La vengeance des escargots

Voici mon histoire écrite à l’occasion de mon cours de rédaction créative. Thème : le mythe. Je n’ai pas encore envoyé cette version à mon professeur : Mahalia De Smedt… mais vous qu’en pensez-vous ? :-)

La vengeance des escargots

Mythe, Liège, 1468, « Les 600 Franchimontois, une si gentille légende » :  600 personnes dans un courage désespéré tentent de faire front à l’armée bourguignonne; mais hélas, tous meurent. Il paraît que la Cité Ardente brûla durant 7 semaines.

A la Renaissance, il existe un mythe peu connu dans la Cité Ardente : 600 escargots se sont rebellés et ont envahi le plus grand restaurant de l’époque : « Le Grand Bourgogne ».

Au XVe siècle, les escargots n’étaient pas encore un mets apprécié. Il a fallu attendre que Gutenberg veuille festoyer sa découverte de l’imprimerie pour qu’ils arrivent dans les assiettes. En effet, ce célèbre inventeur a frappé si tardivement à la porte de l’auberge que l’hôte n’avait plus rien à lui servir. Heureusement, le cuisinier de l’auberge était plein de ressources. Sans perdre une minute, il fouilla dans ses maigres provisions, pensant déjà à cuisiner les restes réservés aux poules, lorsqu’il découvrit trois gros escargots qui se baladaient sur le mur extérieur. Sans perdre une seconde, il les décolla de la surface rugueuse du mur, les plongea dans de l’eau bouillante pour les laver et les cuire, puis les prépara avec de l’ail et du persil pour dissimuler le goût, qu’il supposa à juste titre infecte, et servi son client de prestige, avec dans une assiette, les trois escargots entourés de légumes reposant sur un lit de feuilles de salade.

Le plat goûta tant à Gutenberg qu’il en redemanda le lendemain. C’est ainsi qu’on chassa ces pauvres mollusques ; une chasse facile et un mets rapide à préparer.

Les années passèrent ainsi, rythmées par des préparations culinaires toutes plus innovantes les unes que les autres.

Un jour, alors que les escargots se cachaient et n’osaient sortir la tête de leur coquille, pas même par jour de pluie incessante, une étrange créature mi-homme, mi-animal, arriva de nulle part. Il était grand comme un homme, avait une tête en colimaçon, des yeux qui lui sortaient des orbites et une coquille orange en lieu et place de son dos. Dépourvu de bras, il avait des membres inférieurs qui ne faisaient qu’un et il se déplaçait en rampant grâce à la dernière partie de son pied. De fait, le membre unique aux reflets bleu-gris était articulé et musclé ; cela permettait à la créature d’avancer assez rapidement sur n’importe quelle surface à la manière des escargots, car c’était à ça qu’elle ressemblait : à un escargot ; un escargot géant !

  • Mes amis, mes enfants, mes frères, mes sœurs ! Rebellez-vous ! Vous ne pouvez plus vous laissez marcher sur les pieds, sur le pied. Vous êtes des Colimaçons, pas des stupides limaces sans cervelles. Vous l’avez sans doute oublié, mais vous avez en vous une arme redoutable !

La créature parlait d’une voix forte, sûre, mais amicale. Personne ne l’avait remarquée jusqu’ici puisqu’elle pouvait se fondre dans les feuilles mortes de l’automne tombées à terre, recouvrant le sol d’un tapis multicolore, rouge, orange, or. Au fur et à mesure qu’elle parlait, la bête immense se montrait, déployant toute sa grandeur en s’étirant au maximum. C’est ainsi, devant une vingtaine d’escargots, tantôt ahuris, tantôt surpris, tantôt apeurés ou piqués de curiosité, que Helix Matrix, le grand Helix, demi-dieu pour de vrai, fit son apparition.

En quelques mots bien baveux, il expliqua à son assemblée que tous ceux présents ici et en âge d’être parents portaient en eux un dard puissant et efficace. En effet, chaque être, adulte, doté d’une coquille à spirale pouvait décocher une flèche, ou selon son rang, frapper son adversaire avec une sorte d’épée.

