Souvenir de Virelles, septembre 2001

Voici un souvenir que je n’oublierai sans doute jamais, ma première visite à Virelles nature.
Petit retour en arrière…

C’était il y a 15 ans, en septembre 2001… oui, cette année-là, le fameux mois, le fameux jour où… Quelques semaines avant cette terrible nouvelle, j’avais décidé de m’offrir mes premières vraies vacances après mon premier CDI ! J’avais décidé, pour mon anniversaire (le 10 sept), de passer une semaine de congé, en Belgique, à la découverte d’un endroit magnifique, en pleine nature : Virelles (région de Chimay). J’allais avoir, là-bas, mes 21 ans et mon intérêt pour l’ornithologie ne faisait que commencer.

Je n’ai jamais eu le sens de l’orientation, mais cela ne me faisait pas peur. « Armée » d’un sac à dos hyper rempli, de mes jumelles, de mon appareil photo, d’un trépied, de mon guide ornitho et d’un plan où j’avais écrit toutes les rues par lesquelles je devais passer pour me rendre, à pied, de la gare de Mariembourg jusqu’à ma destination, j’avançai gaiement sans me soucier le moins du monde du temps que j’allais passer dehors, à marcher sous un ciel nuageux et une météo capricieuse.

Sur la carte, c’était simple : gare, tourner une ou deux fois, puis c’était quasiment tout droit !

Je n’avais pas la notion de distance parcourue… j’ai donc marché un peu plus de 3 heures pour avaler doucement quelques 16 km ! Si le poids de mon sac à dos m’embêtait quelque peu, tout au long de mon parcours, j’étais encouragée par l’observation tantôt de fauvettes à tête noire, tantôt d’un martin-pêcheur ! Le temps passait doucement, mais sûrement.

J’arrivais un peu tard à l’hostellerie où j’avais réservé ma chambre… mais je reçus un accueil fort chaleureux et j’eus droit à des tartines et à un thé pour me réchauffer :-) J’avais choisi ma chambre tout près du (l’immense) Lac de Virelles (il faut préciser que c’est un étang et non un lac, d’une superficie de 125 hectares).

Comme j’étais arrivée tard, il ne m’était pas possible de voir l’étang, les grilles ouvraient à 10h et fermaient à 18h ! Je reportai donc ma visite au lendemain matin, à la première heure.

Le lendemain, j’étais là bien avant l’ouverture de la grille, car 10h pour moi, c’est tard (je me levais et encore aujourd’hui, à 5 ou 6h). En attendant l’ouverture, j’allais découvrir les alentours.

10 heures arrivait et j’entrais enfin par la « grande porte ».

À l’accueil, une dame très gentille m’informa que je pouvais emprunter une longue-vue. Je pensais naïvement que mes jumelles suffiraient… mais ils ne m’étaient pas d’un grand secours pour identifier une tache blanche, en bord d’étang, loin devant. J’étais descendue du mirador pour emprunter une longue-vue à l’accueil.

Ici, je recopie un passage que j’avais écrit en 2004-2005, au moment où j’écrivais tout ce que je voyais côté ornitho :

La dame (Anne) me demande alors si j’ai un peu de temps car un guide qui travaillait là pouvait venir et me montrer comment on observe à la longue-vue. Bien sûr j’avais tout mon temps, j’avais une semaine ! Quelques minutes plus tard, Sébastien arrivait avec sa longue-vue. Les présentations faites, nous allions dans la cabane. En deux temps trois mouvements, sa longue-vue était montée et prête pour l’observation.

Du grand matin, froid dans le dos

Brrr ce matin, vers 5h et des étoiles, j’entends comme un aboiement. Je me dis « pfff, le chien de la voisine s’est encore échappé et veut rentrer par la grande porte ». Puis, assez rapidement après deux ou trois glapissements, le cri devient different : plus aigu, qui traîne, on dirait plus une plainte. 

J’hesite : est-ce la douleur d’un chien à l’agonie, une baguarre entre un chien et un chat, une chouette effraie qui veut me dire bonjour ou une femme qui pleure et qui se traîne par terre ? Je pense que le feuilleton d’hier soir (qui fait peur) glisse encore dans les méandres de mon cerveau.

Puis le cri, les cris, sont poussés les uns derrière les autres, plus forts, plus insistants. Tout près de notre maison. Je me demande comment personne n’a encore allumé de lumière pour voir ce que c’était ! Je me décide à ouvrir une fenêtre, je n’ose pas me risquer dehors…

C’est alors qe je le vois : grand roux au corps élancé, queue touffue, oreilles dressées, regard sûr. Je l’ai vu. Il m’a vu. Un renard de belle taille qui va et vient entre les maisons des voisins et la nôtre.

