Samedi matin, il neige

Il a encore neigé cette nuit. J’aime la neige, j’aime contempler ces paysages immaculés. Blancheur silencieuse et à la fois craquante. Ciel gris chargé de promesses de flocons hivernaux. C’est la saison qui chante, c’est l’hiver qui se pare de son plus beau manteau lumineux.

Photo des chats d’hier

Comptine de printemps crôa crôa

Tout début du printemps, en l’écrivant je n’ai même pas eu cette impression de printemps !, j’ai donné de mon temps pour aider des batraciens à sortir en toute sécurité rejoindre leur plan d’eau. Cette petite histoire, forme de comptine, m’a été inspirée par cette action, ces observations.

Fin février.

Fin de l’hiver.

C’est la fin du froid

Coâ ! Coâ ! Coâ !

Les grenouilles coassent.

Les crapauds crapahutent.

C’est la migration des batraciens, elle commence bien.

Une heure durant, les aider patiemment.

La route de tous les dangers.

Les rues à traverser.

Les roues des voitures, à éviter.

Tout ça pour ne pas qu’ils ne se fassent pas écraser.

Et pour leurs œufs, les déposer en toute sécurité.

Coâ ! Coâ ! Coâ !

Crapauds et grenouilles coassent.

Et le temps, lui, il passe.

Il est neuf heures moins le quart.

Il fait onze degrés, de mémoire.

Pluie fine surgit, piétine un léger brouillard,

Il fait nuit. Il fait noir.

En cette fin février,

Une poignée de crapauds, j’ai pu sauver !

Et maintenant, faites silence ! Faites silence !

Car, sur mon chemin, les batraciens, avancent.

Soudain : clip ! clap ! clop !

Un clapotis, au bord de l’eau.

Il fait nuit, il fait noir,

Et puis, il y a ce bruit, ce soir.

Un clapotis, ici : clip ! clap ! clop !

Mais d’aussi loin que je me trouve

Je ne distingue rien qui mouve.

Coin ! Coin ! Coin !

Ça, j’entends très bien.

Des oies sont là. Des Bernaches du Canada.

Et elles sont au nombre de trois.

Coin ! Coin ! Coin !

Les bernaches font tout un potin.

Ça cancane et ça papote, les pattes, dans l’eau.

Clip ! Clap ! Clop ! Fait la Vesdre.

Des rochers, dans le cours d’eau,

Et la vie des vagues donnent le tempo.

Clip ! Clap ! Clop !

C’est la musique de l’eau.

Soudain, une silhouette se faufile,

Un gros mammifère, à l’horizon, se profile.

C’est le soir. Il fait nuit. Il fait noir.

Mais d’aussi loin, je ne distingue toujours rien.

Alors, je me rapproche des lampadaires,

Ces lumières artificielles qui se donnent de grands airs.

L’animal qui fend les flots,

S’est arrêté pour nettoyer son museau.

Castor ou ragondin,

Entre les deux, mon doute est certain.

Clic ! Clac ! Hop !

Je prends quelques photos.

Clic ! Clac ! Hop !

Le clapotis est revenu aussitôt.

Nageur silencieux,

La bête avance sous mes yeux.

Et bientôt, à l’abri de mon regard,

Pour d’autres photos, il sera trop tard !

Coin ! Coin ! Coin !

Les bernaches le savent bien,

Elles le connaissent et il n’est pas leur copain.

Clip ! Clap ! Clop !

Le mammifère a rejoint le clapotis,

Au bord de l’eau, il est plus à l’abri.

C’est le soir. Il fait nuit. Il fait noir.

J’entends le vivant. Je vois la vie.

Je savoure cet instant unique

Et j’en profite, maintenant et ici.

La pluie s’est arrêtée.

Le vent s’est levé.

La température a chuté.

Le temps, lui, est passé.

Le froid est piquant. Le froid est mordant.

Hop ! Hop ! Hop ! Je renfile mes gants.

Chez moi, je me dois de rentrer.

Avec des images et des souvenirs en quantité.

Et puis, je me retourne, comme une intuition,

Un dernier coup d’œil pour cette soirée d’observation.

Et je vois ! ça !

Tête arrondie et la queue, large et aplatie !

C’est un castor sans hésitation,

Un architecte qui a toute mon admiration.

Coâ ! Coâ ! Coâ !

Les batraciens, de l’autre côté du chemin, me semblent déjà bien loin.

Coin ! Coin ! Coin !

Les bernaches bavardent toujours aussi bien.

Clip ! Clap ! Clop !

Le clapotis, clopin-clopant, se fait plus petit.

Hop ! Hop ! Hop !

C’est la fin de mon histoire,

Et des rencontres de ce soir.

Hop ! Hop ! Hop !