  • Je sais que vous ne voyez pas très bien, mes amis, c’est une grosse tare chez notre espèce ; mais pour vaincre l’homme, il n’est point nécessaire de bien voir. Venez, rapprochez-vous de moi, je vais vous faire part de ma stratégie secrète pour inciter les bipèdes à vous laisser tranquilles.

Aucun humain n’était présent à cette assemblée ; aussi n’existait-t-il aucun rapport de ce qui s’était dit ce soir-là.

Toujours est-il que gonflés à bloc par les propos du grand Helix Matrix, des centaines et des centaines d’escargots s’étaient réunis dans la nuit pour porter un coup historique à l’auberge « Le Grand Bourgogne ».

Dans cet établissement, personne n’avait entendu quoi que ce soit, pas même les chiens qui dormaient dans la grange d’à côté. Les faits s’étaient déroulés dans le plus grand silence, le plus lentement possible.

Au petit matin, l’aubergiste, sa femme, leurs trois enfants, le cuisinier, son chien et les quelques personnes qui se reposaient dans les chambres à l’étage s’étaient réveillés avec d’horribles démangeaisons. Tout le monde se grattait avec frénésie et certains affirmaient même avoir retiré des minuscules aiguilles, pareilles à des flèches, plantées dans leur chair ! Après avoir craint une épidémie foudroyante et très contagieuse, le tenancier avait essayé de calmer tout le monde et demandé à son frère, qui était moitié sorcier, moitié fou, d’essayer de les sortir de cette situation gratouillante. Le frère avait osé entrer dans l’établissement, mais il n’avait pas pu se résoudre à examiner, à toucher qui que ce soit. Personne n’avait pu trouver le moindre indice pouvant les mettre sur la piste du ou des coupable(s). Tout ce qu’ils avaient relevé, c’étaient des traces humides, brillantes et légèrement collantes, partout. Aucune pièce n’avait été épargnée. Des marques longues et larges comme un doigt zébraient les sols, les murs et les plafonds !

Sur les corps martyrisés, chaque partie laissée nue, en dehors des draps, étaient porteuse de rayures rougeâtres, avec de temps à autre, une goutte de sang qui suintait d’une blessure récente.

Aucune empreinte particulière ne trahissait l’identité des criminels. Seules de minuscules aiguilles en calcaire avaient été abandonnées sur les lieux, tantôt plantées dans les bras ou dans le cou des victimes, tantôt jonchant le sol.

Il a fallu attendre de longues semaines pour que cette terrible affaire se résolve. Le cadet des propriétaires, qui adorait ramper partout, trouva le cadavre d’un escargot dans sa chambre. Ce dernier était logé, coincé, dans une fissure du plancher. L’escargot avait été tué avec une sorte d’épée minuscule. Le gamin, qui était fasciné par ces animaux, en avait toujours voulu au cuisinier d’avoir eu cette idée de les préparer pour les manger. Sans ne rien dire à personne, il avait récupéré délicatement le mollusque et était allé dans le jardin pour l’enterrer. A peine avait-il creusé un trou sommaire avec ses petits doigts qu’un autre escargot, vivant celui-là, était venu jusqu’à lui pour lui reprendre le cadavre.

Plus tard, l’enfant aurait raconté à sa sœur qui refusait elle aussi de manger ces animaux, que l’animal vivant avait sorti de son corps une sorte de dard. Le garçonnet donna d’étranges détails sur cet aiguillon de sorte que sa sœur ne put émettre le moindre doute quant à la véracité de cette histoire abracadabrante. Le gamin, qui ne devait pas avoir plus de 3 ans, mima aussi le fait que le mollusque l’avait même menacé avec sa flèche ! Il n’avait donc pas pu enterrer la dépouille, mais avait été obligé de la placer sur la coque de l’autre. Le petit frère aurait ainsi convaincu l’escargot menaçant qu’il n’était pas un ennemi pour eux. Gaston, c’était le nom du petit garçon, avait pu suivre l’étrange couple, le mort agglutiné sur la coquille du vivant, jusque dans leur repaire tenu secret jusqu’ici.

