Marcher sans but…

…  et rencontrer la bonne personne au bon moment

Et si une simple balade devenait le point de départ d’une belle rencontre ? Parfois, sans chercher, on reçoit exactement ce dont on avait besoin. Ce soir-là, j’ai suivi mon élan, et la vie m’a offert un moment suspendu, inattendu et profondément juste.

Un pas après l’autre…

Ce soir, après le souper, je me suis décidée à marcher. J’essaie d’en faire une habitude. Avant les vacances, j’étais bien partie. Pendant les vacances aussi. Mais depuis la reprise, la pluie s’est invitée et, avec elle, ma motivation a un peu glissé sous la table.

Alors ce soir, sans trop réfléchir, je me suis remise en mouvement. Objectif : 5000 pas. Pas pour une course, ni un défi. Juste pour respirer. M’aérer. Mais marcher sans but précis, ce n’est pas encore évident pour moi. Alors je choisis une direction : la boîte à livres à 2,5 km de chez moi. Un repère.

Je pars sans prendre de photos. Lentement. J’essaie.

Une rencontre inattendue

Arrivée devant la maison communale, où se trouve la boîte, je croise une dame du quartier. Plus âgée que moi. L’âge de ma maman. Nous ne nous connaissons pas, mais nous voilà toutes les deux à fouiller les livres. La boîte est bien garnie ce soir. Ce petit détail suffit pour ouvrir la conversation.

Et puis, naturellement, on parle. Beaucoup. Vraiment beaucoup ! On partage des petits bouts de nos vies. Un peu du passé. Un peu du présent. Un peu de l’avenir.

Et puis, voilà que je lui parle de mes ateliers d’écriture, de mes livres, de ce que j’appelle mon « métier cœur », mon projet, en pleine gestation. Elle m’écoute. Elle partage aussi. Et, sans même qu’on s’en rende compte, une vraie discussion s’installe. Humaine, simple, chaleureuse. Pleine de points communs et de petits échos.

En nous quittant, elle me demande si j’ai toujours été aussi pétillante.

Je souris. Oui, je prends. Merci, Madame, pour cette demi-heure de vie partagée. Vous m’avez offert une vraie bouffée d’oxygène.

En confiance, sur le bon chemin

Ce matin et cet après-midi, j’avais commencé à corriger mon prochain livre, qui devrait sortir en septembre ou octobre. Mon tout premier carnet-guide ornithothérapeutique. C’est du concret. Du vrai. Je sens que je suis enfin là où je dois être.

Moins dans les projections, plus dans l’action. Dans l’écriture, la création, la mise en forme d’outils qui accompagneront mes ateliers. Cette balade sans attente, cette rencontre pleine de douceur, sont venues me confirmer que je suis bien sur mon chemin.

Marcher m’a fait du bien. La vie m’a fait un clin d’œil. Et je l’ai vu.

💬 Et vous ?

Vous est-il déjà arrivé de sortir “sans but” et de faire une rencontre qui a résonné profondément ?

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Ecrire pour pousser l’ombre

Quand l’écriture devient jardin intérieur. Quand l’écriture révèle le mouvement de l’ombre vers la lumière : écrire pour faire exister, pour libérer, pour métamorphoser.

Introduction : Verdombre, la plante que nous portons tous

Quand j’ai inventé Verdombre, je croyais écrire une fiction étrange. Une créature végétale, mobile, quasi mythologique, qui pousse là où la peur s’installe, qui se nourrit des traumatismes d’enfance et des émotions refoulées. Je pensais que c’était une histoire de genre, un récit fantastique. Un jeu d’imagination.

Mais plus j’écrivais, plus j’avançais dans le cœur végétal de cette chose, et plus je comprenais : Verdombre, c’est exactement ce que je cherche à accompagner dans mon métier.
Cette créature, elle n’est pas malveillante. Elle est là pour capter ce que nous n’arrivons pas à dire. Elle absorbe nos non-dits, nos colères rentrées, nos douleurs d’enfance. Elle pousse dans les angles morts de la mémoire. Et plus on la laisse faire, plus on s’allège.