Aux grenouilles, crapauds, oies et castor, on dit « au revoir ! ».

Tirez pas sur le scarabée, Paul Shipton

Il y a des coïncidences qui ne peuvent être tues. C’est le cas avec ce livre que je viens de découvrir dans une nouvelle boîte à lire de la région.

Alors que mon dernier article parle d’insectes, alors qu’il y a peu, je me plaignais de l’état déplorable de la boîte à lire de mon quartier, voilà qu’hier, je découvre de nouvelles installations pour ces merveilleuses boîtes à trésors.

Commençons par le début : hier, première véritable journée printanière : 16 à 18 degrés, ciel bleu, soleil généreux. Après toute la flotte du mois de mai (pas tous les jours, mais presque), ce temps sec et dégagé fait plaisir aux humains que nous sommes. Certes, les insectes, oiseaux et mammifères n’ont pas attendu le beau temps pour se montrer ni pour se reproduire. Nous, humains, attendions le retour du beau temps avec impatience.

La preuve, j’ai commencé à faire un tri dans mes livres, à la maison. Un paquet de livres a déjà été déposé au Human store, ce magasin qui vend uniquement ce qu’il reçoit en dons (livres, vêtements, jouets) à petits prix pour aider les enfants défavorisés de l’ouest Afrique.

Six autres livres ont été déposés hier dans la nouvelle boîte à lire tout près de chez moi. Je savais, par mes enfants que la commune avait enlevé la vieille boîte abîmée et l’avait remplacée. Je ne passais plus par là et ne déposais plus de livres, car les portes étaient cassées et les livres n’étaient plus du tout à l’abri des intempéries.

Les élections approchant (demain chez nous en Belgique), la commune – et peut-être même la ville de Liège – essaie d’amadouer ses lecteurs par tous les moyens 😅

Regardez comme elle est belle !

J’ai donc déposé mes six livres. Rien d’autre ne m’intéressait ici.

Peu après, je fais une course un peu plus loin de chez moi. C’est toujours dans la ville de Chaudfontaine, mais une autre commune. Je n’ai pas fait de photo, car c’est exactement la même boîte à lire qui a été installée en face d’une librairie, de l’autre côté d’un rond-point. Cette installation est nouvelle, elle n’en remplace pas une autre. Accompagnée de ma fille, nous avons ouvert la boîte (grande porte vitrée, solide et bien fixée), et après un rangement – TOC quand tu me tiens !- nous avons trouvé notre bonheur.

C’est ainsi que j’ai découvert ce livre : Tirez pas sur le scarabée, de Paul Shipton. Roman jeunesse, éditions Le Livre de Poche Jeunesse, imprimé en… 2002 ! (2002, c’est l’année où j’ai rencontré mon amoureux). L’auteur a écrit le livre en 1995, mais a été édité pour cette édition, en 2002.  Il a aussi écrit « Un privé chez les insectes ».

Rien que les quatre lignes « biographiques » de l’auteur, m’ont d’emblée pliés :

 » Paul Shipton

Né à Manchester, Paul Shipton a enseigné l’anglais avant de devenir éditeur de manuels scolaires. Il aurait aimé être footballeur, apprenti astronaute ou viking, mais n’étant ni sportif, ni marin, il a finalement choisi le métier d’écrivain. « 

4e de couverture

Je m’appelle Bug Muldon. Je suis détective privé. Actuellement, je suis sur une histoire de disparition d’insectes. Et ce n’est pas une mince affaire, croyez-moi ! Depuis que j’ai mis mon nez là-dedans, je les ai toutes sur le dos : les fourmis, les guêpes, les mouches, et bien sûr les araignées ! Plus moyen d’être tranquille ! Je vous assure, ce n’est pas une vie pour un scarabée…

Je vous le recommande. J’ai commencé à le dévorer. Il est délicieux !

Des insectes de toutes les couleurs

Regardez vos pieds

Dans un jardin sauvage

La vie en couleurs


Ici (Chaudfontaine) ou ailleurs (Bomal-sur-Ourthe), je vous présente les minuscules que j’ai rencontrés en ce mois de mai (et début juin).

Un mois de mai parsemé d’averses, de vent parfois violent, de généreux soleil le temps d’un trop bref instant.

Les jardins ne sont pas entretenus. À peine tondus une fois quand on y pense, quand il ne pleut pas (facile de ne pas tondre durant le mois de mai, tellement il a plu très régulièrement).


Un matin nuageux mais sec, je me suis accroupie dans le jardin et j’ai observé la vie qui grouille à mes pieds. J’ai été impressionnée de voir un nombre incalculable de petites araignées noires et blanches. Ma première réflexion a été : Bon sang, je dois en écraser tout plein quand je marche dans le jardin !

