Le crapaud, la libellule et le serpent

Mon ami Claude a écrit une fable que j’ai adoré, que j’ai dévoré, que j’ai lu et relu. Son style est tout simplement génial. J’aime son univers ! Claude se lance toujours dans des défis d’écriture qu’il réussit je trouve brillamment et il partage l’une de ses passions sur son site.

Voici le début de sa fable… pour connaître la suite, je vous invite à vous rendre sur son site. Bonne lecture et bonne visite.

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Le crapaud, la libellule et le serpent

Il est bien connu que la raison de l’homme devient une brindille frêle et vacillante lorsque l’ardeur amoureuse envahit son cœur. Pour celui qui encore en douterait, nous allons apporter la démonstration de cette affirmation.

Un crapaud qui d’aventure prenait le soleil en bordure de sa mare aperçut, se posant sur un jonc, une libellule au corps svelte et élégant. D’aucuns de son espèce auraient gobé l’insecte volant, ou du moins tenté de le faire.

Notre compère n’en fit rien.

Tout admiratif des charmes de l’odonate, le batracien, muet d’étonnement, ne le quittait pas du regard, suivant le vol vif et léger de la demoiselle. Et plus elle planait, rasant la surface des eaux comme un discours politique son auditoire, plus l’amphibien sentait son cœur battre plus fort. La transparence des ailes, la globularité des yeux, surtout la longueur de l’abdomen (lui qui était anoure)… tout chez l’avenant insecte le faisait fondre d’adoration.

Le crapaud, se mirant dans l’onde proche, constata sans coup férir qu’il ne faisait pas le poids, mais le pouah. Ses pattes pataudes, les pustules qui le couvraient, sa large et disgracieuse bouche… tout en lui était hideux, repoussant, monstrueux. De désespoir, il coassa, prouvant que son ramage se rapportait à son peaussage, ce qui ne lui remonta pas le moral.

Nouvellement amoureux, et peu accoutumé à cet état, le batracien au physique ingrat, comprenant qu’il n’avait aucune chance de conquérir de cœur de la belle volante, résolut d’en finir avec la vie. Comme il était vain qu’il se jette à l’eau, il choisit de se faire occire par son voisin le serpent.

Messire crapaud alla donc se camper devant l’antre de l’ophidien et donna de la voix afin de susciter l’ire du rampant. Hélas, celui-ci, repu par une récente et abondante agape, somnolait, serein et dépourvu de tout projet martial. Il sortit néanmoins de sa tanière, cherchant qui provoquait un tel tintouin, et découvrit le batracien en proie à la détresse.

Suite et fin ici, sur son site.

(pour vous y retrouver, la suite commence aux dialogues) ;-)

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Nouvelle fin d’un poisson

Suite à la minifiction de mon ami Claude Attard (clic) sur le thème de l’aquariophilie, j’ai eu l’idée d’écrire une autre fin, car cette suite m’a sauté au visage ! :-) Pour lire la minifiction entière et originale, clic sur le nom de mon ami plus haut, et pour lire ma suite et nouvelle fin, c’est ici plus bas :-) bonne lecture !

En italique = texte original de Claude

Elle ne s’approcha pas du bac pendant plusieurs jours, le cœur plein de culpabilité. L’oscar continuait à regarder l’urne d’Oscar. Quelques semaines passèrent ainsi, puis Émilie craqua et recommença à donner Oscar à l’oscar. Un peu chaque jour, durant plusieurs mois.

Elle observait le gros cichlidé de loin. Certains jours, elle envisageait de l’embrocher et de le faire frire. Une autre fois, découragée, elle décrocha le téléphone pour appeler Jacques afin qu’il la débarrasse de l’aquarium, de l’oscar et de tout ce qui touchait aux poissons, mais reposa le combiné avant que le jeune homme réponde.

Bien sûr, le jour vint où il n’y eut plus de cendres. Ce jour-là, Émilie retourna l’urne vide en la montrant au cichlidé.

« Il n’y en a plus. Tu as bouffé tout mon Oscar. »

Elle fondit en sanglots et brisa l’urne en la jetant au sol.

La nuit suivante, Émilie rêva qu’Oscar, ruisselant, se glissait dans le lit et se serrait contre elle. Elle sentait des écailles irriter sa peau, l’humidité se répandre, et le froid la gagner. Elle bougea sur le matelas, inconfortable, sensation désagréable. Émilie, inconsciemment poussa l’oscar hors du lit, et c’est lorsqu’elle entendit un gros Plouf qu’elle se réveilla complètement.

– Mais qu’est-ce que tu fous là, tu vois pas que tu salis les draps ? dit-elle au poisson en essayant de l’attraper malgré les soubresauts du matelas à eau qui se mouvait toujours malgré le trou béant qui laissait toute l’eau s’écouler hors de lui.