Verdombre, c’est l’image vivante de l’écriture thérapeutique : une plante intérieure qui pousse dès qu’on commence à dire, à déposer, à transformer.
Non, elle ne fait pas peur. Elle fait place.

Dans ce texte, vous rencontrerez une légende, des scientifiques, une photographe ratée, un chevalier un peu saoul, un stage improbable et une petite fille qui ne sait pas lire.
Mais ce que vous croiserez, surtout, c’est une vérité invisible : ce que nous ne disons pas continue de pousser en nous.
Et c’est peut-être le moment, enfin, de faire de la place à Verdombre.


Comment Verdombre a poussé en moi ?

Tout a commencé un vendredi après-midi. Un atelier d’écriture entre amis. Pour le plaisir. Pour ne pas rouiller. Pour continuer à imaginer, à créer, à jouer ensemble avec les mots.

J’avais préparé quelques propositions, des images, des textes à détourner, des cartes à piocher. Rien de sérieux, rien de planifié. Juste une envie de laisser émerger ce qui vient quand on écoute vraiment.

Et ça a pris.

  1. Un extrait de conte, tiré d’un recueil de nouvelles sur Brocéliande. Une histoire suspendue, que j’ai arrêtée net à un moment clé : un chevalier, un tableau, un cri venu d’ailleurs. J’ai proposé qu’on invente la suite. De là est né Philippe, le tableau hanté, et une créature verte, encore floue.
  2. Trois images découpées dans des magazines : un jeune homme dans un train, une adolescente contre des casiers, une maison lumineuse. J’ai proposé de relier un personnage à un lieu. Frédéric est né. Et avec lui, un stage improbable.
  3. Un souvenir d’enfance : “Enfant, je rêvais de…”. Le début était le mien, mot pour mot. Et sans vraiment y penser, j’ai glissé vers mes expériences réelles : aider un vétérinaire, soigner des animaux, vendre des photos à une hostellerie pour rembourser une chambre que je ne pouvais plus payer. J’ai écrit ça, pour de vrai. Et Verdombre s’est invitée dans mes souvenirs en ce dimanche après-midi.
  4. Des cartes Dixit et un jeu de débat, une consigne comme un choc : “Votre ancien voisin était un tueur en série.” Et sur la carte, un couteau caché dans des herbes. J’ai démarré aussitôt. Mon voisin s’appelait Michel. Il tuait des mauvaises herbes… tout est parti de là.

Et puis, Camomille. Elle est apparue aussi ce dimanche. Toute seule. Une fin inattendue. J’avais lu un article sur la puberté précoce. Ma belle-sœur m’en avait parlé. Et ce prénom — Camomille — s’est imposé, comme un lien discret avec le végétal, avec la douceur, avec la transmission.

Tout ça, c’étaient des fragments. Et en relisant mes textes, j’ai senti une liane.
Quelque chose de rampant, d’unifié, de vivant. Verdombre était là depuis le début.
Et je ne l’avais pas inventée : je l’avais révélée.

J’aime consigner. J’aime observer. J’aime inventer des comportements d’animaux — réels ou imaginaires. Et cette créature-là, Verdombre, incarne peut-être ce que je fais depuis toujours : nommer ce qui est tapi, créer du lien entre les choses, transformer l’étrange en matière vivante.

Ce récit est né d’un jeu.
Mais il m’a ramenée exactement là où je voulais aller : à l’endroit où l’imaginaire rejoint la mémoire, où l’ombre se dit enfin, et où l’écriture peut, doucement, panser les racines.


Une histoire née d’un hasard… et devenue un roman

C’est avec beaucoup d’émotion que je vous annonce la publication de mon roman jeunesse : Le puits aux secrets.

Ce livre est né il y a presque dix ans, en juillet 2016, lors d’un atelier d’écriture animé par Stéphane Van Hoecke. Le thème du week-end était : le village sans (100) histoires.
J’ai pioché sur une une carte, le nom d’un village en France : Le Blondinet. Un portrait dans un magazine : Sean, un homme au regard énigmatique, devenu l’épicier du village. Quelques mots glanés lors de cet atelier : fontaine, orange… Et à partir de là, quelque chose s’est déclenché. Une histoire longue, mystérieuse, avec des personnages qui ont pris vie sous mes doigts, sans que je sache où cela me mènerait.

