Le pouvoir de l’imagination la nuit !

Cette nuit, il était 2 heures du matin quand ma fille de 11 ans a reçu de ma part une médaille pour avoir réussi à me faire marcher dans son imagination.

Il est donc 2 heures du matin, mais je ne le sais pas encore. Dans mes rêves, j’entends une porte qui s’ouvre, une clinche qui fait du bruit et puis un sanglot… ça ne colle pas à mon rêve, donc je me réveille immédiatement (instinct maternel, quand tu nous tiens !). Bingo, sur le palier de l’escalier, ma fille de 11 ans pleure de frayeur.

  • Il,… il y a une grosse araignée dans ma chambre, près… près de mon lit, elle est très, … très grosse, j’ai peur.

Faut-il préciser que ma fille est arachnophobe et que cela s’empire avec le temps ? Faut-il préciser que je l’étais moi-même enfant et adulte également ? Qu’il a fallu attendre une trentaine d’années pour que ma curiosité envers l’espèce animale à 8 pattes, poussée par le désir de faire des photos parfaites pour ces petites bêtes, m’aide dans cette terreur vivante ?

Courageusement, je me dirige vers sa chambre, ouvre sa porte et lui demande quand même où est-ce qu’elle a vu cette araignée ? Quand j’allume, il me vient à l’esprit qu’elle était peut-être sur l’interrupteur : horreur ! mais trop tard, j’ai allumé et la réalité m’a sauvé, point de bestiole sur le carré en plastique.

  • Là, près de mon lit, à côté de ma tête. Je l’ai vue, elle bougeait. Elle était grosse et poilue. J’ai même vu son croupion !

Bon, là, mon courage diminue un peu et j’enlève les nounours et autres bazars qui se trouve par terre, à la tête de son lit. Je retourne quand même vite fait les nounours, car on sait que ces bestioles peuvent se cacher et surgir sournoisement… mais je ne vois rien. Puis, il y a un mouchoir, ouvert, non utilisé semble-t-il. Elle se cache sûrement en-dessous. Je prends ce que je trouve, c’est-à-dire la patte d’un nounours qui n’est pas mou et qui vierge de toute araignée, et je l’utilise pour retourner le mouchoir… Brrrr… Mais rien, nada, quedal !

Rassurée, je prends sa lampe de chevet amovible et je dirige le faisceau derrière le lit, derrière l’armoire, sous le lit, partout où je n’ai pas encore regardé.

  • Elle est vraiment grosse.

Bon, visiblement, je ne la vois pas. Puis, une réflexion lumineuse me frappe en cet instant :

  • Mais ma chérie, tu dormais, tu avais les yeux fermés. Il fait noir de chez noir. Tu n’as pas pu la voir. Tu as du rêver. C’était un vilain cauchemar.
  • Mais non, j’ai même regardé l’heure. Je t’assure, ce n’était pas un rêve, elle est là. Regarde encore.

2h25 du matin.

  • Tu sais, certains rêves peuvent sembler très réel. Tu as pu rêver de ta chambre, de ton réveil et de l’araignée. Regarde, j’ai tout enlevé, tout soulevé, tout fouillé. Je n’ai rien vu. Mets ta tête de l’autre côté du lit et essaie de te rendormir s’il te plait.

Je la vois hésitante. Peut-être que j’ai réussi à la convaincre qu’elle avait rêvé.  Je termine mon sauvetage nocturne par une plaisanterie, histoire de détendre l’atmosphère :

  • Tout ça pour avoir un bisou de maman la nuit. Ils sont chers ces bisous tu sais.

Et je lui en colle 2 sur chaque joue, des biens bruyants, bien gros, bien rassurants.

Elle mettra du temps avant de se rendormir, mais elle y est arrivée.

Elle a vraiment presque réussi à me convaincre qu’elle a pu voir une araignée la nuit, car au petit matin, elle me dit :

  • Tu sais, la nuit, nos yeux s’habituent à l’obscurité. Le noir devient gris et je peux voir les ombres… j’ai vu l’araignée…
  • Quand même, à deux heures du matin, tu devais certainement dormir…

Alors, pour vous, pour moi, vous pensez que c’est quel genre d’araignée qu’elle a vu/rêvé ?