J’ai commencé à vouloir les compter, mais cela m’étais un peu difficile tellement il y en avait. Celles-ci sont très timides et se réfugient sous les herbes à une belle vitesse. Je n’osais plus bouger de peur d’en écraser. Puis, j’ai réalisé que l’herbe était tellement haute et les brins, nombreux, qu’elles pouvaient sûrement trouver refuge sur la terre et que les pieds n’arriveraient pas à les aplatir.

Ces jolies petites araignées de moins d’un centimètre sont des Pardosa spec.  Ce n’est pas moi qui le dit,  mon application ObsIdentify.

L’application

ObsIdentify a été installée en août 2022. Par curiosité, pour apprendre à découvrir les noms des insectes que je rencontre. Il n’y a pas que les insectes qu’elle peut identifier : fleurs, plantes, champignons, oiseaux, etc. Tout ce qui est sauvage.

C’est sympa et relativement facile à utiliser. Mais il y a encore quelques bugs et fonctionnalités absentes ou défectueuses. Je dis ça, pour moi. Je ne suis jamais arrivée à télécharger une photo prise avec mon smartphone, avec position activée, et à l’intégrer dans l’application, après l’observation. Il me dit que les donnés géographiques ne sont pas localisées et donc il est incapable de faire l’identification. Car la photo n’est pas toujours bonne, nette, sans la « macro » de mon smartphone. Dommage.

Bref, j’apprends ainsi à identifier les insectes. Mais les noms sont parfois compliqués et je ne les retiens pas tous.

Quand l’application n’est pas certaine de l’identification à 100%, un administrateur, expert, peut apporter ses connaissances et ainsi valider l’identification, la corriger, déterminer le sexe ainsi que le stade (l’âge) de la bête. Mais, les corrections arrivent parfois tardivement.

Et dernièrement (hier), j’ai voulu aller trop vite et l’application a reconnu à 100% l’espèce photographiée, mais elle a choisi d’identifier la plante plutôt que le magnifique insecte posé sur une de ses feuilles !! J’espère qu’un administrateur va pouvoir corriger cela rapidement, car « mon » Agrion est vachement plus intéressant et plus beau que le lierre 😂

Je vais donc vous présenter quelques insectes colorés que j’ai aperçus dans mon jardin ou dans celui de ma maman.

Si vous découvrez une erreur d’identification, merci de me le signaler pour que je puisse corriger cela dans cet article.

Un très bel insecte aux couleurs métalliques et voyantes : la Cétoine dorée

Je poursuis avec un autre insecte tout aussi coloré et aux couleurs vives électriques : l’Oedémère noble. J’ai découvert que le spécimen en photo est un mâle, reconnaissable à ses « cuisses » épaisses.

Une photo un peu floue pour le Cardinal à tête rouge.

Pour rester dans cette couleur, je crois que Gendarme est déjà bien connu…

Mais connaissez-vous le Rhophale faux-gendarme ? Plus grand, plus haut sur pattes, tête rouge… À s’y méprendre si on ne fait pas attention.

Un peu moins rouge mais plus orangé, deux insectes de la même famille : le Téléphore sombre

Et son frère, le Téléphore livide. Photo recadrée et un peu floue, la bestiole ne voulait pas poser pour moi, s’envolant rapidement à la moindre approche.

La belle demoiselle au corps flamboyant : la Nymphe au corps de feu

Et son cousin Agrion gracieux que l’application a zappé, préférant identifier le lierre…

Un insecte moins coloré, mais si l’application à raison quant à son identification, ce serait un insecte rare qui était dans mon jardin. Je vous le présente donc aujourd’hui. Mesdames, Messieurs, applaudissez le Podops européen.

Un administrateur a approuvé mon observation, avec preuve (photo). La photo n’est pas très nette.

Pour terminer le choix de ces premières présentations entomologistes, voici le Charançon damier. Encore un autre insecte moins coloré mais pas moins intéressant.

Oh ! Au temps pour moi. Une chenille se rappelle à moi. Pardon futur papillon.

C’est sous un soleil présent, à quelques trente centimètres du sol, que j’ai remarqué ce magnifique Bombyx du chêne

Le pays des minuscules est à portée de nos yeux. Il suffit de s’accroupir, de se baisser, de patienter.


Depuis août 2022 :

246 observations enregistrées

129 espèces différentes (tout confondu, insectes, fleurs, champignons, oiseaux)

Balade dominicale, choix de jumelles, sans APN

Savez-vous qu’il est bon de s’autogratifier de temps en temps ?

Non seulement, ça fait un bien fou, mais cela renforce notre confiance en nous.

