Atelier reliure japonaise à Redu

Comme il y a deux ans, ma fille et moi sommes allées à un atelier à Redu. L’atelier Double Page nous a encore une fois permis de passer un excellent moment. Après quatre heures, à notre aise, sans pression, avec beaucoup de bienveillance, de patience et de sympathie, nous sommes reparties chez nous avec quatre carnets faits de nos petites mains. Quatre carnets reliés selon une technique qui nous vient du Japon.

Fête aux Cornichons et chien extra !

Isabelle nous a écrit un très chouette texte  à partir d’un jeu d’écriture donné à l’occasion de mon premier atelier d’écriture.

Il fallait écrire une histoire à partir de ce que nous inspirait l’ambiance où nous étions, à savoir un petit restaurant. Un intrus devait faire partie du texte… Isabelle a fait de l’intrus, le personnage principal.

Le café de la gare était bondé.

Ce soir, c’était la fête aux Cornichons. C’est-à-dire que, une fois par an, premier week-end d’octobre, il était coutumier dans ce village pas comme les autres de fêter les Cornichons.

Tous les Cornichons étaient mis à l’honneur ce soir-là. Vous l’aurez compris, la « Culture » du Cornichon était une spécialité locale.

En outre, dans le village, on pouvait aussi rencontrer tous les midis au bistrot « Au Vert Cornichon » le prénommé Guillaume, Cornichon depuis ses premiers pas, fils unique de Gaston, charpentier de référence du village, et de Germaine.

Louise, doyenne des Cornichonnes de 102 ans et née 102 ans plus tôt le jour de la fête aux Cornichons, se tenait assise sur le pas de sa porte depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil, observant, interpellant les passants, et inventant ainsi des histoires aussi délirantes qu’imaginaires, ce qui n’était pas du goût de tous les villageois.

Roberta, elle, fille tardive de Louise, avait fini par épouser Guillaume, fils du charpentier. Les noces avaient été célébrées vingt ans plus tôt, le jour de la fête aux Cornichons. Les deux tourtereaux avaient depuis donné naissance à un beau petit cornichon, comme papa, et comme grand-maman. L’enfant était né dix-huit ans plus tôt, jour de la fête aux Cornichons, comme son aïeule.

Ce soir-là donc, la fête battait son plein au village et le champagne coulait à flots.

Ce soir-là donc, le village avait trois événements à fêter.

 

Autre texte, génial ! On part à partir d’un élément déclencheur pioché dans la boîte de la Fabrique à Histoire de Bernard Friot.

Isabelle a choisi :

« Le chien fait la loi dans la maison de M. Longuet. »

 

Le chien fait la loi dans la maison de M. Longuet. Et c’est normal. C’est comme ça depuis toujours et ça ne changera jamais.

Le chien de M. Longuet est très vieux. Sûrement bien plus vieux que M. Longuet.

M. Longuet est grand, plutôt bien enveloppé et a les tempes grisonnantes. Son chien aussi.

M. Longuet est toujours de mauvaise humeur quand on le croise dans la rue. Son chien aussi.

Bref, ces deux-là se ressemblent comme deux gouttes d’eau.

Un jour, la voisine de M. Longuet, Mme Buchard trouve un courrier dans sa boîte aux lettres qui est adressée au chien de M. Longuet. Une grande enveloppe sur laquelle on pouvait lire en imprimé :

 

CHIEN de M. Longuet

Rue Des Poilus 12

1000 Bruxelles

 

Surprise et amusée, Mme Buchard s’empresse de sonner à la porte du vieillard aigri. Mais c’est le Chien qui vient lui ouvrir. Ce dernier, visiblement de mauvais poil, ouvre la porte, observe Mme Buchard de haut en bas et dit :

– Bonjour, que pouvons-nous faire pour vous ?

– Je vous apporte du courrier qui ne m’est pas adressé. Le facteur s’est trompé, et ….

Le Chien interrompt Mme Buchard, lui prie d’entrer et lui propose un café. Mme Buchard, de plus en plus amusée par la scène accepte bien volontiers.

Le Chien se rend dans la cuisine pour préparer du café. Mme Buchard s’installe dans le canapé du salon et lorsque le Chien lui apporte son café, elle dit :

– Où est M. longuet ?

– Il nettoie la salle-de-bains, répond calmement le Chien. Et vous n’êtes pas prête de le voir car il est puni. Figurez-vous que hier soir, confie le Chien, M. Longuet n’en a fait qu’à sa tête. Il a rejoint son panier après 22h00. Le couvre-feu ! insiste le Chien. Je ne supporte pas qu’il me désobéisse, rajoute-t-il. Il doit à présent récurer les sanitaires à la brosse à dents, laver les parquets à genoux et nettoyer les carreaux à coups de langue. Il a la journée.

