Chat ours (2)

Chapitre 1 : Liam

Chapitre 2 : Elina

Elina est une grande fille espiègle. Sur son visage toujours souriant, on peut y découvrir plein de taches de rousseur, car oui, Elina est rousse et fière de l’être. D’allure très dynamique, elle n’arrête pas de bouger, et de parler. C’est d’ailleurs sa longue langue bien pendue qui lui vaut parfois des remarques à l’école, comme à la maison. On pourrait aussi la surnommer « miss dernier mot », car Elina aime avoir raison, même quand elle a tort.

Après une première semaine dans sa nouvelle école, elle revient enthousiaste à l’idée de préparer un exposé. Elle adore les animaux et elle aime particulièrement les dauphins, les chats, les chiens, et les pandas roux. Elle voulait faire du dauphin son sujet d’exposé, hélas, une camarade de classe lui a brûlé la politesse et elle s’est donc rabattu sur le panda roux.

A 10 ans, Elina est une grande lectrice. Il faut juste qu’elle trouve le livre qui l’intéresse et alors, gourmande comme elle est, on ne peut plus l’arrêter. Les auteurs pour la jeunesse ont bien compris le système, ils écrivent des histoires par séries, ainsi dès qu’un enfant accroche au premier volume, ils sont certains qu’il va lire les suivants, harcelant presque leur parent d’acheter le livre aussitôt qu’il paraît dans les librairies.

Mais Elina, fille d’un papa éditeur et d’une maman écrivaine, n’est pas difficile quant au choix du support de lecture. Qu’une histoire soit imprimée sur des grandes feuilles A4, en format numérique ou dans un traditionnel format papiers (de poche de préférence), elle ne fait pas la difficile, du moment que l’histoire lui plaît dès le premier chapitre.

C’est ainsi qu’à la bibliothèque de l’école, la fillette trouve un dessin dans un vieux livre qui sent le grenier. Le dessin, colorié avec une étrange technique ressemblant à du sable coloré, n’est pas très grand mais suffisamment pour qu’Elina s’y intéresse. Le livre qui a attiré son regard est un ouvrage datant de la fin du siècle passé qui détaille les animaux bizarres qui vivaient autrefois dans les montagnes du Tibet et qui ont aujourd’hui disparu ou tout du moins dont on n’a plus trouvé trace de vie depuis plus de trente ans. La feuille volante qui est tombée de ce livre n’a subit aucun dommage dû aux années écoulées. Il n’y a aucune date ni inscription permettant de savoir qui est l’auteur de ce dessin ni quand et où il a été fait. L’animal est identifié comme étant un drôle de chat robuste aux pattes d’ours. Les grains de couleurs sont collés avec une colle liquide et transparente. Ils sont si fins qu’on dirait qu’on les écrasés sous un pilon, au toucher, ils sont presque poudreux.

L’animal a été mis en scène dans un décor très sobre. En arrière plan, il y a juste une montage grisâtre avec en son sommet une fine couche de neige. La bête tient debout sur ses deux pattes arrières, à la manière d’un ours mais avec plus de souplesse, et moins de « sauvagerie ». Le pelage est blanc et roux dans son ensemble avec une tête aux oreilles pointues et un museau légèrement allongé mais arrondi au bout avec une truffe toute noire.

Elina était encore occupée à détailler le dessin quand elle entendit un bruit de pas se rapprochant d’elle. Vite, elle glisse le dessin dans le livre avant de lever les yeux vers une camarade de classe qui lui demande si elle a trouvé quelque chose pour son exposé.

– Oui, j’ai trouvé ce vieux livre. Ça parle d’animaux disparus mais j’ai vu qu’il y avait des images de pandas roux dedans. Peut-être que je trouverai l’ancêtre de ce petit panda. Et toi, tu as vu quelque chose sur les chihuahuas ?

– Bof, on dirait bien que ce petit chien n’intéresse pas grand monde. C’est dommage, car il y a des tas de choses intéressantes que je pourrais raconter sur lui.

Elina ne le dit pas, mais elle, elle adore ces minuscules boules de poils. Elle a supplié son père d’en avoir un pour son anniversaire, mais avec deux chats à la maison, il y a déjà assez d’animaux comme ça. Et puis son père dit que ce ne sont que de petits « roquets » qui n’arrêtent pas d’aboyer. Si un jour, ils devaient avoir un chien, ce serait un plus grand, mais un riquiqui plus petit qu’un chat.

Alors qu’Elina pense encore au petit chien de la voisine, la sonnerie de l’école annonce la fin de la matinée et le début de la pause de midi. Comme tous les jours, l’enfant va manger ses tartines à la cantine. Elle glisse rapidement le livre dans son cartable pour se diriger vers le réfectoire.

Elle ne se doute pas un instant que le cheveux long et roux qu’elle vient de perdre et de se coincer dans ce livre va être le départ d’une aventure extraordinaire.

Chat ours, le début (1)

Voici le début de l’histoire que j’invente pour mes enfants. Je me suis bien sûr inspirée de faits réels pour commencer ce texte. Idée de départ : panda et panda roux… et c’est tout :-) Je vous épargne l’introduction car trop puisée dans la réalité… on rentre immédiatement dans le vif du sujet !