Le week-end dernier a été un peu particulier. Tout a commencé samedi matin. J’ai osé prendre une petite araignée sur ma main, pour la sauver d’une mort certaine par noyade impitoyable (douche). Bon, j’ai tendu une main et elle a voulu prendre tout le bras, j’ai donc du y mettre le hola ! Mais une fois qu’elle était en sécurité et que, ma peau, elle a quitté, je me suis sentie fière et forte ! Ancienne arachnophobe, je n’avais jusqu’ici osé inviter une araignée de plus d’un millimètre à me grimper dessus. Oh ! Celle-ci n’était pas bien grande et s’approchait d’un bon demi centimètre, mais elle était si légère que je n’ai même pas senti ses pattes courir sur ma paume.

Ce n’était pas celle-ci, mais elle lui ressemblait. Alopecosa spec.

Ma première victoire du week-end. « Bravo, Cécile ! »

Mon second bonheur a été de recevoir, cet après-midi là, un livre que j’avais commandé à ma librairie naturaliste « Regards Nature » : La trilogie de Corfou, de Gérald Durrell. La libraire l’a tout spécialement commandé pour moi et elle voulait me faire la surprise. Adorable Marie ! Merci !

Enfin, ce dimanche matin. J’allais voir une amie et j’avais prévu de faire une balade près de chez moi, à Chaudfontaine. En ce moment, je porte une attention particulière à la migration des batraciens. Je souhaitais profiter de cette promesse d’un dimanche lumineux grâce au magnifique lever de soleil auquel j’ai pu assister peu après 7h, pour aller découvrir l’endroit de passage, en plein jour. En effet, ces animaux se déplacent quand il fait nuit, quand il fait noir.

Je prépare mes affaires en pensant à la remarque qu’une copine m’a fait dernièrement quand on s’est baladées au printemps dernier. C’était au même endroit : « Je n’ai jamais vu quelqu’un faire autant de photos en si peu de temps ». Oui, j’ai le clic compulsif. J’avoue que ce tic, ce toc, ce tic-toc s’est accentué avec les années. Et ces derniers temps, je ne fais franchement pas de belles photos. Je privilégie la quantité à la qualité. C’est l’inverse que je devrais faire. Alors, pour cette balade dominicale, j’ai laissé l’appareil photo à la maison et j’ai enfin ressorti ma paire de jumelles ! Magnifique outil d’observation que je n’avais plus utilisé depuis que j’ai super zoom à mon APN (50X optique + le numérique !). Il va de soi que comme c’est un bridge, le zoom poussé au-delà de 10x donne une qualité de photo médiocre, on voit le grain, c’est sombre, parfois flou, bref, c’est moche ! Néanmoins, année après année, à chacune de mes sorties, il ne m’a jamais quittée. A la visualisation de mes nombreuses photos, je soupirais à chaque fois, tellement la qualité laissait à désirer, mais j’étais quand même « contente » d’avoir pu immortaliser cette espèce d’oiseau, cette autre là, ou encore celle-ci.

A la librairie « Regards Nature », il y a tout un rayon avec des jumelles. Des jumelles, des loupes, des binoculaires, des longues-vues, des harnais et adaptateurs pour GSM. J’ai donc pensé à ces jumelles en ressortant la mienne : une paire de Bushnell, une 8X42, qui doit avoir plus de 20 ans ! Je l’avais déjà lors de ma formation ornitho en 2004. De mémoire, je pense que j’ai dû l’acheter quand je travaillais pour le magasin Nature & Découvertes du Woluwe Shopping Center (Bruxelles), soit entre 2000 et 2003 ! Tout cela ne me rajeunit pas !

L’on voit que la technologie a bien avancé. La morphologie de mes jumelles est différente. Elle n’est pas droite, mais tout en courbes. Elle a de belles formes, pour une agréable prise en main. Le chiffre « 8 » indique le niveau de grossissement. Pour un oiseau à 80 mètres, je le vois donc comme s’il était à 10 mètres.
L’autre chiffre, le « 42 », c’est le diamètre de l’objectif. Plus ce chiffre est grand, plus il laisse entrer la lumière. Pour moi qui aime observer les oiseaux et mammifère un peu partout, dont en forêt où, au printemps et en été, les feuilles donnent de l’ombre au paysage, au regard, ce compromis est excellent. Je peux aussi observer par temps couvert.

Bref, ce dimanche 17 mars 2024 est annoncé ensoleillé et sec au début de la matinée et couvert avec un risque de pluie dans le courant de la journée. Nous n’avons prévu une balade que la matinée.