C’est la saison où elles sortent, où elles osent se montrer… et ici, chez nous, dans le jardin, il y en a quelques-unes. Va falloir qu’on travaille sérieusement à cette phobie si nous ne voulons pas être réveillés trop souvent :-)

Avoir les yeux plus gros que le ventre

Avoir les yeux plus gros que le ventre

Maman me dit toujours que j’ai un appétit d’ogre. Et c’est vrai ! Il n’y a que quand je suis malade que je ne mange pas. Cela en est d’ailleurs le premier symptôme. C’est mon manque d’appétit qui met la puce à l’oreille de maman quand je commence une maladie. En effet, comme beaucoup d’enfants, j’ai parfois de la fièvre, et malgré cela, je me sens en pleine forme.

 Aujourd’hui est un grand jour. Je suis à présent assez grande pour chasser toute seule mon repas ! Quel événement !

Dès mon réveil, à l’aube, j’imagine un plan d’enfer pour capturer mes proies.

 Mon fil de soie est très fin, solide et transparent. J’ai tellement d’énergie en moi que je m’attèle à un travail d’hercule, je construis une toile aussi grande que la niche du chien qui est dans ce jardin. Oui bon, c’est un petit chien, n’empêche, ma toile est gigantesque. Titanesque. Grandiose. En un peu plus d’une heure, elle est fin prête, une jolie forme triangulaire avec un cercle parfait au milieu. Le tout avec une vingtaine de rayons. Et cela avec environ trente mètres de fil.

 – Quel beau travail ma fille, me félicite maman dès qu’elle revient de sa balade près du gazon, au niveau du sol.

– Merci maman, mais viens au centre avec moi, j’ai hâte d’attraper ma première nourriture, je lui réponds en souriant.

Elle et moi on se met l’une contre l’autre, au milieu de ma toile diabolique, là où c’est très solide et non collant.

 Rapidement, un bourdonnement attire mon attention. Un bzzzz régulier, un bzzz que les humains détestent. Je n’ai pas une très bonne vision mais je distingue quand même un insecte jaune et noir au dard méchant qui volette près de ma toile.

 – Eh le mille pattes, tu crois que je te vois pas peut-être ? se moque la guêpe en parlant de la patte de maman qui tremble involontairement.

– D’abord, madame je sais tout, on est pas des mille pattes mais des araignées ! Si tu sais compter un peu, on a juste une paire de pattes en plus que toi, rétorque-je en rouspétant.

– Ouais bon, mais si tu comptes m’attraper pour que je te serve de petit déjeuner, va falloir te lever un peu plus tôt. On distingue ta toile à des kilomètres… t’as encore du pain sur la planche, crois-moi !

 Il n’en fallait pas plus pour que cette petite enquiquineuse me pousse à bout. Dare-dare, je cours sur le fil de ma toile pour lui dire de plus près ma façon de penser.

– Laisse-là, mon araignénounette, me crie maman, elle n’en vaut pas la peine, tu gaspilles ton énergie pour rien, reviens, y aura bien une autre idiote pour tomber dans ta magnifique toile.

 Mais maman n’en dit pas plus, car la guêpe s’envola en marche arrière et heurta le fil supérieur de mon piège. Ce petit frôlement suffit à faire vibrer toute la toile, surpassant de loin les petits tremblements de pattes de maman.

HA HA HA ! Le rire est sorti spontanément. Il ne faut pas grand chose pour s’emmêler les ailes ou les pattes… et plus l’insecte stupide se débat, plus elle fait des nœuds et moins elle a de chances de s’en sortir.

Je m’arrête de bouger et l’observe avec des yeux presque doux. Le fil colle à son corps comme de la glu et la victime – que j’aime ce mot si délicieux dans ma bouche – a beau battre vigoureusement de son aile encore libre, elle ne fait que monter et descendre un peu comme dans un saut à l’élastique. La seule grosse différence entre un bête élastique et mon fil, c’est que le mien est ultra-solide, aussi résistant que tu métal.