1er jet, même pas relu… c’est brut, c’est chaud, ça sorte tout juste du clavier…

Chapitre 1 : Liam

Liam a une imagination débordante. Bien en avance dans les sciences et dans les mathématiques, il a su montrer son intérêt pour divers sujets. Ce petit garçon frêle, aux cheveux longs et lisses, s’intéresse particulièrement aux pandas. Pourquoi ou comment cet attrait est arrivé, nul ne le sait vraiment. Auparavant, son papa aimait l’appeler « son petit zèbre » en référence à l’appellation que l’on donne parfois aux personnes à haut potentiel. Sont-ce donc les couleurs noir et blanc, et le contraste prononcé qui font que ce garçon au visage pâle est irrémédiablement attiré par ce gros nounours ? Peut-être. Lui seul le sait… ou pas !

Un soir, en rentrant de l’école, Liam semble rêveur. Ce n’est pas nouveau, il l’est souvent, mais là, même quand sa maman lui parle, il ne lui répond pas. Son regard est perdu dans un horizon lointain, son attention n’est pas présente, il est tout simplement ailleurs…

Si ses pensées pouvaient se projeter sur le mur blanc de la salle à manger, on pourrait assister à un vrai film dans lequel on verrait un paysage montagnard, des carrés entiers de bambouseraie, un agriculteur s’activant dans son champs et bien sûr un panda. Celui-ci serait assis sur son derrière et mangerait tranquillement une pousse de bambou qu’il tiendrait fermement avec sa patte et son sixième doigt. Si ces pensées-là se matérialiseraient avec une bande son, on pourrait même entendre quelques oiseaux, des passereaux chanteurs qui passeraient d’un arbre à un autre tranquillement.

En superposition à ces images, il y aurait des chiffres, un dé étrange et des cartes d’un jeu que le jeune garçon joue régulièrement avec sa maman, le week-end. Quand il joue à ce jeu, il se projette à mille lieues de la réalité, il pénètre dans l’atmosphère particulier que génère ce moment agréable et abandonne le fil rigide de la réalité.

Perdu dans ses pensées, Liam ne remarque même pas que sa maman fouille dans son cartable à la recherche de son journal de classe.

– Reviens sur terre mon petit bonhomme. Tu as un petit travail à faire pour l’école. As-tu choisi un sujet pour ton élocution ? Lui demande sa maman.

Liam, le regard toujours un peu ailleurs, entend néanmoins la question de sa maman et lui répond par un sourire. Finalement, avec un petit soupir qui passe presque inaperçu, il revient sur terre, tourne la tête vers le jardin et répond :

– Bien sûr, je vais parler du panda.

Sa maman sourit aussi. Elle s’en doutait un peu, mais comme l’attention de son fils est très difficile à tenir sur une longue durée, elle ne savait pas s’il serait toujours intéressé par cet animal après « avoir fait le tour de la question » en long, en largue et en travers.

Le travail à proprement parler ne se fera pas à la maison. Les recherches se feront sur l’ordinateur de la classe et dans la bibliothèque de l’école.

C’est ainsi que le lendemain, Liam est d’humeur radieuse. Il sait qu’il va aller à la bibliothèque, et il sait déjà ce qu’il doit chercher, trouver et récolter comme information.

Il passe les deux premières heures de cours comme à son habitude. La moitié de son cerveau est en mode « école » et l’autre est dans un univers où il lui est permis de réfléchir à trente six mille autres choses en même temps. Il fait ce qu’on lui demande, pas plus et parfois moins car il oublie régulièrement la fin de chaque exercice, la dernière phrase ou encore la dernière colonne de calculs. Et quand son esprit est accaparé par un sujet qu’il trouve, lui, nettement plus intéressant que ce qu’il est occupé à faire en classe, il en oublie même de mettre son nom sur les feuilles qu’il doit rendre.

Heureusement, son institutrice a prononcé un mot qui est spécial, un mot qui dirait-on est magique, un mot qui a le pouvoir de traverser le brouillard d’images et les embouteillages d’informations de Liam : bibliothèque.

Entre deux récréations, celle du matin et celle après le repas du midi, il va avoir deux nouvelles heures rien que pour lui où il va pouvoir fouiller dans les étagères de la bibliothèque. Étrangement, malgré la volonté de récolter le maximum d’informations, Liam a du mal à chercher et à trouver ce qu’il veut car il y a trop de livres pour son regard rapide et nerveux. Ses yeux voient les livres, mais son regard ne capte pas les titres car Liam s’attend à ce que le livre cherché s’illumine tout seul, devant lui. Il s’énerve alors très vite en disant qu’il ne trouve rien et va s’asseoir en tailleur, loin du groupe, près de la fenêtre, dans un coin reculé, là où il y a souvent des araignées que personne n’aime et où donc personne ne viendra l’embêter.

Mais c’est sans compter sur son institutrice qui repère son appel d’au secours silencieux. Toute la classe connaît les sujets qui vont être abordés dans les semaines à venir, et c’est donc naturellement qu’elle prend un livre sur les pandas dans sa main et qu’elle se dirige vers son élève boudeur.

– Tu sais, dans cette bibliothèque, il doit y avoir au moins deux autres livres intéressants pour ton exposé. J’ai trouvé celui-ci, et je te le prête à condition que la semaine prochaine, tu trouves tout seul les deux autres livres. Il n’y a aucune urgence, tu as tout ton temps, cherche à ton aise et ne te fâche pas si tu ne trouves pas les livres dans les deux secondes. Nous sommes d’accord ?

Liam garde sa tête baissée, renifle silencieusement et acquiesce de la tête. Les larmes sont là, de sortie, mais elles n’osent pas encore franchir la frontière des paupières. Il prend le livre, regarde brièvement la couverture, et l’ouvre à la première page.

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