Des jours plus tard, la sœur avait tout raconté à leur mère. Gaston s’était confié. Estelle aussi. Elle n’avait rien omis, ni la cachette des escargots, ni le dard d’amour dont certains étaient affublés, ni même le fait que les escargots sont vraiment des êtres doux, gentils, mais un peu myopes.

Une semaine passa. Et la maman des enfants parla à son tour… à son mari. Elle aussi dressa un portrait des plus tendres des petites bestioles gluantes.

Et ainsi de suite… l’histoire des escargots vengeurs fit le tour du village. Quand les faits arrivèrent aux oreilles du médecin, celui-ci fut pris d’un rire incontrôlable. En effet, il était le seul à avoir compris que les victimes de l’assaut des escargots avaient succombé à un charme irrésistible. De fait, les premières personnes à avoir défendu la cause des gastéropodes étaient les mêmes qui s’étaient réveillées avec une bien étrange aiguille fichée dans leur peau : Gaston, Estelle, leur maman, leur papa, une cliente qui dormait juste à côté des chambres des enfants, …

Pour ne pas que la honte leur colle à tous les pores, et pour sauver ces adorables escargots des mets culinaires, le curé du village avait trouvé une bonne raison pour ne plus les chasser : désormais, les mollusques seraient considérés comme impurs ; car en rampant partout, ils absorbent une série de détritus et de crasses dégueulasses qui passent dans leur chair et qui ne partent pas à la cuisson.

C’est ainsi que ces animaux connurent un répit et c’est aussi à partir de cette histoire qu’un certain Cupidon naquit avec ses flèches d’amour. Il a été précisé que durant 7 semaines, l’amour brûla dans les cœurs de tous ceux atteints par un dard gastéropodien.

Mot de la faim : ne consomme pas d’escargot ou ton cœur sera pris d’assaut !

mythe escargot

Petit bonheur à partager

Un petit bonheur, ça se garde, ça s’écrit, ça se partage. Même si, aux yeux de certains, ce n’est trois fois rien.

Plus tôt dans la semaine, alors qu’il pleuvait et ventait depuis la veille, je traverse un petit parc pour aller chercher mes enfants à l’école. Très vite, je vois au milieu du parc, juste à côté d’un chemin, au pied d’un arbre, du mouvement. Ce sont deux tourterelles turques qui se font la cour. L’une décolle brièvement du sol, bat une ou deux fois des ailes et retombe à terre. L’autre l’imite, face à l’autre. L’une tourne autour de l’autre, le cou tendu puis rabaissé. Le mâle monte un peu sur le dos de la femelle, mais redescend aussitôt. Et le début de la chorégraphie reprend de plus belle. C’est la danse de l’amour !

Je souris, c’est beau l’amour. J’aime la nature. J’aime les oiseaux. J’aime observer ces instants éphémères qui ne durent que quelques minutes, mais qui sont remplis d’attention, de tendresse, d’imitation, de tentation, de séduction.

Arrive une dame, seule, qui marche sur le chemin des amoureux. Le couple s’envole et se percher sur un arbre du parc, pas très loin. La femme me dit alors : « Pff, c’est terrible ! Tout le monde se dispute. Même les animaux ! ». Sans arrêter de sourire, je rassure la dame en disant que ces oiseaux ne se disputaient pas, que du contraire, ils se séduisaient. Ne semblant pas comprendre, j’explique un peu la technique de drague (parade nuptiale) chez ce couple de tourterelles, en terminant par « S’ils sont sur la même longueur d’ondes, s’ils dansent au même rythme, s’ils sont d’accord, alors ils s’accouplent ».