J’ai continué à écrire après l’atelier, portée par cette étrange énergie qui surgit parfois sans prévenir. Je crois que j’ai terminé la première version vers 2017. Puis, comme tant d’histoires, elle est restée endormie dans une clé USB pendant sept longues années. Aujourd’hui, elle revient à la lumière.

C’est un roman pour les lecteurs de 10 à 110 ans, une histoire de secrets de famille, de légendes oubliées, d’oiseaux étranges, de puits profonds et de liens invisibles entre les êtres. L’atmosphère y est brumeuse, feutrée. Le mystère avance pas à pas, entre inquiétude, curiosité et tendresse.

Ce qu’on m’a dit de ce roman :

« Ton univers est riche, mystérieux et profondément humain.
Les personnages sont crédibles, attachants, et l’ambiance du village du Blondinet nous happe doucement. On y retrouve la peur, la perte, l’attente… mais aussi l’amour, la transmission et une touche de surnaturel subtilement dosée. »

Il est publié aux éditions Atramenta, en version papier ou numérique.
Si vous aimez les histoires où tout semble lié — les silences, les vieilles pierres, les jardins, les oiseaux… — il est peut-être pour vous.

Pour découvrir le roman, je vous invite à écouter son résumé à voix haute.

Disponible dès à présent :

  • en commande dans les librairies (ISBN : 978-952-390-935-9)
  • Bientôt sur Amazon
  • En commande directement chez Atramenta
  • en précommande (chez moi) pour mes ami·e·s belges (envoi des livres en juin)

Sur le site d’Amazon, vous pourrez y lire le premier chapitre en entier.

J’espère de tout cœur que vous aimerez découvrir ce monde aussi étrange que familier.
Et si vous le lisez… j’adorerais avoir vos impressions.

Télécharger le communiqué de presse :

Atelier d’écriture : explorer la pluralité des points de vue

La vie au naturel, version humaine :

L’un des deux est coupable. Et si je devais miser, je mettrais ma main à couper que c’est le petit sauvageon, mon félin explorateur, celui qui passe ses journées à arpenter le jardin comme un détective de l’ombre, à se faufiler entre les pots de fleurs, sous la haie, dans des interstices que même la lumière ignore. Mais je ne l’accuse pas formellement — je n’ai pas de preuve. Pas de flagrant délit. Rien qu’une présence suspecte, hum… visqueuse.

De quoi l’accuser, me direz-vous ? D’avoir ramené ça. Encore une fois. Une intrusion discrète, mais bien réelle. Une invitation glissante à l’intérieur de notre maison, sans mon consentement. Je n’ai rien contre la faune locale, qu’elle soit rampante, volante ou bondissante — à condition qu’elle reste dehors. Surtout ce genre là !

Regardez-moi ça : brun-châtain sur le dos, une teinte gris bleuté sur le ventre, un petit modèle parfaitement standard. Une vraie débutante dans la vie, encore fine comme une brindille d’herbe, mais déjà assez téméraire pour s’aventurer sur le tapis. Et surtout, ces deux tentacules qui oscillent, véritables périscopes sensoriels, captant la lumière, les vibrations, l’odeur du tapis en sisal. Et derrière elle, une traînée luisante. Non, ce n’est pas une crotte — c’est une signature. Une œuvre. Une traînée de mucus, composée d’un mélange complexe de machinchose et d’eau, qui lui permet de glisser tout en s’accrochant au support. Magique, mais franchement pas bienvenue chez moi.

Elle avance lentement, comme mûe par une sagesse antique. Pourtant, je sais bien qu’elle n’a pas pénétré ici par la grande porte. Non, elle a profité d’un transport clandestin. C’est là que mon regard se tourne vers mon suspect numéro un : le chat. Ce petit sauvageon attendrissant, porteur involontaire de gastéropodes. Il fait mine de rien, se lave consciencieusement une patte, l’air innocent, pendant que la limace poursuit sa progression silencieuse au milieu du salon.