7h57, fin prête, je ferme la porte de la maison à clé. Dedans, toute ma famille encore endormie. J’avance de deux mètres en me demandant si je vais aller en voiture jusque là où à pied. Il y a entre 30 et 40 minutes pour descendre jusqu’au point de rendez-vous, mais pour le retour, la montée en lacet avec une pente de 11 % a refroidi mes envies ce matin-là. Je range mes clés de maison, je sors celle de la voiture. Et je le vois ! Lui ! Un épervier ! Il devait être derrière ma voiture, je ne l’ai pas vu décoller, mais il s’est envolé et s’est perché sur le toit de mes voisins d’en face. Vite, mais avec des gestes délicats, mesurés, sans le quitter du regard, je sors ma paire de jumelles de son étuis. Il est toujours là. Les jumelles vissées à mes yeux, j’ai le temps de l’observer deux secondes pleines avant qu’il ne reprenne son envol et disparaisse derrière les maisons, dans la vallée. Deux secondes c’est très court et à la fois assez long pour avoir pu voir les iris orange de l’oiseau, son pelage plutôt gris cendré et son poitrail ligné de roux et de blanc. De la taille d’un pigeon, c’était un beau mâle d’Epervier d’Europe ! Les rapaces me fascinent, mais bien d’autres espèces plus petites et non crochues me fascinent tout autant.

Je vis là un signe. Je devais partir à ce moment-là et être pile à cet instant dehors, pour le voir. Vu la balade prévue, je serai certainement déjà sur les rotules et c’est sans regret que je prends la voiture, les jumelles sorties posées sur le siège passager. Je suis tout sourire. Il n’y a personne pour me voir, mais je continue à afficher un grand sourire de pur bonheur. Les jumelles, c’est vraiment toppisime pour les observations ornitho ! Pourquoi et comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ? Sur la route, je suis déjà occupée à imaginer une épitaphe pour mon appareil photo, le remerciant pour ses bons et loyaux services rendus durant ces dernières années. J’en suis là dans mes pensées quand, fenêtres ouvertes et radio muette, j’entends un Geai des chênes avant de le voir voler au-dessus de moi.

Il est 8h03 quand j’arrive à l’entrée du Parc Hauster, à Chaudfontaine. Il fait 5°C. Tour de cou, gants et veste coupe-vent, un carnet et un crayon dans une poche et mon téléphone portable dans l’autre, j’entame le début de ma balade. Celle-ci sera d’abord en solitaire. Mon amie arrivant vers 9h30, j’ai tout le temps pour découvrir le réveil du parc et de ses habitants ailés.

Trois canards colvert, deux mâles et une femelle, tournent en cercle au-dessus du pont. Ils descendent après le troisième passage. L’un d’eux a hésité où atterrir ! Avant ou après le pont ? Choix difficile. Descente amorcée. Il se posera dans un grand splash sous le pont.

Il fait calme. Peu de monde à cette heure matinale, un dimanche. Quelques chiens font leur première balade. L’un ou l’autre joggeur aussi. Le soleil brille. Je commence même à en ressentir sa chaleur. Un petit chant me fait lever la tête et je marche … dans une énorme déjection d’oiseau (oie ou canard). Est-ce que marcher dans une merde d’oiseau porte autant la chance que les merdes canines ? Je veux le croire.
Je suis assez nulle à l’identification des chants d’oiseaux. Au visuel, j’ai un bon niveau d’amateur avancé, mais à l’ouïe, c’est une catastrophe. Heureusement, la Sittelle coopère et se pose non loin, à portée de jumelles. Je vois très clairement son petit derrière roux avec des taches blanches. A moins que ça ne soit un derrière blanc avec des taches rousses ? Toujours est-il que je suis agréablement surprise de la qualité d’observation. Je ne pense même plus à mon appareil photo, aucun regret, aucune triste pensée pour lui. Le petit bec de ce passereau s’ouvre, je vois les plumes de sa gorge vibrer, le son qui en sort, mélodieux.

D’autres petits chants l’accompagnent. Un vrai concert en plein air. Gratuit et sublime. Je devine un rouge-gorge, des mésanges de toutes sortes, un merle, un étourneau et sans doute d’autres que je n’ai pas vu ou que je ne connais pas.

Deux pigeons ramiers sont discrets. Tout comme une corneille dans le ciel, qui vole et qui passe au-dessus de moi, tout simplement.

Ah oui ! Bien sûr ! Ce magnifique chant appartient au Pinson des arbres. Je vois Monsieur et Madame, côte à côte, qui s’en vont, qui viennent, qui volent, qui se posent après avoir fait des figures improbables dans les airs.

