme.

Notre fée Iris rigole sans retenue, elle se fait remarquer par la petite Myosotis toute éplorée.

— Allons, descendons, nous allons nous poser ici mon ami, dit Iris en désignant un parterre florissant.

La fleuriste essuie vite ses larmes, frotte ses mains sur son tablier et se dirige d’un pas chancelant vers ces visiteurs venus des hauteurs.

Dans le coin de son jardin, il y a aussi un voisin, un autre Monsieur Boudin. Différent, mais pas moins charmant. Il est fait de papier recyclé, se cache toujours au lever du jour et pourtant, la fleuriste en a fait son confident. Ce Monsieur Boudin s’appelle en réalité Monsieur Journal. Myosotis écrit dans son journal toutes ses pensées, ses questions, ses réflexions, ses doutes. Elle attend de lui qu’il lui révèle le secret pour que ses fleurs ne fanent jamais. Mais il ne connaît pas ce secret, et Myosotis, par dépit, l’a abandonné à son triste sort de journal inutilisé. Alors, pour se venger, Monsieur Journal a donné vie à ses écrits cachés, à ses rêves oubliés, à ses cauchemars récurrents. Tout ça pour qu’elle lui revienne, qu’elle s’occupe de lui comme avant. Il ne peut pas décrocher la lune, mais il peut la faire briller dans son cœur. Comment lui faire comprendre que c’est elle qui a la solution à ses questions ?

Il en est là, à épier l’arrivée d’Iris et de son complice, quand Myosotis lui passe sous le nez, sans un seul regard pour lui.

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La clé du bonheur (1)

Voici mon premier jet de ma suite à « Faire pousser des oiseaux ».

1er morceau, début :

Ne dit-on pas que le bonheur, ça se cultive, comme l’amour, l’amitié et la patience ?

La petite fée Iris (voir livre publié), celle-là même qui avait planté des plumes pour faire pousser des oiseaux, nous reviens dans cette nouvelle aventure.

Par un printemps naissant un jour d’hiver, Iris, la petite fée, survole un jardin plein de lumières : celui de la célèbre fleuriste qui n’a d’autre nom que Myosotis ! Assise confortablement sur son papillon canon, son ancien adversaire transformé en fervent supporter, Iris observe une scène qui lui rappelle un souvenir qu’elle aime.

Myosotis, fleuriste reconnue dans le pays des fées, s’agenouille sur son parterre de graines de muguets plantés. Son jardin d’habitude si parfumé, ne dégage à présent aucune odeur agréable pour le nez. Myosotis, les mains sur ses yeux, n’a plus que ça pour répondre à cette puanteur d’œufs pourris et moisis. En lieu et place d’un carré de terre travaillé avec soin, il y a là une multitude de fleurs fanées sous une tonne de petites cloches en chocolat. Ce sont ces pétales écrasés, tout mouillés, qui dégagent cette odeur nauséabonde dont la fleuriste a honte.

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Mon premier roman jeunesse à paraître

Mon projet de livre « Faire pousser des oiseaux », qui sera en vente au profit de l’association Make A Wish Sud, avance bien ! Le livre sera auto-édité chez Atramenta. Ce sera un petit bijou de 72 pages, agrémenté par une bonne vingtaine de magnifiques illustrations (N&B), signées IzaCat.
5 autres illustratrices ont confirmé leur participation à ce projet; vous pourrez découvrir leurs beaux dessins (aussi en noir et blanc) en fin du livre dans la rubrique « Bonus », rubrique qui comportera également un petit jeu des 7 erreurs imaginé par IzaCat.

Dans l’attente de découvrir ces autres talents, un aperçu de leur imaginaire :

Marie Malcles
Nessa
Valérie Vittenet
Magali Garot
Thaïs Aubert

Le livre devrait bientôt sortir, courant février 2013.

Pour vous en mettre l’eau à la bouche, voici un petit dessin de Miss coccinelle, la belle conseillère, illustré par IzaCat.

Chap5_coccinelle

Mettre les points sur les i

Dans le jardin des écoles volantes, une petite coccinelle apprend à écrire. Comme tout jeune insecte, elle commence par dessiner les lettres de son nom en grand caractère : C O C C I N E L L E.