Je l’observe avec un mélange de répulsion et de fascination. Le limace commune, Deroceras reticulatum, ou Loche laiteuse ou encore Petite Limace Grise, affectionne les zones humides et sombres, se déplace grâce à un pied en perpétuel mouvement, et peut même détecter les phéromones de ses congénères à plusieurs mètres — ce qui, entre nous, est un sacré talent pour une bestiole sans oreille ni nez apparent.

Mais voilà, ma maison n’est pas une serre botanique ni un hôtel trois étoiles pour invertébrés. Alors, d’un petit coup de papier essuie-tout (pas de violence, juste un service de relocalisation), je la dépose jette délicatement dans la haie, à l’extérieur, loin des coussinets de velours qui l’ont peut-être transportée jusque-là.

Allez, zou, dehors la limace. Va glisser ta vie ailleurs. Et dis à tes copines que mes chats ne sont pas des taxis. Ils ont beau ronronner, ils ne sont pas là pour te faire visiter l’intérieur.


La vie au naturel, version rampante :

Journal intime de Lili la Limace
Jour 3 après l’éclosion – 5h47 du matin, heure de rosée

Cher journal,
Ce matin, j’étais tranquillement planquée sous une feuille de mauvaise herbe, en train de digérer un bout de pissenlit moisi (un vrai festin), quand le sol s’est mis à trembler. Un monstre velu, miaulant, à quatre pattes, a bondi dans le jardin. Encore lui. Il vient souvent par ici. J’aime pas son regard vertical ni ses pattes fourrées.

Mais bon, j’ai pas eu le temps de me replier. Une patte, une seule, a suffi. Pouf. Me voilà agrippée à son pelage, embarquée dans une odyssée totalement hors de mon plan de carrière.

Jour 3, suite – 7h12

Cher journal,
Je ne sais pas où je suis. C’est chaud. C’est sec. C’est même gratouillant, un peu déplaisant. Ça sent bizarre… de l’herbe à chats mélangé à de la poussière. Plus d’herbe tendre. Plus de rosée. Juste une surface dure et pleine de poils sous mon pied encore humide. Et cette lumière… violente ! Un soleil intérieur, peut-être ? Est-ce que je suis… dans l’Antre des Géants ?
Je laisse une trace pour ne pas me perdre. Une belle, bien brillante, bien gluante. J’espère qu’elle impressionnera quelqu’un. Peut-être même que je passerai dans un documentaire.

Jour 3, encore – 7h18

Cher journal,
Une Géante m’a vue. Deux pattes, pas de fourrure, mais un cri strident et un doigt accusateur. Je crois qu’elle me soupçonne de m’être incrustée. Je voulais pas ! C’est le chat qui m’a embarquée, j’te jure ! Il est reparti la queue haute, comme si de rien n’était.
J’ai tenté de négocier, j’ai soulevé mes tentacules pour paraître pacifique. Rien n’y a fait. La Géante m’a glissée sur un papier (quelle douceur tout de même), et hop, exil express par la porte-fenêtre. Bon, le saut a été un peu brutal. J’en ai la tête qui tourne.

Jour 3, 7h38 – retour au sol naturel

Cher journal,
Me voilà de retour dehors, posée sur une feuille indéterminée. Je suis vivante. Je suis libre. Mais je jure solennellement que plus jamais je ne m’approcherai de ce transporteur félin. Les chats, c’est pas fiable. Trop poilus, trop vifs.
Demain, je tente le pied de courgette du voisin. Beaucoup plus sûr.

Signé :
Lili la Limace, aventurière involontaire du plancher.


La vie au naturel, version féline

Carnet très privé de Prince Loki, chat libre à demi et esthète
Note : interdit à toute créature bipède ou gluante.

Jour 1095 de ma vie d’élégance – Matinée fraîche, brise légère

Je rentre d’une inspection minutieuse de mon territoire. Deux pigeons déplacés, une araignée humiliée, une sieste sur le compost. Productif.
En passant à la frontière de mon territoire, j’ai senti une sorte de chatouillis sur la hanche arrière. Rien de grave. Un courant d’air, sans doute. Ou une brindille. J’ai continué mon chemin, impassible. Les grandes âmes ne s’arrêtent pas pour si peu.

