Encore un petit texte écrit après un atelier d’écriture à distance via l’application zoom, et avec Christian Schaubroeck.
Je dois préciser que j’ai écrit cette histoire une semaine après l’atelier. Durant l’atelier, j’étais partie complètement ailleurs. La consigne était d’écrire un conte à partir du point de vue du méchant d’un conte traditionnel. Immédiatement, j’ai pensé au conte « Le loup et les 7 chevreaux », mais pour une raison que j’ignore, je suis partie sur « Le vilain petit canard », où il n’y a, à priori, pas de véritable méchant. Je n’ai pas terminé cette histoire, car je me suis retrouvée coincée, à ne plus savoir comment développer mon texte.
Si l’envie me prend, je terminerai la première histoire et la partagerai ici.
Le loup masqué
Voilà presque deux mois que le loup est confiné dans son bois. Depuis l’annonce de la pandémie, il pense être atteint de folie ! Il a peur d’attraper la maladie et, pour l’anniversaire de sa mère, de ne plus être en vie. Alors, il a décidé d’appliquer, à son niveau, les mesures de sécurités qui ont été recommandées pour les Pasbeaux, ces vilains humains, ces idiots de voisins.
Hélas, la faim arrive sans crier gare. Voilà deux mois, depuis le confinement, qu’il n’a plus mangé d’enfant, il commence à en avoir marre. Pour ne pas tourner en rond et surtout pour changer de la nourriture de cochon, sa maman l’envoie immédiatement chez sa mère-grand pour lui apporter un masque et des gants afin qu’elle aussi puisse se protéger du virus, sans être contaminée. Trop heureux de se dégourdir les pattes, le loup accepte la mission avec hâte et sans poser de question.
Il est à peine sorti de son territoire (toujours dans la forêt, vous pouvez me croire), qu’il doit se frotter les yeux à la scène qu’il vient de voir. Devant lui, à treize longueurs de queue de souris, il découvre un paradis appétissant et très tentant. Pas moins de sept chevreaux jouent à cache-cache.
– Oh ! La vache, heu, la chèvre ! dit le loup en salivant. J’ai bien l’impression qu’ils sont seuls et isolés, ça va me changer du cochon que maman fait toujours brûler. Oui bon, même si ce sont des sangliers que nous n’arrêtons pas de dévorer, de tendres petits chevreaux, c’est tellement meilleur, surtout avec leur peau caramélisée au beurre salé.
Le loup a une pensée pour sa mère-grand qui ne s’est plus mis de chèvre sous la dent depuis tellement longtemps !
-Il y en a sept si j’ai bien compté. C’est plus qu’assez, on aime bien partager. Il suffit de bien réfléchir, de ne pas être impatient ou trop gourmand, et je vais tous les occire, pense-t-il en rigolant.
Malheureusement pour lui, le loup a été repéré. Trop fort, il a rigolé.
-Eh ! Loup masqué ! T’es pas futé de rire à gorge déployée. Toi qui espères nous manger, c’est raté, lui dit la petite chèvre qui est sorti de sa cachette en prenant la poudre d’escampette.
-Qui te dit que c’est raté, petite effrontée ? grogne-t-il à son encontre en sortant sa montre.
Il est sept heures du soir. Le loup déteste être en retard. Le souper chez lui, vers vingt-heures est servi. Le territoire de la mère-grand n’est plus très loin assurément. Mais s’il doit passer du temps à courir après ces sept garnements, il n’est pas certain d’être à l’heure pour le festin.
-Youh ! hou ! Loup est-tu là ? chantonne un autre petit repas.
-Que fais-tu ? Nous entends-tu ? lui crie un autre avec un chapeau pointu.
-Laissez-moi réfléchir à la façon dont je vais vous cuire, leur répond le loup qui s’est caché à son tour dans un trou.
Le loup et les sept petits s’amusent à jouer au chat et à la souris.
Ce petit jeu se prolonge bien trop tardivement pour le loup qui y songe rapidement.
L’obscurité arrive bien vite dans ce bois enchanté. Le loup masqué abandonne sa mission et pense qu’il est temps pour lui de s’émanciper sans condition. Ce petit jeu lui a ouvert l’appétit. Son ventre crie famine, il se lèche et relèche ses babines. Son masque jeté à terre, il respire un bon bol d’air et bondit sur sa victime sans un cri.
Sa mâchoire se referme brusquement dans un claquement de dents. Il l’a ratée, loupée, il est passé à côté ! Trop futées pour lui, le loup qui n’est plus masqué a abandonné la chasse aux sept petites chèvres. Il n’est finalement pas si bête. Car des amis avec lesquels il pourra jouer durant des années, n’a pas de prix. Jouer ou occire, il faut choisir. Et le loup préfère jouer que manger.
Dans son nouveau territoire, entre celui de sa maman et de sa mère-grand, le loup a beaucoup d’espoir. Pas plus tard qu’hier, il a entendu des cris crever l’air : bientôt, il va pouvoir manger trois petits cochons que leur mère a chasser dans un sermon.
-Hum, de la viande de cochon, c’est trop bon, dit-il en salivant à ses nouveaux amis.
-Nous on préfère l’herbe, allons voir si elle n’est pas plus verte ailleurs, lui répond la petite chèvre, futur tailleur de bonheur.
-Moi, j’aime aussi les fruits d’ici, des fruits, des fruits, encore des fruits, chantonne une autre petite chèvre, future cuisinière.
Et ensemble, ils chantent. La voix du loup est la plus grave, mais dans cette histoire qui n’est pas un conte, ce n’est pas ça qui compte.
Un, deux, trois, promenons-nous dans les bois. (c’est le loup qui commence)
Quatre, cinq, six, cueillir des cerises. (ici, c’est la chèvre, future cuisinière)
Sept, huit, neuf dans mon panier neuf (à ce refrain, le petit chaperon rouge les a rejoints)
Dix, onze, douze, elles seront toutes VERTES comme l’herbe (crie tout sourire la petite chèvre tailleur de rire – et créateur de bonheur)