Rêveuse, elle imagine que les lettres bougent devant elle et dansent sur une musique muette.

C’est bien plus gai d’apprendre à écrire quand on peut jouer avec les lettres. Le C se transforme alors en une capucine, mademoiselle capucine. Le O devient un beau petit oeillet, tout bleu. Deux autres capucines se joignent à la première quand un iris (pour le i) est emporté par le vent. Un nénuphar prend la place du N. Il a du mal à caser ses deux jambes dans la fleur mais la gymnastique qu’il fait pour y parvenir démontre qu’il est bien souple. Deux edelweiss (le E) rougissent lorsqu’elles se retrouvent entourées par deux magnifiques lys (L).

La coccinelle observe tout ce petit monde et rigole doucement pour ne pas se faire remarquer.

Soudain, l’institutrice parle plus fort :

– Mademoiselle la coccinelle, puisque l’écriture en majuscules ne te pose plus de problème, viens donc essayer d’écrire ton nom en lettres minuscules.

L’insecte se réveille et s’envole sur le tableau. Elle trempe le bout de ses six pattes dans la poudre de craie et écrit :

c o c c I N E LL E

– Bien essayé Coccinelle, mais ce n’est pas tout à fait cela, lui répond l’institutrice. Il ne suffit pas d’écrire avec des pattes de mouches, ou de coccinelle en ce qui te concerne, pour réussir l’exercice. Minuscule ne veut pas dire dessiner les lettres majuscules en plus petit.

Le petit insecte rouge à points noir va retrouver sa place.

Dans deux chants de criquets, ce sera la récréation. Elle va pouvoir se dégourdir les ailes et penser à autre chose qu’à écrire les étranges formes qu’on appelle « mots ».

Le temps passe toujours trop vite quand on s’amuse. Et notre coccinelle va avec des ailes de plomb se poser sur son brin d’herbe, dans la dernière rangée, tout au fond de la classe.

La fin de matinée est consacrée aux calculs. Ouf ! Coccinelle préfère ça. Elle aime bien compter.

Tout à coup, mademoiselle l’institutrice annonce qu’elle ramassera les copies avant l’après-midi. Vite, coccinelle se dépêche de tremper le bout de ses pattes une dernière fois et remplit les cases manquantes d’autant de petits points que le demande l’exercice de mathématique.

– Et n’oubliez pas d’inscrire votre nom en haut de la feuille, précise la maîtresse.

– ZUT ! et rezut ! rouspète l’insecte, pourquoi faut-il toujours noter son nom ?

La coccinelle s’applique du mieux qu’elle peut. Tout à coup, une image lui revient en mémoire : le clavier de son ordinateur de jeu.

« Mais oui ! », pense la petite bête. Je vais écrire comme sur l’ordinateur, c’est plus facile.

Et elle écrit donc : c o c c I n e l l e

Le lendemain, coccinelle, fière d’avoir pensé à son clavier, est impatiente de recevoir sa note.

Quand elle reçoit sa copie, elle est à la fois très heureuse et triste. Très heureuse d’avoir une si jolie note, mais triste car elle ne comprend pas pourquoi madame ne lui a mis que 9 / 10, alors qu’elle n’a fait aucune faute dans ses calculs.

L’institutrice attendait sa réaction. Quand Coccinelle lève la patte, elle l’autorise à poser sa question à voix haute :

– Madame, pourquoi est-ce que j’ai neuf et pas dix ? Je n’ai pourtant fait aucune erreur.

– En effet Coccinelle. Tu n’as fait aucune erreur dans l’exercice, mais regardes un peu en haut de ta feuille… Que lis-tu ?

L’insecte voit un gros point rouge au-dessus de son i, sur son prénom. Elle semble ne pas comprendre.

– Tu oublies toujours de mettre les points sur tes i. C’est quand on écrit en majuscules, qu’il ne faut pas mettre de point.

Et le petit insecte demande alors aussitôt :

– Mais maîtresse, pourquoi est-ce que je dois mettre un seul point dans mon prénom alors que sur mon dos, j’en ai sept ?