Je lui chuchote de faire silence. Il ne m’écoute pas mais semble sur le qui-vive. Alors, je descends au rez-de-chaussée et je sors. Il a filé et dans ce nouveau silence, je perçois des gémissements tout près de moi. Dans le buisson ? Sous notre voiture ? Dans l’arbre ? Sans doute une proie blessée ? Ou un autre témoin de cet instant qui a eu la trouille de sa vie. Malgré la lampe torche de mon gsm je ne l’ai pas trouvée.

Impressionnant à entendre, fascinant à observer.

Une affaire de moustique

Ou comment écrire une petite histoire sans en avoir l’air ? Voici le 10ème titre des aventures de Meredith by … moi :-) (clic ici pour lire les 9 autres textes)

Une affaire de moustique

Meredith pensait être quitte avec les moustiques. Après les tiques, les mouches, les guêpes, les poux, les fourmis, les araignées et les moustiques, voici donc, tout naturellement, le retour triomphant de ces dernières petites bêtes pas sympathiques. Normal pour des moustiques !

L’histoire commence ainsi :

Calmement posée sur le mur de la salle-de-bains, Dame Moustique observe l’humaine qui rentre dans son repaire, l’air insouciant. Meredith n’a pas encore vu la petite bête, il faut dire qu’elle ne regarde pas systématiquement au plafond étant donné que sa crainte habituelle est, hélas toujours, de voir une énorme araignée se planquer au fond du bain. Mais, voilà que son geste mécanique est d’attraper le pommeau de la douche qui est accroché en hauteur, à l’endroit même où son mari de 25 centimètres plus grand qu’elle, l’a laissé hier. (25 centimètres de différence entre eux, ce n’est pas grand-chose, pourtant son mari ne cesse de lui répéter sa taille quand elle ose ranger des choses un peu trop bas pour lui… Dernièrement, elle lui a fait la même remarque, mais en précisant sa taille à elle ; lui, il peut s’abaisser, elle, ne voit carrément parfois pas l’objet en question vu son emplacement hors de portée de ses yeux) La hauteur du pommeau de douche nous importe peu, sauf que cette information au départ sans importance va s’avérer capitale pour la suite étant donné que Meredith doit, sur la pointe des pieds et en râlant quelques peu, étirer complètement son bras et pencher sa tête en arrière pour l’attraper et que, en toute logique, son regard périphérique capte une tache noire juste à droite, un peu plus haut, que le pommeau. La tache aurait pu être banale, une tache d’humidité ou… Ou une bête ! Car soyons réaliste, il n’y a pas grand choix dans une salle-de-bains, à cette hauteur, qui peut correspondre à une tache noire.

L’histoire se répète donc. Meredith aurait dû flairer le danger à l’instant même où elle a repéré le moustique, mais malgré son âge, elle reste naïve et pense bêtement que le moustique va se tenir tranquille s’il tient à sa vie. En effet, au début, le comportement de la bestiole, aurait presque pu donner raison à Meredith. Encore ensommeillée par une nuit courte, Dame Moustique ne bouge pas une patte, profitant un maximum du spectacle qui s’offre à elle, à savoir une belle et grande superficie de peau délicieusement parfumé à l’odeur de sang sucré. Elle a l’embarras du choix, n’est-ce-pas ? Qu’auriez-vous fait à sa place ? Hein ? Affamé, car vous n’avez rien mangé depuis des plombes, voilà qu’un repas vous est servi sur un plateau d’argent, enfin une baignoire qui n’est pas en argent, mais qui est là, devant vous, à portée de vos dents…

Tous les sens de Dame Moustique se réveillent. Tel un chat, elle étire ses pattes, nettoie ses antennes, secoue ses ailes sans s’envoler. Meredith peut même interpréter le désir du moustique par une certaine excitation palpable. Fébrile, l’humaine peut même voir l’appendice buccal frétiller de plaisir ! Oui, Dame Moustique fait vibrer sa bouche pour préparer son proboscis allongé (sa trompe quoi, comme les éléphants, si j’avais utilisé le terme de rostre, ma fille m’aurait dit que le moustique n’est pas un dauphin…) à piquer et sucer… après une longue période d’extrême disette, il lui faut bien la nourrir elle, mais aussi ses œufs. Le sang est primordial pour les œufs, il contient plein de protéines, si, si…

Serait-ce donc ici de l’extrapolation ? Meredith ne se préoccupe même pas de cette question car l’insecte bouge à présent de tous ses membres.