Quelques instants plus tard – Entrée dramatique dans le salon

Porte-fenêtre ouverte. Carrelage frais. Essuie-pattes à sa place mais que j’ignore royalement, on est prince ou on ne l’est pas. Odeur de croquettes au poulet (j’aime bien, mais juste les grosses croquettes, les plus foncées). Je fais mon entrée, queue haute, démarche chaloupée.
Et là…
La Grande Humaine pousse un cri théâtral, comme si elle avait vu un basilic. Elle gesticule, regarde le sol. Je jette un œil. Une chose brune et visqueuse progresse lentement, très lentement. Une limace. Encore. Ce n’est pas la première et ce ne sera pas la dernière à rentrer impunément chez nous.

Je ne dis rien. Je suis le silence incarné. J’observe.
Est-ce que je l’ai ramenée ? Possible. Je ne saurais dire. J’ai senti un frisson, plus tôt… Est-ce elle ? Possible. Mais est-ce ma faute si des invertébrés me prennent pour un Uber à pattes de velours ? Impossible !

Je m’étire. Je me lèche une patte avec intensité. C’est important d’avoir l’air occupé.
La Grande Humaine me fixe :
« C’est encore toi, hein ? »
Je cligne des yeux. Très lentement. Je me frotte à ses mollets en miaulant très, très doucement. Un chuchotement. Cela désarme toujours les bipèdes. Surtout la mienne.

Note de fin de matinée

La limace a été expulsée avec sans ménagement.
Moi, je suis retourné dormir sur la pile de linge propre, comme un prince. Puis, j’ai préféré la couverture toute douce du fauteuil. J’aime sentir bon pour ma sieste de trois heures de la matinée.

Je n’ai rien vu, rien senti, rien transporté.
Je suis innocent. Je suis discret.
Je suis Loki, Prince Sauvageon de la maison.


La vie au naturel, version du tapis :

Confidences d’un rectangle en fibres de sisal
(alias le tapis à gratter, fidèle compagnon félin et victime collatérale)

Je suis là pour une mission noble.
Protéger le canapé. Sauver les pieds de table. Canaliser l’instinct sauvage de ces félins domestiques. J’ai du taff, car il y en a quatre !
Je suis le tapis à gratter, tressé avec patience, robuste mais élégant, toujours en première ligne.

Chaque jour, je reçois leurs griffes avec honneur.
Je suis le confident silencieux de leurs frustrations, de leurs élans de joie, de leurs folies passagères de 5h du matin.
Et voilà que ce matin… je sens une fraîcheur inhabituelle sur mes fibres.
Un petit frisson visqueux. Je regarde du coin du coin — bon d’accord, je n’ai pas d’yeux, mais j’ai une sorte de ressenti textile, voyez ? Et là, posé sur moi, bien centré, comme s’il avait réservé la place : une limace.
Une. Limace.
Gris dessous, brun dessus, et des antennes qui s’agitent comme si de rien n’était.
Elle me laisse une trace baveuse, un peu comme un graffiti humide. Comme si elle revendiquait le territoire.

Non mais…
Je suis un accessoire de style ! Un outil éducatif ! Pas un bivouac gluant pour invertébrés égarés !

Je vous le dis, tout fout le camp.
Et le pire ? Le chat — celui qui est censé m’utiliser — passe tranquillement à côté, sans même une griffe, sans un mot. Il a sans doute déposé l’intruse et s’est carapaté. Monsieur joue les innocents, comme toujours. Et moi, me voilà, honorablement souillé, obligé d’attendre qu’on me secoue dehors avec toute la dignité qu’il me reste. Car bien sûr, secouer un tapis comme moi, avec une limace comme elle, ça ne marche pas !
Par pitié, la prochaine fois, qu’elle aille baver sur le paillasson.


Voir autrement : un même fait, quatre regards

Un bruissement dans les buissons.
Un chat qui rentre, l’air innocent.
Une limace sur le tapis.
Un tapis unique : créer pour servir les chats !

Quatre faits. Ou un seul ? Tout dépend de qui raconte.