 La guêpe s’affaiblissait rapidement, c’est elle qui gaspillait inutilement son énergie ! Je tirai un peu sur mon fil pour lui montrer qu’à présent je la maitrisais parfaitement et que sa vie était désormais entre mes huit pattes.

 – Pitié, pitié, excuse-moi, laisse-moi m’en aller. Pardon, pardon. Je ne dirai plus jamais de mal de vous, vous êtes très intelligentes et très fortes. S’il te plaît, laisse-moi m’en aller et tu ne me reverras plus jamais, me suppliait mon repas.

– Trop tard. Ta maman ne t’as jamais appris à tourner sept fois ta langue dans tes mandibules avant de parler ? De toute manière, c’est toi qui t’es fourrée dans ce guêpier, enfin dans cette toile, toute seule. Il ne faut t’en prendre qu’à toi-même.

 J’attendais encore un peu pour être certaine qu’elle n’avait pas la possibilité de se retourner et de me tuer avec son dard. Quand elle ne donnait plus signe de forces, je passais sur le rayon suivant pour l’approcher par derrière. D’un coup de mandibule, je lui pince le cou et la paralyse pour de bon. Je l’emballe très vite, comme j’ai souvent vu ma maman le faire. Il faut faire très attention à cet emballage car ce serait dommage que j’en perde une miette quand je me mettrai à table.

 Quand je reviens au centre de la toile, maman me regarde bizarrement.

– Tu as les yeux plus gros que ton ventre mon araignénounette ! Comment vas-tu faire pour ingurgiter tout cela maintenant ? Tu en as pour une semaine.

– J’ai une faim de loup maman, tu me connais, j’en aurai juste assez pour ce matin, et ce soir si j’ai encore un petit creux.

Baignoire maudite

Salut à toi, lecteur ! Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir encore transmettre mes pensées à cette humaine qui écrit en ce moment ces quelques mots. Je peux prendre le contrôle de ses pensées, car elle est prise de remords. Bientôt cette prise de conscience cessera, l’humaine pensera à toute autre chose, et je ne pourrai plus rien faire pour ceux et celles qui oseraient encore tenter cette aventure folle. Alors, s’il te plaît, je te demande d’être très attentif à ce message et de le transmettre à toutes les créatures vivantes à six ou à huit pattes.

Je m’appelle Épeire, je suis une araignée, enfin je le serai encore pour quelques secondes, car bientôt je cesserai de vivre et je me réincarnerai dans la peau d’une autre petite bête. Il y a quelques jours, j’étais un moustique. Je ne sais pas si tu as pu lire l’article concernant mon assassinat. Si oui, tu sais dans quelles tristes circonstances cette Mérédith m’a tuée. Sinon, je t’encourage vivement à lire cet article (clic).

Quand j’eus rendu mon dernier souffle d’insecte, mon âme s’échappa telle une brise légère et alla rentrer, tout en douceur, dans le corps d’une araignée. Celle-ci ne broncha pas un instant quant à mon intrusion, car elle se posait justement la question de l’utilité d’être une araignée. Mon âme de moustique allait lui donner un sacré coup de fouet. Désormais ses pensées m’appartenaient et j’avais libre accès aux commandes de ses pattes.

Elle et moi avons mis quelques jours pour apprendre à nous connaître.

Je savais Mérédith arachnophobe. M’être réincarnée dans une araignée me rendait euphorique. Ma vengeance serait terrible et à la fois délicieuse.

Une semaine plus tard, l’araignée et moi, nous étions d’accord pour faire justice à mon corps de moustique. Désormais, nous ne faisions plus qu’un.

Je pénétrais dans les tuyaux de la cave et grimpais en direction de la baignoire. Avoir huit pattes est très avantageux, j’avançais très rapidement dans le tuyau, et sans la moindre difficulté, j’accédais au trou de sortie, celui-là même qui avait englouti mon cadavre de moustique !

Hélas, très vite, je compris mon erreur ! Je venais de m’engager sur un terrain glissant, je n’avais plus d’ailes pour m’enfuir, juste une paire de pattes supplémentaire qui n’allait pas pouvoir m’être utile ici.