– Ah bon ? dit Mme Buchard, presque sans voix. Et il ne proteste pas ? finit-elle par articuler.

– Non, rassura le Chien de M. Longuet. S’il proteste ou ne satisfait pas aux travaux ménagers qui lui sont imposés en cas de désobéissance, il est privé de croquettes.

Mme Buchard, inquiète, ne su que répondre. Elle ne dit rien, se dressa soudainement, remercia, s’excusa, confuse, et sortit précipitamment.

Elle décida, dorénavant, de ne plus jamais sonner chez les gens si le facteur se trompait de boîte aux lettres, ne dormi plus, et consulta un psy jusqu’à la fin de ses jours.

Un bic grossier et un rêve brisé

Voici deux courts textes écrits à l’occasion de mon atelier d’écriture.

1) donnez vie, faite découvrir l’histoire de l’objet que vous avez pioché au hasard dans la boîte à idées. –> un bic

Voici un bic qui …

–          STOP ! Je t’arrête tout de suite. On dit Monsieur le Bic s’il te plaît.

Bon, reprenons. Voici Monsieur le Bic qui est là, couché devant moi et qui me demande d’écrire son histoire.

De mémoire, je ne me souviens même plus quand est-ce que ce Monsieur et moi-même avons fait connaissance. Pourtant, un si petit bic n’est pas courant, en tous les cas pour moi, chez moi…

Si vous me permettez, je vais d’abord vous le décrire.

Il mesure environ huit centimètres. Il est en métal argenté mais quelques dorures, d’éclat un peu terne à certains endroits, habillent son corps. Le capuchon est tout aussi grand que le corps et il n’écrit plus malgré la réserve d’encre qu’il a encore en lui. Cela doit donc faire bien longtemps qu’on ne l’a plus utilisé.

–          Trop longtemps en effet. Hélas…, gémit doucement Monsieur le Bic.

Et en fait, je vais vous confesser quelque chose : ce bic ne m’inspire pas autre chose. Son histoire sera brève car j’y mets ici même son point final.

–          Saleté de +!…L#

Ah ! Ben voilà sans doute, certainement, la raison pour laquelle on ne l’utilise plus : trop grossier. Vulgaire même !

2) écrire un texte avec une liste de mots choisi à partir du lieu dans lequel nous sommes : un restaurant. Y introduire un intrus donné par une autre participante.

J’ai choisi le mot VERRE et ma liste était :

Boisson, alcool, rêve, fragile, vaisselle, rondelle de citron, casse, tasse, fond.

Et mon mot intrus était LUNDI

Ceci est une conversation entre plusieurs verres, d’âges, de formes, de castes différents. Le premier qui parle, c’est mon « héros » :

–          J’vous jure les gars, demain, j’me casse d’ici !

–          Ouais, ouais, c’est ça. Cause toujours le vieux. T’avais déjà dit ça hier, avant-hier et même la semaine dernière… On t’croit plus mon gars.

–          Nan, on te croit plus. Va t’laver, t’auras sans doute les idées plus claires après le passage dans l’évier ha ha ha…

–          Si, si, hips, j’vous jure. Je m’casse de cte resto. Y’en a marre à la fin. Toujours la même rondelle de citron qu’on m’fourre dans le gosier. Toujours le même alcool que j’ingurgite hips. Mais j’ai des rêves moi. Oui, des rêves !

–          Ah ouais ? Et lesquels on peut savoir Monsieur le Verre ?

–          Je rêve de voyages, d’alcools exotiques qui me piquent les parois – et pas ce jus de chaussettes qui commence sérieusement à hips, à m’écœurer. Je rêve d’un autre monde, là où les verres ne sont pas fragiles, où ils ne se cassent pas, où…

–          Et ça, ça s’appelle un gobelet, imbéverre ! ha ha ha

–          Jaloux ! T’es jaloux, c’est tout ! hips Demain, lundi, j’me casse.

Demain arrive…

Personne n’a entendu le moindre bruit cette nuit. Et pourtant…

–          Eh ! Les gars ! Venez vite ! L’Verre, il s’est cassé !

–          C’est pââ vrai ? Il l’a fait ? Vraiment fait ?

–          Siiii, il est plus là, j’vous dis.

–          Il est fort. Oui très fort. J’laurais pas cru !

… Personne ne remarque les débris de verre qui jonchent le sol.

Pauvre Monsieur Verre… rêve brisé !