La figure de style que nous explorons aujourd’hui consiste à raconter un même événement depuis plusieurs points de vue. On l’appelle parfois polyphonie narrative, ou encore variation de focalisation. C’est une invitation à sortir de soi pour entrer dans une autre tête, un autre corps, une autre logique.

Pourquoi c’est puissant ?
Parce qu’un même geste peut être vu comme une offense, une maladresse… ou un acte héroïque. Parce qu’un chat qui ramène une limace dans la maison n’a peut-être pas la même version que vous (et la limace non plus, croyez-moi).

Ce que vous allez explorer :

  • Changer de perspective : humain, animal, objet,…
  • Jouer avec le ton : sérieux, poétique, drôle, absurde…
  • Tisser une vérité plurielle : et si personne n’avait pas totalement raison ou tort ?

Exercice proposé :
Choisissez une situation simple : une tasse cassée, une lettre oubliée, une porte laissée ouverte. Puis, écrivez au minimum deux versions de l’histoire :
– Une du point de vue de la personne concernée
– Une du point de vue d’un témoin inattendu
– Une du point de vue… de l’objet lui-même, pourquoi pas ?

Créer un roman de A à Z : entre passion, patience et persévérance

Mon futur roman jeunesse : Une aventure née d’un atelier d’écriture

L’écriture est une aventure, et ce roman jeunesse en est la parfaite illustration ! Tout a commencé en avril 2016, lors d’un atelier d’écriture dont le thème était : Le village sans (100 ?) histoires. Un atelier imaginé et créé par Stéphane Van Hoecke (grosse pensée pour lui en ce moment, il saura pourquoi). Un concept intriguant qui m’a immédiatement inspirée. La première étape consistait à choisir un nom de village au hasard sur une carte, puis à le décrire en y intégrant un élément étrange et mystérieux. C’est ainsi que sont nés la fontaine orange et le puits interdit, éléments centraux de mon histoire.

Un peu plus tard dans l’atelier, une nouvelle contrainte est venue enrichir mon récit : piocher une photo d’un inconnu dans une revue et en faire un personnage. J’ai décrit cet homme, imaginé son passé… et il est devenu Sean, l’épicier au passé trouble. Ce personnage a pris une telle importance dans l’histoire qu’il est rapidement devenu l’un des piliers du roman.

Un long chemin vers la publication

Si l’atelier d’écriture a été une véritable étincelle créative, transformer ce passage en un roman complet a été un long chemin. J’ai mis énormément de temps à développer l’histoire, à peaufiner l’intrigue, à créer du suspense et des tensions entre les personnages. Puis est venue l’étape des corrections, de la relecture, et enfin de la mise en page… une tâche titanesque, surtout en autoédition !

L’autoédition : un défi passionnant

Le défi, maintenant, est de ne pas oublier toutes ces règles pour le prochain livre… mais c’est une autre histoire !

Une aventure inspirée de la réalité

Comme pour toutes mes histoires, je puise mon inspiration dans la réalité : des scènes auxquelles j’ai assisté, des anecdotes entendues, mais aussi et surtout mes enfants, qui m’inspirent énormément. J’aime mélanger ces éléments du quotidien avec une touche de fantastique, insufflant une atmosphère unique à mes récits. Et bien sûr, les animaux – en particulier les oiseaux – ont toujours une place spéciale dans mes histoires.

J’ai adoré travailler sur ce roman, imaginer ses scènes, son ambiance, ses personnages. Bientôt, il sera entre vos mains, et j’espère qu’il vous fera voyager autant qu’il m’a transportée pendant toutes ces années d’écriture.

L’aventure ne fait que commencer !