L’horreur se produisit encore une fois. Un peu comme dans un film, la scène se répétait, mais avec un autre personnage. Malgré des détails différents, j’allais encore une fois mourir dans d’atroces circonstances.

Cette fois-ci, j’avais eu tout le temps de voir l’horrible massacre arriver. Après avoir réussi à lui faire peur (gnia gnia gnia, que c’était bon de déceler la peur dans ces yeux d’humain !), j’avais voulu partir en toute hâte. C’est là que je réalisais que je n’avais plus la moindre issue. La baignoire était une vraie patinoire. Je ne parvenais pas à me hisser plus haut que mon corps, je retombais à chaque fois !

Au loin, je visais alors le trou par lequel j’étais entrée, mais par je ne sais quelle supercherie, mon dos ne passait plus le bouchon en métal ! Puis, tout à coup, deux têtes d’humains apparaissaient devant moi. Ils m’observaient, me montraient du doigt. Des enfants ! Je priais le Dieu des insectes et des autres petites créatures à huit pattes pour que ceux-ci ne soient pas du style à se marrer en arrachant une à une chacune de mes huit pattes. Heureusement, ça ne semblait pas le cas. Leur curiosité satisfaite, ils s’en allaient tout penaud, le sourire aux lèvres, innocent du crime qui allait être commis dans leur propre bain.

Mérédith comme je le supposais bien n’allait pas avoir le courage de me tuer, non, elle allait demander de faire cette sale besogne à son compagnon ! Ce dernier, un peu fâché d’avoir été sorti de son lit pour une stupide bestiole comme moi n’allait pas prendre de gants.

Alors que Mérédith encourageait ses enfants à prendre le petit déjeuner, sa grande bringue de compagnon rentra dans la salle de bains et ferma la porte derrière lui. Un seul regard échangé m’a permis de comprendre que cet humain-là n’avait aucune pitié pour des petites bêtes comme moi. Je courais dans tous les sens, le menaçant d’une patte levée, mais il n’en avait cure ! J’aurais pu danser sur ma tête, cela aurait eu le même effet. Effroyable !

Au travers de la porte, je pouvais entendre Mérédith parler et découvrir chez elle un trait de caractère que j’ignorais… la phrase qu’elle avait dite à son compagnon restera à jamais gravée dans ma mémoire. Avant de crier vengeance, j’aurais dû mieux apprendre à connaître Mérédith, car je n’en serais pas là aujourd’hui, à vous dire mes dernières paroles en tant qu’araignée. Car, oui, cette jeune femme a supplié son compagnon de ne pas me tuer, mais de me prendre dans un verre pour me relâcher dans le jardin.

C’était sans compter sur la mauvaise humeur de celui-ci ! Une fois encore, je fus tuée par des milliers de projectiles que lançait une douche furieuse. Et comme si ceci n’était pas suffisant, le bipède régla la température au maximum. Je ne savais même plus ce qui me faisait le plus mal, la force des gouttelettes d’eau ou la chaleur bouillante de celles-ci… et encore une fois, la scène finale n’en finissait pas, je n’étais plus trop grande pour passer l’égout, non toute écrasée que j’étais, je ne risquais pas de bloquer avec mon dos, non, mon corps flottait et ne se décidait pas à prendre le chemin définitif de la mort…

Poème sur une phobie…

Une araignée dans mon jardin

Et je perds tous mes moyens.

 

Araignée du soir

Et je perds tout espoir,

 

Araignée du matin

Et je meurs de chagrin.

 

Dès que j’en vois une

Qu’elle soit noire ou brune

Je suis tétanisée

Complètement paniquée.

 

Je crie, je cours, je pleure

J’ai l’impression que je meurs.

 

Cette peur est terrible

C’est une phobie horrible.

 

Mais une grande passion

Me fait retrouver la raison.

La photographie

Me donne un souffle de vie.

Aussi ma curiosité

Va beaucoup m’aider

A dépasser mes frayeurs

Et ne plus en avoir des visions d’horreur.

 

Araignée, crache tout ton venin

Cela ne sert strictement à rien,