Et la dame me salue en terminant par un : « Merci, merci beaucoup, c’était très intéressant », avec un large sourire sur son visage.

tourterelle turque

Nouvelle peau, mue chez une arthropode

Y a de la vie dans notre maison ! Après l’émergence d’un papillon de nuit, voici que nous avons eu la chance d’assister à la mue d’une araignée ! Et ceci, grâce à ma fille, oui , oui. L’arachnophobe qu’elle est n’a pas hurlé devant ce spectacle étrange. La curiosité a été la plus forte, elle a donc terminé de prendre sa douche, tout à son aise (faut pas exagérer, étrangement, la douche n’a pas duré longtemps ha! Ha!), puis m’a appelée :-)

La mue chez l’araignée pourrait en quelques sortes correspondre à la métamorphose du papillon. L’un délaisse son cocon ou sa chrysalide, l’autre abandonne sa vieille cuticule ou exosquelette devenue trop petite pour elle. L’un comme l’autre signe là une croissance chez l’animal.

J’ignorais qu’une araignée pouvait muer ! Je suis donc très contente d’apprendre cela en visu. Cela valait bien quelques photos…

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Accrochée au plafond de la salle de bain, la bestiole a fasciné (et un peu dégouté) ma fille qui assistait à la scène ! La toute dernière photo a été faite une heure après les autres, et c’est la seule où j’ai utilisé un flash car il était près de 22h et la luminosité n’était plus aussi belle. On pourrait croire qu’il s’agit d’une toute autre photo, à cause du flash, on dirait que l’araignée est plus grande, plus foncée. Différente. Mais je confirme qu’il s’agit de la même… la vieille cuticule se racrapote, se recroqueville, elle s’assèche, pendant que la « nouvelle » araignée se sèche également afin que sa peau se durcisse.

J’ai utilisé le mode « macro » de mon téléphone portable ! La bêbête ne mesure pas plus d’1,5 cm… j’aurais pu l’écraser de mon pouce, mais je n’en ai rien fait…

En faisant quelques recherches sur le net, j’apprends que les araignées européennes ont une durée de vie comprise entre 6 mois et 3 ans. Que le mâle stoppe sa croissance (arrive à maturité) 1 à 2 mue(s) avant la femelle. Selon l’espèce, le nombre de mues est différent. Pour les plus petites d’1 mm = 3 mues. Pour l’Epeire diadème (espèce courante dans nos jardins, jolie espèce) = 7 mues !

Si vous avez une idée sur son identification pour celle-ci… je suis partante, je ne suis pas très douée pour les insectes.

Naissance nocturne : émergence

Le 9 mai 2017, en retournant la terre de ma petite serre sur pied pour remplacer mes plantes aromatiques, et enlever tout mon « élevage involontaire » de cousins dont presque tous étaient morts, j’avais trouvé ceci ! Ignorante, j’ai mis la chose de côté, puis en faisant une photo, j’ai demandé à ma maman si elle avait une idée de ce que cela pouvait être. Un insecte, oui, mais lequel ?

Un cocon de papillon de nuit ? Oh ! En cherchant sur internet comment réinstaller confortablement la nymphe protégée de son enveloppe, je la déplaçai et l’enfoui sous à 1,5 cm de terre récupérée de ma serre, dans un ancien petit aquarium en plastique. J’humidifiai la terre, plaçai 3 petites branches et confia le papillon en devenir à mon fils en l’installant dans sa chambre, à l’abri du soleil direct.

pap nocturne (1)

Pourquoi des branches ? Tout simplement pour permettre au papillon qui allait sortir de pouvoir s’installer au mieux afin de lui permettre de sécher ses ailes.

Vu la chaleur des jours qui se succédaient, j’humidifiai tous les jours un peu la terre où le cocon se trouvait.  Je regardai également tous les jours si l’enveloppe ne se trouvait pas à la surface au cas où j’aurais loupé sa sortie. Mais 10 jours plus tard, je ne vis rien. Me disant que j’avais trop dérangée la nymphe en la déplaçant de la sorte, je cru qu’elle n’avait pas survécu et la dégagea de la terre. A ma grande surprise, le cocon bougeait du « derrière », il gesticulait de « sa pointe » comme pour dire « Oh ! Hé ! Tu veux bien me foutre la paix ! Redépose moi immédiatement et prends patience ! »

Dans la nuit du 24 au 25 mai, mon fils s’est fait littéralement mangé par un ou des insectes. Le torse à l’air, il s’était fait piqué une quinzaine de fois en cette seule nuit. Cherchant du regard partout, je ne découvris qu’un seul moustique et n’eus aucune pitié à l’écraser !