Le puits interdit était déjà là, de même que la fontaine orange

Avril 2016, l’atelier d’écriture. Avril 2025 l’impression du livre.
9. Comme 9 mois pour une gestation. 9 comme 9 ans de maturation.
Le chiffre 9 est important pour moi. J’en parle même dans ce livre ;-)

Un chanson inventée d’après un zeugme

Voici un texte, une chanson pour être plus précise, que j’ai écrit à l’occasion d’un atelier d’écriture avec Milady Renoir. Fin décembre 2024. Après la découverte de la figure de style « zeugme » (je vous laisse chercher l’info et ce que c’est si ça vous intéresse), j’ai pondu cette chanson, presque tout naturellement. Je me suis inspirée de mon papa. Je lui ai d’ailleurs envoyé la chanson, car sans lui, je ne l’aurais jamais écrite ! Et il m’a répondu joyeusement « Ah oui, ça me ressemble, et ça me donne envie de faire ce que tu as écrit là, de bonnes idées ! » (rires)

écho-no-me (lire très vite pour faire « économie »)

PS : il n’y a pas de faute ni de coquille ou de lettres manquantes…

Cadavre exquis individuel, jeu littéraire

Cadavre exquis ? Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Je vous invite à aller lire ce chouette billet du site « il était une fois« , pour découvrir d’où il vient, par qui il a été imaginé, et toutes ses formes possible et imaginable.

Pour rappel, c’est ce jeu d’écriture que j’ai découvert vers 15-16 ans, au cours de français à l’école secondaire, qui a été le déclencheur pour l’écriture créative. Nous étions une vingtaine en classe, chaque rangée de bancs devait donner une partie de phrase, pour, à la fin, avoir une bien étrange phrase. Nous avions eu comme sujet de rédaction : Un miroir sème gaiment une carte sale. Ma première belle note dans ce cours m’a valu la lecture à voix haute devant toute la classe (timidité et fierté se partageaient mes joues rouges cramoisies).

Hier, je suis allée à un atelier d’écriture chez Milady Renoir (clic). La première proposition d’écriture allait de pair avec le partage de qui nous sommes. Nous étions sept. Sept femmes à nous présenter d’une manière tout à fait originale. Je ne vais pas vous expliquer en détails comment on a fait. Sachez juste que c’est à cette occasion que j’ai découvert le mot et la pratique particulière de la bibliomancie. Je vous laisse l’envie ou non d’aller découvrir ce que c’est que ça :-)

Je joue donc sur cette nouveauté pour vous proposer un jeu d’écriture à faire chez vous. Un cadavre exquis individuel combiné à la bibliomancie. Pour ce faire, voici comment je procède chez moi.

  1. Je prends un livre que j’aime bien (le mien : « contes et légendes du Japon », anthologie éditée par les éditions J. A. Création, livre reçu à Noël par mon amoureux)
  2. Je pense très fort (vous pouvez le dire à voix haute) à cette question : quel est le sujet de ma prochaine histoire. Pendant que je pense très fort à cette question, j’ouvre le livre au hasard, les yeux fermés, et je dépose mon doigt sur une des deux pages. Voilà, mon doigt a désigné mon sujet : un vieillard. Si votre doigt se situe sur du « blanc », sans texte ou sur un verbe, prenez la première personne, prénom, homme, femme, enfant, animal, « vivant » avant ou après cet endroit. Ou refermez le livre et faites un nouveau choix au hasard.
  3. Comment est mon sujet ? Je referme le livre et j’interroge le livre – toujours les yeux fermés – en posant ma main dessus : « comment est ce vieillard ? ». Au hasard, j’ouvre le livre, je choisi une page et mon doigt montre le complément du sujet : diaphane
  4. Que fait mon personnage ? Pareil, je pense très fort à une action que mon malheureux vieillard pourrait faire, je ferme les yeux et mon doigt choisi au hasard le verbe d’action : ouvrir
  5. Je détaille l’action : en se délectant
  6. Un objet, un nom commun. Encore une fois, yeux fermés, livre fermés entre mes mains, je pense très fort à la question et mon doigt choisi au hasard le mot : un parapluie
  7. Je mets les mots trouvés au hasard dans l’ordre d’apparition et j’obtiens cette phrase : Un vieillard diaphane ouvre en se délectant un parapluie.