Un petit son bref, aigu, répétitif. Une, puis deux Bergeronnettes des ruisseaux. Gris et jaune, avec un peu de blanc, je ne peux pas les confondre. Le mâle a le ventre et dessous de la queue jaune vif, la femelle a des couleurs plus pâles, plus ternes à ce niveau là, mais elle garde néanmoins de belles couleurs. Monsieur a aussi une bavette noire bien large, absent chez Madame. Leur deuxième nom, « Hoche-queue », leur colle bien à la peau. Posé, en marche, leur queue ne cesse de monter et de descendre. Avec leurs fines griffes, elles s’agrippent aux pierres qui contiennent La Vesdre. Cette même eau et d’autres, qui en juillet 2021 a débordé de son lit et a fait de nombreuses victimes et nombreux dégâts. Presque 3 ans plus tard, des stigmates sont encore visibles ici.

Quelques mètres plus loin, une mésange me réjouit de sa présence. Pas n’importe laquelle. Ce n’est pas la toute petite « bleue », ni la bien connue « charbonnière ». Ce n’est pas la « noire » que j’espère un jour revoir. Pas plus que la longue-queue qui a changé de nom (Orite à longue-queue). Celle qui est là, devant moi, est en réalité, je ne sais pas exactement. J’ai toujours confondu et je n’ai pas réussi à retenir les différences visuelles pour les Mésanges nonettes et les Mésanges boréales. Je croyais me souvenir que c’était une histoire de taille de calotte ou de niveau de celle-ci, noire : est-ce qu’elle englobe les yeux et descend jusqu’à la nuque ? Eh ben, flute et zut ! Car les deux ont une calotte identique… Il est question ici d’une brillante de cette calotte ou d’une tache plus chamois sur les flancs ! Je crois que je vais me fier à cet article (merci Ornithomedia) qui dit que l’espèce « boréale » est plus rare.

Après mon petit schéma que je ne partagerai pas vu mon niveau médiocre de dessin, mes observations continuent avec plusieurs individus de Bernaches du Canada : sur l’eau, sur le bord de l’eau, en vol, en cancanant, etc. Je ne les ai pas comptées exactement, mais en nombre, elles remportent la patte palmée d’or !

Un autre Geai des chênes me salue de son cri rauque et caractéristique. J’aime les couleurs de cet oiseau : chamois, rose, roux, noir, bleu et blanc ! Et avec de ces yeux bleus hypnotisant !

Le long de l’eau où les inondations ont charrié un koï blanc, je rencontre furtivement le splendide Martin-pêcheur. Il ne fait que passer et je l’admire donc de mes simples yeux émerveillés d’humain. Au loin, j’entends le rire tout aussi caractéristique d’un Pic-vert. Je ne le verrai pas du tout ! Son rire continuera à me narguer durant dix à douze bonnes minutes.

Il est 9h. J’arrive presqu’au bout de ce deuxième tronçon, au-delà du parc Hauster, non loin du Grand Casino de Chaudfontaine. Un bras de La Vesdre, qui était quasi à sec il y a moins de deux mois, déborde légèrement. Elle n’est pas encore sur le chemin, mais elle a déjà pris le dessus du petit passage en bois qui est installé dans l’eau et au-dessus de celle-ci. Il y a eu beaucoup de précipitations il y a 3 à 4 semaines et un orage avec de la grêle et des trombes d’eau, de courtes durées heureusement, 48 heures plus tôt.

Ce sont donc les pieds dans la boue, enfin les chaussures de marche qui en ont déjà vu d’autres, qui avancent prudemment pour ne pas me faire glisser. Plic ploc, je verrai d’autres Bergeronnettes des ruisseaux, un autre Pinson des arbres mâle et une poignée de Bernaches du Canada. Et un miaulement me fera lever les jumelles vers une Buse variable qui plane et décrit de larges cercles, haut dans le ciel.

Au sol, des traces de la visite d’un ou des castor(s) !

9h30, mon amie est là. Zou, je vais à sa rencontre, heureuse de la revoir après tout ce temps et nous débutons notre jolie promenade tout en papotant gaiement, un peu comme les oiseaux gazouillant.

Nous aurons l’occasion de voir une Gallinule poule d’eau solitaire, 3 mouettes ou goélands ? (bien trop haut pour les identifier), 2 Goélands NonIdentifiés ainsi qu’un Grand cormoran en vol et deux autres posés sous un pont. Dans le Parc Hauster quand on revient, un Grimpereau (des bois ou de jardin ? encore une colle pour moi) ne cessera de se jouer de moi à la fin de notre balade. Mais Vanessa a pu le voir brièvement avec les jumelles, et rien que pour ça, j’en suis déjà contente.

Pour les animaux, autres que les oiseaux, sans le voir en chair et en poils, nous avons vu les traces du Castor sur quelques arbres qui n’étaient pas (pas encore) protégés par un grillage.

Enfin, grâce à l’application ObsIdentify, j’ai pu identifier des champignons sur les arbres. On en voit régulièrement, mais jamais je n’avais poussé ma curiosité à chercher à leur donner un nom.