La nuit suivante, une grosse tache au-dessus de la porte me fit lever la tête !

papillon nocturne (20)

Ce matin, c’est donc avec joie que je félicitais mon garçon : son papillon était né ! Je grimpai dans son lit en hauteur pour immortaliser cette naissance que voici. Zoom utilisé.

papillon nocturne (10)

Disposant une coupelle de miel et d’eau, je laissai l’animal respirer après cette petite photo.

Puis, ma fille me demanda à voir le cocon…

Chose toute fragile, j’ai dû « déterrer » l’objet : le papillon était sorti de son refuge en creusant la terre. A l’air libre, voici ce que cela donne :

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Le papillon est plus grand que le cocon. Il est trop haut actuellement pour que je puisse le « mesurer » approximativement, mais je dirais à vue de nez qu’il fait 1/3 de plus que la longueur de son cocon qui est de 2,5 cm.

Je libérerai le papillon ce soir, quand le soleil ne chauffera plus trop.

Quant à l’identification… le cocon ressemble beaucoup à celui d’un sphinx, mais lequel ?

 

Fragments de temps, Virelles et sa région au fil des saisons

Voici un superbe livre que j’ai reçu, en remerciement du projet que j’ai de vendre mon dernier recueil « Démarrer au quart de tour », pour le Creaves de l’Aquascope Virelles. Grâce à ma visite, j’ai même eu droit à une jolie dédicace de l’auteure des textes : Anne Sansdrap :-)  Il ne me faudra plus que rencontrer Yves Fagniart, peintre animalier belge, pour lui demander aussi une petite dédicace et ce livre sera personnalisé par les 2 personnes qui lui ont donné vie ! Merci Anne !

Fragments de temps, Virelles et sa région au fil des saisons
Aquarelles et croquis : Yves Fagniart
Texte : Anne Sansdrap
Pages : 127
Année d’impression : 2012
Préface de Claudine Brasseur.

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Extrait de plume de Anne :

« (…) une femelle de harle bièvre. Elle quitte le repos pour une séance de pêche mais a sans doute les yeux plus grands… que le bec ! Très rapidement, elle capture un gros gardon mais il lui est impossible de l’avaler. Elle le retourne, le laisse s’échapper, (…) Rien n’y fait… Elle le perd à plusieurs reprises (…) L’air de rien, en quelques coups de pieds palmés, une silhouette noire (…) s’approche de la rouquine ébouriffée. (…) Il n’a pas fallu deux secondes pour que ce grand cormoran vienne la lui chaparder et l’engouffrer de sitôt. Je l’ai sentie comme un peu vexée… »

Anne Sansdrap a les mots d’ambiance, des mots d’observation, des mots doux et justes qu’on lit, comme on entend une poésie, musique naturelle et tellement belle. Les aquarelles et croquis d’Yves Fagniart, délicatesse et finesse , accompagnent ses textes si bien qu’on ne sait pas qui a fait quoi avant. Ce duo fonctionne à la perfection, ils nous emmènent avec eux depuis n’importe quel lieux de lecture.

Émotions, souvenirs, sourires et bonheur garantis tout au long de ce voyage magnifique, dans cette région de mon pays. Un moment agréable, plaisant qu’il est bon de s’offrir, encore et encore.