Si nous avons bien suivi les aventures de Meredith, cette histoire devrait, pour équilibrer un peu le score, donner Dame Moustique grande gagnante. Mais, toujours si nous avons bien lu les histoires de Meredith, nous pouvons dire que cette humaine-là, bien qu’elle soit compatissante avec les petites bêtes, n’en est pas moins une redoutable combattante. Têtue, pensant à ses enfants (dont le fiston a déjà été dévoré à de nombreuses reprises par on ne sait quelle vilaine et exécrable bête), on peut supposer que l’affaire ne va pas s’arrêter là… sinon, il n’y aurait tout simplement pas d’histoire !

Meredith ne s’affole pas malgré ses poils qui commencent à se redresser sur sa peau découverte. Elle a comme l’impression d’un déjà-vu… avec raison ! Vu l’heure matinale, et étant donné que la maisonnée dort encore à poings fermés, l’humaine chuchote à son agresseur quelques mots d’avertissements du style : « Ne sois pas stupide, j’ai la douche comme arme fatale. Sauf si tu es suicidaire, je ne te conseille pas d’avancer plus que ça. » Mais ces menaces n’ont aucun effet sur le moustique. En effet, si Meredith est têtue, elle n’est pas la seule. Ce que Meredith ignore c’est que cette espèce de Dame Moustique a besoin de son sang pour ses œufs, sans sang, pas d’œufs. Le nectar des fleurs ne suffit plus à cette bestiole. Tous les moustiques n’ont pas cette particularité, il fallait bien sûr que celui-ci tombe sur Meredith ! Et comme pour cette jeune femelle, c’est sa première ponte, elle a toute la fougue et le tempérament nécessaire à cette épreuve oh ! combien périlleuse.

Appâtée par le fumet de l’humaine, Dame Moustique a du mal à se contrôler, ses mouvements sont saccadés, son vol imparfait. Rasant le mur du mieux qu’elle peut, l’insecte a tellement d’énergie et de volonté qu’elle finit par prendre des risques et à se rapprocher dangereusement du visage de Meredith. Erreur fatale ! Sans plus réfléchir, Meredith, tout à fait consciente de son geste meurtrier, oriente le jet de la douche directement sur le moustique. Mais que se passe-t-il ? Le moustique est toujours là, il vole toujours maladroitement, mais il évite les centaines, les milliers de gouttes ? Impossible ! Meredith n’en croit pas ses yeux ! Cette moustique, est une pilote de Formule1, elle évite les projectiles comme aucun moustique n’a fait avant elle ! Finalement, après un temps qui a paru abominable à Meredith, et qui a dû paraître autant interminable à Dame Moustique, l’incroyable phénomène se pose au plafond, presque dans le coin, le cœur battant à mille pulsations à la minute, au moins ! Meredith peut voir tout le corps de la petite bestiole reprendre son souffle. Intrépide et courageuse, Dame Moustique n’est pas moins stupide. Elle s’est posée hors de portée de main, et Meredith n’a pas l’intention d’asperger son plafond pour si peu… Elle pense bien à prendre l’essuie pour en finir une bonne fois pour toutes, mais d’expérience, elle sait que le moustique peut s’emmêler les pattes dans l’essuie et qu’il lui faudra l’enlever de là avec les doigts. Chose impensable pour elle.

Alors, elle le laisse tranquille… enfin pour le moment, car Meredith, avant de quitter la maison, informe sa famille de l’intruse. Avec un mari sans peur ni remords pour la gente Culicidé, elle sait que la vilaine, bien que remarquable par sa vitalité et son audace, a peu de chances de s’en sortir vivante.

Quelques heures plus tard…

Le soir arrive. Meredith revient de son travail, sans aucune pensée pour la pauvre moustique. Alors qu’elle se revêt de vêtements plus confortables, Meredith croit halluciner : ELLE est toujours là ! ELLE est devant elle, à sa hauteur, plus fraîche qu’un gardon, ayant recouvré toute son énergie et son désir de sang ! Les insecticides ne sont pas présents dans la maison… Mais Meredith a trouvé une alternative toute aussi efficace qui sied parfaitement à la situation trouve-t-elle : le spray du parfum « nectar de nature » !

Non seulement, elle asphyxie la moustique, mais elle parfume la salle-de-bains. D’une pierre, deux coups.

Lorsque Meredith pensait s’en être enfin débarrassée, quel ne fut pas son étonnement de la voir agonisante à ses pieds. Là, sans aucun remord, elle l’écrase avec sa pantoufle. Elle lui épargne ainsi une fin de vie longue, difficile et cruelle.