De haut en bas et de gauche à droite : Daldinie concentrique, Amadouvier et Crepidotus mollis à deux stades différents

La nature en déplacement

Être attentive
Rouler dans l’obscurité
Gare aux crapauds

18 mars 2023

Rouler prudemment dans l’obscurité.  C’est le soir. Je me rends à une veillée de contes dans mon quartier. Au château du Sartay. Embourg. Chaudfontaine. Liège.

La nature est présente autour de moi. Des  bois, un parc, des arbres et plein d’oiseaux qui chantent.

Il est 20h. La petite montée qui m’amène à destination, faut pas la louper. Discrète. Un peu dissimulée. Pas bien éclairée. Normal pour un samedi soir. Les écoles dans ce parc sont fermées.

Limitation de la circulation automobile limitée à 30km/h. Même à proximité d’enfants, d’écoles, ça roule souvent trop vite.

En haut de la petite montée, j’y suis arrivée.

Et là, dans les phares de ma voiture qui éclaire mon chemin, je vois des choses sur le bitume. Choses figées. Ça ne bouge pas. C’est épais. Jaunâtre.  Verdâtre. Difficile d’identifier comme ça. Du volume et de couleur semblable à des feuilles mortes recroquevillées. Y en a entre 8 et 10 à vue d’œil rapide. Pas un poil de vent.

A ma gauche, un bois. À ma droite un rond-point énorme avec en son centre une petite mare, de l’herbe, de la terre, quelques bancs. Je dois faire le tour du rond-point pour me garer. C’est ma destination. De la lumière au rez-de-chaussée. La formation aux contes. Un stage de perfectionnement. Une veillée de conte pour clôturer la première journée de formation.

Les petites choses ne bougent toujours pas. Je crois avoir reconnu une grenouille. Ou un crapaud. Autant ? C’est bientôt le printemps. Possible. En été, j’en ai entendu chanter dans la mare du rond-point. Je freine tout à fait. À l’arrêt.

Un regard dans mon rétroviseur intérieur.  Personne derrière moi. Je laisse le contact. Pour garder la lumière. 4 feux clignotant qui annoncent quelque chose d’important. Je sors de la voiture.

Avant d’aller vers la 1ere chose tétanisée, un mouvement vers la gauche, à 50-70 centimètres de moi, me fait tourner la tête. Les phares éclairent partiellement cette zone du bas-côté. Juste avant la rigole, encore sur la terre, un amas difforme, bizarre, bouge maladroitement. Peut-être un rongeur qui a été renversé ? Je n’ose pas trop m’approcher, car j’ai clairement identifié les petites choses jaunâtres, verdâtres : des crapauds. J’en compte 11 sur ma route. 11 que je sais compter grâce à mes phares. Et mon pied marche juste à côté d’une tache noire épaisse : une victime.

Moteur toujours allumé, insouciante des risques, mon attention entièrement tournée vers le danger que courent ces petites créatures, normalement bondissantes.

12 degrés dehors à 20h10, en ce 18 mars 2023. La transhumance des amphibiens a commencé sous mon nez. Une migration risquée, truffée de dangers mortels.

Je commence le sauvetage. Sans trop réfléchir, je prends un crapaud à la fois et le dirige vers là où sa tête pointe : la mare. L’un ou l’autre émet un « croa » sonore dont je ressens la vibration dans mes doigts, dans mes mains. 1,2,3,4 hors de danger de mes roues. J’avance un peu la voiture pour éclairer plus loin. Y en a encore d’autres, c’est impressionnant !

Cette fois, je coupe le contact, laisse les 4 feux clignotants et prends mon smartphone pour éclairer mes pieds.

J’en profite pour aller voir la grosse masse qui était sur ma gauche, près de la rigole : un amas de crapauds indénombrable. Un tas de petits mâles sur une seule pauvre femelle. Elle a du mal à avancer, je la laisse là pour le moment et vais aider les autres, individuellement, à traverser la rue.

4, 5, 6, …  sans les phares, j’y vois moins bien. J’avance encore de deux mètres et je relaisse le contact, les phares allumés. 

13 crapauds que j’aurais aidés !

Je me gare plus loin car il y a un autre événement à côté du château. Le reviens à pied, avec la lampe torche de mon téléphone toujours allumé. Une voiture arrive et emprunte la même route que moi ! Ouf ! Quel soulagement que je sois arrivée pile au bon moment pour les mettre à l’abri.

Je fais le tour du rond-point pour m’assurer qu’il n’y a pas d’autres victimes ni d’autres imprudents. Rassurée, j’entre et je salue les personnes que je connais puis je raconte ce que j’ai vu. L’une des personnes m’a dit « ah ! C’était toi qui étais là ! Je croyais que tu avais perdu un rétroviseur ou autre truc ». On me demande de leur montrer les bestioles.