Site d’Yves Fagniart

Anne Sansdrap

S’émerveiller à la vie : les oiseaux

Je dois paraître bien bête (l’air ne fait pas la chanson), mais dans la semaine, en rentrant du boulot, je me suis mise à sourire et même rire légèrement, toute seule. Oui, toute seule. Heureusement, il n’y avait personne près de moi pour me voir si béate devant un spectacle pourtant insignifiant, mais moi, ça m’a fait sourire et ça m’a fait du bien de sourire à la vie pour si peu.

C’était donc le soir (plutôt fin d’après-midi, mais en cet hiver, il fait noir tôt), le soleil se couchait, je le voyais descendre à l’horizon, au loin, et j’étais contente de ne plus revenir dans l’obscurité totale. Je grimpe à pied la montée qui me sépare de ma rue (10 à 11 degrés la pente, quand même ! je ne sais pas encore la faire en vélo), traverse une rue, et commence à monter sur un second chemin un peu pentu. Là, à cet endroit se trouve à ma droite, un terrain de foot et … des corneilles… quoi de plus banal que des corneilles ? Eh bien moi, j’aime beaucoup ces oiseaux noirs, ils sont intelligents et super intéressant à observer. Ils ont un comportement qui font qu’ils ne se gênent pas pour jouer et pour montrer qu’ils aiment ça.

Corneille

Il y en a 2 au sol et une vingtaine de leurs cousins, des choucas des tours, coassent dans le ciel, sur la route de leur dortoir. Ils ne sont pas l’un près de l’autre et l’un de ces corvidés s’occupe à taper du bec sur quelque chose que je ne distingue pas. La chose est fermement coincée sous l’une de ses pattes par ses doigts solides aux griffes rigides et pointues. L’autre arrive rapidement vers celui-ci. Mais il n’arrive pas en volant ou en marchant comme savent si bien faire ces oiseaux-là, non, il court ! Et sur une bonne distance, il garde la cadence. Un rythme soutenu, il court tant et si bien que ses pas finissent par faire de petits bonds. On dirait qu’il est monté sur des ressorts. Il parcourt ainsi la distance le séparant de son congénère que j’estime à vue de nez d’humain à quelques dizaines de mètres. Le but, je suppose, à le voir ainsi rejoindre à la hâte son ami (ou son amie, difficile à dire chez cette espèce), est d’essayer d’attraper la chose qui se trouve entre les pattes de l’autre. Sans méchanceté aucun, le premier oiseau, lui tourne le dos tout en veillant à bien garder enfermé sa chose dans ses doigts articulés et musclés. Ils se tournent littéralement autour pendant un court instant avant que le premier, lassé de ce jeu qu’il considère peut-être comme stupide ou puéril, ne s’envole avec sa chose.

Son « jouet » ou son « ami » parti, envolé, la seconde corneille prend ses ailes à son corps et s’envole lui courir après. En l’air, leur chemin se sépare et je les perds de vue par la suite.

Et bien cette simple observation m’a fait sourire. Et oui, rire un peu. Je me demandais si la seconde corneille parviendrait à attraper la « chose » et si la première se laisserait faire ou non…

Cela n’a duré que 2 ou 3 minutes, mais j’étais contente de pouvoir regarder cela, petit moment de légèreté et de total oubli du reste du monde.