Pour lire sur Atramenta, c’est ici, clic, clic, clic.

FIN.
Fin ? Vous êtes sûrs ? Je n’ai pas encore parlé des puces… :-)

Savoir baisser les yeux

Le monde grouille, là en bas, sur le sol…

20160518_150857-1.jpg

Est-ce que vous voyez comme moi 2 petits points rouges ? ce sont des parasites, enfin, je crois, ils me font penser aux parasites que mon iguane avait sur lui quand je l’ai recueilli. Et lorsqu’il a fait chaud (si si, je vous assure, il peut faire aussi chaud de temps en temps en Belgique), sur le mur de la gare, ça grouillait… Mais ils sont tellement petit, que malgré leur couleur, ils passent inaperçu si on ne fait pas attention.

Quant à l’insecte, ça doit être un stade larvaire d’une coccinelle, non ? C’est comme les chenilles et les papillons, le stade « bébé » n’a rien à voir avec celui d’adulte :-)

Et une autre petite photo… un scarabée qui marchait au ralenti. Il devait être en fin de vie, il se faisait dépasser par d’autres insectes rampants, plus lents.

20160523_062410-1.jpg

Le monde micro est super intéressant quand on prend la peine de s’arrêter et d’observer… nos pieds  ha ha

Là, j’avoue, on ne s’est pas trop attarder, même si je pense que la bestiole allait rendre son dernier souffle… mon fils est devenu tout blanc à la vue de la taille du « monstre »

20160528_103855-1-1.jpg

Voler de ses propres ailes

Et voici une petite photo d’une jeune mésange charbonnière, qui, au vu de sa taille, ne devrait pas tarder à bientôt voler de ses propres ailes. Elle est plus petite que sa maman qui vient encore lui donner la becquée, mais elle a déjà le réflexe de sauter de branche en branche pour échapper à l’ornithorazzi (paparazzi) que je suis :-)

jeune mesange charbo

La clé du bonheur

La clé du bonheur, revu et corrigé. C’est une petite suite à « Faire pousser des oiseaux ».

Grand merci à ma maman qui a imaginé, et travaillé sur cette magnifique couverture. Illustrations de la fée Iris et de Monsieur le papillon d’origine, dessinés par La Ninette, et mis en couleurs par ma maman.

Et je remercie aussi encore Danielle pour l’inspiration qu’elle m’a donnée quand elle m’a dit d’écrire une histoire « plus gaie » à propos d’une clé qui ne portait malheur  :-)

N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, car si j’aime l’idée, je trouve que le fond de l’histoire est moins travaillée, moins aboutie, moins jolie, moins rythmée que Faire pousser des oiseaux ! Je ne devrais pas comparer… je sais…

Clic sur l’image pour commencer la lecture.

couverture.diminué

La clé du bonheur (5 et fin)

— Voici la clé de ton bonheur, lui dit Iris sur le ton de la confidence en pointant le doigt sur la feuille morte qu’elle a replacée pour faire croire à la fleuriste qu’elle n’y a pas touché.

Myosotis roule des yeux, ne voit rien de particulier et commence à perdre patience : elle n’aime pas ce ton rempli de sous-entendus que la fée a utilisé. Comme si la réponse était là sous les yeux et qu’elle n’a jamais été capable de le voir.

— Je ne vois rien. Il n’y a aucune clé, tu me fais marcher et je n’aime pas ça, lui reproche-t-elle en croisant les bras.

Iris réalise à quel point la fleuriste est triste et désespérée. Elle est aveuglée par la colère, à un point tel qu’elle prend tout au pied de la lettre.

— Bien sûr, il n’y a pas de clé à proprement parler. Je voulais dire que nous pensons avoir trouvé une partie du mystère qui t’empêche de sourire à la vie. Regarde cette feuille morte, la vois-tu ? Qu’en penses-tu ?

La fleuriste ravale un sanglot, réfléchit à toute vitesse, et lâche d’une voix tremblotante :

— Il n’y a plus aucune feuille sur un arbre, nous sommes en plein hiver malgré des températures très douces pour la saison. Cette feuille ne devrait pas être là…

— Tout à fait exact ! s’exclame Iris. Donc si elle est là, c’est qu’elle a quelque chose à te dire… rapproche-toi d’elle et examine-la plus attentivement. Quand je parle de clé du bonheur, il faut comprendre que la solution est là.