On s’émerveille de la nature. On est triste pour les 3 victimes mortes écrasées avant mon arrivée.  Et puis on va voir le paquet grouillant. Il est sur la route. Dans la rigole. Comme personne n’osait les toucher, j’ai ouvert mes deux mains en grands et j’ai pris tout ce petit monde ensemble, groupir, pour les déposer non loin de la mare.

Quelle aventure mes amis !

Je me suis bien lavé les mains et tout est bien qui finit bien. Enfin, je l’espère pour les crapauds !

Info sur les crapauds sur le site de Natagora !

La Tourterelle turque : en mots et en images

Avant-hier, j’ai eu le grand plaisir de voir en direct, le nettoyage minutieux et attentionné d’un couple de Tourterelle turque. J’étais assise sur ma chaise, au salon, devant les fenêtres. Devant les deux fenêtres qui se trouvent juste au-dessus de la porte d’entrée, un arbre. Devant l’arbre, l’avenue. Devant l’avenue, d’autres maisons.

L’épisode m’a tenu émerveillée durant une bonne demi-heure. Je ne me lassais pas de les observer, à moitié cachés parmi les feuilles, avec une fenêtre entre nous et quelques deux ou trois mètres tout au plus.

Les dix premières minutes, je n’ai rien fait d’autres que les regarder. Puis, comme je voyais qu’ils restaient là, tranquillement, j’ai sorti mon appareil photo, un hybride avec un grand zoom. C’est là que je me suis félicitée d’avoir enfin nettoyé mes fenêtres pour pouvoir prendre des photos sans trop de crasses (rires) sur les images.

Les Tourterelles font partie de la famille des colombidés, famille qui regroupe les pigeons et les tourterelles avec quelques 350 espèces. Ce sont d’ailleurs mes « pigeons » préférés. Je les appellent toujours « belles demoiselles », qu’ils soient mâles ou femelles. Elles sont délicates, un plumage doux, unis, de magnifiques yeux rouges hypnotiseurs, un roucoulement agréable, un vol que j’aime contempler…

L’on confond souvent la Tourterelle avec une colombe. Pour faire un peu d’étymologie, voici ce que dit mon livre de chevet « L’étymologie des noms d’oiseaux », de Pierre Cabard et Bernard Chauvet :

 » Le nom tourterelle vient du latin turtur d’origine onomatopéique (il faut prononcer tourtour). (…) En vieux français, on trouve tortre, tourte et tourtrelle. Signalons qu’en latin, turturella signifie « homme efféminé ». De turtur, outre tourterelle, sont nés l’anglais turtle, l’allemand Turtel et l’espagnol tortola.
L’anglais turtle désigne non seulement les tourterelles mais encore les tortues marines (…). Tortue vient du bas latin tartaruca (qui appartient au Tartare), c’est-à-dire l’enfer !
Comme on le sait, les tourterelles (confondues avec les colombes) sont symboles de fidélité du couple.

Streptopelia decaocto –> Tourterelle turque
Streptopelia vient des mots grecs stréptos (collier) et péléia (le pigeon ramier). Il s’agit du demi-collier noir.
Decaocto signifie dix-huit. L’origine de l’attribution de ce chiffre remonte à un mythe grec. Une servante, accablée de travail et payée dix-huit pièces par an, suppliait d’être débarrassée de sa tâche. Les dieux l’entendirent et la changèrent en tourterelle. Depuis, elle fait retentir à tous les échos sa lugubre plainte : « hou, hou, hou« . Quand elle chante ainsi, on dit en français que la Tourterelle gémit. (…) cri de l’oiseau, trisyllabique avec accentuation de la deuxième syllabe (…)
Turque, car la Turquie est son origine. Elle est protégée en pays musulman car on pense qu’elle dit ses prières en chantant à heures fixes comme un bon croyant.
On sait que cette tourterelle a envahi l’Europe depuis 1930, où elle est maintenant sédentaire. Seul l’anglais n’indique pas sa provenance et préfère tourterelle à collier. L’italien choisit une voie complète avec tourterelle orientale à collier. »

Février 2019, au fond de notre jardin, de l’autre côté de la maison

Pour en savoir plus sur la belle demoiselle qu’est la Tourterelle turque, clic pour aller sur le super site de oiseaux.net.

Photos ci-dessus, au refuge Animal sans toi…t

Voyez la construction de son nid : un enchevêtrement (sommaire) de branches et de brindilles. Ce nid peut être construit n’importe où : entre des câbles, dans une jardinière sur une terrasse, au-dessus de lampadaires de rues ou plus classiquement, dans un arbre :-)