Souvenir Virelles, suite et fin

(début du souvenir de septembre 2001) clic

Sébastien me donne alors quelques conseils pour l’observation ici à l’étang de Virelles. Souvent, il y a des petits limicoles dans la vase, aux abords de l’étang. Je dirige donc mes jumelles dans cette direction, mais je ne vois rien. Le guide me disait alors que je pouvais voir dans sa longe-vue, qui elle, était dirigée tout au bout de l’étang en face de nous. Et là, je vis pour la première fois une bécassine des marais, non deux. Et puis tout compte fait, quand mon regard avait commencé à s’habituer au mimétisme de cet oiseau, je n’en voyais pas moins de cinq. Avec leur long bec et leur plumage composé de différents tons de brun, elles se confondaient très facilement dans les roseaux. Je trouvais que leur bec était un peu mal proportionné par rapport à leur tête. Mais cette longueur leur permettait de fouiller la vase et les marais peu profonds tout en continuant à respirer. Hautes sur leurs pattes, elles sont plutôt bien corpulentes. Les bécassines sont des limicoles, ou petits échassiers. On les appelle ainsi car justement elles sont hautes sur pattes et ont un grand bec pour pouvoir se déplacer et se nourrir aisément dans l’eau. Ensuite, écoutant mon émerveillement sur cette espèce, Sébastien dirigeait sa longue-vue vers la vasière se situant à notre gauche. Il me décrivait alors le râle d’eau, je cherchais alors dans mon guide d’identification. C’était un rallidé plutôt commun et se distinguant des autres membres de cette famille par son long et fin bec rouge. En effet, on ne pouvait pas le rater cet ustensile de cuisine. Et puis il avait plutôt une tête et haut de poitrine assez unique, de couleur bleu-gris. On peut le rencontrer le plus souvent dans la vase à la recherche de nourriture végétale aquatique. Dans cette immense roselière, il avait de quoi chercher. Et juste quand il me parlait de cette oiseau, un cri d’un cochon qu’on égorge (ce sont les mots qu’il a utilisé pour décrire ce cri) déchira l’atmosphère si calme.

-« voilà justement son cri, tiens. Quand on parle du loup… »

Et j’ai pu l’entre-apercevoir très brièvement. Je regardais alors à ce moment-là dans la longue-vue, puis Sébastien muni de ses jumelles voyait au même endroit un jeune râle. Il regardait alors dans sa longue-vue et confirmait, je regardais à mon tour et m’émerveillais de voir comment le guide avait l’observation et l’identification de ces espèces si aisées.

Soudain, un autre oiseau apparu dans mon champ de vision de la lunette.

-« ah j’en ai un autre, mais il est légèrement différent. Il est plus petit, plus clair. Son bec aussi est plus petit et il a un derrière tout jaune ».

         « quoi, attends, un derrière couleur jaune paille ? »

         « oui oui, pourquoi ? »

         « il est bien plus petit que celui que je t’ai montré ? »

Je n’ai même pas eu le temps de répondre que Sébastien tout excité me montra dans son guide un oiseau. Il regardait alors à son tour dans la lunette :

         « c’est pas vrai, pas possible, c’est bien elle, une marouette, une marouette ponctuée ».

         « une quoi ? » demandais-je un peu déboussolée.

         « regarde à nouveau, tu vois elle a un peu des points blanc un peu partout sur son corps, même sur ses ailes. C’est pour cela qu’elle porte son nom de ‘ponctuée’. Observe bien le dessin, compare maintenant avec un jeune de râle d’eau.

En effet, c’était bien une marouette ponctuée. Mais qu’avait-elle de si spéciale cette marouette ?

-« elle n’a été vue qu’une seule fois, il y a 5 ans et entendu il y a 2 ans , elle est plutôt rare ici »

Pour moi tous les oiseaux que je venais de voir étaient des spécimens bien particuliers à eux-seuls car jamais je ne les avais vu auparavant. Mais me dire que je venais de découvrir un oiseau rare, me réjouissait de plus belle. C’était ça mon cadeau d’anniversaire.

Et pendant que j’observais encore et encore cet oiseau, Sébastien téléphonait à un autre guide pour lui parler de la découverte exceptionnelle. Quelques instants plus tard, Anne, la dame qui était à la réception, et deux autres personnes arrivaient. Chacune à son tour regardait la petite bestiole patauger dans la vase.

Et tout le monde rigolait car c’était moi qui avais pu la voir en premier lieu, une petite jeune fille qui ne connaissait pas grand-chose aux oiseaux qui faisait cette découverte, incroyable, on disait que j’en avais de la chance, une chance de débutant. Et cette fois-ci je croyais au mot « chance ».

J’ai retrouvé la photo… oui oui la petite chose en plein milieu, c’est elle, c’est la Marouette ponctuée 😍

Et j’ai retrouvé mon carnet de notes d’observation. Dates exactes : 03 au 07 septembre 2001.