Tiré de faits réels :-)
Noémie et sa classe sont en excursions. Le matin, ils découvrent la vie dans une ferme puis l’après-midi, ils visiteront un centre de sauvegarde pour animaux sauvages.
Toute la matinée se passe tranquillement. Ce n’est pas la première fois que l’école organise cette rencontre avec une ferme de la région. Noémie n’attend qu’une chose, que l’après midi arrive au plus vite.
Au centre de sauvegarde, le soigneur a dicté une certaine règle de conduite.
– Les animaux sauvages sont fragiles et très sensibles. S’ils sont ici, c’est pour être soignés. Il leur faut du calme. Je ne veux aucun cri ni geste brusque et personne ne courre dans les couloirs. Il est interdit de s’approcher des animaux ou de tenter de les toucher au travers des barreaux. Si vous avez des questions, notez-les et je répondrai à toutes vos interrogations une fois la visite terminée.
Dans les rangs, chuchotements de surprise et petits rires moqueurs de la part de certains élèves dits « perturbateurs. »
Noémie a les yeux grands ouverts. Dans les premières cages « à oiseaux », elle découvre en effet des petits oiseaux. Elle reconnaît un moineau. Celui qu’elle identifie sans mal a une patte abîmée. Il lui manque des doigts et il a l’air fatigué. Un peu plus loin, elle voit d’autres oiseaux, qu’elle ne connaît pas.
« Comment s’appellent les oiseaux dans les cages 5, 6, 7 et 8 ? » Marque-t-elle dans son carnet.
A l’opposé des cages, il y a cinq boxes fermés avec une porte. Une petite fenêtre, un peu trop haute pour elle, permet au soigneur de savoir quel animal se trouve là.
« Qu’y a-t-il dans ces boxes ? » Noémie continue ses questions.
Dans la cour, deux immenses volières côte à côte, envahissent ce qui devait être auparavant un grand jardin. Des filets souples et d’autres grillages plus rigides composent cette volière impressionnante. De hautes plantes, des morceaux de troncs d’arbre et d’autres cachettes dissimulent des rapaces en convalescence. L’adolescente réussit à deviner l’un d’entre eux à cause de ses serres jaunes qui dépassent d’une plante bien verte.
« Combien et quels rapaces se trouvent dans les grandes volières ? » Note-t-elle à la suite de ses deux premières questions.
De l’autre côté des boxes, aussi à l’extérieur mais à l’abri du vent et d’autres intempéries, une troisième volière. Plus basse mais encore plus fournie en cachettes, celle-ci a aussi un petit étang artificiel. Des dizaines de petits oiseaux volettent en tous sens. L’adolescente n’arrive pas à les compter tellement ils ne cessent de bouger. Quand l’un ou l’autre se pose enfin, elle admire ces animaux qu’elle pense ne jamais revoir autre part que dans ce centre ou dans un zoo. Un canard se laisse timidement apercevoir sur l’étang, juste en dessous d’une branche.
– Ouah, qu’est-ce qu’il est beau ! Je n’ai jamais vu de canard aussi joli ! Chuchote-t-elle à sa copine de classe.
« nom du splendide canard » Écrit-elle joyeusement dans son carnet.
Quand elle pense avoir fait le tour du centre, la voix grave du soigneur l’interrompt dans ses pensées.
– Et pour terminer, voici les boxes semi-ouverts. Ceux-ci sont prévus pour recevoir des animaux qui devront bientôt sortir pour retrouver leur liberté. Certains ont des cachettes pour pouvoir échapper à des bruits ou des observations trop effrayantes pour eux.
Contrairement aux autres boxes tout à fait fermés, ceux-ci ont des portes grillagées entièrement transparentes. Tout le monde s’émerveille devant ce renard craintif et curieux. Le mammifère recule jusque dans le fond mais ne va pas se cacher dans sa boîte en bois.
« Que mangent les renards dans le centre ? » Pense-t-elle clôturer sa liste de questions.