Myosotis s’approche davantage par curiosité que par certitude. Elle a raison, il n’y a plus de feuille sur les arbres. Comme tout ceci est étrange ! Une petite bise l’accompagne sur le chemin de la vérité. Le vent qui souffle à présent est aussi doux que les températures du jour, et ce malgré la froidure qui va s’abattre, plus tard, dans la nuit. La fleuriste s’accroupit comme l’ont fait nos amis un minute plus tôt. C’est à cet instant que le soleil décide de jouer à cache-cache. Un rayon arrive entre les branches du noyer et vient illuminer la feuille morte. La fleuriste découvre par transparence l’image d’une clé un peu particulière ! Puis, le soleil disparaît derrière un nuage et la vision de la clé se volatilise aussitôt. Le temps s’est arrêté. La fleuriste ne bouge pas d’un centimètre et garde la position qui devient vite inconfortable. Iris et son compagnon se regardent et pensent passer à côté de quelque chose car eux n’ont pas vu le jeu de lumière qui s’est joué là juste sous les yeux de Myosotis. Puis, tout là-haut, le nuage passe. Le soleil revient. La clé réapparaît aussi, en ombre chinoise, sur la feuille morte du noyer. Alors la fleuriste, aussi délicatement que possible, soulève la feuille et découvre une tige avec une fleur esseulée de myosotis ! Surprise doublement, et par la présence de cette fleur, de SA fleur, ici, et par la disparition du dessin de clé. Elle repose aussi vite la feuille sur la fleur et la magie recommence. Par quelque effet d’optique ou de lumière et de coïncidence, notre Myosotis perçoit à nouveau la silhouette éphémère d’une clé, une vraie clé avec une tige, une sorte d’anneau végétal et même des formes qui ressemblent étrangement à des rouets destinés au moule d’une serrure particulière… cette serrure, son image vient percuter les idées de notre fleuriste aussi soudainement qu’une idée jaillit de notre tête.

« Mais oui ! Bien sûr ! La petite fleur, la clé, c’est moi et la feuille du noyer, la serrure, c’est mon ami le Journal que j’ai mis de côté ! L’un ne va pas sans l’autre. Nous sommes unis comme les deux doigts d’une main, nous sommes les meilleurs amis, nous sommes inséparables ! » pense-t-elle.

Notre fée, son ami et sa conseillère essayent de percer les pensées de Myosotis. Iris voit aussi dans la présence de la petite fleur bleue, la jeune fleuriste, elles portent le même nom, c’est facile à deviner. Myosotis a donc la solution en elle, ou avec elle, mais Iris n’a pas encore tout deviné. Elle ne sait pas que le meilleur ami de la fleuriste, c’est un journal où elle note toutes ces idées, tous ses sentiments et tous ses secrets.

Myosotis redépose la feuille sur la fleur. Elle est souriante, lumineuse. Elle se dirige vers la cabane avec une idée précise. Elle en ressort tout aussi vite avec son journal entre les mains et déclare :

— Mes amis, je vous présente Monsieur Journal, c’est mon ami, mon meilleur ami. On s’est disputé, c’est pour ça que je ne vous l’ai pas présenté, j’en suis désolée. Je réalise maintenant queje lui demandais de résoudre tous mes problèmes alors que c’est moi qui avais la solution.

— Tu crois que c’est lui qui a saccagé ton carré de muguets ? Lui demande alors le papillon d’un air étonné.

Myosotis ne répond pas tout de suite, car Iris lui demande de regarder discrètement sur la tranche de Monsieur Journal… une belle tache, couleur chocolat, s’étale jusque sur l’arrière de la couverture. Il n’y a donc aucun doute sur le rôle qu’il a joué, mais la fleuriste répond quand même :

— Je ne sais pas, peu importe celui qui a fait ça, j’ai enfin trouvé ma potion magique pour innover mes bouquets de fleurs. En été ou en hiver, j’ai chez moi tout ce qu’il vous plaira !

Ce slogan, Myosotis va l’afficher tout en haut de sa porte d’entrée. Sur cette nouvelle pancarte, sont dessinées des fleurs uniques, petites, parfois fanées mais toujours colorées et parfumées. Elles sont enrobées d’une feuille morte ou de deux ou de trois… Trempées dans une sorte de colle naturelle et transparente, les feuilles mortes se transforment en support magique, solide mais pas rigide, noir, jaune ou brun, idéal pour faire ressortir les petites fleurs qui ont peur du froid et même les plus grandes qui ont une tendance à pencher sur un côté. Et grâce à la forme que la fleuriste leur donne, ils gardent le parfum de la fleur bien plus longtemps !

— Bon, et bien, mon ami… nous devons repartir. Je crois que Myosotis a trouvé sa clé du bonheur, claironne Iris en faisant quelques petits pas de danse tellement elle est heureuse de voir la fleuriste épanouie.