Le sol de la chambre était à présent inondé d’une épaisse couche d’eau tiède. L’oscar nageait tout d’aise, se coulant sous le lit, réapparaissant d’un petit bond près de la porte, gesticulant des hanches comme seuls les poissons savent le faire. Émilie n’en pouvait plus de courir après lui, alors elle se mit à nager. Elle excellait dans ce domaine, elle avait encore son trophée de meilleure nageuse d’école pri-mer qui reflétait au soleil sur sa commode translucide. Mais le poisson avait un coup d’avance, malgré sa taille imposante pour un poisson, il était encore suffisamment petit pour glisser sous les armoires. Oscar a beau être un animal à écailles, il n’en est pas moins doué d’intelligence. Il fera tout ce qui est poissonnement possible pour traduire cette bipède devant le roi Poséidon. Elle a déjà tué un Oscar en le sortant de l’eau volontairement, elle n’en aura pas un second.

La légende de Tristan maison rouge

Voici un adorable conte pour enfants écrit par Claude Attard.

Dans un petit village vivait un jeune homme très pauvre qui répondait au nom de Tristan. Il travaillait dur dans la ferme de ses parents, désormais trop âgés pour s’occuper eux-mêmes des bêtes et des champs. La maison qui les abritait tous les trois était très vieille, mais Tristan, qui était un garçon brave et courageux à la tâche, faisait ce qu’il pouvait pour l’entretenir, en plus des nombreux autres travaux qu’il fallait accomplir pour subvenir à leurs besoins.

Jamais il n’avait reculé devant la besogne, ou reporté une corvée, ni baissé les bras face à l’effort. Il avait en outre un assez beau visage, si bien que toutes les demoiselles des environs espéraient attirer son attention. Mais lui ne leur accordait pas un regard, car son cœur était déjà pris. Il l’avait donné à la ravissante Mariette, qu’il avait rencontrée à la foire l’année précédente.

Surmontant sa timidité, Tristan demanda la main de la jeune fille à son père, mais celui-ci déclara que Tristan ne pourrait épouser Mariette que lorsqu’il aurait repeint sa maison, afin qu’elle soit digne d’accueillir sa fille.

Le garçon balançait entre la joie et la tristesse. La joie, puisqu’il avait obtenu la garantie que sa bien-aimée serait un jour sa compagne, et la tristesse, car il était tellement pauvre qu’il ne pouvait acheter de peinture. Il songea à vendre quelque objet, mais il ne possédait rien qui eût de la valeur.

Alors, sa mère lui rapporta l’histoire qui dit qu’au bout d’un arc-en-ciel se trouve un trésor.

« Personne ne croit cette histoire, donc personne ne cherche, mais ces richesses sont bien là, attendant qu’un homme au cœur juste les découvre. »

À compter de ce jour, Tristan regarda les cieux chaque matin, dans l’attente d’une pluie qui serait suivie d’un arc-en-ciel. Le printemps passa, puis vint l’été, avec ses grosses chaleurs. Le quinze août, enfin, tandis qu’on célébrait le rituel de la vierge, éclata le plus terrible orage qu’on ait subi dans la contrée. Il dura plus d’une heure, et lorsque les nuées s’écartèrent, cédant la place au soleil, un magnifique arc-en-ciel traversait la voûte céleste d’un horizon à l’autre.

Tristan se mit en route immédiatement en direction du nord. Il allait d’un bon pas rapide vers le bout de l’arc-en-ciel, mais sans parvenir à s’en rapprocher. Il marcha plus vite, puis il courut, en vain : Chaque fois qu’il avançait, sa destination reculait d’autant. Le pauvre garçon, qui craignait de voir le trésor lui échapper et Mariette unie à un autre, galopait de plus en plus vite, jusqu’à ressentir un vertige. Le temps passait, sa peur croissait, car s’il n’atteignait pas son but avant la nuit, l’arc-en-ciel disparaîtrait, entraînant avec lui les espoirs de Tristan.

Il sentait la fatigue peser sur ses jambes, qui s’alourdissaient. Malgré son épuisement grandissant, il réalisa que, puisque ce qu’il cherchait à rejoindre reculait aussi rapidement qu’il avançait, il était vain d’essayer de le rattraper de cette façon. Il devait s’y prendre autrement et, pour commencer, retrouver son calme.

Tristan s’assit et réfléchit, la tête entre les mains, à ce qu’il convenait de faire. Tandis qu’il s’efforçait de trouver une solution, il entendit un bruit derrière lui. Il se retourna et découvrit un homme richement vêtu, portant une magnifique couronne et un petit sac.

Ce drôle de personnage, qui ne faisait que quinze centimètres de haut tout au plus, lui demanda de dire ce qu’il faisait là. Le garçon, intimidé, raconta son histoire.

Clic sur l’image pour lire directement la suite sur son site !