J’écris à partir de cette phrase. Voici mon texte écrit en moins de trente minutes :

Le vieillard avait la peau diaphane, de son visage à ses orteils nus dans ses sandales de bois de piètre qualité, il était blanc. Blanc transparent. On eut dit un fantôme. Pour peu, je pourrais presque le croire. Caché derrière un buisson, je l’observais. Ce vieillard, je l’avais déjà croisé la veille et l’avant-veille. Il traînait près des cuisines des restaurants, la bave aux lèvres, espérant pouvoir remplir sa panse de quelques déchets délaissés par des plus riches que lui. Il faut croire qu’il n’était pas chanceux au vu de la couleur de sa peau et de sa maigreur à faire peur. J’étais ici chez ma tante. J’y passais les vacances de Noël avant la rentrée scolaire. Ma oba tenait une petite boutique de souvenirs pour les touristes. Nous logeons à l’étage. Ce vieillard, m’avait réveillé très tôt le matin, il y a deux jours. Il fouillait nos poubelles et faisait même peur aux chats, habitués des restes. Sa couleur m’a immédiatement fait peur. J’avais vraiment cru qu’il s’agissait d’un fantôme ! Mais je suis grand et je ne crois presque plus aux fantômes. Juste aux Yokaï. Quelques fois. Pas tout le temps. Comme nous n’avions que peu de restes de nourriture, je savais qu’il allait voir ailleurs, préférant les petites restaurations. Ce vieillard diaphane me faisait quand même de la peine. Personne d’aussi âgé ne devrait vivre dehors, par ce froid. Si ce n’est pas de faim, ce sera de froid qu’il mourra. Et ça, je ne le permettrai pas. Le soir, je rentrai chez ma oba et lui demandai si personne n’avait cassé d’objet aujourd’hui.

– Hélas, si ! me dit-elle en pointant du doigt un petit parapluie dans la poubelle de son bureau. Un couple d’européen a voulu l’essayer, ne croyant pas à sa solidité malgré son poids. Ils l’ont ouvert et fermé un nombre incalculable de fois et bien sûr, à la vingtième ou trentième fois, le mécanisme a flanché et il ne s’ouvrait plus. Je demanderai à ton père s’il peut le réparer, mais j’en doute.

Saisissant cette opportunité, je lui demandai si je pouvais essayer de le réparer moi-même et au quel cas je n’y arrivais pas, si je pouvais quand même le donner à une personne qui n’en a pas encore un seul et qui serait sûrement content d’en avoir un, même cassé.

– Si cela te fait plaisir mon chéri, me dit-elle en ébouriffant mes cheveux. Tu as un grand cœur, c’est bien. Gentil garçon.

Bien sûr, je n’essayai pas bien longtemps de le réparer. Le mécanisme était vraiment trop complexe pour moi. Aussi, je le laissai bien en évidence devant nos poubelles. Mais avant de le laisser là, j’y glissai quelques dango, ces friandises spéciales faite de pâte de riz transformée en poudre de mochi. Ce n’était pas grand chose, mais c’était mieux que rien.

En fin de nuit, j’entendis son pas traînant non loin. Avec cette pleine lune, sa peau se reflétait comme la lune sur un lac tranquille. Je craignais presque voir l’intérieur de son corps. Comme il semblait s’en aller, j’imitai le sifflement d’un oiseau pour l’attirer. Il avait une bonne ouïe et s’approcha aussitôt de l’arrière de notre maison, en boitant légèrement. Du premier étage où j’étais, je pouvais voir la bave couler de ses lèvres à l’annonce du maigre festin qu’il allait se faire. Le vieillard diaphane ouvrit en se délectant le parapluie. Et là ! Oh ! Miracle. Les dango s’étaient multipliés, il y en avait des gros, des très gros et en quantité invraisemblable ! C’était de la magie, à tous les coups ! Le vieillard en mangea quelques uns, en mis d’autres dans les poches de son vêtement troué et embarqua le parapluie. Là, un autre miracle se produisit. L’homme ouvrit le parapluie qui lui répondit du premier coup de pression du pouce sur le bouton. Il s’ouvrir correctement puis se referma tout aussi bien. Quand il l’ouvrit une seconde fois, d’autres dango plurent sur lui ! Il s’en amusa, mais sans en abuser. En tournant la tête à gauche puis à droite pour s’assurer que personne ne l’avait vu, il s’encouru comme il le pouvait, le parapluie sous le bras, semant de-ci de-là quelques friandises sur son chemin.