Dans le boxe suivant, l’animal ne se laisse pas apercevoir. Les suivants sont vides et le soigneur invite toute la classe à se regrouper dans le garage pour poser les éventuelles questions. Noémie tourne la page pour débuter son questionnaire mais elle n’a pas le temps de lever le doigt qu’une personne vient chercher le soigneur.
– Un oiseau rare. Tu peux t’en occuper si je me charge du groupe ?
L’ado est toute émoustillée.
– Un oiseau rare ? Je crois que tous les oiseaux que j’ai pu voir ici, je ne les ais jamais vus. Ils sont tous rares pour moi, dit-elle à sa copine.
– Tu crois que c’est un aigle ? lui répond son amie.
– J’en sais rien, chuut, regarde par là.
Noémie en a oublié ses questions. Elle est obnubilée par la caisse en carton qu’elle peut voir dépasser du bureau d’accueil. Son institutrice l’interpelle doucement.
– Noémie, c’est ici que tu es, pas là bas. Écoute les explications de monsieur et pose tes questions si tu en as. Je suis sûre que tu dois en avoir.
– Oui, madame. Mais vous savez ce que c’est comme oiseau, là bas ? Un oiseau rare ?
L’autre soigneur trouve là l’occasion d’aborder le thème de rareté chez les oiseaux. Ému par la curiosité de la jeune fille, il finit par révéler l’identité de l’oiseau et mentionnant toutefois qu’il est menacé d’extinction.
– Attendez-moi un instant les enfants. Je reviens de suite.
Quelques élèves parlent de ce qu’ils ont vu dans les cages. Peu semblent autant s’intéresser aux animaux sauvages que l’adolescente.
Le soigneur revient et s’approche d’elle.
– Comme tu m’as l’air sage et que tu sembles vraiment porter un intérêt aux animaux, tu peux aller à l’accueil voir l’engoulevent…mais chuuut, doucement hein.
Noémie n’en revient pas ! Elle interroge du regard son institutrice, elle peut y aller. Elle dépose ses affaires sur le sol et avance tout doucement vers la pièce. Quand elle ouvre la porte, le soigneur qui a fait la visite lui chuchote :
– Tu veux bien éteindre la lumière s’il te plaît. C’est un oiseau nocturne, il n’aime pas trop la lumière du jour.
La lumière artificielle éteinte, il reste un faible éclairage qui perce d’une des fenêtres qui donne dans le garage. C’est juste assez pour que les humains puissent encore voir quelque chose.
Le soigneur ouvre délicatement la boîte. D’un geste ferme, il prend l’oiseau de manière à ne pas se faire griffer ni mordre. C’est un oiseau brun avec de grands yeux sombres. Il est plus petit qu’un pigeon mais nettement plus grand qu’un moineau.
– On dirait un morceau d’arbre, ne peut-elle s’empêcher de dire.
– Oui, c’est un oiseau qui peut parfaitement se confondre avec son milieu. Il a un mimétisme excellent, c’est un as du camouflage.
Alors que l’oiseau ferme ses paupières et semble mort, le soigneur explique à Noémie la raison pour laquelle on l’a apporté au centre.
– Tu vois, c’est un oiseau qui chasse principalement quand il fait noir, alors parfois, il est victime d’un accident de la route. C’est ce qu’il s’est passé ici. C’est un oiseau très rare, il est en voie de disparition. Nous n’en avons pas souvent ici, c’est pourquoi, je vais d’abord le mettre dans un boxe fermé, dans le noir et au calme. Un animal qui est victime d’une voiture, a peu de chances de survie. Les vingt-quatre à quarante-huit heures sont décisives. Et puis celui-ci ne se nourrit que d’insectes attrapés au vol, ce n’est donc pas garanti qu’il mange en captivité. Dès qu’il montrera des signes de bonne santé, nous le libérerons aussi vite.
Au moment où le soigneur passe devant Noémie, une mouche brise le silence. Aussitôt l’oiseau retrouve une énergie insoupçonnée et ouvre un bec énorme qui surprend tellement la jeune fille qu’elle recule en émettant un cri de frayeur.